" Un manque de compassion peut être aussi vulgaire qu'un excès de larmes."

-Lady Violet dans la série Downton abbey

Finalement, Jade se laissa convaincre par les ressentis de la directrice, cette sorcière d'un âge avancé qui avait l'art et la manière de mesurer chacunes de ses paroles. Sa sagesse et son autorité devaient être d'une grande bénédiction pour Poudlard, car comme elle en était certaine, cette école avait une âme, sa propre personnalité. Elle connaissait sans nul doute Severus Rogue mieux que personne, donc elle devait lui faire confiance et aller le voir dans ses appartements.

L'adrénaline commençait à ne plus avoir d'effet dans son corps, laissant la jeune femme aux yeux gris sous le choc... À présent, comment allait-elle pouvoir faire confiance à qui que ce soit, si même des bons sorciers comme Thorgal passant du mauvais côté ? Tout ça pour des histoires de gallions... Pensa-t-elle. Les révélations de Greyback à propos de ses parents étaient troublantes, à entendre son récit, cela voudrais donc dire que ses parents auraient regrettés de s'être rangé du côté de Voldemort, jusqu'au point d'essayer de protéger une famille moldue? Il fallait qu'elle en parle, et elle savait justement à qui s'adresser.

Le sous-sol était sinueux et aussi froid que l'extérieur, éclairé à la lueur des lampes torches sur les murs. Ses pas résonnaient, réveillant des tableaux qui se moquaient de sa robe noire déchirée et de ses cheveux mouillés. Elle marchait vers les appartements du maître des potions, en se demandant comment il allait réagir, car lorsqu'elle était au Phénix, c'était a peine si elle osait aller dans son bureau. Alors allez frapper à sa porte...Ça lui avait toujours été inenvisageable, dû moins jusqu'à aujourd'hui. À ce propos, elle ne voyait pas Rogue comme un homme ordinaire : cela lui paraissait surréaliste qu'il dorme, se lave, fasse les poussières ou bien... " Lave ses caleçons sales" comme il l'avait dit l'autre fois, lorsqu'il défendait les elfes. Et pour cause, il ne parlait jamais de sa vie privée, le travail était son seul sujet de conversation, à quelques exceptions près bien entendu.

Elle marqua une hésitation lorsqu'elle arriva devant sa porte, songeant au fait qu'il ne devait vraiment pas s'attendre à avoir de la visite, et surtout pas la sienne.

Alors que Jade se demandait pour la énième fois si c'était vraiment une bonne idée, Severus Rogue ouvrit brutalement sa porte, la main armée de sa baguette magique. Il paraissait prêt à attaquer, mais rangea immédiatement sa baguette dans sa robe de sorcier lorsqu'il vit que c'était elle.

- Puis-je savoir ce que vous faites, à attendre devant mon appartement?Demanda-t-il, sa voix à peine plus élevée qu'un murmure. Je pourrais croire que vous me préparez un mauvais coup.

Son visage était à cran et renfrogné, il s'était retiré de la Grande Salle depuis plusieurs heures, et pourtant, ses vêtements étaient encore mouillés.

- Comme vous n'êtes pas restez avec nous à la Grande Salle, dit-elle la voix peu assurée, et que vous n'avez même pas touché à votre assiette,... Je... Je suis venue voir si vous alliez bien...

Il haussa les sourcils, l'air perplexe.

- Juste, pour cela?

- Oui, dit-elle naturellement, je sais qu'Alfredus n'a de nouveau pas été correct avec vous, et Thorgal...Vous lui faisiez confiance... J'aurais dû écouter Firestrom et Kreature, ils m'avaient mis en garde sur plusieurs éléments le concernant.

Rogue fronça les sourcils.

- Heureusement pour vous, j'avais connaissance de ces même éléments.

Il eût un blanc. En ne prenant pas au sérieux le discours d'un fantôme et d'un elfe, elle avait sans le vouloir fait preuve de discrimination. Après s'être promise de ne plus jamais commettre cette erreur, elle continua...

- Je n'osais pas venir vous voir par peur de vous déranger, je pensais que vous auriez besoin d'être seul. Mais Minerva m'a assurée que ma visite serait la bienvenue de votre part, alors je me suis permise.

- Vous avez pitié de moi, déclara froidement Rogue. Votre première intuition était dès plus clairvoyante, j'ai veux être seul alors laissez moi.

- Il y a une différence entre la pitié et le simple fait de se soucier du bien-être d'une personne, dit Jade d'une voix douce, je me soucie de vous...

Rogue resta silencieux, se contentant de replacer nerveusement quelques mèches de cheveux derrière ses oreilles. Ce qu'elle venait de dire ne le laissait pas indifférent...

- Comme c'est émouvant, dit-il enfin avec ironie, n'ayant rien trouvé à dire d'autre. On se croirait sur un blog de citations pour adolescents moldus.

Jade rit en soutenant son regard, et répondu :

- Je vois que vous êtes un fin connaisseur.

- Ne me prenez pas pour un sentimental, dit-il de façon sarcastique.

Il l'a voyait grelotter et trembler de froid avec sa robe colorée en noir par sa faute... Elle allait encore tomber malade.

- Voulez-vous... Reprit-il en cherchant ses mots, prendre un bain et vous changer dans mon appartement, avant de partir?

Elle accepta d'un timide signe de tête et suivit Severus qui n'avait pas l'air accoutumé à recevoir une invitée.

La pièce souterraine faisait salon, chambre et salle à manger. Elle était aussi sombre que le couloir, mais la cheminée émanait de belles flammes rouges bien chaudes. Tout comme dans son bureau au Phénix, le sol était en pierre brute et les murs étaient couverts de bibliothèques. Cela se voyait que Severus n'occupait pas souvent les lieux : tout était plutôt propre mais il y avait comme une odeur de renfermé au rangement plutôt négligé. Les draps gris de son lit en baldaquin étaient défaits par endroits, et la cheminée qui était juste à côté avait brûlée le coin d'un des rideaux en velours.

Son salon avec sa table en bois était pleine de parchemins, de bouteilles vides de whisky Pure Feu et de plumes à encre. Juste en face, sa cuisine d'appoint au robinet de cuivre comportait de la vaisselle dépareillé. En revanche, ses vêtements avaient le droit à un traitement de faveur : ils étaient soigneusement pliés dans une armoire aux portes cassées.

- La salle de bain, dit-il en indiquant la porte qui séparait la cheminée du lit. Il y a des serviettes sous l'évier...

Elle trouva vraiment cela étrange, la façon dont cet appartement était disposé, mais ce n'était pas la première fois qu'elle voyait ça chez les sorciers. Après tout, Dorkus avait installé sa cuisine dans sa chambre... Seuls les moldus se confirmaient à certaines " normes " d'aménagement.

- Merci beaucoup, Severus, répondit-elle en le voyant se réchauffer devant la cheminée. Vous ne voulez pas y aller avant? Vous êtes encore plus trempé que moi.

Il là regarda comme si elle venait de balancer la pire des sottises.

- Vous êtes toujours en état de sevrage pour cause d'intoxication à l'épice d'herbe bleue, dit-il d'une voix autoritaire. Vous n'avez strictement aucune défense immunitaire donc écoutez ce que je vous dit si vous le voulez pas subir... Mon mécontentement.

- La compassion, à votre manière bien-sûr, vous va très bien, répondit-elle.

Voyant aucunes réactions de la part de Severus, elle entra dans la salle de bain qui n'avait rien de comparable avec la pièce précédente, il était probable qu'il y ait fait quelques sortilèges d'agrandissement, bien que cela était défendu par le règlement du château.

La baignoire avait été creusée dans le sol, entourée par un parquet en bois exotique. L'évier qui se trouvait juste devant le miroir rond aux bords doré était en pierre, comme au Phénix.

Décidément, en matière de rénovations, le sorcier toujours habillé de noir avait un certain sens des priorités. Après avoir étendu ses vêtements sur le fil à linge au-dessus d'un poêle à pierres, elle fit couler l'eau et s'y plongea durant un bon bout de temps. De l'autre côté de la porte, elle entendait Severus se lancer des sortilèges à lui-même pour se sécher. Il avait agis en parfait gentleman en la laissant profiter de cette belle salle d'eau, et en un sens, cela signifiait qu'il s'ouvrait a elle.

Après cet épisode relaxant, elle enfila son ridicule pyjama à carreaux, prête à retourner au Phénix par la cheminée des cuisines. Severus était assis devant sa table qu'il avait déblayé, dans son canapé baroque vert, occupé à lire un parchemin.

- Le château est confiné jusqu'au sept janvier, dit-il d'une voix neutre sans décrocher son regard de sa lecture.

- Comment ça, confiné ? La police magique ne m'a rien à dit à ce sujet.

Il commença à lire à haut voix:

- "... Par ordre du Magenmagot, il à été décidé que l'école de sorcellerie Poudlard allait être en confinement stricte jusqu'à la pleine lune du sept janvier pour le motif suivant : Suspicions de contamination par morsure de loup-garou. Après l'intrusion d'un criminel porteur du gène en cette nuit du trente et un décembre jusqu'au premier janvier, votre ministère prend toutes les dispositions nécessaires pour identifier les personnes potentiellement contaminée. En conformité avec lois entrée en vigueur en novembre 1998, tous les sorciers se métamorphosant en loup-garou durant les pleines lunes se doivent d'être déclarés et aidés d'un accompagnement psychologique.

Si vous avez été mordu, ou pensez l'avoir été, vous êtes dans l'obligation de vous signaler le plus rapidement possible. Vous êtes dans l'interdiction de préparer, ou de consommer des potions tue-loup et de quitter délibérément Poudlard avant la date et l'heure prévue... (Il sauta quelques lignes)... En l'absence du directeur de l'orphelinat du Phénix, Severus Tobias Rogue et de son associée, la direction sera déléguée au couple Arthur et Molly Weasley, comme cela avait été convenu dans les cas d'urgences...La suite n'est que futilités, s'arrêta Rogue en jetant le parchemin sur le table.

- Merlin...Et les commandes de potions, demanda Jade en s'asseyant elle aussi sur le canapé à une distance raisonnable, c'est aussi eux qui vont s'en occupé? Vous leurs avez montré le passage pour aller jusqu'au laboratoire privé, j'espère ?

Il se leva pour aller dans sa cuisine ouverte pendant que Jade prenait la lettre du ministère pour lire les passages que Rogue avait jugé de" futile".

- Comme vous venez de le spécifier, ce laboratoire est privé, personne n'y rentre sans ma présence. Jus de citrouille ?

- Oh oui avec plaisir, dit Jade, agréablement surprise par le changement de comportement de Rogue à son égard.

Elle leva la tête de sa lecture et le vit entrain de couper une citrouille entière en petits carrés à l'aide d'un couteau particulièrement bien aiguisé. Quelques mois plus tôt, Noma lui avait soutenue que Severus aimait le jus de citrouille et qu'il lui en faisait... Elle eût des remords pour ne pas l'avoir prise au sérieux, car contre toute attente, le maître des potions semblait être un vrai chef en la matière.

- Je connais le couple Weasley, dit Jade, des personnes très charmantes. Si vous vous souvenez, quatre de nos pensionnaires avaient passé quelques jours dans leur maison familiale pendant les vacances. Ils ont le coeur sur la main...Il va y avoir beaucoup d'amour dans l'air.

- Non, répondit-il d'une voix neutre pendant qu'il rajoutait du citron vert à sa préparation.

- Pardon?

- L'air est faite uniquement d'azote, d'oxygène et d'argon, déclara malicieusement Severus.

Elle rit puis se leva pour le rejoindre dans sa cuisine d'appoint. Elle voyait que Severus faisait tous les efforts du monde pour contenir son traditionnel sérieux.

- Vous vous trompez, dit-elle en le regardant remplir deux verres à pieds de jus de citrouille sur le plan de travail.

- Plaît-il? Demanda-t-il en l'invitant à boire son verre.

- L'air est aussi faite de vapeur d'eau... Pouffa la jeune femme aux yeux gris.

- Vous m'avez eu.

Après un rire partagé, ils portèrent à leurs lèvres la préparation en se regardant dans les yeux. On était bien loin du jus de citrouille servit dans les cantines, il l'avait revisité à sa manière et c'était purement exquis. Elle trouvait le maître des potions charismatique, rassurant. Seulement, elle vivait vraiment mal ce qu'il lui avait dit avant qu'elle ne part a Poudlard. Et là, il faisait comme si de rien n'était. Elle ignorait sur quel pied danser avec lui...

- J'ai à vous parler...dit-elle après avoir reposé son verre.

- Je vous écoute.

- Vous le pensiez vraiment, ce que vous m'avez dit avant de partir à Poudlard ? N'avez-vous jamais voulu qu'il arrive... Ce qui est arrivé ? Ne me laisser pas dans le doute... Ne laissez pas mes sentiments grandir s'il n'y à pas d'avenir possible...

Il ne dit rien, ses yeux brillaient comme quelqu'un qui se retient de pleurer. Les flammes de la cheminée perdaient de leurs puissance, éclairant à peine la pièce...

- ... La solitude est la punition que je m'inflige pour la mort de Lily...

Il toucha son avant-bras gauche et recula de quelques pas... Jade se souvenait que la femme qu'il avait aimée était morte de la main de Voldemort, il lui en avait fait la révélation une semaine plus tôt, lorsqu'elle l'avait trouvé en souffrance dans la salle des professeurs du Phénix.

- Severus... Je l'avais dit et je vous le répète...Vous n'êtes en rien responsable... Voldemort ( il trembla à l'entente de ce nom) était une âme torturée et hors de contrôle.

- Au contraire, murmura-t-il.

- Alors expliquez-moi, parlez-moi de ce qui vous blesse autant, laissez-moi partager cette souffrance avec vous...

Severus se tourna, fixant le font de la pièce pour ne pas regarder Jade dans les yeux.

- Lorsque j'étais un mangemort, j'ai prit connaissance d'une prophétie donnant des indices sur l'identité de l'enfant qui serait un jour capable de vaincre le seigneur des ténèbres... Je l'ai directement rapporté à mon maître, sans savoir qu'elle concernait le fils de Lily, Harry Potter. Alors, il est arrivé une nuit d'Halloween dans la maison où ils se cachaient, en disant a Lily qu'il l'épargnerait à condition qu'elle lui laisse Potter, mais elle s'est interposée, et mort s'en est suivie...

- Non, vous n'auriez jamais fais cela... Dit-elle dans une forme de déni.

- C'est ce que j'ai fais.

Alors c'était donc vrai, ces rumeurs à son sujet qu'elle avait toujours refusée de croire : Il était en partie responsable du décès des parents d'Harry, mais jamais elle aurait imaginée que cette Lily dont il était amoureux était sa mère. Il avait délibérément fait ça, ce n'était pas un accident...Elle ne l'avait jamais jugée concernant son ancienne allégeance, pensant qu'il s'agissait que d'une période de doute comme cela peut arriver à n'importe qui.

- Est-ce que... Vous avez agis sous la contrainte? Ne vous a-t-il pas forcé à chercher cette prophétie, sous peine de châtiments ou autre barbaries? Demanda Jade qui essayait de trouver une explication rationnelle.

- C'était de ma propre initiative.

Jade rougissa de colère, elle n'imaginait pas qu'il pouvait se montrer aussi cruel.

- Si je comprends bien, vous n'aviez que faire qu'un enfant meurt! S'écria Jade en le poussant de toute ses forces. Vous avez sans un doute donné cette prophétie alors que vous saviez que cela entraînerait la mort! Vous avez regrettez seulement parce qu'il s'agissait de Lily...De vos propres petits intérêts...

Après s'être laissé faire par la force avec laquelle Jade l'avait poussé, le coupable passa devant elle et s'assaya sur la table, les deux mains contre sa tête.

- Si ça avait été la maman d'un autre petit garçon, d'une autre femme que celle que vous aimiez, vous seriez resté un mage-noire toute votre misérable vie, et qui sait, vous auriez remporté une petite médaille par votre maître! Cira Jade depuis la cuisine en faisant tomber de l'orage sur le plafond.

- Servir les forces du bien ne fait pas de moi quelqu'un d'irréprochable, répond-t-il d'une voix qu'elle n'avait jamais entendue de lui, cachant son visage dans ses grandes mains.

Il pleurait, elle en était certaine.

- C'EST ÇA, VOTRE ESCUSE? ALORS J'AURAI DÛ VOUS CROIRE! Cira Jade, insensible à ses pleurs, fuyant à toute vitesse ce maudit appartement