Bonjour à tous !

Et voici enfin le chapitre 7 ! Avec un Content Warning : automédication.

Jusqu'où ira Peter avant d'enfin appeler à l'aide ? Seule l'avenir nous le dira !

Je profite de cette petite note pour vous informer que j'ai renversé un verre sur mon clavier... l'ordinateur marche toujours mais certaines touches sont mortes, y compris celles du mot de passe me permettant de me connecter à ma session 8D donc je risque de ne pas pouvoir poster avant quelques temps, surtout que j'ai perdu toutes mes notes relatives à mes histoires (sachant que je scénarise toujours les chapitres avant de les écrire, en gros je me retrouve le bec dans l'eau)... yes 8D

ce chapitre était déjà écrit et enregistré, heureusement !

Sur ce, Bonne lecture !


Jamais le sommeil ne lui avait semblé si libérateur.

Ne sachant combien de cachets prendre, Peter avait opté pour une double dose — c'était à peu près ce que Tony lui permettait de prendre en matière de paracétamol, lorsqu'il avait mal à la tête. Les somnifères étaient suffisamment petits pour qu'il en glisse plusieurs sur sa langue ; ils avaient un drôle de goût, un peu amer.

A peine eût-il effleuré son oreiller qu'il dormit à poings fermés, l'inconscience se dressant comme un rempart protecteur entre son esprit et la silhouette de sa tante qu'il devinait dans l'obscurité de sa chambre.

Il ne rêva pas.

Ce fut plutôt comme si les heures s'étaient envolées, englouties dans le continuum espace temps. Il n'en garda strictement aucun souvenir.

Lorsqu'il alla prendre le petit-déjeuner, le lendemain, il se sentait enfin détendu. La douce félicité qu'il avait éprouvé en dormant s'était enroulée autour de son esprit comme un manteau protecteur, confortable, dans lequel il se serait mille fois abandonné avec volupté. Il se sentait… mieux, indéniablement mieux.

Sa bonne humeur n'échappa pas à Tony :

— Pourquoi ce sourire, petit ? Tu as eu des nouvelles de Michelle ?

La question eut le mérite de le faire redescendre de quelques étages.

— Non, j'ai perdu mon téléphone lorsque, euh… enfin…

Il n'osait pas prononcer le mot « accident », mais Tony comprit immédiatement. Son visage s'adoucit et il fouilla dans sa poche pour en ressortir un téléphone à peu près aussi épais qu'une brique.

— Tiens, prends le téléphone de rechange de Pepper. C'est une antiquité, mais tu pourras toujours t'en servir pour envoyer des messages à tes amis.

— Cool, merci !

Le téléphone pesait presque plus lourd que Morgan, mais il avait le mérité de rentrer — de justesse ! — dans sa poche.

Après le petit-déjeuner, Tony lui proposa d'aller en ville avec Morgan et Pepper, mais Peter déclina poliment l'invitation. Il se sentait encore fatigué et n'avait pas la force de déambuler dans les allées du centre commercial, où régnait toujours une incroyable cacophonie — sans oublier l'entêtante odeur de javel qui lui soulevait le coeur.

— Comment va ta tête ? ajouta Tony d'un air inquiet en fixant son front, comme si la réponse allait s'écrire sur son visage. Plus de séquelle de ton… euh, aventure ?

Il fit un signe de dénégation, auquel son tuteur répondit d'un sourire soulagé.

— Parfait. Si tu as la moindre migraine, préviens-moi, on fera revenir Strange. Il faut bien que ses pouvoirs lui servent à quelque chose.

OOO

Débarrassé de ses cauchemars, Peter flotta plusieurs jours dans une délicieuse torpeur qui lui faisait entrevoir un avenir apaisé, loin des doutes que May insufflait dans son esprit — mais des fausses notes vinrent rapidement perturber le tableau trop parfait de ses journées.

La première, c'était le constant état de fatigue dans lequel il se trouvait. Il avait l'impression de tourner au ralenti, ou peut-être était-ce le monde qui allait trop vite. Ses sens étaient émoussés, c'était comme si on lui avait retiré ses supers-pouvoirs. Il percevait à peine les battements de coeur de Tony, Pepper et Morgan lorsqu'il rentrait dans la même pièce qu'eux.

Conséquence de cette fatigue permanente, les réveils devenaient de plus en plus douloureux. Peter puisait un tel réconfort dans le sommeil, lové dans les replis soyeux de ses draps, que les quitter requérait de sa part un effort presque surhumain. Tout son corps n'aspirait qu'au repos, à l'oubli. Lorsqu'il dormait, il était débarrassé de la voix de May et de sa propre culpabilité ; c'était le seul moment où il oubliait les pensées qui parasitaient son esprit — en particulier la trahison que représentait son rapprochement avec les Stark et l'accident qu'il avait causé, manquant de tuer Morgan…

Car malgré l'absence de May, ses paroles ne l'avaient pas quitté. Il se représentait encore ses yeux accusateurs et ses mots qui, d'une façon ou d'une autre, sonnaient terriblement justes malgré leur dissonance. Il l'avait oubliée pour les Stark, alors qu'il ne méritait même pas leur affection…

Il avait trahi May.

Il avait trahi Tony.

Il reprenait un cachet pour colmater la douleur qui vrillait son cerveau.

OOO

Son état n'échappa pas à l'oeil inquisiteur de Tony. Son absence d'enthousiasme — et, plus généralement, son absence d'énergie, de joie de vivre et de tout ce qui faisait que Peter était celui qu'il était — finit inexorablement par éveiller ses soupçons. L'adolescent ne riait plus, ne bavardait plus avec insouciance pendant leurs tête-à-tête. Au contraire, il faisait preuve d'un sérieux inédit, qui dessinait des expressions douloureuses — et indéniablement tristes — sur son visage encore jeune et innocent.

— Tu es encore au lit, bambino ? s'enquit finalement Tony le dimanche matin, alors que Peter luttait pour s'arracher au sommeil artificiel qui engloutissait ses sensations — tout en n'étant pas tout à fait certain de vouloir y échapper. Qu'est-ce qu'il t'arrive, bonhomme ? Tu es malade ?

— Non… juste fatigué, marmonna Peter en se frottant les paupières.

— Tu es certain que tu ne couves pas quelque chose ? insista Tony en l'aidant gentiment à se redresser. Tu as la même tête que Morgan lorsqu'elle a eu la varicelle.

Il avait l'air si inquiet, si préoccupé… La culpabilité brûla ses paupières et Peter détourna le regard, bredouillant :

— Non, non, ne t'inquiète pas, ça fait des années que je ne suis pas tombé malade…

Mais son ton hésitant ne trompa pas son tuteur.

— Regarde-moi, ordonna Tony en cueillant délicatement — mais fermement — son menton et en le forçant à affronter son regard perçant. Tu as les yeux un peu rouges, Spider-Baby… tu as pleuré ?

— N-non…

Malgré la bienveillance qui adoucissait les traits de son tuteur, Peter fut certain de déceler une pointe de méfiance dans ses iris sombres.

— Je t'assure, tout va bien, j'ai juste besoin de… me reposer…

Tony secoua la tête, comme s'il pouvait lire au-delà de ses paroles :

— J'ai l'impression que quelque chose ne va pas, depuis quelques jours. Parle-moi, Peter, je t'en prie… c'est à cause de votre accident, à Morgan et toi ? Tu t'en veux encore ? Parce que tu n'y es pour rien, Spider-Baby, absolument rien, ça aurait pu arriver à n'importe qui...

Il s'assit au bord de son lit, enveloppant sa main entre les siennes — chaudes, rassurantes, presque paternelles. Mais ce n'est pas ton père, et tu le sais très bien, susurra une voix dans le creux de son oreille, une voix qui ressemblait cruellement à celle de May.

— Je vois que ça tourne à pleins régimes, là-dedans, ajouta Tony en relâchant brièvement sa main pour effleurer son front. Dis-moi à quoi tu penses…

— A rien, mentit Peter d'une voix qui n'avait rien de convainquant. Je te l'ai dit, j'ai simplement besoin de… de dormir encore un peu… s'il te plait ?

Son tuteur sembla tergiverser quelques secondes, avant de lui concéder un hochement de tête. Peter ne sut pas s'il en fut soulagé ou, au contraire, terrorisé — si Tony le laissait seul, qui savait quelles pensées allaient gangrener ses sentiments et les faire flétrir tels les pétales d'une fleur dont on avait coupé la tige ?

— Je vais mettre ton bol de chocolat dans le micro-ondes, tu le réchaufferas quand tu te lèveras. Repose-toi, Peter. Si tu as besoin de moi, je serai dans le bureau, j'ai quelques coups de fil à passer, mais rien qui ne puisse pas être interrompu, murmura Tony en embrassant son front, comme s'il était son fils — et il ne le méritait pas, il ne méritait rien de tout ça…

Juste avant de refermer la porte, Tony lui lança, sourcils froncés :

— Tu sais que Pepper et moi t'aimons, n'est-ce pas ? Nous ne te le disons probablement pas assez, parce que tu sais comment sont les vieilles personnes — elles croient que tout leur est toujours acquis — mais nous t'aimons comme notre propre enfant.

— Oh… o-oui, murmura Peter, le coeur serré. M-moi aussi je vous aime, euh, les gars — je veux dire, Pepper et toi.

Tony sourit, l'air touché.

Après avoir entendu la porte se refermer derrière son lui, Peter laissa sa tête retomber contre ses oreillers, mais fut incapable de fermer les yeux. Il fixa le plafond, chaque minute qui passait semblant alourdir un peu plus son coeur. Il ne voulait plus être éveillé, mais il ne voulait plus dormir non plus. Le passage des songes à la réalité devenait de plus en plus dur…

OOO

Son comportement affectait le reste de la maisonnée, Peter en avait conscience. Tony ne cessait de lui jeter des regards inquiets et de le presser de lui parler, tandis que Pepper le fixait en pinçant les lèvres, une étrange tristesse voilant ses yeux bleus. Morgan, quant à elle, semblait presque avoir peur de lui. Ils ne jouaient plus au monopoly ni aux petits chevaux, il n'osait plus nager avec elle dans le lac ni l'emmener faire des parties de cache-cache dans la forêt. Il craignait trop de lui faire du mal, et il était si épuisé...

— P'pa, j'ai fait quelque chose de mal ? l'entendit-il demander à Tony, un soir, alors qu'il testait les sonneries désuètes de son nouveau téléphone dans la pièce d'à côté.

— Pourquoi aurais-tu fait quelque chose de mal, ma crevette ? Tu es aussi parfaite que ton père, répondit-il en riant, mais la petite fille insista :

— Pete veut plus jouer avec moi… Tu crois qu'il m'aime plus ?

Il y eut un bref silence, puis Tony répondit avec douceur :

— Bien sûr que si, Peter t'aime. Il t'aime plus que tout. Il suffit de voir comment il te regarde. Même moi, je n'ai pas le droit à ses yeux de merlan frit !

— Alors pourquoi il veut plus être avec moi ?!

— Peter est un peu fatigué, en ce moment. Tu sais comment sont les adolescents : quoi qu'ils disent, ils restent de grands enfants et ont parfois besoin de longs moments de repos avant d'être de nouveau en pleine forme… Tant qu'ils n'ont pas eu leur vingt-deux heures de sommeil, ils sont aussi grognons que des nains de jardin, mais ensuite, tout repart pour le mieux !

— Oh… alors il va bientôt redevenir comme avant ? Il me manque…

Il y eut un nouveau silence, puis le murmure soyeux de la chemise de Tony qui se ployait sous ses mouvements, et Peter devina qu'il avait enlacé sa fille.

— Il va redevenir comme avant, je te le promets, ma chérie. Je te le promets...

OOO

Les somnifères semblaient avoir de moins en moins d'effet, et les nuits de Peter devinrent entrecoupées de réveils hagards, durant lesquels il ne savait plus où il était, ni même qui il était. Cet état de confusion s'estompait difficilement, et l'effrayait de plus en plus. Toutefois, il ne pouvait pas se permettre d'augmenter la dose des médicaments ; ils s'amenuisaient à vue d'oeil, et il ne voulait pas risquer d'en manquer…

Il se souvint alors qu'il y avait des tisanes relaxantes dans les placards de la cuisine. Ce ne serait probablement pas aussi efficace que les somnifères, mais peut-être pourraient-elles lui faire gagner quelques jours de médicaments…

Il était en train de fouiller parmi les sachets de camomille lorsqu'il entendit un raclement de gorge derrière lui. Il sursauta et fit volte-face, se demandant comment il avait bien fait pour se laisser surprendre — d'ordinaire, il entendait Tony arriver avec dix bonnes secondes d'avance.

Néanmoins, ce n'était pas Tony qui se tenait devant lui.

C'était Pepper.

— Qu'est-ce que tu cherches, mon chéri ? demanda-t-elle d'un air curieux, croisant les bras sur son chandail rose pâle.

— J-juste quelques infusions. J'ai lu que c'était très bon pour, euh, la santé, répondit Peter en lui montrant la camomille qu'il avait dénichée. Je voulais essayer, il parait que euh c'est délicieux avec du miel, même si normalement ce sont les gens de quatre-vingt-cinq ans qui font ça mais euh, voilà.

Les lèvres de Pepper frémirent sur un sourire amusé.

— Oh… d'accord, chéri. J'ai eu peur que Morgan t'aie envoyé chercher des cookies. Elle n'a pas le droit d'en manger entre les repas, expliqua-t-elle en lui adressant un clin d'oeil.

— Haha, euh, non, bien sûr !

— Tu veux que je te chauffe un peu d'eau pour ta camomille ?

— N-non, pas tout de suite, j'en prendrai sûrement ce soir…

Il reposa précautionneusement les sachets et referma le placard. Pepper n'avait pas bougé et continuait de l'observer en souriant — d'un sourire qui le mettait légèrement mal à l'aise. Il était étrangement… fixe. Comme si on l'avait scotché sur son visage, tel un masque destiné à dissimuler sa véritable expression.

— Euh… tout va bien, Pepper ? ne put-il s'empêcher de demander, la main sur la poignée de la porte de la cuisine.

Elle haussa un sourcil, ce qui eut pour effet de perturber l'harmonie de son beau visage.

— Oh, pour l'instant, oui. Tant que tu restes sagement à la maison et que tu n'emmènes pas ma fille dans la forêt, tout va bien, dit-elle en émettant un rire étrange, qui semblait davantage provenir de sa gorge que de son coeur.

Peter se figea, croyant tout d'abord avoir mal entendu.

Pepper ne lui avait jamais fait le moindre reproche sur son comportement à l'égard de Morgan. Au contraire, elle semblait toujours s'être réjouie de la complicité qui unissait les deux enfants. Après l'accident de scooter, elle avait eu la même réaction que Tony : lui répéter mille fois qu'il n'y était pour rien et s'occuper de lui comme s'il s'était soudainement métamorphosé en morceau de sucre, lui préparant de délicieuses soupes et caressant gentiment ses cheveux, avec une dextérité qui témoignait de son expérience en la matière.

Mais à chaque fois, réalisa Peter, Tony avait été là. C'était la première fois qu'ils se trouvaient seul à seul depuis l'accident…

— Tony a confiance en toi, ajouta-t-elle plus doucement, soutenant son regard sans ciller. Je le comprends, bien sûr. Vous avez vécu beaucoup de choses, tous les deux, et je le respecte. Mais je ne tolérerai pas que tu mettes Morgan en danger.

Elle posa sa main sur sa poitrine, comme si ces seuls mots la faisaient souffrir.

— Nous t'avons accueilli dans notre famille parce que tu n'avais nulle part où aller. Nous n'avions pas réellement le choix. Mais si jamais ta présence se révélait être une menace pour notre enfant…

— Je ne ferai jamais de mal à Morgan, parvint à protester Peter d'une voix lointaine, chancelante.

Pepper eut un nouveau sourire qui lui sembla singulièrement sinistre.

— Je l'espère, Peter. Je l'espère de tout mon coeur de mère.

OOO

Il tremblait lorsqu'il arriva dans sa chambre.

Les mots de Pepper semblaient imprimées au fer blanc dans son esprit.

Elle te déteste. Elle te déteste. Elle te déteste.

Non, c'était pire que ça. Ce n'était pas de la haine, qu'il avait décelé dans les yeux de Pepper. C'était plutôt un mélange de réprobation et de répugnance, comme s'il n'était qu'un nuisible qui avait eu le malheur de se trouver sous son toit... et peut-être avait-elle raison de le penser ?

Quelque chose ne tournait pas rond chez lui, il menaçait la stabilité de la famille de Stark et, au fond, peut-être que Tony n'aurait jamais dû accepter d'être son tuteur légal… peut-être aurait-il mieux fait d'aller ailleurs après la mort de May, loin des gens normaux qui n'aspiraient qu'à une vie tranquille…

Une larme roula sur sa joue et sans vraiment s'en rendre compte, il s'empara de la petite boîte de somnifères rangée dans sa table de chevet.

Lui-même n'avait aucune idée de ce qu'il aurait fait si, à cet instant, Morgan ne s'était pas engouffrée dans sa chambre d'une démarche de petite souris, rongeant nerveusement l'ongle pailleté de sa main droite.

— Pete ? demanda-t-elle en se faufilant jusqu'à lui d'un air incertain.

Il s'empressa de cacher la boîte de somnifères sous son oreiller. Par chance, la petite fille n'y prêta pas la moindre attention.

— Pete, est-ce que tu veux bien jouer avec moi ? J'ai inventé un nouveau jeu, avec les petits chevaux, et je voulais essayer avec toi...

— Mo, je ne sais pas si…

— S'il te plait, Pete ! Ça fait si longtemps !

Elle le fixait avec un mélange d'espoir et d'appréhension qui fit chavirer son coeur. Il hésita, songea aux allusions de Pepper — mais après tout, que pouvait-il arriver à Morgan s'ils jouaient aux petits chevaux ?

La petite fille s'approcha encore de lui et finit par attraper sa manche, ses yeux sombres farouchement plantés dans les siens.

— Allez Pete, dis oui !

— Ok, Mo, capitula-t-il en cueillant gentiment le visage de la fillette dans sa main légèrement tremblante (encore un contrecoup des somnifères...). Mais seulement une partie, d'accord ?

— Oui ! Merci Pete !!

Elle sembla si heureuse qu'un bref instant, Peter oublia pourquoi il se sentait aussi mal — mais l'ombre qui obscurcissait ses pensées était toujours là, et même les rires insouciants de Morgan ne pouvaient l'effacer...

Étrangement, ce fut la pensée de la boîte dissimulée sous son oreiller qui parvînt à alléger quelque peu son cœur, tandis qu'il suivait la petite fille hors de sa chambre.

Au fond, il y avait toujours une échappatoire...