Chapitre 2 La maison de souvenirs

Sa tignasse rousse s'allongea pour former de longs cheveux entremêlés qui tombaient le long de son petit corps nu et fragile. Ce corps blanc resta recroquevillé sur le vieux fauteuil jusqu'à ce que ses grands yeux verts émeraude s'ouvrent sur les quatre hommes qui la fixaient comme s'ils venaient d'assister à la naissance d'une déesse. Elle leva une main tremblante, ses ongles longs comme des griffes de chat, vers l'un des hommes. Et d'une voix faible, elle dit:

«James...»


Bien que cela semblait être impossible pour Harry, l'ambiance du 12, square Grimmauld était encore plus sinistre. Elle n'était maintenant qu'une simple maison abandonnée par ses propriétaires. C'était comme si elle était dépourvue d'âme. L'ancienne maison des Black n'était plus qu'un souvenir, un souvenir triste pour tous ceux qui l'avaient cottôyer.

Harry Potter entra dans sa nouvelle demeure suivit par Remus Lupin et Nymphadora Tonks. L'odeur de moisissure remplit le nez de Harry. Il lança un «Beurk!».

«J'ai bien peur que, malgré les efforts de Molly, il faille faire un ménage intensif, dit Remus. Qu'est-ce que vous en dites?

-Pour ma part, tu sais ce que j'en pense!»

C'était la première fois que Harry voyait Tonks si hostile, surtout envers Remus. Elle le fixait avec des yeux durs. Mais celui-ci n'en semblait pas perturber.

«Et toi, Harry? demanda-t-il.

-Euh... s'il faut que je vive ici, ce serait mieux, fit remarquer Harry.

-Tu n'es pas obligé de vivre ici, lança Tonks avec un ton qu'elle voulait maternelle.

-Harry, si tu allais porter tes valises dans ta chambre, Tonks et moi préparerons le dîner pendant ce temps», proposa Remus.

Harry voulut rouspéter, mais le regard grave de Remus le fit changer d'avis. Il prit ses bagages et monta les escaliers qui menaient au deuxième étage. Il allait entrer dans la chambre qu'il avait partagée avec Ron l'été précédent, mais se ravisa. Après tout, maintenant, il allait être le seul à vivre ici maintenant. Il pouvait se trouver une chambre plus grande et plus retirer du reste de la maison.

La plupart des pièces étaient grandes, mais il se dit qu'il n'avait pas besoin d'un aussi grande chambre; avec le peu d'objets qu'il possédait, sa chambre lui paraîtrait vide.

Il trouva la chambre de Tonks. Remus et elle s'étaient déjà installés depuis quelques jours. Cette pièce était remplie de vêtements qui traînaient un peu partout. Sur les murs, Tonks avait affiché des centaines de photos. Des paysages, des adultes, des enfants, lui, Ron et Hermione, les Weasley et des animaux. Harry sortit avec un léger sourire sur les lèvres.

Enfin, il trouva une pièce grande, mais pas trop. La grande fenêtre, derrière ses rideaux verts foncés, donnait sur le jardin déparé à l'arrière de la maison. Le lit était confortable, tandis que les murs laissait tomber la tapisserie qui les recouvrait. Harry laissa toutes ses affaires pour repartir vers la cuisine.

«... je déteste cette maison, dit la voix de Tonks.

-Moi aussi, Nymphadora, mais c'est pour sa sécurité.

-Et moi je dis que pour sa sécurité mentale, il vaudrait mieux qu'il ne reste pas ici!»

Harry comprit qu'ils parlaient de lui. Bien sûr, même s'il avait défié le Seigneur des Ténèbres et qu'il l'avait vaincu, il faudrait toujours qu'ils s'inquiètent à son sujet.

Le jeune garçon resta en retrait tout en suivant la conversation de Remus et Tonks.

«Sa santé mentale! Voyons, Nymphadora, tu dis n'importe quoi!

-Je t'ai déjà demandé de ne pas m'appeler comme ça! Et oui, pour sa santé mentale! Évidemment, il faut se réjouir de son succès, mais il n'en reste pas moins perturber par la mort de Sirius et voir même celle de Tu-Sais-Qui!

-Pourquoi t'entêtes-tu à l'appeler encore ainsi! Tu dois être la seule sur tout le continent à l'appeler encore comme ça!

-Parce que j'ai toujours peur... Il a réussi à survivre une fois, alors pourquoi pas une autre? Vous prenez tout ceci un peu trop à la légère si vous voulez mon avis. Surtout toi, Remus. J'ai cru que tu serais l'un des premiers à te méfier...»

Harry remarqua un peu de déception dans la voix de la Métamorphomage. Il vit Remus baissé la tête pour ensuite se rapprocher de la jeune femme.

«Et je croyais que tu saurais la première à sauter partout de bonheur et à te mettre à embrasser tout le monde», taquina Remus.

Elle sourit et vira au rouge. Elle releva la tête et le fixa de ses yeux violets avec défi.

«Parce que tu aurais aimé que je t'embrasse?» demanda Tonks avec un sourire moqueur.

Jamais Harry n'avait vu Remus Lupin aussi mal à l'aise qu'à cet instant. Il émit un grognement et se dirigea vers l'armoire où il en sortit une pile d'assiettes.

«Pourquoi as-tu dit que Harry pourrait être perturbé par la mort de Voldemort?

-Parce qu'il l'a tué. Ça ne te dérangerait pas, toi, de tuer quelqu'un comme ça?

-Voldemort n'était justement pas 'quelqu'un', fit remarquer Remus.

-Peu importe la personne. C'est le geste qui compte et...

-Mais valait mieux le tuer lui, avant que lui ne tue d'autres personnes.

-Voilà, tuer, tout comme lui le faisait. Enlever la vie à quelqu'un. Combattre le mal par le mal. C'est beaucoup pour un garçon de 16 ans à peine.»

Remus l'étudia quelques temps. Tonks lui sourit tristement.

«C'est pour cela que je dis que Harry ne devrait pas venir habiter ici. Pas avant qu'il est fait la paix avec tous les évènements qui ce sont passés cette année.

-Tu as beaucoup changé, Nymphadora, remarqua Remus.

-Tonks», corrigea doucement celle-ci, le visage rouge sous le regard intense de Lupin.

Harry avait entendu ce qu'il avait à entendre. Il partit et prit la direction de sa chambre. Alors, Tonks croyait qu'il était perturbé? Il était vrai, qu'avant la satisfaction et le soulagement, Harry avait ressenti quelque chose de indéfinissable, quelque chose qui ressemblait à de la vulnérabilité.

Il s'étendit sur son lit. Il pensait au début de l'été. Il s'était retrouvé à Sainte-Mangouste après avoir affronté Voldemort. Il s'était éveillé et avait fixé tous ces regards heureux qui le fixaient. La plupart était des membres de l'Ordre, ainsi que quelques personnes de la famille Weasley. Mrs Weasley s'était jetée dans ses bras.