Disclaimers et tout le tralala dans la 1ère partie.

Mici à toutes les personnes qui m'ont reviewée, je vous répondrais qd je pourrais !

Dédicace spéciale : à ma Mi pour la cheer up ! C'est pour toi que je me suis attelée à la révision today ! A ma Zorkynamoi que j'aime, et câlins très forts à tite M

Kissounoursà ma tite Lilith et à ma Luna et poutoux de la mort ki tue la vie à mon tit poulpe :-)

Alors d'avance désolée d'avoir mis autant de temps, c'est que c'est long ce genre de correc. Et puis cette histoire est un peu brise-nerfs XDDD

J'espère que ça vous plaira !



Pov de quelqu'un, quelque part

¤

Mort pour le monde…

Ah…

Mort pour le monde

Mort-vivant

Fantôme ?

Non, vivant…

Bien vivant…

Tellement vivant…

Il fait jour…

Il est loin d'être nouveau.

C'est presque le soir.

Je n'ai pas peur du noir.

J'y ai vécu.

Je suis en pleine lumière

parce que j'ai compris.


Ils disent que je ne suis plus moi-même.

Ils disent que je parle tout seul.

Ils disent que je dois « revenir »

Ils disent que je dois me reconnecter avec la réalité.

Mais tout est réel !

Ils croient juste que je ne les écoute pas.

Ils disent que je les entends mais que je ne comprends pas.

Je comprends très bien. Je ne suis juste pas d'accord.

Mais je vais pas leur dire, noooon.

A quoi ça servirait ?

Qu'ils me croient fou si ça les chante.

¤

Ils disent que j'ai un problème.

Ah ? Un seul problème ? Il y a du progrès.

Ils disent que je suis traumatisé par ce que j'ai fait.

Ah oui ? C'est nouveau ?

Ils disent que je suis en état de choc.

Ah oui ? Je suis trèèèès choqué…

Ils disent que je suis dangereux.

Ah bon ? Plus que d'habitude ?

Ils disent que je suis un assassin.

Plus que jamais….

¤

Ils disent que je dois être enfermé, attaché.

Ils disent que je dois être piqué, comme un chien.

Non, comme un chien, c'est moi qui le dis.

Ils disent que je dois être piqué pour m'empêcher de détacher mes jambes et mes bras.

Pour me donner une force humaine, pour une fois : la force d'un enfant.

Je n'ai même pas la force de me faire du mal…

Physiquement.

Pour m'empêcher de m'enfuir…

Ils ont dû me piquer pour m'amener ici.

Ce jour-là…

Des policiers avaient enfoncé la porte de chez Elle…

Chez lui.

Quelques minutes – secondes ? – après ce que j'ai fait ?

Je n'en sais rien.

Je n'avais pas encore commencé à compter.

¤

Tellement surréaliste.

Tellement simple.

Tellement idiot…

Des voisins qui changent leurs habitudes, passent dans un quartier qui n'est pas le leur, qui ont entendu des bruits de lutte.

Des policiers qui arrivent rapidement – c'était tout de même la zone résidentielle de L 2 – et qui font leur travail.

Et moi qui reste immobile.

Les mains sur ta nuque.

Et moi qui commence à compter…

1 seconde

2 secondes

3 secondes…

Ils m'ordonnent de te lâcher.

Je n'y arrive pas.

Je serre tout doucement..

Ils me somment d'arrêter où ils me tirent dessus.

Je n'y arrive pas.

Je serre encore.

Et je pleure.

Ils me tirent quelque chose dans l'épaule.

4 secondes

5 secondes

6 secondes…

Je serre…

De moins en moins…

Mais je serre encore.

7 secondes

8 secondes

9 secondes…

Et je me rappelle : depuis que Réléna est au pouvoir,

L'utilisation des armes à feu par les forces de l'ordre est interdite.

Quelqu'un m'a reconnu :

On me tire cinq fois dessus.

Des doses de plus en plus puissantes.

Des doses pour endormir,

mais elles ont touché mon corps,

toutes les terminaisons nerveuses, sauf celles de mes lèvres…

Je ne sens plus mes doigts sur son cou.

Je sens encore le goût de son sang sur mes lèvres

Son goût à lui…

Si doux et pourtant si amer.

Si métallique.

Je sens encore l'éclat de son regard alors que ses yeux sont à demi clos.

Sans lueur.

Je ne peux pas les voir…

On me met les menottes.

Je le lâche.

Et je compte encore.


Pour tuer les chiens, on dit qu'on les pique.

Je ne suis même pas un chien.

Qui suis-je, au fait ?

J'ai tué un homme.

J'ai tué mon bourreau.

J'ai tué mon cœur mais il bat encore.

Pour tuer les chiens, on dit qu'on les pique.

Moi ils me piquent pour me maintenir.

C'est à se demander pourquoi.

Ils disent que je pleure tout le temps.

Non je ne pleure pas ! J'ai les yeux qui me brûlent, ce n'est pas pareil.

Ce n'est vraiment pas pareil.

Je n'ai pas pleuré une seule fois depuis que je suis ici.

Mais j'vais pas leur dire, nooon… pourquoi parler ?

Les larmes sont inutiles.

Elles ne ramènent pas les morts.

Elles brûlent le regard sans soulager.

Et je ne suis pas désolé.

Pas pour tout.

¤

Ils disent que ça fait « un bout de temps » que je suis là.

« Ils » sont deux.

Une à essayer de me nourrir, comme d'habitude.

Un autre à prendre des notes, comme d'habitude.

Une aux cheveux ornés d'une coiffe aussi blanche que sa tenue d'infirmière.

Ses mèches couvraient toujours son front et son regard.

Elle avait constamment la tête baissée sur le moniteur, surveillant mes signes vitaux, remplissant ma fiche de ses mains gainées de latex.

Ils changent souvent les infirmières. Elles sont désespérées par mon cas.

Avoir l'impression d'être inutile était ce qu'il y avait de pire pour ce corps de métier.

C'est ce que la toute première avait dit avant de partir.

Elles se ressemblent toutes. Elles ont la même mission. Elles se croient singulières mais elles sont plurielles.

Je me fiche de qui maintient mon corps en vie.

Elles sont une infirmière.

Elles n'ont pas d'existence.

Elles n'ont pas de prénom.

¤

Un aux cheveux gris, très courts, au corps tout sauf trapu. La blouse était aussi blanche que froissée. Ses mains étaient plissées.

Il était grand à vu d'œil. Quand on était couché, tout paraissait plus grand que soi.

Toujours le même. Toujours à m'injecter des choses pour me faire parler. Pour me faire dire pourquoi. Pourquoi j'ai traqué un ancien agent.

Pourquoi j'ai tué un agent.

Toujours le même. Et toujours la même réponse malgré le pentothal.

Le néant.

Il avait la tête constamment baissée sur ses observations.

Et qu'observes-tu, vile charogne ?

Qu'est-ce que tu vois de moi, toi qui as abandonné l'idée de me parler, de « comprendre mon problème » au bout de 57 jours ?

Toi qui veut me soutirer des informations par la force ?

Toi qui as conclu que j'étais une enveloppe vide ?

Personne n'avait le droit de venir, à part eux.

Secret défense.

Secret d'état.

On avait pourtant essayé Les anciens pilotes. Réléna.

En vain. Ce n'était pas bon pour moi.

C'est la deuxième infirmière qui l'a dit…

Alors noon, ça fait pas un « bout de temps »

Ça fait…

Cela fait.

364 jours

23 heures

6 minutes

9 secondes

que j'ai quitté ta demeure.

Que j'en ai fait le mausolée de mon cœur.

¤

Cela fait…

364 jours

23 heures

8 minutes

16 secondes

17…

18…

19…

20…

que je suis ici.

Sous perfusion…

Que l'on ne vienne pas me dire que « ça fait un bout »

De toutes façons ce n'est pas à moi qu'on le dit.

Je n'existe plus, non ?

« Ils » sont là ?

Déjà ?

J'ai manqué leur arrivée.

Ils n'ont aucune importance.

Mais le décompte reste en place.

Toujours.

-Ça fait un bout de temps qu'il est là, docteur.

Non petite…

364 jours

23 heures

10 minutes

8 secondes

9…

10...

11…

mes infirmières ne sont décidément pas des lumières…

c'est une bleue, c'est sûr.

Je n'aime pas sa voix.

Trop étranglée.

Trop… Lady Une.

Elle doit trop fumer.

- Vous croyez qu'il sortira de sa catatonie ?

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15…

Doc ?

On t'a posé une question !

- Vous pensez qu'il nous entend ?Il est si…statique. Seules ses paupières clignent.

16…

17…

18…

¤

Elle se rapproche et penche son visage au dessus du mien.

Elle me regarde dans les yeux et ses verres à double foyer me renvoient une image de moi déformée.

Le luminaire du plafond me faisait cligner des paupières puisque je suis allongé.

Elle prend une petite lampe de poche d'une main et de l'autre elle étire chaque paupière pour observer mes pupilles se rétracter.

On va encore dire que je pleure.

Avoir de la lumière dans les yeux ce n'est pas génial.

Puis elle se recule et fait ce pour quoi elle est payée : inscrire les observations.

Vas-y, pétasse, fais ton boulot…

T'as juste oublié de prendre ma tension.

C'est pas grave tu passeras plus tard, hein ? Et tu récupéreras ton cerveau en même temps ?

Mais qu'est-ce que t'écris ! C'est quoi mon traitement à part le sérum de vérité ? Vu que la torture n'a jamais marché avec moi ?

Vous économisez les moyens, hein ?

-Il nous entend très bien. Il n'est pas sûr qu'il nous comprenne, cependant…

Ah…

Ce ne sera pas la première fois que j'entendrais que je ne suis pas une flèche.

Beaucoup de choses ont changé ces derniers mois.

Qui ont changé… tout en restant les mêmes.

Je

Suis

Maître

En

La

Demeure.

Mine de rien,

Doc a mis deux minutes pour répondre à la question habituelle, celle qui retombe systématiquement dans la bouche des petites nouvelles.

La pauvre... quoique non, il a un peu plus de considération pour elle.

Ou il est mieux luné.

Il met entre 5 et 6 minutes pour leur répondre d'habitude.

Non, non, je ne perds pas le fil...

21

22

23

¤

Je ne perds pas le fil…

mais je note le changement

Dans ma tête, je note tout.

Même si ça n'a pas d'importance.

Je note.

Après je décide de traiter de l'information.

Pas le temps de faire la conversation, voyons…

Beaucoup mieux à faire…

Vous voulez connaître mon secret ?

Celui qu'ils veulent tous savoir, sans parvenir à me le faire dire, ni même à me l'arracher ?

Je compte les moutons pour m'endormir…

J'ai les yeux grands ouverts depuis très longtemps.

Ils parlent comme si je n'étais pas dans la pièce.

C'est toujours comme ça.

Les questions sont les mêmes…

Je note les changements : de toutes façons il n'y a pas de réveils ici et je n'en voudrais pas.

Il n'y a aucun moyen de mesurer le temps.

Même si je vois le soleil se lever.

Même si je dors,

Je veille…

Je ne cesse jamais,

Jamais de compter…

Ne suis-je pas parfait ?

Je ne compte que sur moi-même.

Je suis le seul à compter.

Et tu dois rire, où que tu sois.

364 jours

23 heures

25 minutes

22 secondes

¤

Rien que les visites ponctuelles des blouses blanches aux visages si ordinaires

et à l'odeur aseptisée…

aseptisé

c'est ce qu'ils croient que je suis devenu…

ou ce qu'ils croient que j'ai toujours été.

Peu importe.

Les visites ponctuelles ne sont pas assez « exactes »,

Pas

Pour

Moi.

Je suis mon propre métronome.

Même le goutte-à-goutte doit être changé.

D'ailleurs, ils sont venus pour ça, à la base. La poche est vide.

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C'est le moment de changer la perf, petite…

C'est pas aujourd'hui que je croquerais une pomme.

Ah la perfusion…

Cette aiguille dans ma chair,

Cette conscience artificielle…

Je l'aurais bien utilisée pour compter le temps que je suis ici,

compter les gouttes.

J'aurais pu si j'étais faible.

Mais je compte sur moi.

Et un peu sur toi…

Sur Elle…

De toutes façons les gouttes ne sont pas assez…

Exactes.

Parce qu'elles se vidaient et devaient être changées.

Et on ne changeait pas le temps…

Et cela faisait perdre…

du temps.

Je suis mon propre sablier.

Je n'ai jamais autant ressenti mon propre corps, même dans mes moments de jouissance.

Même quand je rêvais d'être en toi

D'être dans ton corps même si c'était celui d'une femme.

Rien ne vaut le chaos.

Rien ne vaut la réalité.

Rien ne vaut la destruction.

Je suis détruit,

Bouffé de l'intérieur,

Mais je n'ai jamais été aussi vivant.

Jamais je ne t'ai autant aimé.

Jamais.

¤

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28

Je subis patiemment ces visites journalières.

Toujours la même danse même si les danseurs ne sont pas les mêmes.

Et aujourd'hui comme hier, comme demain :

Un plateau posé sur une table dépliante.

Des assiettes remplies de substances odorantes et insipides, j'ai déjà mangé à l'hôpital, merci, même si c'était censé être le meilleur.

ça rentrera pas dans ma bouche.

Plus rien ne rentrera dans ma bouche.

Plus rien depuis qu'il m'a touché.

Plus rien depuis qu'il a laissé son empreinte,

Développé ma folie,

mon amour…

Qu'ils pénètrent mon corps,

mais qu'ils ne me volent pas son goût.

Si ma vigilance…

Si par mégarde quelque chose touchait à ma bouche

pour me faire oublier le goût de lui,

Ils mourraient sans attendre.

Je ne réagis pas.

Je fais semblant de ne pas réagir.

Ils veulent me nourrir de force

mais ma bouche refuse de s'ouvrir.

Ils abandonnent, comme d'habitude,

de peur que je ne me coupe la langue.

Je ne leur sers à rien mais mort je leur sers encore moins, hein ?

Je n'ai pas le droit de me tuer.

J'attends que tu viennes me chercher…

Ils vont espérer encore que je me nourrisse normalement.

Ils ont ce culot-là ces gens-là.

Ces gens qui soignent contre leur gré.

Je fais pénitence.

Je joue le jeu.

Mais s'Il me libère,

je les tuerais tous.

Ils veulent que je mange normalement.

Mais je mange avec mes mains, moi. Et je suis attaché.

Je ne suis pas un animal… n'est-ce pas ?

Normalement s'écrit avec un N.

Comme

H

A

I

N

E


364 jours

23 heures

29 minutes

7 secondes

Je suis attaché pour mon bien et pour celui des autres, hein ?

Allez vous faire foutre.

Je vous emmerde.

Je vous emmerde les yeux dans les yeux.

Je vous emmerde en faisant ce que vous n'attendez pas de moi.

Je vous emmerde en restant une énigme parce que vous brûlez de savoir pourquoi.

La curiosité… est un très vilain défaut qui peut coûter la vie.

J'ai voulu percer un secret.

J'ai voulu me rapprocher de mon amour.

J'ai voulu me rapprocher de mon côté le plus sombre, de celle qui l'attisait.

J'ai voulu me rapprocher de mon âme amante, ce n'est pas mon âme sœur.

Il est une partie de moi.

J'ai été trop curieux…

J'ai voulu savoir…

Et…

J'en suis là.

Je suis vivant.

Mais je suis là.

Plus vivant que jamais dans ce corps immobile.

Je voyage.

Et je les emmerde.

Et je n'ai rien à dire.

Pourquoi ne pas m'avoir tué ?

Pour un serment d'hypocrite ?

Alors je fais mon hypocrite, moi aussi, je reste sourd à vos supplications silencieuses.

Je reste sourd à vos regards scrutateurs, méprisants ou vides.

Je fais le mort.

J'aimerais être mort.

Mais je veille…

J'aime ma veillée.

Et j'aime le décompte.

Je suis illogique ?

Je suis humain.

Diaboliquement.

Humain.

Hippocrate vous pardonne, chers médecins,

tôt ou tard vous serez bien obligés de me tuer vraiment…

puisque je ne peux pas le faire…

et que je ne veux pas le dire…

Je ne peux pas leur parler et compter,

ça foirerait ma concentration…

et je ne me concentre que sur ce qui a

de l'importance.

30 minutes…

¤

Ah, elle s'active enfin… décidément elle n'est pas très réactive…

Allez, on change la poche de la perfusion.

On l'avait ôtée entièrement parce qu'on avait cru au miracle.

On prend une nouvelle

et on repique

dans le trou laissé par l'ancienne.

Under my skin…

Perforation de la chair.

Intraveineuse.

C'est bon…

Le goût de leur échec est délicieux.

Liquide.

Je sourirais presque.

Mais ce serait trop leur donner.

Corps préservé.

Esprit clair.

Très clair.

Tapi à l'ombre de ma peau.

Conscience endormie de l'extérieur.

Acuité ultra développée de l'intérieur.

A l'intérieur je bous.

A l'intérieur je suis debout.

Je suis…

Immobile.

Je suis…

observé,

par deux paires d'yeux,

par six caméras

et par une dizaine de regards supplémentaires via les écrans de contrôle.

« Heero story »

Il fallait voir comment évoluait la bête en cage.

Le projet déficient de feu le professeur J.

Heero Yuy, "le sauveur"…

Je les tuerais tous.

Je le peux.

Mais je n'en ai pas le droit.

P

A

S

E

N

C

O

R

E

33 minutes

12 secondes…

¤

Je sens tous leurs regards même si je ne peux pas les compter, eux.

Même ceux que je ne peux pas vraiment voir.

Même si finalement, ils importaient peu.

Rien ne comptait que le décompte.

Je suis observé…

sous toutes les coutures de ma longue chemise,

rugueuse sur mon corps.

Je ressens même si ça ne se voit pas.

Même si mes yeux ne montrent rien.

La besogne est finie.

Le cobaye est piqué, le goutte-à-goutte dégoutte.

Dégoût de soi.

J'aime la sensation de l'aiguille, qui rappelle à mon corps ce que j'ai fait.

Je suis entré dans la peau de celui qui m'a mis dans la sienne.

Je hais ce que je suis devenu

mais en même temps…

Je ne me suis jamais aimé qu'à travers son regard à elle…

qu'à travers son regard à lui.

Je n'ai pas le droit de mourir.

Je reste puni, au coin.

Au coin, au creux de mon propre corps.

Libre dans ma tête.

Enchaîné à toi…

Bouffe-moi de l'intérieur,

Dévore-moi…

Je ne suis pas fou.

Tu me rends plus lucide encore.

Tu me fais mal.

Mort pour le monde

Vivant en moi…

Vivant dans mon monde intérieur…

38 minutes…

22 secondes…

Il fait de plus en plus noir

même si la lumière est allumée.

Le jour s'enfuit, s'en va rejoindre son amour, la nuit

et ensemble ils créeront aube et aurore…

Je suis

et je suis

le Chaos.

Ils récupèrent le plateau rempli et quittent la pièce sans un regard pour moi.

Sans un mot de plus entre eux.

La porte s'ouvre et se referme.

Rien de neuf.

La routine est la même.

Je n'attends ni la pitance, ni les visites.

Je n'attends ni les regards, ni les observations.

Je n'attends qu'une chose.

Je compte sur Elle.


Il fait encore un peu jour et…

j'attends la Mort…

Un 21 mars,

Un printemps…

Je t'attends ?

Comme tu m'as attendu ?

Comme tu m'as attiré, piégé…

Tu es en moi…

Tu es à moi…

¤

Ils sont partis,

qu'ils partent, qu'ils viennent, c'est pareil.

C'est mon lot quotidien,

ma damnation,

ma délivrance :

je compte les moutons à ma manière.

Je compte le temps depuis que je l'ai touché.

Depuis que je lui ai fait du mal.

C'est pour cela que je sais mieux que personne depuis combien de temps je compte.

Et depuis combien de temps je suis ici.

Ce n'est pas pareil.

Dans ma tête il y a du rouge.

Il y a du noir.

Il y a du sang.

Il y a du sombre.

Il y a du cœur.

Il y a de la haine.

Il y a de la passion.

Il y a de l'amour.

Il y a toi.

Dans cette pièce il n'y a que du kaki.

Du kaki partout.

Sur ma robe.

Sur mes liens.

Sur mon lit.

Même aux barreaux de la fenêtre.

¤

Je compte pour que mon amour me prenne…

Que je le mérite ou non,

je compte.

Encore et encore.

J'étais un fruit à la chair croquante et au cœur de ver.

Tu m'as purifié en même temps que pourri.

Tu m'as révélé à moi-même.

Pour le pire…

Je compte pour avoir mal.

Je compter pour me rappeler.

Je compte pour lui.

Je compte sur toi.

Je compter pour te rejoindre…

Tu m'as rendu poète mon amour tant haï.

Tu m'as rendu comme toi…

Tu vis à travers moi

Tu me gangrènes…

Je t'aime à t'en haïr.

Je ne vis que pour toi.

Prends-moi avec toi…

Viens me chercher…

¤

Je compte les moutons pour m'endormir vraiment…

In love…

Hopelessly,

Desperately in love…

With…

Death…

¤

364 jours

23h00

57 minutes

32 secondes…

La porte s'ouvre doucement.

L'infirmière est revenue pour reprendre ma tension.

Non… j'aurais préféré être seul,

rester seul…

, maintenant…

seul pour que la Mort me prenne…

avec un peu de chance…

Je ne la méritais pas.

Je ne la mériterais sans doute jamais.

Je sais que je suis condamné…

à rester en vie et en feu.

Je le mérite ? Et alors ? Et lui, que mérite-t-il ?

J'ai envie de le rejoindre… et de régler mes comptes.

J'ai envie de lui dire que je l'aime…

qu'il est mon enfer pavé d'innommables intentions.

J'ai envie de lui dire ce qu'il sait déjà : qu'il est mon autre.

J'ai envie de lui dire que si mon cœur était encore de ce monde, il le possèderait sans partage.

Je voulais lui dire qu'il était dans mes rêves, dans les cartes postales vides que je voulais remplir avec lui.

Dans cette boîte de bois qui s'est cassée quand je l'ai tué et quand j'ai tué mon cœur.

Et j'ai envie de le lui dire seul, sans personne. Aujourd'hui.

Parce que c'est important.

Mais elle est là… et lui dire de partir serait trahir mon vœu de silence pour les autres.

¤

58 minutes

44 secondes…

Elle enroule les bandes du tensiomètre électronique autour de mon poignet,

attend que le bip retentisse.

Puis elle détache l'appareil de mon avant bras, le pose, puis va prendre des notes.

Elle s'approche de moi et me caresse les cheveux, comme pour remettre les mèches en place.

C'est agréable, un geste simple et mécanique.

Un geste habituel.

Elles le font toutes.

Les doigts de la nurse sur mes joues sont doux…

Le latex glisse doucement sur le côté,

glisse sur mon cou

pour flatter ma pomme d'Adam.

Puis la main se déploie et le pouce caresse l'arrière de mon oreille,

tandis que l'index, de l'autre côté gratouillait un peu ma joue

Le majeur, le dessous de mon visage.

L'annulaire, le dessus de ma clavicule.

L'auriculaire frôle ma clavicule même.

Doux,

si doux…

L'index descend un tout petit peu…

Léger,

Si léger…

C'est si agréable…

d'être touché… autrement que comme

une bête de foire.

Même si je ne mérite pas mieux.

Mais je m'en fous de ce que je mérite.

¤

59 minutes

37 secondes…

J'ai perdu mon amour,

j'ai perdu ma folie.

Je n'ai pas perdu le compte.

J'ai toute ma lucidité.

J'ai toute l'horreur de ce que j'ai fait.

De ce que nous avons fait.

J'ai tous les souvenirs…

J'ai…

J'ai sa bouche sur la mienne,

dans ma tête

J'ai perdu mon amour en même temps que mes illusions

et j'ai eu le temps de l'aimer quand même.

De l'aimer très fort, même une seconde.

J'ai connu mon amour sans le reconnaître.

Je l'ai connu dans le corps d'un homme.

Je n'ai jamais aimé un homme.

J'ai aimé une âme, une pensée, un coeur.

Et je l'aime Lui.

C'était lui que j'aimais à travers Elle.

C'était Lui.

Ça avait toujours été lui.

Toujours.

Même si je l'imaginais en elle.

Même si je l'imaginais en femme.

Je n'ai jamais regardé les hommes, jamais été intéressé que par un.

Même si je ne l'aimais pas à ce moment-là.

Même s'il n'était pour moi qu'une nuisance.

Il aurait dû m'être indifférent.

Il ne l'a jamais été.


59 minutes

44 secondes…

J'ai eu des pulsions pour lui à travers Elle, alors je l'ai représenté dans un corps de femme.

Aujourd'hui je me le représente avec son propre corps.

Son corps d'homme.

Lui, qui, aujourd'hui, est tout sauf matériel.

Immatérielle est l'âme, paraît-il… je le touche en pensée même si je n'ai pas le droit.

Je ne me l'octroie même pas : c'est juste plus fort que moi.

Je m'imagine en lui physiquement comme il est en moi mentalement.

Je m'imagine détaché, déchaîné, en lui.

Je m'imagine consumé en son corps, à lui demander pardon d'être moi, de n'avoir pas compris plus tôt.

A le frapper aussi, encore. A le traiter de salaud, parce qu'il savait, lui. Il avait toujours su et il n'avait rien dit.

Il nous avait manipulé tous les deux.

Il savait que j'arriverais jusqu'à lui.

Ou peut-être l'espérait-il ?

Il

a

toujours

eu

une

longueur

d'avance…

C'est celui qui s'en sort le mieux.

Il est mort…

Et j'attends la Mort.

Vas jouer ailleurs, petite infirmière…

J'ai peut-être rendez-vous…


Je me suis leurré moi-même, leurré par un prénom, par un nom de plume.

Diane existe.

Diane est Duo.

Je l'ai eu sans savoir qu'Il m'appartenait.

Je l'ai perdu dès lors que je l'ai su.

J'ai tué mon amour.

Je l'ai perdu…

Mais il est avec moi à chaque seconde…

Je l'ai perdu

mais il est là,

dans ma tête…

Je n'ai pas le droit de l'avoir dans mon cœur, de toutes façons, je l'ai détruit.

Je n'ai pas le droit de l'aimer après ce que j'ai fait.

Mais je l'aime quand même.

Mais j'ai le devoir de me souvenir.

J'ai toujours eu le sens du devoir.

Du devoir et du savoir tuer aussi.

Et je me souviens de ce combat.

De notre rage.

De sa mort.

De celle de mon cœur.

Je me souviens…

De son regard extatique lorsque j'arrachais son dernier souffle.

Je me souviens de ses derniers mots :

- souffre, Heero…

et je me souviens du silence.

Du silence assourdissant alors que son sang s'écoulait de sa bouche.

Je me souviens du bruit de mes larmes sur son corps.

Le visage, le cou étaient si sensibles…

Etre touché…

Touché comme un être humain…

Je suis tenté d'ouvrir les yeux…

Mais à quel moment les avais-je fermés ?

J'ouvre les yeux et ils tombent…

Sur un rictus.

Un rictus bien connu.

Trop

bien

connu..

Un mouvement du bras.

Elle ne porte pas ses lunettes.

Il.

Dévore-moi vivant…

Ma Mort…

Ma Mante Religieuse…

¤

Je n'ai pas le temps de crier et j'ai eu envie.

Si je n'étais pas fou jusqu'à présent,

aujourd'hui je le suis vraiment.

Et pour la première fois

je

suis

terrifié.

Ma Mort ne m'emmènera peut-être pas avec elle.

¤

Je suis…

¤

365 jours

00h00

00 minutes

00 secondes.

Joyeux anni-décès Duo…

Je suis...

... Mort pour le monde…

¤

¤

Tzusuku



Attention, attention : ce n'est PAS fini.

Il reste la dernière partie et euh… je ne dis rien XD.

¤

A pluche'

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Mithy ¤ se sauve sous les jets de pierre et les cris courroucés ¤