Chapitre 12.

« Du coup, vous comptez lui dire quand ? »

Hermione cligna plusieurs fois des paupières, un peu groggy. Ces changements de lieux et de constitution brutaux, elle ne s'y ferait définitivement jamais !

Aussi banal soit-il, elle s'était retrouvée dans les quartiers de son professeur, et fait néanmoins des plus improbables : elle se trouvait en compagnie de Neville Longdubat. Qu'est-ce qu'il fabriquait là lui ? Depuis quand Snape autorisait des élèves à venir ici, et encore plus Neville. Il avait perdu la tête ?

« Quoi ? marmonna-t-elle avant de s'écroulant dans le fauteuil à sa portée.

_ Hermione, vous comptez le lui dire ? Enfin, je sais que ce ne sont pas mes oignons, mais… je ne veux pas que vous en souffriez tous les deux. Je veux dire, c'est un gros morceau quand même ! »

Mince.

Maintenant, voilà que sa curiosité était piquée au vif ! Alors, Snape parlait d'elle en son absence ? Interessant… Tant qu'il ne racontait pas d'horreurs !

« J'en sais rien, mentit Hermione, j'improviserai ?

_ En toute franchise, je ne vous le recommande pas, grimaça le garçon. On n'aborde pas ce genre de sujet à la légère, et, je pense que ça peut chambouler tout un monde. Non ?

_ Je… suppose, présuma la jeune femme, tentant de ne rien laisser transparaître.

_ Je peux vous aider si vous voulez. Je veux dire, foutu pour foutu !

_ Je n'ai pas besoin de vous, imita Hermione à la perfection. Je sais très bien me débrouiller tout seul.

_ Je me demande ce que Hermione vous trouve, marmonna Neville.

_ Pardon ? Qu'est-ce que vous avez dit ?

_ Et bien, je vous parle d'Hermione pardi ! Ce n'est pas tout juste si je dois éponger la bave qui s'échappe de sa bouche quand elle vous écoute parler, alors je me pose des questions tout simplement.

_ Vous racontez n'importe quoi, sont-ce les vapeurs du contenu désastreux de vos chaudrons qui vous montent à la tête ?

_ Ah parce que vous pensiez que vos sentiments n'étaient pas réciproques peut-être ? »

Ses… Ses quoi ?!

Hermione se raccrocha à sa chaise tant bien que mal. C'était qu'elle avait manqué de s'éclater la figure par terre ! Comment ça, ses « sentiments » ?!

Au lieu d'ouvrir bêtement la bouche comme une carpe hors de l'eau, ce qui aurait sans nul doute grillé sa couverture, Hermione se contenta d'intérioriser du mieux qu'elle le put ses hurlements.

De quels sentiments parlait-il ? Quelle réciprocité ?

« C'est une blague de très mauvais goût, gronda-t-elle.

_ Allons, je vous assure professeur. Je connais très bien Hermione, et vous êtes le seul qu'elle ait toujours observé de cette façon. Elle vous admire, c'est certain, mais il y a autre chose… Et maintenant, je comprends ce que c'est. D'ailleurs, n'avez-vous jamais songé que vos échanges corporels incessants avaient une autre origine qu'une simple histoire de lâcher prise ? »

Hermione fronça les sourcils. Elle ouvrit la bouche, cette fois sans qu'aucun son n'en sorte avant de plonger dans une profonde réflexion.

Elle fit l'inventaire dans sa petite tête, tous ses rouages se mettant en marche les uns après les autres.

Lorsque c'était arrivé la première fois, Snape avait manqué de lui casser le nez. Et elle s'était inquiété pour lui, le temps d'à peine une seconde l'avouait-elle.

Puis, ils avaient fait… cette chose innommable chacun de leur côté, et elle s'était mise à penser d'à quel point il en avait besoin, presque d'avantage qu'elle. Il en avait été de même lorsqu'il avait rasé sa barbe avec minutie, elle avait été surprise par sa douceur, et qu'à quel point elle avait pu se tromper.

Le regard de la jeune femme s'arrondit.

Mais bien sur.

Ils échangeaient de corps chaque fois qu'ils se préoccupaient plus de l'autre que d'eux-même ! Et revenait de manière aléatoire. Après cette mission horrible, Hermione s'était contenté de s'allonger dans la forêt et de chialer un bon coup, non sur ce qu'elle avait du faire, mais sur les conditions de vies désastreuses de son professeur. Snape quant à lui, avait du faire des pieds et des mains pour la retrouver, alors ça n'avait pas du être un soucis de revenir puisqu'elle avait été le sujet principal de son anxiété.

En fait… Elle n'avait pas encore pris le temps d'y songer, mais… il avait prévenu Dumbledore, chose qu'il était juré d'éviter. Jusqu'où aurait-il été capable d'aller ? De ce qu'elle avait comprit, Snape avait remué tout Poudlard à sa recherche.

Hermione frissonna.

« Profe… Hermione ? demanda soudain Neville. »

Merde.

Il espérait ne pas en avoir trop dit !

« Oui, oui Neville c'est moi, soupira-t-elle en se massant le front.

_ Bordel Hermione, mais depuis quand es-tu là au juste ? »

Cette fois, le teint de Longdubat prit une teinte si blanche qu'Hermione fut effrayée à l'idée qu'il tombe dans les vapes.

« Depuis… depuis ta suggestion sur le fait que ce n'était peut-être pas qu'une histoire de lâcher prise, mentit-elle en détournant le regard.

_ Oh. Ouais… Enfin, tu sais, je disais ça comme ça, c'est peut-être le cas après tout étant donné que Snape était en pleine méditation à votre précédent échange.

_ Neville, lança Hermione en fronçant les sourcils. Excuse-moi mais… qu'est-ce que tu fiche là ? »

Hermione put presque s'amuser du spectacle de son ami en train de bafouiller et de s'embourber dans des phrases sans fin et sans sens. Elle le laissa ainsi s'empêtrer sans aucune volonté d'intervenir, car elle voulait connaître la vérité, mis la porte s'ouvrit bien vite sur nul autre que son corps à elle, un air furieux planté sur le visage.

« Longdubat, mais vous ne vous êtes aperçu de rien ou quoi, grinça Snape.

_ Bah si, Hermione m'a prévenu que vous aviez échangé de corps, aucune inquiétude, appuya Neville sur un regard aussi insistant que peu discret.

_ Oui, d'ailleurs, je pensais que j'étais la seule à être autoriser à venir ici, balança Hermione avec applomb. »

Snape resta un instant silencieux, tout comme son ami.

« Il s'avère que… monsieur Longdubat m'est d'une grande aide ces derniers temps.

_ Oh, vraiment ? se délecta Hermione en s'enfonçant dans son siège, bras croisés, à deux doigts d'invoquer du pop corn ou une tasse de thé.

_ Oui, lança Snape d'un air faussement convainquant qui sonnait bien trop faux.

_ Il vous aide avec quoi ?

_ Avec les cours de Minerva.

_ D'accord, donc vous prenez des cours de magie avec Neville ?

_ Tout à fait.

_ Vous me prenez pour une conne ?

_ Quoi ?!

_ Après ce que j'ai traversé ces deux derniers jours, vous osez me faire croire que Neville, aussi adorable soit-il, vous enseigne quelque chose ?

_ Figurez-vous que Monsieur Longdubat si présent est très pointu en ce qui concerne les… lança Snape qui cherchait ses mots tout en agitant nerveusement sa main en l'air.

_ Les citrouilles !

_ Les citrouilles ? demanda Hermione en levant les sourcils.

_ Les citrouilles, affirma Neville. »

Snape se claqua la main sur le visage de dépit. Hermione le vit, et tous des se regardèrent en chien de faïence.

« Bon, gronda Hermione en se levant. »

Neville finit par s'éclipser sous le regard désabusé du maître des cachots.

« Je retire ce que je pensais : monsieur Longdubat est un boulet, soupira Snape en s'écroulant à son tour sur le fauteuil que venait de libérer la jeune femme.

_ Alors, vous allez me dire ce que vous fabriquiez ?

_ Et vous, vous allez me dire ce qui vous est arrivé pour que je me retrouve dans cet état ? »

Hermione soupira en détournant le regard, dos à elle.

« J'ai été appelé… Et… Et j'ai eu une mission à remplir. »

Snape prit une profonde inspiration, et se retrouva de nouveau, dans son corps massif.

Ce souvenir devait être riche en émotion pour provoquer ce genre d'effet rien qu'à son évocation.

« On va commencer à s'y habituer, finit-elle par soupirer de fatigue sans sourciller. »

Snape se tourna, puis finit par s'approcher de la jeune femme qui n'osait le regarder dans les yeux.

« Qu'est-ce qu'ils vous ont obligé à faire ? demanda-t-il avec une douceur insoupçonnée.

_ Au départ, ce n'était… qu'une réunion comme les autres, je suppose. Malefoy est venu me chercher dans la forêt, afin de me demander cette faveur. Voldemort n'était pas là, il n'y avaient que quelques mangemorts venus faire les comptes des horreurs qu'ils avaient pu commettre. Enfin… soupira Hermione en chassant cela de son esprit, Malefoy m'avait juste appelé pour superviser, et rédiger une sorte de rapport ? J'ai accepté, c'était terriblement stressant, mais je me suis dis que c'était la meilleure façon de réussir à mener à bien cette mission. Alors j'ai présidé cette réunion bizarre du mieux que j'ai pu, j'ai même tout noté, toutes les atrocités qu'ils me narraient, avec le plus de détails possibles, le plus de noms… Je voulais vous aider. »

Snape prit une profonde inspiration. Il redoutait la suite du récit.

« Je suis ensuite revenu en passant par la forêt interdite, mais j'avais déjà remarqué que j'étais suivie. Durant la réunion déjà, un des leurs m'épiait, il n'avait pas l'air aussi serein que les autres et ensuite, j'ai senti son… odeur horrible de fumée jusque là, alors je savais qu'il rodait.

_ Il savait pour notre échange, pensez-vous ? murmura Snape.

_ Non, de ce que j'ai compris, c'était à propos d'une vieille querelle. »

Et voilà… Ce qu'il redoutait le plus.

Snape ferma les paupières de dépit.

« Mulciber, marmonna-t-il.

_ Comment ?

_ Mulciber, un espèce de taré fasciné par le feu qui bosse sur les dragons pour les dompter et en faire des armes. Il a voulu s'en prendre à Charlie Weasley, j'ai fais capoter son plan, il le sait mais n'a jamais réussi à le prouver. Depuis, il m'a en horreur. Il aura choisi cet instant pour en découdre.

_ Cet idiot m'a suivi jusqu'au territoire des centaures, grogna Hermione. Je le savais, et puis il m'a interpellé, s'est mit à vous menacer, à menacer votre position, et seigneur, je ne pouvais pas être celle qui ferait tout capoter, pas maintenant ! Alors je n'ai rien dit quand une horde est arrivée, je n'ai rien dit quand il s'est mit à les insulter afin qu'on règle ça « entre hommes ». Je savais que ça allait les rendre furieux, mais vous comprenez, ce sorcier, il vous avez insulté de lâche, d'incapable, je… je… Il fallait bien… que quelqu'un le fasse taire, mais un certain Magorian l'a fait à ma place et s'est mit à lui sauter dessus, devant moi. Ce mangemort, il hurlait, et moi… je suis… je l'ai regardé, j'ai écouté les coups de sabots continuer de s'éclater contre son torse ! Tout a explosé sur moi, et puis je suis parti, sans rien dire de plus. J'ai marché, marché, jusqu'à m'écrouler par terre et me rendre compte de ce qu'il s'était passé. »

Snape resta figée, pétri par ce que la jeune femme lui racontait.

« J'aurais du le tuer, je le sais, mais je n'ai pas réussi ! J'ai laissé ce Magorian s'en charger à ma place, j'ai agi comme une, une… trouillarde, renifla Hermione, hors d'elle. Je l'ai regardé se faire massacrer, alors que j'aurais du trouver le courage de l'achever moi-même, je suis restée pour être sure qu'il n'en restait rien. »

Avec impulsion, Snape la prit dans ses bras pendant qu'Hermione secouait la tête, les yeux brillants de larmes.

« Ne dites pas n'importe quoi, lui glissa-t-il, la gorge serrée.

_ J'aurais pu le faire vous savez, j'aurais été capable de tuer pour garder votre couverture, je sais à quel point c'est important, alors tant pis, tant pis pour tout le reste, tant pis pour moi ! »

Snape sentit les cheveux d'Hermione lui chatouiller les narines et pour une fois, il n'en fut pas incommodé.

« Hermione, lui glissa-t-il pour la raisonner. Vous avez fait ce qu'il fallait.

_ Je n'ai rien fais, nia-t-elle.

_ Voldemort l'aurait su, il finit par tout apprendre de toute façon. Vous ne réalisez pas qu'il vous a fallu du courage pour ne pas agir, c'est comme ça que j'aurais du m'y prendre un nombre incalculable de fois, marmonna-t-il contre elle. Mais mon égo parle à ma place.

_ Vous n'imaginez pas ce que ça m'a fait quand il vous a traité de lâche. J'ai bien remarqué que ça n'était pas le cas, je n'imaginais pas tout ce que vous enduriez vous savez.

_ Je pensais aussi que votre vie était naïvement plus simple.

_ Je ne vous en veux pas, mes préoccupations primaires sont à milles lieux des votre. »

Hermione se détacha lentement des bras du maitre des cachots qui ressentit soudain, un immense vide en lui. Vide qu'il cacha du mieux qu'il put.

« A la perceptive de supporter Ronald Weasley ou Lucius Malefoy, je vous jure que sa petite tignasse décolorée me donne beaucoup plus envie de bondir de joie, autant vous dire que vous bénéficiez de toute mon admiration, lâcha Snape pour la détendre. »

Hermione observa le maître des potions, avant de sourire d'amusement, puis s'en rire finalement.

« Malefoy était plus préoccupé par son mobilier et le sang séché sur la table que le reste.

_ N'est-il pas insupportable ? soupira Snape, d'un ton sincère.

_ Je ne sais pas comment vous faites pour vous retenir de lui jouer un sale tour type lotion dépilatoire dans le shampoing, lui confessa la Gryffondor.

_ La même force qu'il vous faut pour ne pas transformer votre petit copain en rat domestique je suppose.

_ Qu'est-ce qu'il a fait encore ?

_ Il vous utilise pour tricher, il critique tout : vos manières, votre façon d'écrire, vos réponses, vos occupations… Il a même fait disparaître un paquet de bonbons de mes mains en disant que vous devriez faire attention, non mais pour qui il se prends ? Mais attendez, je lui ai prévu un plan machiavélique une fois que j'aurais définitivement retrouvé ma forme, lâcha Snape avec fierté.

_ Est-ce que ça inclut Neville ?

_ Possible.

_ Il le sait au moins ?

_ Qui, Neville ? Bien sur.

_ Vous me faites flipper tous les deux.

_ Pourquoi ? »

Hermione l'observa avec stupeur avant de lever les yeux au ciel. Comment diable, Snape en personne avait-il pu devenir plus ami encore qu'elle avec nul autre que Neville Longdubat, autrement dit, le seul élève qui aurait été capable de se pisser dessus à sa simple vue, en plus d'être l'étudiant le plus mauvais en potion qu'elle n'ai jamais rencontré de sa vie.

« Pour rien. En tout cas, j'ai… trouvé ça ! »

Hermione sortit de sa poche nul autre… qu'une corne de licorne argentée. Snape arrondit le regard, stupéfait.

« Avez-vous conscience que vous venez de m'économiser l'équivalent d'un rein ?! s'exclama-t-il.

_ 147 gallions d'or et 10 mornilles environ, lâcha Hermione avec fierté.

_ Oh si je ne me retiendrais pas, je vous embrasserais. »

Snape ne mesura pas la portée de ses mots, bien qu'Hermione était juste stupéfaite. Elle le laissa prendre l'objet de ses mains tout en le fixant, toujours aussi troublée. Elle avait pensé avoir mal compris tout à l'heure. Car son ami devait s'être trompée, pas vrai ?

Enfin quoi, elle n'avait aucun regard envers Snape, non aucun. Même si à présent, elle peinait à déglutir, que ses mains devenaient moites, que son regard pétillant de joie lui donner envie de le serrer contre elle et…

Et merde.

Elle en pinçait pour Snape.

Mais c'était impossible, enfin ! Il était aigri, sarcastique, froid, austère, amer avec tout le monde… sauf elle, peut-être, depuis cette histoire d'échange.

Il fallait aussi avouer que Snape était brillant, si doué et sur de lui. Il dégageait une puissante aura de gravité et de domination qui avait le don de calmer n'importe quelle assemblée. D'ailleurs, son attitude posée, impassible, sa capacité à surmonter toutes sortes de remarques comme si elles glissaient sur lui sans jamais l'atteindre avait été des plus complexes à imiter.

Oh non, si ça continuait, elle allait finir dans ce groupe de tarées de Snape's wives !

« Oui hé bien, ne vous emballez pas trop, car on doit en mettre une pincée dans la potion.

_ C'est le cas dans de multiples potions, sauf qu'une corne entière dans cet état vous fais tenir des années, souleva-t-il. D'ailleurs, j'ai vu votre chaudron, il ne reste plus qu'une infusion d'armoise et elle sera prête d'ici 48h, le temps de prendre. Qu'en pensez-vous ?

_ Vous me demandez mon avis sur une potion, jaugea Hermione en levant les sourcils.

_ C'est votre préparation Miss, pas un devoir de classe, donc oui. »

Elle tombait définitivement des nus ce soir.

« Pour cela, il faudrait que je la vois.

_ Si ce n'est que ça… »

Snape se dirigea vers la cheminée tout près d'elle juste après avoir saisi une énorme quantité de poudre dans ses mains. Il l'intima d'y entrer elle aussi, et dieu merci, Snape avait été prévoyant sur la taille de son âtre qui correspondait à son mètre 90.

Hermione put ainsi sans aucun mal se poster à côté de lui, avant qu'il ne prononce d'une voix claire :

« Impasse du Tisseur. »

xXx

Hermione prit une profonde inspiration lorsqu'il arrivèrent à destination.

Cette maison sentait le vieux bois, les livres et le réconfort. Elle était étrangement rassurée à la vue de ce salon miteux, de la lumière tamisée qui clignota avant de s'allumer à leur arrivée et de la chaleur ronde des lieux. Elle avait remarqué que Snape, frileux comme il l'était, avait jeté un superbe sort de chaleur sur ses lieux de vie.

La jeune femme sourit, satisfaite, et Snape le vit du coin de l'oeil sans oser n'en faire de commentaire. Après tout, peu de gens étaient conviés en ces lieux, et il avait l'habitude de leur être si désagréable qu'ils n'avaient pas envie de revenir, et cela lui allait bien. Ainsi, cette vieille bicoque avait une sale réputation d'endroit austère et pas agréable, comme lui. Personne ne souriait dans l'antre du batard des cachots, c'était bien connu.

Et pourtant, elle le faisait.

Le sorcier fut tenter de lui faire passer une batterie de test pour évaluer sa santé mentale, mais se contenta à la place de la suivre jusque'à son bureau.

La pièce juxtaposait le salon, de sorte qu'il lui était plus facile d'y accéder en cas de mission périlleuse nécessitant des soins. Bien sûr, l'ouverture était protégée par des sortilèges ainsi qu'un mot de passe, mais il avait tout appris à son élève.

Snape prit une profonde inspiration. Comment diable allait-il parvenir à ne rien omettre lorsqu'il lui ferait oublier tout ça, il commençait à se poser la question. Peut-être ferait-il mieux de faire une liste ?

Le sorcier se secoua la tête, pénétrant dans cet immense laboratoire magique équivalent à la taille de sa salle de classe. Il y avait des tas de bocaux, des bouquins un peu partout qu'Hermione avait ouvert et laissé là dans l'attente de lire la suite, ses piles de parchemins détaillant ses travaux, la plume de la jeune femme juste à côté de sa besace, leurs deux paires de gants… Cela lui sauta aux yeux.

Elle avait envahi son foutu espace et il ne l'avait même pas remarqué ! Enfin, pas jusque là.

Hermione se posta juste au dessus du chaudron fumant. Il dégageait une odeur de violette, et la potion, d'un orange pailleté, tournait avec douceur à l'aide d'une louche enchantée.

« Vous avez mis l'armoise ?

_ Non. Non pas encore, je voulais vous attendre pour ça.

_ Vous avez la corne sur vous ? »

Snape s'avança solennellement, et la lui tendit. Elle lui accorda un mince sourire devant lequel il détourna les yeux, faisant mine de ne pas l'avoir remarqué.

Hermione chercha du regard l'outil lui permettant d'effriter l'ingrédient, sans succès. Elle se tourna vers Snape, prête à le lui demander avant qu'il ne lui tende sans un mot.

« Vous avez lu dans mes pensées, c'est ça ?

_ Je ne me serais pas permis, nous partageons bien assez l'intimité de l'autre comme ça. »

Hermione rougit, avant de remuer sur place, mal à l'aise.

« Quoi ? demanda Snape, intrigué.

_ Je dois vous avouer quelque chose, marmonna-t-elle. Ce n'est arrivé qu'une fois, et c'était au début, mais…

_ Qu'est-ce que vous avez fait encore ?

_ Je crois que je suis tombée sur un de vos souvenirs… par mégarde. »

Snape prit une profonde inspiration avant de serrer les dents. Alors cette petite sotte avait été fouillé dans ses fioles, dans sa pensine ?! Comment avait-elle pu…

« Moi qui croyait que je pouvais vous faire confiance, gronda-t-il, amer.

_ Je n'ai rien contrôlé, tenta-t-elle de se justifier.

_ Oh je vous en prie, ne me faites pas avaler ces fadaises. »

Le regard de la jeune femme s'embruma. Elle tenta de chasser sa blessure du mieux qu'elle le put, mais une colère sourde grondait en elle. Et elle était incapable de la chasser de sa tête.

« Je ne mens pas, vous auriez beau affirmer l'inverse que ce ne serait pas le cas !

_ Alors qu'est-ce que votre curiosité maladive de petite je-sais-tout a bien pu trouver, mmmh ? »

Hermione resta silencieuse, se contentant de raper la corne machinalement, les lèvres pincées et le regard fuyant.

« Je mérite au moins de le savoir, gronda-t-il.

_ Vous étiez à genoux… devant… »

Hermione prit une profonde inspiration, continuant sa besogne sans un mot de plus. Le bruit désagréable du couteau contre l'objet qui s'effritait raisonnait dans la pièce emplie d'une sale atmosphère. On pouvait y sentir toute la colère ressenti par le sorcier, sa honte, aussi.

« Au moins, cela aurait permis de renforcer votre opinion vis-à-vis du bâtard des cachots, lâcha-t-il d'un ton sec et froid.

_ Ne dites pas ça, tenta Hermione en déglutissant. »

La jeune femme sentit son coeur s'emballer de stress et de désespoir, et Snape le sentit lui aussi. A deux doigts de changer de corps, il fit volte face avec rage.

« Arrêtez, ça ne marche pas, grogna-t-il. Dépêchez-vous de terminer cette potion, que je puisse avoir le plaisir d'effacer toute cette mésaventure de votre mémoire. »

Hermione versa la poudre de corne de licorne en tremblant. La potion passa alors d'un bel orange à un espèce de vert cramoisi qui s'épaississait à vue d'oeil.

Snape y jeta un coup d'oeil, puis hocha la tête pour lui-même avant de se diriger vers l'armoire à ingrédients. De là, il trouva enfin le bocal contenant les feuilles d'armoise séchées. Puis il claqua l'objet en verre sur la paillasse supportant le chaudron avant de l'ouvrir. Hermione l'arrêta, en une main posée sur la sienne qui l'engloba toute entière.

« « Vous voulez toujours m'oubliéter ? demanda-t-elle avec tristesse et anxiété.

_ Vous en savez trop, balança Snape en refusant de la regarder en face, froid et distant.

_ Je vous assure que je ne voulais pas… Je ne voulais pas voir ce souvenir.

_ Comme c'est étrange, grinça-t-il. moi non plus, je ne voulais pas le faire quand je vous ai fais rompre avec Monsieur Weasley. Vous voyez ? Comme quoi, les hasards de la vie ! »

Snape sentit sa main être serrée, non par compassion il le craignait.

« Vous… aspira Hermione, les yeux dans le vide. Mais pourquoi vous…

_ Pour vous faire chier ! Parce que je suis un sale petit connard de Serpentard, vous devriez le savoir vu que vous avez fouillé dans mes affaires non ? »

Hargneux, l'homme en fit tomber le bocal qui s'éclata sur le sol en voulant s'extraire de sa prise. Hermione cligna des paupières, le laissant partir d'un pas agité en dehors de la salle. Elle finit par s'appuyer sur le bureau en bois devant elle, décontenancée et déboussolée.

Il avait fait la seule chose qu'elle lui avait défendu de faire, et… et tout ça pour quoi ? Leur entente n'avait été que de la poudre aux yeux, jamais il ne changerait !

Hermione baissa les yeux sur le parquet, et s'agenouilla afin de rattraper les pots cassés. Lorsqu'elle se coupa avec un morceau de verre, elle finit par exploser.

Elle ne pouvait pas se contenter de courber l'échine, de laisser couler et de ramasser les conneries de Snape de la sorte ! Oui, il en était hors de question.


Bon, je vous avoue qu'en ce moment, je suis pas mal stressée. J'écris tard le soir, et mon fils a décidé de me pourrir mes soirées. Autant vous dire que je n'avance pas au rythme qui me convient sur la suite, je stress complet, mais je fais de mon mieux. Enfin, j'exagère sans doute, j'ai déjà énormément de chapitres en avance, mais que voulez-vous...

Alors ça y ai, Snape redeviens un connard. Perso je l'aime bien aussi comme ça, et vous ?