N/a: je ne le dirais sans doute pas assez mais encore merci pour vos encouragements et vos commentaires sur cette fic!
CHAPITRE XIV
Draco se rendait dans son dortoir privé quand il vit arriver avec effarement Joyce-Seaton. Elle avait l'air furieuse. Il fronça les sourcils. Il pensait qu'ils étaient réconciliés, maintenant. Il s'attendit à ce qu'elle lui donne une claque et se prépara. Mais elle n'en fit rien.
« Je suis au courant, Malfoy. » grinça-t-elle.
Sa voix crissa comme du papier de verre et fit presque frissonner Draco. Il voulut lui demander à propos de quoi elle était au courant mais il avait l'horrible impression de connaître déjà la réponse.
« Je ne vois pas de quoi tu parles. » dit-il de sa voix la plus posée.
Elle l'agrippa par le col de sa chemise, rapprochant leurs deux visages. Le sien respirait la rage.
« Le pari. »
Il avait beau s'y être attendu, ça lui fit tout de même un choc. Mais comment? Zabini, bien sûr. Le mauvais joueur! Il lui avait tout révélé. Il allait lui faire payer personnellement. Mais pour le moment, il avait le problème Joyce-Seaton sur les bras et ne savait pas comment s'en dépêtrer. Il prit son air le plus innocent et surpris.
« C'est quoi cette histoire? »
« Ne sois pas stupide! » répondit-elle, un peu moins assurée qu'auparavant.
Il comprit immédiatement que Zabini ne lui avait donné aucune garantie, craignant trop la vengeance de Draco. Cela allait tourner à son avantage.
« Mais qui t'as raconté une histoire pareille? Et un pari à propos de quoi? »
Elle parut désemparée, mais rétorqua néanmoins:
« Ce ne sont pas tes affaires! Parle-moi de ce pari! À moins que je doive te rafraîchir la mémoire? »
Elle semblait plus enragée que jamais.
« Mais je t'assure que je ne sais pas de quoi tu parles! » mentit-il avec une mauvaise humeur feinte.
« 100 Gallions! » hurla-t-elle, faisant se retourner les autres élèves.
« Tu ne veux pas qu'on en parle autre part? » fit-il en jetant un regard féroce aux curieux qui déguerpirent sans demander leurs reste.
« N'essaie pas de détourner la conversation! » rugit-elle.
« Tu veux donc que tout le monde soit au courant de cette ridicule histoire? » cria-t-il en réponse.
Elle se tut, visiblement assommée. Zut. Il avait laissé sous-entendre que cette… « ridicule histoire » était véritable.
Il l'entraîna jusqu'à la statue gardant sa chambre de préfet. Il prononça le mot de passe sans que Thia ait l'air de s'y intéresser. La statue lui jeta un regard de dédain. Elle croyait sûrement qu'il s'agissait d'une autre de ses conquêtes. Mais peu importait l'opinion de sa gardienne. Il fit pénétrer la Gryffondor dans sa chambre et la fit s'asseoir sur le lit, tout en pensant que ça n'était pas exactement ainsi qu'il aurait voulu qu'elle découvre sa chambre. Elle parut mal à l'aise quand il s'assit à côté d'elle. Zabini lui avait sûrement raconté jusqu'où Draco devait aller avec elle.
« Tu reconnais donc la véracité des faits? » dit-elle avec un ton de juge de tribunal.
« Bien sûr que non! Je te jure que je ne comprends rien à ce que tu me racontes! » affirma-t-il avec véhémence.
« Pourtant, mon informateur semblait très sûr de lui… » fit-elle d'un ton sec.
« Pourquoi le croirais-tu? J'ai des tas d'ennemis qui inventeraient n'importe quoi pour me faire tomber! Tu connais la puissance de ma famille… »
« Et pourquoi je te croirais, toi? » rétorqua-t-elle, avec insolence.
« Pourquoi pas? » Il se rendit compte que ce piteux argument ne vaudrait rien car il contre-attaqua. « Et pourquoi je me fourrerais dans une histoire pareille! 100 Gallions pour séduire une fille! Et puis quoi encore? C'est totalement immature! »
« C'est tout à fait le genre de blagues douteuses dont sont capables les Serpentard! » répliqua-t-elle.
« Mais je n'ai jamais fait ce pari » s'énerva-t-il.
Il y eut un silence.
« Attends. » fit-elle, réfléchissant. « Je n'ai jamais dit que le but du pari était de séduire une fille. »
Draco se sentit soudain glacé. Il avait fait une bourde énorme. Elle se leva brusquement, faisant grincer les ressorts du lit.
« Je crois qu'on n'a plus rien à se dire, Malfoy. Tu t'es fait avoir à ton propre jeu. Adieu. »
Elle fit quelques pas vers la porte mais Draco l'en empêcha, tentant de la rallier malgré tout à son avis.
« Attends, Thia! Je t'en prie, reste! »
Quelle honte! Lui, un Malfoy, supplier quelqu'un!
Elle s'arrêta et sans se retourner, elle lui dit:
« Je n'en parlerais pas, Malfoy, si c'est ce dont tu as peur. (grotesque! Un Malfoy n'a peur de rien!) Mais n'essaie plus jamais de me parler ou même de séduire une Gryffondor parce que je le dévoilerais. »
Sur ces mots, elle ouvrit la porte. Draco s'approcha d'elle et saisit se poignets. Elle se débattit sauvagement.
« Non, ce n'est pas ça… » affirma-t-il d'une voix un peu rauque.
Il se pencha vers elle et l'embrassa. Ses lèvres douces l'enivraient. Elle lui mordit la langue et il s'écarta en criant de douleur.
« Si tu croyais que c'était comme ça que tu allais m'avoir, tu es bien stupide, Draco Malfoy! » hurla-t-elle en le repoussant violemment.
Elle claqua la porte. Draco resta debout, estourbi. Il ne pouvait tout simplement pas y croire. La tête lui tournait. Il alla s'asseoir sur le lit. Ce n'était qu'un pari mais il l'avait pris tellement à cœur qu'il avait l'impression de se faire larguer par Joyce-Seaton, alors qu'il ne l'avait embrassée que deux fois. Se pourrait-il qu'il tienne à cette petite fille fragile au si fort caractère? Il savait pourtant que ce serait une mauvaise idée de l'embrasser mais il n'avait pas pu s'en empêcher, sachant que tout était perdu. Elle l'avait repoussé sans ménagement et quelque part, quelque chose s'était déchiré en Draco, comme une vieille blessure qu'il traînait depuis la mort de Jordan.
Soudain aveuglé par la fureur, il sortit de sa chambre, claquant lui aussi la porte, au grand malheur de la statue qui grinça des dents. Il déboula comme un fou furieux dans la salle commune. Zabini était bien sûr absent. Ce petit fumier en avait profité pour se cacher. Mais il ne perdait rien pour attendre. Bientôt, ce serait l'heure d'aller dîner et alors là, Draco ne le louperait pas.
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Blaise rejoignit la salle commune après le dîner. Il avait bien reçu les coups d'œil meurtriers de Malfoy mais il s'en moquait royalement. Il tenait sa revanche. Il allait révéler aux autres Serpentard le pari et Malfoy serait ridiculisé. Pour finir, c'était cette fille qui l'avait joué et pas le contraire! Et il prendrait la place de Malfoy à la tête des Serpentard!
Comme il l'avait prédit, Malfoy le coinça dans son dortoir. Personne n'y était à part eux deux. Blaise n'avait par contre pas prévu que Malfoy l'attirerait dans un guet-apens. Il pensait que, aveuglé par la fureur, le Serpentard engagerait une dispute en public. Mais Malfoy en avait décidé autrement, visiblement et ce n'était pas pour arranger les affaires de Blaise. Il devait trouver le moyen de faire dévier la conversation dans la salle commune. Mais Malfoy devait avoir prévu le coup car il ferma la porte.
« Collaporta! »
« Mais à qui tu joues, Malfoy? » s'énerva Blaise.
Malfoy tapota sa baguette contre sa paume. Blaise sentit soudain un frisson de peur s'insinuer traîtreusement en lui. Il n'avait peut-être pas bien fait de défier un Malfoy.
« A toi de me le dire, Zabini… »
Il le claqua contre le mur et sa figure s'approcha tant de celle de Blaise que le Serpentard pouvait distinguer les pores de sa peau.
« Je ne crois pas que tu devais intervenir dans notre petit pari, Zabini » fit la voix mortellement dangereuse du Serpentard.
Blaise ne se laissa pas démonter. Sa baguette était dans sa poche. Au besoin, il la saisirait et lancerait un sort de Désarmement à Malfoy. Sans sa baguette, le Serpentard était deux fois moins dangereux.
« Tu n'as pas dit que je ne le pouvais pas. » dit-il d'une voix tranquille.
« Oh que si, je l'ai dit, tu ne t'en souviens plus? » fit Malfoy.
Son genou vint percuter méchamment l'entrejambe de Blaise qui étouffa un cri de douleur.
« La mémoire t'est revenue, mon petit Blaise? » demanda-t-il d'un ton doucereux.
Serrant les dents, le Serpentard fit signe que non.
« Pourtant, je sais que je l'ai dit. Tu n'as pas dû écouter… » ajouta Malfoy du même ton.
Il lui donna un autre coup qui fit presque se plier Blaise en deux. Mais il n'aurait pas pu, Malfoy le plaquant fermement contre le mur.
« Je… je m'en souviens.. » articula-t-il en insultant mentalement Malfoy de tous les noms.
Malfoy relâcha légèrement sa prise.
« Bien… Maintenant, tu vas être un bon garçon et tu ne te mêles plus de mes affaires, compris? »
Blaise acquiesça, brûlant intérieurement de haine.
« Et ne t'avise pas de m'ensorceler avant que je sorte de cette pièce, surtout.. » continua à l'identique Malfoy. « Sinon, il se pourrait bien que la plupart des Serpentard veuillent se retourner contre toi…Et je ne pourrais pas tous les retenir… »
Blaise capta la menace à peine voilée. S'il ne se tenait pas à carreau, Malfoy lui referait le portrait et dresserait tous les Serpentard contre lui.
Il fit oui une deuxième fois, vaincu.
Malfoy le libéra entièrement et tapota gentiment son épaule dans un geste fraternel.
« Super, super…Tu es un garçon vraiment conciliant, Zabini, tu le sais, ça? Et, au fait, tant qu'on y est, (il se pencha à l'oreille du Serpentard et lui glissa tout bas, avec une amitié feinte) ne parlons plus de ce petit pari, d'accord? »
Comme Blaise hochait la tête une troisième fois de bas en haut, Malfoy sourit hypocritement et ouvrit magiquement la porte.
« Bonne nuit, Zabini… »
Puis il referma doucement le battant. Avant de comprendre quoi que ce soit, il entendit Malfoy prononcer la formule fermant la porte. Il mit rapidement la main à sa poche. Le salaud. Il lui avait piqué sa baguette. Restait à espérer que Crabbe, Goyle ou Nott n'arrive vite pour le délivrer. Il n'aurait pas l'air stupide, tiens. Mais il avait quand même gagné une bataille. Malfoy n'avait pas pu remporter la fille. Il éclata de rire. Il n'en resterait sûrement pas là. Ce pari n'était que la première partie! Il soufflerait sa place à Malfoy, de gré ou de force!
