Spoilers: Les quatre tomes de "Harry Potter" uniquement. Aucune référence au cinquième tome, bien que je l'aie lu.










Disclaimer: Rien n'est à moi Quelques personnages m'appartiendront néanmoins probablement par la suite.










NDA: Voici une histoire centrée sur Draco Malfoy, à laquelle je pense depuis un bon moment. Ne vous attendez pas à des updates fréquents, si vous avez un chapitre par mois, ce sera déjà surprenant. J'ai déjà deux autres fics en cours, ainsi qu'une traduction, je dois également manger, dormir, etc Et de plus j'ai pas mal de travail avec la reprise des cours.
Je pense que cette fic sera composée de onze chapitres environ.
J'accueillerai avec plaisir tous vos commentaires, qu'ils soient élogieux ou pas.





Bonne lecture!








Chapitre 1: Les yeux bruns







Draco bâilla nonchalamment et jeta un coup d'il circulaire dans la salle commune. Tout ce vert le rendait malade. Toutes les autres maisons avaient-elles une salle commune aussi froide et peu accueillante? Pour autant qu'il en savait, les Gryffondors disposaient d'appartements confortables et chaleureux, dans une tour. Les Serpentards, eux, devaient se contenter d'un cachot. Evidemment.

De plus en plus maussade, il regarda les visages tendus de Crabbe et Goyle, qui pour une raison obscure se croyaient capables de jouer aux échecs. Au moins, essayer leur demandait un tel effort cérébral qu'il n'y avait aucun danger pour qu'ils s'ennuient. Pansy Parkinson discutait probablement chiffons et ragots avec Sally-Anne Perks, une des pires commères de tout Poudlard. Blaise Zabini et Millicent Bulstrode faisaient leurs devoirs. Amanda Nott, assise devant la cheminée, fixait les flammes avec une expression indéchiffrable.

Plus Draco les regardait, plus il avait envie de balancer sa chaise et de hurler sur tout le monde. Ils l'exaspéraient tous à vaquer tranquillement à leur petites occupations stupides et tellement banales. Le coup de grâce vint du clin d'il que lui adressa Pansy. Maugréant, Draco se leva et rangea ses affaires. Il monta dans le dortoir des Serpentards de septième année pour déposer tout cela. En passant, il vérifia que ses cheveux étaient toujours soigneusement gominés, et redescendit. Amanda Nott tourna un regard étrange et dérangeant vers lui et le fixa une ou deux secondes avant de s'intéresser à nouveau au feu.

Draco avait eu l'intention de se rasseoir ici, mais ce regard d'Amanda acheva de le mettre mal à l'aise. Cette fille était définitivement le point noir des Serpentards.

D'autant plus furieux qu'il ne comprenait pas pourquoi il se sentait si gêné depuis un moment, Draco sortit de la salle commune et s'éloigna à grands pas dans le couloir. Ses pas résonnaient avec un écho inquiétant. Le Serpentard fronça les sourcils et accéléra légèrement. Au bout d'un moment, il arriva tout naturellement à la bibliothèque. Stupéfait lui-même, il se résigna à prendre le premier livre venu, et s'assit pour l'ouvrir sans même y jeter un coup d'il. La même sensation dérangeante le frappait dans la bibliothèque comme dans la salle commune: ce silence ponctué de murmures et de minuscules bruits agaçants. Draco serra les dents si fort qu'elles grincèrent. Il ne savait pas ce qui lui arrivait mais il allait vraisemblablement devenir complètement fou si ça continuait. Il avait besoin de bruit. Se levant d'un coup, il repéra l'espace vide laissé par le livre qu'il avait emprunté. Il s'apprêtait à l'y remettre, quand il se figea.

Il y avait quelqu'un d'autre derrière.

Deux yeux bruns.

Draco les fixa un moment, comme ils le fixaient en retour, surpris par la profondeur et la richesse de leur couleur.

Ils disparurent soudain.

Draco se précipita pour contourner le rayon, mais il n'y avait plus personne. Il se secoua mentalement. Il avait juste vu quelqu'un à travers les étagères, rien de plus. Après avoir enfin rangé le livre, Draco sortit de la bibliothèque. A nouveau, pas d'autres bruits que le son de ses pas. Il se sentait mal, trop mal. Cette sensation de malaise ne lui venait pas pour la première fois, et il savait comment la faire disparaître.

Potter.

Il le chercha des yeux en descendant l'escalier, et dans le Grand Hall. L'heure du dîner approchait. Plein d'espoir, Draco entra dans la Grande Salle, et aperçut son ennemi de toujours sagement assis à sa table. La Sang-de-Bourbe lisait un livre, et Weasley éclatait d'un rire grotesque avec un autre Gryffondor attardé dont Draco ne se souvenait plus du nom. Potter, lui, restait silencieux et sombre. Draco eut un sourire narquois en s'approchant, anticipant déjà le plaisir qu'il aurait à le mettre hors de lui, à le blesser. Bien sûr, tous les Gryffondors seraient contre Draco, mais il aimait cela.

Se sentir détesté le faisait se sentir vivant.

Potter leva la tête comme Draco n'était plus qu'à deux mètres de lui. Maudit soit-il avec son regard trop vert et trop brillant.



- Alors, Potter, commença plaisamment Draco. On rumine? On pense à tous ces gens qui sont morts par ta faute?



La main de Gryffondor se crispa convulsivement, même si son visage essayait de rester impassible. Draco l'admirait pour cet effort, et se détestait pour cette admiration déplacée. Il devint plus précis, plus cruel.



- Tes parents Diggo



Ce crétin de Weasley venait de se mettre en travers, pendant que Potter virait au rouge brique.

Oui, Draco existait bel et bien. Il dévisagea Weasley, dont les oreilles semblaient sur le point de se consumer pour tomber en cendres.



- Qu'est-ce que tu veux, Weasley? Désolé, je n'ai pas d'argent sur moi.



Oui, il était un peu puéril dans ses insultes, probablement. Mais quelle importance, puisqu'il parvenait à blesser ses victimes exactement comme il le voulait, malgré tout? Weasley avait l'air sur le point de se jeter sur lui, mais Potter Le Noble et la Sang-de-Bourbe le retenaient. Draco leur adressa un dernier sourire méprisant avant de retourner vers sa propre table.

Ces satanés Gryffondors avaient quand même leur utilité.



- Ça t'avance à quoi?



Draco sursauta et se tourna vers sa droite. En face, Amanda Nott le considérait avec son habituel regard indéchiffrable. Si Potter avait les yeux trop verts, celle-là avait les yeux trop bleus. D'un bleu limpide et transparent qui vous examinaient jusqu'au fond de l'âme. Après les Gryffondors, Amanda Nott était la personne qui venait en tête des antipathies les plus violentes de Draco. Cette fille était trop étrange et trop marginale pour son propre bien. Draco détestait sentir ses yeux sur lui et entendre sa voix lui parler. Elle le mettait mal à l'aise. Cependant il ne pouvait s'empêcher de secrètement l'admirer.

Sans doute avait-il une curieuse tendance à détester les gens qu'il enviait et admirait. Sa jalousie le dévorait toujours de l'intérieur, comme un acide, et il n'était jamais parvenu à arrêter le processus.

Amanda ne le lâchait pas du regard, attendant une réponse.



- A me détendre, répliqua sèchement Draco. Et je ne crois pas t'avoir adressé la parole.



Amanda eut un sourire énigmatique particulièrement irritant, et ne s'occupa plus de lui. Draco commença à manger, coincé entre Crabbe et Goyle. Ces deux abrutis faisaient vraiment honte aux Serpentards. Ils étaient probablement les seuls à ne pas avoir cette intelligence déliée et malveillante qui caractérisait tous les élèves de leur Maison. En dehors du fait qu'ils faisaient de très bons gardes du corps, ils ne servaient strictement à rien. Néanmoins, Draco avait choisi leur compagnie dès le début, avec la certitude qu'ils n'essaieraient jamais de discuter avec lui, lui laissant ainsi un certain repos. Mais de plus en plus souvent désormais, Draco se demandait s'il n'aurait pas mieux fait d'avoir des fréquentations plus normales et plus constructives au lieu de devoir se coltiner sans arrêt deux idiots dans leur genre. Il regarda Goyle qui tentait depuis cinq bonnes minutes de couper sa viande sans s'apercevoir qu'il utilisait le mauvais tranchant du couteau, et soupira furieusement.

Décidément, rien ne semblait tourner rond ce jour-là. La satisfaction que titiller Potter lui avait procuré s'estompait déjà sous le coup de l'énervement prodigieux qu'Amanda, puis Crabbe et Goyle, lui faisaient subir.



- merveilleuse robe bleue, mais le bleu n'est pas vraiment ma couleur, tu vois, disait Pansy.

- Oh, je comprends, j'aurais hésité aussi, moi c'est le rose qui ne me va pas du tout, renchérit Sally-Anne.



En face d'elles, Millicent les regardait alternativement, avec une tête démontrant clairement qu'elle ne comprenait rien à tous leurs chichis. Draco réprima un sourire en coin. Millicent Bulstrode ressemblait étrangement à Crabbe sur bien des points. Elle ne comprenait pas la moitié de ce qu'on lui racontait, ne pensait qu'à frapper, et n'avait vraiment aucune des caractéristiques qu'ont généralement les filles. Elle avait malgré tout une soif incontrôlable, un désir caché de puissance pure, de pouvoir, et c'était cette ambition qui l'avait menée à Serpentard. Draco en venait parfois à se demander si elle ne faisait pas exprès d'avoir l'air aussi stupide, tant ses petits yeux sombres s'embrasaient par moments d'une façon plus qu'inquiétante.

Blaise Zabini en savait sans doute davantage sur elle. Il devait avoir vu en Millicent un intéressant potentiel, parce qu'il était le seul à profiter volontairement de sa compagnie. Draco aurait volontiers été ami avec Blaise, mais il savait que celui-ci lui aurait fait trop d'ombre, ce qui n'aurait convenu à aucun des deux. Ils étaient de trop fortes personnalités pour pouvoir se dispenser d'un certain espace de liberté. Draco et Blaise se toléraient fréquemment, se respectant mutuellement, mais ils n'établiraient jamais des liens solides entre eux. Blaise était un grand jeune homme élancé dont les cheveux châtain lui tombaient sur les yeux avec élégance; il accomplissait tout avec grâce, restait cruellement plaisant avec n'importe quel ennemi, ne se départissait jamais de son sang-froid, et Draco était sûr qu'il était capable de torturer jusqu'à la mort sans cesser de sourire tranquillement.

Pansy et Sally-Anne formaient un étrange duo, d'une férocité palpable. Elles avaient mis en place une relation qui ressemblait davantage à une alliance qu'à une amitié réelle. Pansy, aguicheuse au possible, s'était promis d'avoir Draco, autant attirée par la beauté que par la puissance, sans compter qu'il représentait un véritable défi pour elle. Sally-Anne ne faisait pas l'erreur d'essayer de capter l'attention de quiconque. Son plaisir le plus intense était de semer la discorde partout où elle passait. Connaître tous les ragots sur le bout des doigts lui permettait d'en lancer d'autres, brisant ainsi joyeusement couples et amitiés apparemment indestructibles.

L'ambiance à la table des Serpentards était bien différente qu'à celles des autres Maisons. Les Gyffondors, les Serdaigles, les Poufsouffles Tous communiquaient joyeusement, riaient, babillaient à en perdre le souffle, dans une franche camaraderie.

Il n'y avait pas de camaraderie chez les Serpentards. Pas de sentiments dégoulinants. Si on discute, c'est en s'observant avec méfiance, guettant la moindre expression sur le visage de l'un de l'autre, toujours désireux de ne pas se laisser dominer. Pansy et Sally-Anne avaient beau rire ensemble, leurs yeux avaient des lueurs d'appétit inavoué, de louves prêtes à se sauter à la gorge si l'une cherchait à contrôler l'autre. Chez les Serpentards, les regards silencieux mais lourds de sens ne se comptaient plus. Depuis longtemps, Draco savait interpréter les coups d'il explicites qu'on lui lançait, et en jeter d'autres. Les seuls qu'il ne comprenait pas étaient ceux d'Amanda Nott.

Mais personne ne comprenait Amanda Nott.

Elle était de ces filles qui mettent tout le monde mal à l'aise tout en conservant un parfait aplomb, toujours avec des yeux et des sourires énigmatiques. Amanda était cela, une énigme vivante. Draco la respectait parce qu'elle avait des principes et des idées claires, ce qu'il n'avait jamais pu avoir. Fille d'un Mangemort, elle avait refusé tout net de lui succéder. Des raisons? Elle en avait sans doute donné, mais Draco ne les connaissait pas. S'il s'était agi de n'importe qui d'autre, il aurait été plein de mépris: comment peut-on être assez stupide pour refuser le pouvoir quand il s'offre lui-même? Mais avec Amanda, c'était différent. Elle était trop intelligente.

Elle était trop Serpentard.

Pour Draco, tout était prévu. Dès qu'il quitterait l'école, il accepterait de recevoir la Marque. Et dès que son père mourrait, il deviendrait un des fidèles du Seigneur des Ténèbres. Il n'espérait qu'une chose.


Que Lucius meure rapidement.









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J'ai beaucoup aimé planter le contexte Serpentardesque! Très intéressant pour moi! ^__^
Merci à ceux qui se seront donné la peine de me lire




Kinou