Titre : Mon regard m'emporte vers le soleil

Auteur : Mokoshna

Manga : One Piece

Crédits : Le manga One Piece est la propriété de Eiichiro Oda et de Jump, et aussi un peu de Glénat qui le publie en France. Et je ne parle pas de l'anime. Que personne ne me demande d'argent, je n'en ai pas.

Avertissements : Spoilers, Shounen-ai (amour entre hommes). Soyez prévenus et ne venez pas vous plaindre, vous n'avez qu'à ne pas lire si cela ne vous plaît pas. Merci. L'histoire n'a pas de position chronologique précise, mais elle se déroule après l'adhésion du dernier membre connu (pas de nom) et avant la perte de… enfin, vous le saurez bien si vous lisez la suite du manga.

Couples éventuels : Zorro/Sandy

Commentaires artistiquement idiots de l'auteur : J'écris cette fic au fur et à mesure. Ce qui donne quelquefois des trucs vraiment bizarres. Et le titre est tiré des paroles du générique de début du dessin animé Prince Vaillant. Le dessin animé est tout moche et ne mérite pas le terme « animé », mais les génériques étaient pas mal.

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Ouah ! 3 reviews ! C'est pas mal, pour une section pas très fréquentée en français...

Tashigi et Izaberu : Merci pour vos encouragements, mais c'est pas vraiment ça en fait il n'y a jamais rien eu entre eux... du moins, rien de très « explicite ». Enfin, vous verrez...

Echizen D Luffy : Ah désolée pour les reviews anonymes, j'avais pas fait attention à ce détail en m'inscrivant sur ffnet... ça devrait être réglé maintenant.

En tout cas, c'est gentil de m'avoir laissé un message. Les reviews, surtout d'encouragement ou de critiques constructives, sont toujours bien à prendre pour l'humble auteure de fics que je suis. Merci, merci, merci (distribue des bises à qui veut).

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Chapitre 2 :

- Voici l'Ile du Tournesol, annonça Robin avec le sourire. C'est une île connue pour ses champs de tournesol. Cette plante sert de ressource principale aux habitants.

Le Vogue Merry arrivait en vue d'une île à l'aspect radieux et à la végétation luxuriante. De leur bateau, les pirates pouvaient voir que la moitié au moins était recouverte de tournesols géants tournés vers eux comme pour les accueillir, puisqu'ils avaient le soleil dans le dos. Le centre de l'île était occupé par une immense montagne noire, au sommet de laquelle trônait le plus magnifique, le plus gigantesque et le plus éclatant tournesol qui ait jamais existé dans ce monde.

- Et voici le Grand Tournesol, celui qui a donné son nom à l'île. N'est-il pas magnifique ?

Tous les membres de l'équipage, qui étaient venus sur le pont à l'annonce de leur arrivée prochaine, fixaient de leurs yeux aussi ronds que des soucoupes l'immense fleur qui rayonnait au soleil. Luffy était si excité qu'il n'arrêtait pas de s'étirer dans tous les sens en poussant des hurlements ; Pipo l'accompagnait du mieux qu'il pouvait, et même Chopper était pris par la joie de ses amis.

- C'est quand même bizarre, fit Nami en détournant le regard, je ne pensais pas trouver une île ici… et la boussole aussi est de mon avis, elle ne devrait pas montrer l'île ?

- Ne t'inquiète pas, lui répondit son amie. Cette île est un cas à part. Elle n'est pas désignée sur la route parce ce qu'elle n'a pas de magnétisme sur lequel régler la boussole. C'est… comment dire… une île divine.

- Une île… divine ? balbutia Nami en pâlissant.

- Que voulez-vous dire, mademoiselle Robin ? intervint Sandy qui était resté à l'écart du mouvement de joie des autres, un peu intimidé.

- C'est une légende qui circule parmi les habitants, et qui remonte à bien avant que les terres parsèment les océans.

On raconte qu'il y a très longtemps vivait un jardinier, le grand jardinier de l'univers. Ce jardinier aimait particulièrement les tournesols. D'ailleurs, le soleil est le premier tournesol qu'il ait jamais créé, son chef-d'œuvre, le père et le roi de tous les tournesols. Il en était si content qu'il décida de partir en voyage afin de planter plus de tournesols semblables au soleil, les petits de celui-ci. Mais en partant, il laissa tomber un de ses plants dans la mer, à l'endroit où se trouve l'île. Cette montagne n'était qu'un petit bout de terre à peine plus gros qu'un ongle pour lui. La plante grandit peu à peu, mais parce qu'elle manquait d'espace et de ressources elle n'arriva pas à devenir aussi grosse que son père.

Puis ce fut son tour d'avoir des petits, les tournesols qui sont à ses pieds, et ils eurent le même problème. Et à chaque génération, les tournesols devenaient plus petits, plus faibles, mais une chose leur est restée en commun. C'est le souvenir de leur père à tous, le premier de tous les tournesols. C'est pour cela que chaque jour, tous les enfants du soleil se tournent vers lui pour l'honorer et recueillir les bienfaits qu'il leur offre. C'est aussi pour eux l'occasion de discuter avec lui, parce que tout astre de vie qu'il est le soleil se sent un peu seul dans le ciel, maintenant que son maître jardinier est parti vers d'autres mondes.

Et voici l'histoire du premier tournesol qui est dans le ciel et de son fils qui se trouve devant nous.

L'équipage avait cessé de bondir dans tous les sens, mais ce fut pour se remettre à crier de plus belle à la fin de l'histoire de Robin. Pipo et Chopper étaient émus aux larmes, Nami avait les yeux un peu rouges, et Luffy semblait admiratif, sa bouche faisant un « o » particulièrement expressif. Sandy souriait doucement.

- C'est une très jolie histoire, mademoiselle Robin, fit celui-ci. Je suis très honoré d'accoster sur l'île des enfants du soleil avec vous tous.

L'historienne hocha la tête doucement.

- C'est un endroit assez paisible, comparé au reste de la Route de tous les périls bien sûr. Cela nous fera des vacances avant la prochaine étape du voyage. Vous verrez, les habitants sont très chaleureux, et nous pourrons goûter à leur spécialité culinaire, des graines de tournesols grillées. Il paraît qu'il n'y a rien de meilleur.

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Ils avaient jeté l'ancre dans une petite baie au nord de l'île. La plage de sable blanc qui les accueillit était chaude et agréable, dénuée de tout tournesol. Les fleurs ne commençaient à pousser que plusieurs mètres plus loin en petites pousses, laissant un espace dégagé qui les arrangeait finalement. Ils traînèrent leur canot haut sur la plage.

- Est-ce qu'il y a un village par ici ? se demanda Nami en regardant autour d'elle. Nous devons nous réapprovisionner en eau et en nourriture, et j'ai bien envie de faire des emplettes.

- De la viande ! Il nous faut de la viande ! réclama Luffy.

- Oui, oui.

- Ouaaaaaahhhh, ils sont vraiment géants, ces tournesols ! Comment ça se fait ?

- Est-ce que tu as écouté un seul mot de l'histoire de Robin ? grimaça Pipo en le regardant de travers. Tu étais là, pourtant.

Mais Luffy était déjà parti à toute allure, sans doute pour grimper au sommet de l'une des fleurs ou tuer la première grosse bête qui passerait. Ses compagnons soupirèrent.

- Celui-là alors ! Je ferais mieux de le suivre, on sait jamais, fit Nami en se dirigeant vers l'endroit où il avait disparu. On se rejoint au Merry au coucher du soleil, d'accord ?

Les amis se séparèrent tout guillerets. Chopper et Sandy furent les derniers présents sur la plage.

- Je vais rester un peu ici, dit Chopper. J'ai envie d'examiner la flore, je pourrais peut-être trouver des plantes médicinales intéressantes, et comme ça je pourrais garder le bateau. Mais toi, qu'est-ce que tu vas faire, Sandy ? Tu restes avec moi ?

- Eh bien…

- Il vient avec moi, interrompit une voix grave.

Zorro émergea du canot où il avait disparu depuis le début de leur débarquement. Chopper et Sandy le regardèrent avec surprise. Il s'était changé pendant que les autres discutaient et paraissait un peu mal à l'aise dans ses nouveaux vêtements, mais il toussa et regarda ailleurs pour ne pas le montrer.

- Tiens, Zorro, tu n'as pas tes vêtements habituels, non ? remarqua le renne.

En lieu de la ceinture vieillotte qu'il portait d'habitude avec un pantalon délabré et un haut qui avait vu de meilleurs jours, Zorro avait enfilé un pantalon noir presque neuf (quoiqu'un peu délavé, mais c'était mieux déjà) et une chemise blanche (mal repassée et mise à la va-vite, mais au moins elle avait tous ses boutons et était propre). Il portait même des chaussures de ville cirées.

- Bon, on y va, sale… Sandy, se reprit-il avec un grognement.

- Ah ! sursauta Sandy, un peu surpris lui-même. Ah oui, c'est vrai, monsieur Zorro m'avait dit qu'il me tiendrait compagnie. Pour visiter. C'est gentil de sa part, n'est-ce pas ? Bon, eh bien, à tout à l'heure alors, monsieur Chopper.

Ledit renne les vit s'éloigner sans un mot, trop ébahi pour ajouter quoi que ce soit. Il resta dans cette position pendant une bonne demi-heure avant de se souvenir qu'il avait une tâche à accomplir.

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- Je me sens un peu coupable de laisser monsieur Chopper seul. Il avait l'air de se faire une joie de rester avec moi. Mais ça ne veut pas dire que je ne veux pas être avec vous, monsieur Zorro ! s'écria Sandy. Au contraire, je suis très heureux que vous m'ayez proposé cette sortie !

- Ah. Euh… vraiment ?

- Bien sûr. Depuis mon réveil hier soir, j'ai toujours peur de faire un pas de travers avec l'un d'entre vous. Mais j'ai vraiment envie de me souvenir de vous, de notre rencontre et de nos aventures ! C'est pourquoi je veux absolument vous connaître mieux. Ma mémoire reviendra peut-être, si je reste le plus de temps possible avec vous.

- C'est pas l'idéal, alors… grommela Zorro en fronçant les sourcils.

- Pardon ?

- Rien. Par où veux-tu commencer ?

- Je ne sais pas trop. On pourrait peut-être aller dans un village. J'ai bien envie de m'acheter des vêtements, en fait, et mademoiselle Nami a eu la gentillesse de me prêter de l'argent.

- Quoi ? Nami t'a fait un prêt ?

- Oui, quand je lui ai dit ce matin que j'avais bien envie de changer de look.

- Super ! La connaissant, elle va te réclamer des intérêts exorbitants…

- Eh bien, elle a dit que vu que j'étais amnésique, ce ne serait pas trop lourd…

- Mouais, admettons, fit Zorro. Mais pourquoi tu veux t'acheter des vêtements ? T'as un placard plein à craquer de costumes et d'habits classieux !

- Justement, rougit un peu Sandy, ils sont presque tous du même acabit. J'aimerais bien prendre autre chose, quelque chose de moins... « flashy » peut-être… même si je ne sais pas encore quoi. Mais j'ai quand même mis cette chemise et ce pantalon. Je ne me sens pas à l'aise dedans, à vrai dire. C'est de la soie, non ?

- Qu'est-ce que j'en sais ? Est-ce que j'ai l'air d'une revue de mode ?

- Ah. Pardonnez-moi, je ne voulais pas vous offenser.

Sandy se mordit la lèvre. Un silence pesant se fit, entrecoupé par des cris d'oiseaux et le sifflement du vent. Ils continuaient à marcher doucement et étaient presque arrivés au pied d'une des fleurs géantes. Ils pouvaient déjà distinguer l'entrée d'un village situé en-dessous, devant laquelle se tenaient de drôles de gens avec une tête en forme de tournesol.

- Ca te va bien, siffla brusquement Zorro entre les dents quelques mètres avant le portail.

- Pardon ?

- Ta tenue. Tes costumes. Ils te vont bien. Tu n'as pas besoin de changer de look, et il détourna la tête.

Sandy resta un instant interloqué.

- Merci.

Le cuisinier lui adressa un immense sourire heureux et reconnaissant. Ils arrivèrent devant les habitants du village qui les accueillirent en leur faisant de grands signes enthousiastes.

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- Tiens, tu reprendras bien de nos graines de tournesol grillées, jeune homme !

- Je vous remercie, madame, elles sont vraiment délicieuses ! Mais vous êtes sûre que je n'ai pas à payer ?

- Mais oui, voyons, je ne vais quand même pas faire payer un don des enfants du soleil ! Les bienfaits produits par nos tournesols appartiennent à tout le monde !

- C'est vraiment très gentil de votre part.

- Mais je t'en prie, mon mignon, je t'en prie.

Les villageois chaleureux les avaient salués avec le sourire et les avait immédiatement invités à déjeuner dans leur cantine commune. Sachant par expérience que toute main tendue n'était pas bonne à prendre tant qu'on en connaissait pas les motivations, Zorro s'était d'abord montré méfiant et avait manqué dégainer ses sabres lorsqu'un homme de haute stature avait voulu les lui prendre. Sandy s'était dépêché de l'arrêter, prétextant qu'il ne devait pas se montrer aussi grossier envers des gens aussi gentils, et qu'il ne le lui pardonnerait pas s'il blessait quelqu'un. Zorro avait pensé l'assommer et le ramener illico au navire, mais il avait vu à ce moment le regard déçu qu'il lui avait lancé… il avait baissé ses armes et les tendait déjà vers le maire du village, un petit mais corpulent personnage au crâne dégarni. Ce dernier s'inclina profondément en signe de respect et d'excuse.

C'est une coutume de l'île, les armes sont strictement interdites dans l'enceinte de nos terres. Ne vous tourmentez pas, nous vous les rendrons parfaitement intacts à votre départ.

Il t'en foutrait des coutumes ! Quel bien pouvait-on tirer d'un manieur de sabres sans sabre ! Et ils étaient là, grignotant des graines comme un duo de lapins végétariens ! Il voulait juste récupérer ses armes !

- Ne soyez donc pas aussi nerveux, monsieur Zorro, vous les retrouverez, vos sabres. Ils sont juste à côté, je peux les voir d'ici. Mais en attendant, calmez-vous je vous prie, je crois que vous faites peur à nos hôtes.

- Mais je suis calme !

- Et c'est pour cela que vous êtes en train de briser entre vos doigts la cinquième tasse de thé qu'on vous a servi ?

- C'est la faute de leurs artisans. Ils ne savent pas faire leur boulot, c'est pas ma faute si leurs produits sont si fragiles.

- Monsieur Zorro ! Vous êtes vraiment impossible !

- J'aimerais t'y voir toi, moi sans mes sabres, c'est comme si quelqu'un te coupait les jambes !

- Nous parlions de vos sabres, là, pas de mes jambes ! Et n'allez pas les comparer à vos sabres, je vous prie !

- Bah, tu as tes armes, moi les miennes.

- Armes ? Mais de quoi parlez-vous ?

- Ah oui, c'est vrai… ta mémoire… fichue amnésie.

- Eh bien, les tourtereaux, on s'amuse ? intervint jovialement la femme du chef en posant un plat énorme de graines de tournesol fumantes devant eux. Et voilà la nouvelle fournée ! Régalez-vous !

Elle était assez replète comme son mari mais avec un peu plus de cheveux (ou devrait-on dire pétales ?). Sandy trouvait que l'habit de cantinière lui allait assez bien. Son sourire un peu édenté était aussi éclatant que le soleil qui brillait au-dessus d'eux.

- Je vous remercie de votre gentillesse, madame Loti, mais Zorro et moi ne sommes pas… enfin, vous voyez…

- Hein ? Vous n'êtes pas en lune de miel ?

Zorro, qui avait finalement décidé d'avaler quelques graines de tournesol pour voir, manqua s'étouffer pour de bon. Mme Loti semblait avoir l'habitude, puisqu'en moins de temps qu'il n'en fallait à Sandy pour ouvrir une bouteille, elle s'était mise derrière lui, avait passé ses bras autour de son torse et avait pressé si fort et si nettement que les graines coincées sortirent d'un coup sec en faisant un bruit d'évier qu'on débouche. Zorro reprit son souffle avec difficulté.

- Monsieur Zorro ! Vous allez bien ? s'enquit Sandy, très inquiet.

Il était encore tout rouge. Sandy eut peur que Mme Loti ait raté une graine ou deux.

- C'EST QUOI CES FOUTAISES ! ON N'EST PAS MARIES ! tonna un Zorro qui s'était apparemment remis.

- Vraiment ? s'étonna l'énergique Mme Loti. J'aurais pourtant juré, avec la manière dont tu le couvais des yeux… Je suppose que je me suis trompée…

Elle poussa un rire tonitruant auquel firent écho les autres habitants présents, qui en réalité n'avaient pas compris grand-chose à ce qui se passait mais ne manquaient jamais une occasion de rire et de s'amuser.

- Vieille peau, tu vas te taire, oui ? Je ne suis pas amoureux de Sandy !

Zorro ouvrit des yeux convulsés d'horreur en se rendant compte de ce qu'il avait dit. Il avait oublié que ledit Sandy était aussi dans la pièce. En temps normal, son rival aurait déjà fini en brochette au bout de ses sabres, mais il ne les avait pas sous la main. Et ses yeux… des yeux bleus remplis d'innocence et de confiance. Zorro avait un faible pour les yeux bleus. « Elle » avait aussi les yeux de cette même couleur, plus profonde que l'océan. Ou le ciel. Sans parler de sa nouvelle personnalité. C'était bien simple : il était sans défense devant le type « gentil ». Il espérait juste que Sandy ne se mette pas à se comporter en « demoiselle en détresse », ça aurait été le pompon. Il se voyait mal accourir tous sabres dehors à son secours, luttant vaillament contre les hordes d'ennemis qui auraient voulu s'en prendre à sa chasteté et à la pureté de leur... enfin bref.

A la bonne heure ! Voilà qu'il divagait. Il secoua la tête pour tenter de chasser ces pensées dangereuses (et bizarres).

- Allons, monsieur Zorro, je suis sûr qu'elle ne voulait pas vous contrarier, dit Sandy sur un ton d'excuse. Ce n'est qu'un regrettable malentendu. Je sais très bien qu'aucun de nous n'est amoureux de l'autre. Et puis nous sommes tous les deux des hommes !

Le manieur de sabre le fixa sans rien dire. Tous ses fantasmes (non, plutôt des fantaisies... des visions d'horreur engendrées par une abstention prolongée de sake !) précédentes avaient déjà été balayées. Il prit un air furieux.

- Ouais, souffla-t-il comme à contrecœur, je le savais. Tu as raison, tout cela n'était qu'un… regrettable malentendu. J'ai eu tort d'écouter Robin.

- Pardon ?

- Je rentre. Tu n'as qu'à rester ici si tu veux.

- Hein ? Déjà ? Mais…

- Bonne journée, le coupa-t-il sur un ton sombre.

Sans un regard en arrière, il se dirigea d'un pas lent et posé vers la porte. Un gardien lui rendit ses sabres, qu'il prit sans trop y faire attention, et il fut raccompagné vers le bas du tournesol. Sandy le regarda partir en ouvrant de grands yeux.

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- Je n'arrive vraiment pas à le comprendre ! se plaignit-il pendant un bon quart d'heure à Mme Loti, tout en grignotant rageseument d'autres graines de tournesol. Même si en principe je ne le connais que depuis hier, il n'arrête pas de changer de comportement ! Un coup il est gentil et presque galant, tout de suite après il se montre grossier et rustre… Comment suis-je supposé me comporter moi-même avec ce genre d'individu ?

- Il m'a l'air pourtant sacrément simple, dit son interlocutrice en riant. Il doit être timide.

- Timide, monsieur Zorro ?

- Pourquoi pas ? Je suis bien placée pour savoir que c'est souvent les plus bourrus qui sont les plus timides. Mon mari était comme ça quand il m'a fait la cour, il y a vingt ans. Tout en rudesse et en brusquerie.

- Vous insinuez que monsieur Zorro me ferait la cour ? C'est impossible !

- Et pourquoi ? Tu n'es pas moche.

- Mais il me déteste !

- Ah oui ?

- Eh bien, c'est ce que les autres m'ont dit…

- Dans ce cas-là. C'est vrai que les autres sont bien placés pour savoir ce que toi et lui ressentez…

Elle disparut dans la cuisine pour aller préparer un autre plat local. Sandy s'affala dans sa chaise et se mit à réfléchir intensément, mais cela lui donnait mal à la tête, alors il se leva et se dirigea vers la sortie.

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Quant à Zorro, il se baladait à présent dans la jungle de tournesols. Il y en avait de toutes les tailles ; il décida de s'allonger au pied de l'un d'entre eux, qui était à peine plus gros que la proue du Vogue Merry. Il regardait les nuages passer dans le ciel, entre les pétales de fleurs gorgés de soleil. Le Grand Tournesol déviait sa course pour suivre la trajectoire de son père.

Tout comme moi, grommela-t-il d'un air sombre, moi aussi mon regard m'emporte vers le soleil. Mais toi, tu es libre de le montrer, n'est-ce pas, grosse fleur ?

Il se tourna sur le côté et s'endormit. Le soleil était très haut dans le ciel.

Il se réveilla quelque temps plus tard en entendant la voix de Sandy qui l'appelait.

- Vous ne devriez pas dormir là, monsieur Zorro, lui dit-il doucement en s'asseyant à côté de lui, vous allez attraper froid.

- Ce n'est pas un peu de vent qui va me rendre malade, marmonna Zorro entre les dents. Qu'est-ce que tu veux, sale cuistot raté ?

- Je vous en prie, ne soyez pas aussi désagréable. Je m'inquiétais pour vous.

- Pas la peine. Il se tourna de l'autre côté. Tu aurais dû retourner avec Chopper sur la plage. Moi, je dors.

- Mais c'est avec vous que je veux être !

Sandy parut lui-même étonné par ce qu'il venait de dire et regarda d'un air gêné vers ses chaussures. Zorro se tourna vers lui, se mit sur les coudes, fronça des sourcils. Son regard insistant rendait Sandy nerveux.

- Y'a rien à faire, finit par dire le pirate en soupirant, on dirait que quoi que je fasse, ce fichu soleil ne me foutra pas la paix.

- Pardon ?

Zorro se leva et lui fit un léger sourire.

- Ca te dit, qu'on aille voir de plus près ce gros tournesol ?

Sandy parut si heureux qu'il ne regretta pas sa proposition.

- Oui ! J'en serais ravi !

Le cuisinier en pleurait presque de joie. Zorro ne put s'empêcher de rougir légèrement, mais il se détourna pour que Sandy ne le voie pas (une fois de plus). Il fallait vraiment qu'il pense à renforcer sa volonté, ça devenait ridicule...

A suivre…

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Et voilà le chapitre 2 ! En le relisant j'ai eu l'impression de décrire un documentaire animalier qui pourrait s'appeler « Amours et sexualités pirates sur la Route de tous les périls », Section « De la parade amoureuse du Zorro en rut ». Un vaste sujet en perspective !

Je viens de me rendre compte que notre bretteur local possède, utilise, entretient avec amour et vénération (sic!) trois magnifiques représentations phalliques (si dures et si longues et si... euh effilées). Si ça c'est pas du mâle dominant en manque...