Bonjour sorcières et sorciers, cracmols et moldus ! Voici le quatrième chapitre de la grande investigatrice, j'ai nommé, la grenouillesque Dolores Ombrage ! Je vous souhaite une belle lecture et j'attends vos retours !
Chapitre 4 : enquête à domicile
Les membres de la famille Malefoy furent bientôt tous rassemblés dans le salon et l'on pouvait affirmer qu'aucun d'entre eux n'avait envie de se trouver là. Leurs visages étaient aussi fermés qu'un coffre fort de Gringotts, sans compter les regards assassins que Malefoy père et fils lançaient à Sirius Black, toujours aussi décontracté.
Zenobia fit traverser la pièce à plusieurs banquettes et les deux hommes s'y installèrent de mauvaise grâce. On avait également demandé la présence de la fameuse préceptrice, mais elle était sortie en promenade avec le jeune Scorpius et manquait pour le moment à l'appel.
Dolores avait sorti de son sac sa plume à déposition et son carnet et Black avait installé sur la table un enregistreur moldu, sous l'œil mauvais de Lucius Malefoy. Replié dans son fauteuil, Neville Londubat, ancien camarade de classe de Drago, semblait tenter de faire partie des meubles en adoptant l'attitude la plus raide et discrète possible.
— Bien, reprit Dolores, qui feignait de se montrer à l'aise malgré le froid polaire de l'ambiance générale, Madame Malefoy, vous m'indiquiez que Bellatrix semblait contrariée par l'arrivée de la préceptrice du jeune Scorpius.
Lucius, ses longs cheveux blonds platine retenus par un ruban de soie noir, lança à sa femme un regard surpris, un sourcil en l'air. Drago remua sur son assise, son regard d'acier au loin, faussement désintéressé de la conversation.
— Nous n'allons pas nous mentir, répliqua Narcissa à l'interrogation muette de son mari, elle n'était pas contente qu'une née-moldu soit sous notre toit. Et je dis cela sans aucune forme de discrimination, mais disons que ma sœur est… moins ouverte à la modernité.
Sirius Black et Drago eurent un ricanement avant de se défier du regard.
Les femmes préférèrent les ignorer et Dolores demanda :
— Quand vous dites que sa présence la contrariait, y'a-t-il eu des altercations ?
Narcissa lança un bref regard à son fils, dont le nez pointu regardait obstinément le plafond dans une attitude d'ennui profond. Elle rassembla ses mains et serra étroitement ses doigts sur ses genoux.
— Eh bien… oui, à vrai dire. Bellatrix l'a… invectivée, à plusieurs reprises, et Drago a dû intervenir.
L'intéressé contracta les mâchoires, durcissant un peu plus ses traits de jeune trentenaire.
Et dire qu'il avait le même âge que Londubat, pensa Dolores. C'était le jour et la nuit. D'un côté cet homme élégant, au charisme glacial, de l'autre un adulescent aux traits juvéniles, sans aucune confiance en lui. Dolores savait pourtant la grand-mère de Neville particulièrement stricte et crue dans ses paroles. Ne pouvait-elle pas un peu le secouer ? Le pauvre garçon dégageait l'aplomb d'un ver de vase.
La grande investigatrice se rendit compte que Black avait pris la parole alors qu'elle était perdue dans ses pensées. Le laisser parler dans sa maison, à sa femme, faisait trembloter la paupière droite de Lucius Malefoy. Le sorcier aux tempes blanchissantes semblait couver une colère sourde, sa main crispée sur le pommeau argenté de sa canne en forme de tête de serpent.
— Je sais bien, répliqua sèchement Narcissa Malefoy à la question de Black, mais que voulez-vous, je n'allais pas la pister partout comme un niffleur, ça n'est pas mon travail.
La pique atteignit sa cible et l'auror prit une expression qui signifiait "Ah oui ? Tu veux jouer à ça ? ". Sentant la catastrophe arriver, Dolores s'exprima avant que son collègue ne le fasse.
— Vous nous avez donc signalé que Madame Lestrange devait se rendre à un pub sur l'allée des Embrumes, La Belladone, nous y avons envoyé un agent. Vous êtes sûre de ne rien vous rappeler quant aux personnes qu'elle devait y rencontrer ? Il est très probable qu'elles soient les dernières à avoir vu votre sœur.
Lucius Malefoy roula des yeux.
— Il est évident que Bellatrix ne souhaitait pas renoncer à ses opinions, lâcha-t-il de sa voix grave.
— Lucius ! lança sa femme d'une voix outrée.
L'intéressé évita les yeux de son épouse.
— Je crois ne pas mentir en avançant que notre famille essaie de faire profil bas et de réhabiliter son nom. J'ai fait ma part dans ce travail, au sein du ministère. Je ne nous laisserai pas traîner dans la boue de nouveau. Ta sœur nous embarrasse, Narcissa.
Drago regarda sa mère, qui semblait au bord des larmes, et parût sur le point de se lever pour la réconforter. Son masque d'indifférence avait fondu comme neige au soleil, jusqu'à ce qu'il capte le regard de Black sur lui. Il lui lança une œillade dédaigneuse et fronça la narine, reprenant ses grands airs.
— Je sais qu'elle a ses défauts, admit Narcissa Malefoy d'une voix légèrement cassée, mais je m'en voudrais qu'il lui soit arrivé malheur. Après toute cette débâcle, j'espérais qu'elle s'en sortirait, qu'au contact de sa famille elle…
Devant l'air qu'arborait son mari et son fils, elle ne poursuivit pas. De toute évidence, pour Malefoy père et fils, l'idée qu'il subsiste quelque chose de bon en Bellatrix Lestrange ne semblait pas les avoir effleuré. Ils avaient dû la supporter pour Narcissa, tout en haïssant sa présence.
— Messieurs, auriez vous des éléments à nous communiquer dont Madame Malefoy ne disposeraient pas concernant sa sœur ? A-t-elle quitté le domicile après une dispute par exemple ? Y'a-t-il eu des menaces ? s'enquit Dolores.
Narcissa jeta un rapide coup d'œil à son fils, qui pianota quelques instants sur l'accoudoir de sa banquette.
— Elle a tendance à… donner le mauvais exemple à Scorpius, lâcha Drago d'une voix traînante et lasse.
Le trentenaire semblait peu enclin à la confidence, surtout devant Black. À l'évidence, la famille préférait ne pas laver ses robes sales en public. Comme l'avait soulevé Lucius Malefoy, ils souhaitaient se refaire un nom et se dissocier du parfum de scandale que Bellatrix continuait de laisser dans son sillage.
— Très bien, appuya la grande investigatrice pour tirer les vers du nez au fils Malefoy, ce sont des paroles ? Des actes ? Et comment avez-vous réagi ?
Drago Malefoy poussa un profond soupir et le majordome servit une nouvelle tasse de thé à Narcissa, qui disparut derrière la porcelaine malgré la chaleur évidente du breuvage.
— Disons qu'elle trouve que nous perdons nos… valeurs, et elle ne se gêne pas pour le faire savoir. Elle insulte beaucoup Mademoiselle Granger par exemple, devant Scorpius. J'ai affiché mon opposition à ce comportement, comme nous l'avons déjà évoqué.
Il semblait sur le point de se lever et de quitter la pièce. Son visage se résumait à une grimace crispée, sous le regard amusé de Sirius Black, qui ne perdait pas une miette de ses révélations.
— Bien, bien… murmura Dolores dans le crissement de sa plume, qui continuait de courir seule sur son carnet.
Elle n'apprenait rien de bien croustillant pour faire avancer son enquête. La grande investigatrice se doutait bien que Bellatrix Lestrange ne prenait pas le thé avec son petit-neveu au milieu des peluches.
— En résumé, l'ambiance familiale n'était pas… disons… toujours évidente. Madame Lestrange aurait-elle pu vouloir prendre du recul ?
Lucius Malefoy eut un rictus arrogant.
— Je crois que vous ne cernez pas très bien le personnage, Madame. Bellatrix aime mettre les gens mal à l'aise, les asticoter, créer le conflit. C'est, pour ainsi dire, sa seule raison de vivre.
Les yeux de Narcissa s'étaient remplis de larmes.
— Alors, non, poursuivit Lucius, elle n'aurait pas renoncer à faire de nos vies un cauchemar. Sur ce, nous allons vous laisser enquêter, mon fils et moi avons une vente aux enchères.
Les deux hommes se levèrent avec grâce et rigidité, chose que Dolores aurait jugé impossible si elle ne venait pas d'en être témoin.
— Restez joignable et ne quittez pas le territoire, indiqua Black aux dos des deux hommes.
Ils ne se donnèrent pas la peine de lui répondre et sortirent du salon avec la légèreté de deux ombres.
