Auteur : Midou-kun
Traductrice : Saturne
Base : la base c'est le manga Hikaru no Go pour l'auteur.. Et moi je traduis..
Genre : C'est pas un slash et c'est pas super joyeux...
Disclaimer : Rien n'est à moi. Ni les persos, ni l'histoire... Seule la traduction m'appartient. Et ni moi ni l'auteur ne recevons de l'argent.
NDT : Eh bien voilà. Le dernier chapitre. Ca a été rapide hein ? A force de lire en anglais, j'ai progressé. Voilà. Maintenant je vais traduire une autre fic sur Hikaru no Go, cette fois-ci yaoi. Venez jeter un coup d'œil quand je l'aurai mise en ligne ;p
Réponse aux reviews :
sweetysanae : Merci pour la review ! Voilà le dernier chapitre, celui que je préfère… Bonne chance pour ton site, et bonne continuation. Tu m'as donné le petit coup de fouet qu'il me manquait pour finir mon travail inachevé. Bonne lecture :)
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CHAPITRE 6 : MORT
La tiède brise secouait le mince bourgeon reliant les délicats pétales à la branche de l'arbre. La petite fleur palpitait frénétiquement, vaincue par la légère rafale. Soudainement libéré, le bourgeon céda, et la fleur de sakura (NdT : cerisier) vola dans l'air, portée par le vent. Elle était encadrée par une magnifique et tranquille vue—les montagnes et lacs de Inoshima contemplaient avec tendresse la petite et fragile tâche de couleur qui dansait parmi eux, progressant lentement vers le sol. Elle se posa enfin, doucement, sur un pâle visage. Les yeux fermés ne tressaillirent pas, ne montrant aucune réponse aux pétales.
Tôya Akira contemplait la petite fleur de sakura, avec un sentiment frisant la colère et le ressentiment. Rien ne devrait être si léger, si beau, si frivole, alors qu'il y avait tant de détresse en lui, et tandis que Tôya regardait les petits pétales sur le visage blême de Shindô, il eut la conviction que la fleur l'avait fait exprès.
Rien ne devrait sembler si heureux, alors que Shindô Hikaru était mort.
Son corps était étendu dans le cercueil noir comme l'ardoise, entouré par la garniture blanche comme l'ivoire. Il était vêtu d'un costume bleu marine de coupe impeccable, celui-là même qu'il avait porté lors de sa fatale confession à Tôya. La cravate, sévèrement attachée et nouée, lui donnait un air d'ensemble formel et rigide qui ne lui allait pas du tout. Ses mèches blondes étaient coiffées bien en ordre et positionnées au-dessus de ses oreilles. Ses mains empoignaient cinq roses d'un rouge éclatant, déployées artistiquement en travers de sa poitrine, ses bras soigneusement croisés sur son corps. Ses yeux étaient clos, paisiblement, et sa bouche était courbée en un sourire final et satisfait. En regardant le visage serein de son ami, Tôya réalisa qu'il enviait la paix que Hikaru avait trouvée. Paix que Tôya Akira n'avait plus aucun espoir de trouver.
Il y eut un bruissement près de lui, et Tôya se tourna pour faire face à la source du bruit. Figé comme la roche, Waya regardait le visage de Hikaru, se tenant stoïque et sans bouger, mis à part son traînement de pieds de temps en temps. Tôya ne le connaissait pas très bien, mais il pouvait voir la souffrance à vif dans ces yeux qui gardaient contenance. "Pourquoi ?", murmura Waya, les premiers mots que Akira n'ait entendu depuis un long moment.
"Pourquoi quoi ?" demanda Toya. Son esprit était sur le qui-vive.
"Comment est-il mort ? Pourquoi est-il mort ?" Ses yeux se relevèrent, ne questionnant personne en particulier. A côté de lui, Tôya se sentit très mal à l'aise. "Je… ne sais pas."
Waya tourna un oeil pour regarder son visage nerveux. Tôya s'obstinait à regarder le sol. "Eh, allez, Tôya, ne me dis pas que tu n'y as pas réfléchi. Tu trouves Hikaru mort au milieu de la route. Il n'est pas blessé… il n'y a pas une égratignure sur lui. Qu'est-ce que tu en déduis ?"
Il interprétait mal le malaise et la crainte dans la position de Tôya. "Je ne sais pas…" répéta-t-il obstinément. Il regardait le sol en parlant, et marmonna d'une voix monotone, comme s'il récitait un discours maintes fois répété. "Je t'ai déjà dit, je le cherchais à Inoshima, et après une journée entière à chercher, il était là, juste allongé là. Je l'ai amené dans un hôpital où il a été déclaré mort. Je ne sais pas quand il est mort, mais ça ne devait pas être longtemps avant que je le trouve car quelqu'un d'autre l'aurait vu avant moi. Je ne sais pas non plus comment il est mort… je n'en sais pas plus que toi."
Waya tendit le cou pour fixer Tôya droit dans les yeux bien que celui-ci baissait le regard. "Pourquoi Inoshima ?" demanda-t-il simplement.
Un bref éclair d'appréhension vacilla dans les yeux de Akira, mais fut vite recouvert. Il détourna ses yeux du regard accusateur de Waya. "La chance, je suppose."
"Ouais, bien sûr."
"C'était un endroit aussi bien qu'un autre pour commencer."
"Non, ça ne l'est pas. C'est à quatre heures d'ici, en ferry. C'est le dernier endroit auquel on penserait."
Tôya inspira et expira profondément. "Je ne sais pas." Dit-il d'un ton qui mettait clairement fin à la conversation. Avec un reniflement méprisant, Waya tourna à nouveau sa tête vers le cercueil.
La petite clairière verte près de la mer séparant Inoshima de la terre ferme semblait aussi vaste à Tôya que dix océans. Il savait qu'il ressentirait toujours ça désormais. Il ne reviendrait jamais à la normale. Plus jamais.
Le paysage était investi par les modestes obsèques en plein air. Les gens du cortège funèbre vêtus de teintes sombres—noires et bleues qui ne faisaient que rehausser la lumineuse tranquillité de la nature plutôt que de la détruire—étaient les seules personnes visibles sur des kilomètres, et tous faisaient face au large cercueil de bois. Même si Tôya ne les reconnaissait pas tous, il pouvait deviner qui ils étaient. Une femme plus près du cercueil, son corps secoué par des sanglots incontrôlables, était sans aucun doute la mère de Hikaru, que Tôya n'avait jamais rencontrée. Son visage était écarlate, pouvait-il à peine remarquer entre ses mains qu'elle tenait devant. Nul ne faisait le moindre geste pour la consoler, tous restaient quelques places plus loin, observant son malheur, et effrayés de prendre part à une douleur si grande.
Plus loin en arrière se tenait une fille au regard de pierre, dont la main serrait désespérément celle d'un garçon plus grand aux cheveux roux. Tous deux fixaient le cercueil avec détermination, comme s'ils espéraient que le corps à l'intérieur revienne brusquement à la vie. Ravalant un léger sanglot, la fille enlaça le torse du garçon avec son autre bras, et le serra contre elle pendant qu'il continuait à fixer Hikaru avec un mélange stupéfiant d'émotions dans ses yeux.
Et tout autour de lui, les joueurs professionnels et Insei s'étaient rassemblés pour présenter leurs respects. Bien que Tôya n'osait pas regarder la foule autour de lui durant un enterrement, il pouvait voir du coin de l'œil Ogata-sensei, Kuwabara-Honinbo, et Kurata 6-dan, leurs têtes baissées. Et il savait que, quelque part derrière lui, son père était aussi venu.
Il s'avança lentement, s'inclina respectueusement, avant de marcher vers le cercueil et baisser les yeux, face à face avec Hikaru. Il porta sa main à sa poche, et en sortit un éventail. D'un geste sec de son poignet, il l'ouvrit brusquement, exposant son kanji fièrement. Depuis, il avait séché de son long séjour dans le lac, et se trouvait dans un état si bon que c'en était impossible. Doucement, il avança sa main par-dessus le couvercle et posa l'éventail sur le torse de Hikaru, là où se croisaient ses bras, au-dessus des tiges des cinq roses.
Il put entendre Waya approcher derrière lui. "Hé," murmura-t-il, "Qu'est-ce que tu fais ?"
Tôya regarda le sol intensément, peu désireux de rencontrer le regard des amis de Hikaru. "Rien, je présente juste mes respects."
"Qu'est-ce que tu as mis dedans ?"
Tôya tourna les talons et revint vers la foule. "Juste cet éventail sur sa poitrine. Il… lui appartenait. Il sera heureux de l'avoir à nouveau."
Il y eut une pause où Waya regarda à nouveau, confus, dans le cercueil. "Où ça ?" chuchota-t-il.
Tôya pointa son propre torse avec impatience, pour montrer l'endroit où il avait posé le souvenir de Sai.
"Il n'y a rien là !" siffla Waya.
Tôya était sur le point de l'ignorer, lorsque soudainement son cœur manqua un battement. Il put sentir son corps se glacer sur le champ. Lentement, il retourna près du cercueil, son corps trempé de sueur.
Waya attendait en pointant le torse de Hikaru. Alors que Tôya suivait des yeux son doigt, tout ce qu'il put voir furent cinq roses éclatantes et vivaces, seulement couvertes par les doigts froids et sans vie de Hikaru.
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Shindô Hikaru ne quitta jamais la mémoire de Tôya—jamais. Bien que la lame de la douleur fut finalement émoussée par le temps, elle coupait toujours profondément.
Il ne révéla jamais à personne les vraies circonstances de la mort de Hikaru. Après avoir répété la même histoire tant de fois, il devait souvent se rappeler à lui-même qu'il mentait—que la mort de son ami n'avait pas juste été une étrange coïncidence. Tout comme Hikaru, les mensonges continuels lui firent presque oublier la vérité. Mais il ne ferait pas la même erreur que Hikaru avait commise.
La première fois que Tôya Akira avait vaincu Ogata et remporté le titre Kisei, il s'était souvenu de Shindô. Lors du premier jubango contre son père qui pencha en la faveur de Akira, il pensa à lui. Et les souvenirs revenaient avec force. Il acceptait les prix avec fierté, mais dans son cœur, il savait qu'ils appartenaient à Shindô. Il devait au garçon son succès, sa passion, et ses exploits. Et ces nuits-là, Tôya payait ses dettes avec des larmes.
Ils appartenaient à Shindô. Il appartenait à Shindô, et Tôya ne pardonna jamais Sai de l'avoir emporté. Il ne pardonna jamais cette illusion, ce mensonge, ce rêve dans lequel Hikaru s'était perdu. Et alors que Tôya Akira voyait d'autres êtres aimés mourir et mourir, alors qu'il ressentait la blessure de la mort de Shindô comme restant pour lui la plus fraîche, il réalisa qu'il ne s'était jamais pardonné lui-même. Il avait laissé Hikaru le changer, le façonner—le rendre vulnérable. En tant que joueur de go, il était le mieux placé pour savoir que si l'on laisse des faiblesses, elles seront exploitées. La vie avait profité de sa faiblesse la plus vitale ; son amour. Et maintenant, alors que la partie de Tôya Akira touchait à sa fin, il pouvait aisément compter le score final.
Il avait perdu. Sans Shindô, il était perdu.
Makemashita.
