Spoilers: Uniquement les quatre premiers tomes de "Harry Potter". Aucune allusion au tome 5.











Disclaimer:
Rien ne m'appartient, sauf l'intrigue, évidemment.











NDA:
Merci à Phénix20!! ^__^













Chapitre 2: Déjà vu.








- Tu t'embêtes, Draco chéri?



Le jeune Serpentard leva les yeux, ennuyé, pour se retrouver face à face avec Pansy. Elle lui sourit et prit place sur le canapé, si près de lui que son parfum l'enveloppait. Il sentit sa main tiède effleurer sa joue, taquine. Mais peu lui importait Pansy et ses vaines tentatives pour le prendre à ses filets.



- Tu es plus sombre qu'avant, remarqua-t-elle.



Considérant l'éclat gourmand dans les yeux de la jeune sorcière, Draco en déduisit que son côté sombre ne faisait que lui plaire davantage.



- Fiche-moi la paix, Pansy, ordonna-t-il sèchement.

- Tu ne t'énerves pas aussi vite, d'habitude Est-ce que tu serais par hasard en train de douter de toi-même? Je ne vois que ça pour te troubler à un tel point que tu ne saches plus te contrôler



Draco attrapa la main de Pansy avant qu'elle ne touche à nouveau sa joue et la serra étroitement. Il voulait lui faire mal. Il voulait l'entendre hurler de douleur et la voir courir loin de lui en le regardant comme s'il était un dangereux monstre dont il fallait à tout prix se méfier si on tenait à la vie. Il voulait qu'elle le craigne. Mais elle subit la douleur sans broncher, sans bouger un cil, avec un léger sourire.



- Ce n'est pas comme ça que tu me feras fuir.



Exaspéré, il la repoussa violemment et elle s'affala mollement sur les coussins, où elle resta paresseusement, effleurant les jambes de Draco des siennes tout en s'étirant avec langueur. Il se leva vivement. Avant, il supportait les avances de Pansy. Mais plus elle grandissait, plus elle était entreprenante et envahissante.

Douter de lui-même? Il ne doutait pas de lui-même. Il était parfaitement semblable à d'habitude, même s'il traversait une étrange période ces derniers jours. Mais qu'en savait Pansy, de toutes façons?

Toujours allongé, elle lui lançait un sourire narquois et un regard brûlant qui lui donnaient envie de l'étrangler jusqu'à ce que mort s'ensuive. Il y avait trop de monde dans la salle commune pour céder à ses pulsions meurtrières. Draco se força à monter dans son dortoir pour s'occuper jusqu'à ce que l'envie lui soit passée. Quand il ouvrit la porte, il s'aperçut qu'il ne serait pas seul.

Assis sur son lit, Blaise Zabini feuilletait négligemment un livre. Draco se figea, et se composa un visage impassible. Loin de s'amoindrir, ses pulsions meurtrières allaient en s'aggravant. Il était venu là avec l'intention de prendre un livre, et Zabini l'avait devancé. Il l'avait toujours devancé. Draco, depuis sa plus tendre enfance, avait attendu avec impatience d'arriver à Poudlard pour pouvoir jouer le rôle qu'il avait envie de jouer: tout en nonchalance et en élégance, tout en froideur et en sarcasme. Mais dès les premiers jours de sa première année, il avait dû y renoncer. Blaise Zabini avait déjà pris ce personnage et le remplissait à la perfection. Draco ne le lui avait jamais pardonné. Il devait à présent se contenter de passer pour un gosse de riches gâté et colérique, sans épaisseur, bien loin de ce qu'il avait imaginé et souhaité pendant si longtemps. Zabini et lui étaient décidément trop semblables pour pouvoir cohabiter.

Blaise Zabini leva les yeux et lui sourit légèrement, comme s'il lisait dans les pensées de Draco et en était particulièrement amusé. D'un mouvement de tête rapide, il rejeta les mèches châtain en arrière. Sous ce sourire mince et apparemment anodin, Draco devinait un sourire de requin. Il lui répondit d'un hochement de tête nerveux, et marcha jusqu'à son coffre. Impossible de rester ici comme il en avait eu l'intention, il aurait l'air d'imiter Zabini. Il se saisit du premier livre venu et ressortit.

Pourquoi trouvait-il de moins en moins sa place? Après sept ans, ça aurait dû être l'inverse. Peut-être parce qu'il avait de plus en plus d'idées arrêtées sur les gens en général et sur sa propre attitude en particulier. La présence de Zabini dans le dortoir l'en chassait, et un regard d'Amanda le menait hors de la salle commune. Dans le couloir, il jeta un coup d'il au livre qu'il avait pris. Celui de Botanique, évidemment, alors qu'il avait horreur de ça. Résigné, Draco soupira et décida de se trouver une salle vide pour rester un peu seul sans risquer d'être dérangé. Connaissant l'endroit idéal, au troisième étage, il s'y rendit, et ouvrit la porte.

Des cris effarouchés en sortirent.

Stupéfaits, Draco vit trois jeunes filles, s'il en jugeait leur blason, de Serdaigle, le fixer avec effroi. Pourquoi ces idiotes criaient-elles? Il ne leur avait rien fait. Pas encore, du moins. De plus en plus éberlué, il les regarda se regrouper fébrilement comme une portée de chatons. Avaient-elles à ce point peur de lui?? Draco fronça les sourcils. Il avait toujours cherché à être détesté, mais pas forcément craint. Pris au dépourvu, il ne parvenait pas à déterminer s'il s'agissait d'une bonne chose ou non. Ne sachant comment il devait prendre cet incident, il se contenta de leur lancer un petit sourire narquois relativement inquiétant avant de ressortir.

Il n'y avait décidément que la bibliothèque.

Déjà découragé à la pensée de ce non-silence tellement irritant, Draco marcha jusque là en s'efforçant de ne pas baisser la tête en traînant les pieds comme il en avait envie. Il était un Malfoy, et une certaine dignité était de rigueur. Ce fut donc avec hauteur et arrogance qu'il entra et s'assit sur la première chaise venue.

Plus loin, il aperçut Potter, Weasley, et la Sang-de-Bourbe de Granger, qui n'avaient pas remarqué son arrivée. Cette dernière les avait de toute évidence traînés là de force, s'il en jugeait par leurs mines déconfites et leurs regards désespérés aux piles de livres entassés devant eux. C'était une bonne chose qu'ils ne l'aient pas vu. Draco n'était pas d'humeur à prendre part à une de leurs habituelles disputes.

Les pensées du Serpentard se mirent à tourner autour des trois perruches dans la salle désaffectée, qui l'avaient considéré avec une telle frayeur, puis de sa précédente visite à la bibliothèque.

Plus précisément des yeux bruns.

C'était enfin un élément inhabituel dans sa vie, et c'était sans doute pour cela qu'il y accordait une certaine importance. A vrai dire, il n'était même pas certain de savoir si ces yeux appartenaient à un garçon ou à une fille. Il espérait que ce soit une fille, bien sûr. Une Serpentard, de préférence. En tout cas, elle ne pouvait pas être dans sa classe, puisque tous les autres étaient sagement dans la salle commune quand il était sorti.

Draco n'avait jamais beaucoup aimé les yeux clairs, comme les siens. Il trouvait qu'ils manquaient de profondeur. Les yeux de Potter, par exemple, étaient luisants comme une simple surface, et les yeux d'Amanda étaient presque translucides, comme un miroir sans tain. Malheureusement, Draco devait reconnaître que ses propres yeux avaient ce manque de profondeur en commun avec Potter.

Il espérait de toutes ses forces que la Sang-de-Bourbe lui fasse passer un très mauvais moment à cet instant précis. Tout en souhaitant cela, il feuilletait le livre sans le voir, ses doigts caressant inconsciemment chaque page qu'il tournait.



- Je croyais que tu détestais la Botanique?



Toute la profondeur qui manquait aux yeux d'Amanda était passée dans sa voix, une voix extrêmement chaude et enveloppante qui prenait au dépourvu. Elle s'assit en face de Draco, sans attendre de réponse.



- Il y a plein d'autres places, grogna-t-il.

- Je sais, répondit-elle simplement.



Il la vit jeter un coup d'il aux trois Gryffondors.



- Tu les a provoqués?

- Non.



Il scruta le visage d'Amanda, essayant de déceler un signe de surprise, mais elle resta parfaitement impassible. En quoi cela l'intéressait qu'il insulte ou non quelqu'un? Amanda Nott n'avait jamais voulu participer aux guerres intra maisons. Elle avait banni le mot "Sang-de-Bourbe" de son vocabulaire depuis toujours. Draco ne comprenait pas comment elle pouvait être ainsi alors que son père était Mangemort. Comment avait-elle pu grandir avec des idées et un caractère aussi différents de ceux que tout le monde s'attendait à la voir développer?

Amanda était étrange, incompréhensible, mais Draco s'était toujours senti curieusement proche d'elle. Il percevait entre eux une familiarité qu'il ne s'expliquait pas. Il pouvait grommeler, la renvoyer balader, avoir envie de la tuer, mais elle n'en était pas moins la compagnie qu'il préférait. Même si leurs rapports étaient tortueux, Draco devait admettre qu'ils lui tenaient à cur.

Amanda tordit ses cheveux du noir le plus noir possible dans son dos pour les maintenir en place, et lui adressa un léger sourire.



- En fait, je venais te prévenir que Pansy est à tes trousses.



Draco émit un grognement de contrariété, et referma à la hâte son livre de Botanique avant de se lever sans se soucier du bruyant raclement de sa chaise contre le sol. Il s'apprêtait à demander à Amanda de mettre Pansy sur une fausse piste, mais la jeune fille acquiesçait déjà, sachant à l'avance ce qu'il allait dire. Draco la remercia d'un bref hochement de tête, et sortit.

Il était arrivé sans encombres près du couloir des Enchantements, quand la cloche retentit. A peine quelques secondes plus tard, des élèves surgirent de toutes les portes, et Draco se retrouva coincé au milieu de la foule, serré, ballotté, entraîné dans la mauvaise direction. Il pesta intérieurement: s'il s'était souvenu que les autres élèves sortaient une heure plus tard que lui, il aurait évité d'emprunter un des couloirs les plus fréquentés.

Il essaya de se dégager, mais la cohue était plus forte que lui. Ce fut au beau milieu de la foule qu'il aperçut à nouveau les yeux bruns.

Ils glissèrent sur lui sans le voir, et Draco fut tellement pétrifié qu'il en oublia de regarder le visage entier. Juste comme il s'apprêtait à le faire, un mouvement convulsif de la foule manqua lui faire perdre l'équilibre, et il perdit le contact visuel.

Quand il releva la tête, les yeux bruns avaient disparu.

Furieux, Draco se mit à se frayer un chemin à grands coups de coude violents, et se planta au beau milieu du couloir pour regarder plus attentivement autour de lui, sans se soucier de bloquer le passage. Mais les yeux bruns n'étaient plus là.

Dépité, Draco poussa violemment un première année qui n'avançait pas assez vite à son gré, et s'en alla. Tant pis s'il rencontrait Pansy.

Mais elle n'était pas dans la salle commune.



- Oh, Draco! s'écria Sally-Anne qui griffonnait sur un morceau de parchemin, l'air absorbé. Pansy vient juste de partir de chercher.



Draco ne daigna pas répondre, et se pencha par-dessus son épaule.



- Qu'est-ce que tu fais?



Un sourire malveillant se dessina sur les lèvres de Sally-Anne.



- Michael Corner et sa nouvelle petite amie, expliqua-t-elle. Je cherche des moyens de faire rompre ces deux-là, et j'évalue la probabilité de succès à chaque fois.



Draco la vit se remettre à écrire. Sally-Anne était un esprit calculateur et manipulateur au possible, mais il devait reconnaître qu'il trouvait son passe-temps relativement distrayant. Quand il eut lu toutes les manières qu'elle avait imaginées jusque là, il s'assit un peu plus loin, et rouvrit machinalement son livre de Botanique. Ses yeux s'attardaient sur les images animées de plantes et de botanistes en tout genre.

Draco se figea brusquement.



Les yeux bruns l'observaient dans le cadre d'une des photographies.








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Kinou