Chapitre 10 : On enterra la hache de guerre

Zack ne put s'empêcher d'ouvrir la bouche, sans qu'aucun son y sorte. Ahuri, il fixa son ami pendant une bonne dizaine de secondes, incapable de réagir. Les informations que venait d'évoquer Rufus semblait ne pas se rendre à son cerveau. Ou alors, il ne voulait tout simplement pas y croire. La situation devenait alors encore plus dangereuse. Ce Rorie approchait de son but à grand pas. À tout prix, ils devaient le retrouver et détruire ces médaillons. Démolir le rêve de ce génie, dont l'esprit était gravement dérangé, sans aucun doute.

Après une courte discussion, ils décidèrent de passer la nuit à l'extérieur de ce manoir. L'ambiance lugubre et les mutants qui y vivaient furent les deux principales raisons. Lorsqu'ils sortirent, les rues étaient aussi calmes qu'à leur arrivé. Leurs pas crissant sur le gravier étaient les seuls bruits ambiants du petit village. Discrètement, ils se faufilèrent vers un hôtel, le seul d'ailleurs.

À l'intérieur, tout était sombre, une chandelle éclairait faiblement un petit meuble. Derrière, se trouvait un homme au regard vide et sans vie. Rufus s'approcha de lui, consulta les prix et déposa un paquet de gils sur la surface de bois. Accoudé au comptoir, l'homme à l'aspect zombie tendit une clé aux trois jeunes gens. Ils montèrent à l'étage, faisant craquer les marches en bois sous leur poids. La jeune femme se glissa automatiquement sous les couvertures rouges et jaunes, sans adresser un mot à personne. Sa bouche légèrement entrouverte, elle continuait de lire. Bien que ce que racontait Rorie n'avait rien d'intéressant qui pouvait leur permettre de continuer, la brunette semblait captiver par ces caractères formant mots et phrases. Zack se pencha près d'elle.

- Alors, quoi de neuf?

Ces paroles était tout à fait inutiles de la part du jeune homme. Tout ce qu'il voulait était entamer une conversation. Habituellement, Samantha était quelqu'un de très bavard. Pourtant, pour une des rares fois, elle était passablement silencieuse.

- Rien, dit-elle machinalement, haussant mollement les épaules.

Il observa quelques instants la jeune femme qui, de son côté ignorait la présence du noir, et prit place dans l'un des lits. A la faible intensité de la lampe près de son lit, Samantha terminait la lecture d'une autre des pages du journal intime de l'ancien scientifique.

- Impossible, réussit-elle à articuler, sans pouvoir se retenir.

- Qu'il y a-t-il?

La voix de Rufus semblait un peu inquiète. Quelques secondes s'écoulèrent. Samantha tourna finalement son visage en direction de Rufus. Ses traits étaient tirés et son joli minois avait soudainement pris une couleur cadavérique. N'importe quel être humains pouvait facilement deviner que la jeune femme manquait de sommeil. Alors que Rufus s'attendait à une grande révélation, il n'en fut que des minables banalités.

- Oh... Rien. Tu sais, Rorie était un scientifique brillant, hors pair, même.

On aurait dit qu'elle tentait de se convaincre elle même. Sans rien dire, Rufus conclut le semblant de conversation qu'ils venaient d'avoir. Il laissa tomber sa tête paresseusement contre l'oreiller d'un blanc immaculé. Le regard vide, il fixait inlassablement le plafond beige, presque jaune. Une certaine nostalgie vint à lui, sans aucune raison valable. C'est avec ce sentiment étrange qu'il finit par s'endormir. Bien qu'il n'aurait pas dû. Si le jeune homme était encore réveillé, peut-être aurait-il vu la charmante jeune femme à ses côtés échappé quelques sanglots et voir ses larmes atterrirent contre le couvre-lit.

Il était tard, la nuit était tombé depuis des heures déjà. Le blond s'extirpa de son lit, sans faire de bruit. Il se dirigea vers les bagages de la brunette et y prit quelque chose. Un objet métallique. Ne pouvant s'en empêcher, un soupir sortit de sa bouche. Pas n'importe quel soupir banal, un de désespoir. Serrant l'objet dans sa min, il sortit à l'extérieur, silencieusement. Le commis de l'hôtel s'était assoupis contre le comptoir, le jeune homme fut plutôt content de ne pas être remarqué et s'engouffra à l'extérieur.

Le vent était froid, il s'était caché derrière un bâtiment de brique rouge. Adossé contre le mur, le jeune blond prit une grande inspiration. Il fallait le faire, sinon sa vie prendrait fin. Cela, il ne pouvait pas le faire, pas pour le moment. Zack avait besoin de lui et Sam aussi. Il secoua la tête en passant à la jeune femme. Il l'aimait. Au début, par tout les moyens, Rufus avait essayé de s'en dissuader. Lui, comme important aimé une fille comme elle? Impossible. Cependant, il avait du se rendre à l'évidence. Ce soir là, à Junon, tout son raisonnement s'était envolé. Hypnotisé par son aura, il s'était approché d'elle et l'avait embrassé. La jeune fille n'en avait jamais glissé un mot. Sans doute croyait-elle qu'elle avait rêvée. Sortant de ces pensée, l'homme planta la seringue à un endroit stratégique d son bas gauche et enclencha le mécanisme. La substance fluo s'écoula rapidement dans ses veines et son sang. Il se laissa glisser le long du mur. Une fois encore, il serait capable de fonctionner normalement pour un moment. La dernière fois qu'il avait du prendre cette saleté de mako c'était à Junon, lorsqu'il avait retrouvé Reno. Son ancien employé lui avait donné discrètement une seringue tandis que ses alliés ne regardaient pas. Il ne voulait pas les inquiéter. Déjà que la brunette avait failli péter un plomb pour Reno. Ça ne servait à rien qu'elle soit encore plus angoissée. Jetant l'appareil, qui lui avait sauvé la vie, devant lui, il reprit la direction vers l'auberge qui les avaient accueillis pour cette nuit en échange de quelque gils.

Ce fut un lendemain plutôt bruyant pour Rufus. Samantha sorti de la pièce en claquant bruyamment la porte de celle-ci. Ses pas se firent entendrent jusque dans les escaliers. L'ancien président ouvrit les yeux et grogna de mécontentement. Déjà que la nuit n'avait pas été de tout repos. Sans doute une nouvelle saute d'humeur provenant de la jeune femme, pensa-t-il. Il regarda aux alentours, essayant d'avoir un indice quelconque sur cette frustration. Zack, accoudé contre les rebords de la fenêtre fut le principal suspect. Bien que, en général, pacifique et zen, peut-être le cadet du groupe avait dit quelque chose d'incorrect aux oreilles de la brune. S'accoudant dans son lit, Rufus fixa Zack. Ce dernier, abordant un air des plus naturels possible et resta immobile.

- Que lui as-tu dis ?

L'interpellé prit bien soin de rapporter les fait exactes.

- Que Rorie était un parfait salaud de première classe.

Il mordit sa lèvre inférieure, comme s'il regrettait le tout. L'autre jeune homme daigna se lever du nid douillet dans lequel il hibernait presque et plante ses mains dans ses poches. Sa première réaction, suite à cela, fut un long bâillement.

- Je vais y aller. Reste ici, ordonna-t-il d'une voix encore toute pâteuse.

Le jeune n'eut pas d'autre choix que d'accepter, il hocha la tête relâcha l'emprise sur sa lèvre inférieure. Replaçant maladroitement ses cheveux couleur blé, Rufus sortit de la pièce tout en refermant la porte derrière lui.

- Alors, qui êtes-vous ?

Aucune réponse. La tension remonta alors d'un cran. L'homme lui semblait pourtant familier, mais où s'était-il rencontrer ? Cela restait un mystère. Un magnifique chocobo or lui servait de monture. Un plumage soyeux et luisant. Aucune plume ne semblait déplacée. La bête possédait une grande fierté en à juger par sa position bien droite et un air hautain. Approchant doucement, d'un pas incertain, l'inconnu, du bout des doigts, caressa le chocobo. Il ouvrit son clapet et poussa un cri strident. Son propriétaire le calme en grattant doucement la gorge de l'animal. Le regard de l'homme se posa alors sur son interlocuteur.

Bien que le guerrier possédait un regard charmeur, ses traits étaient pourtant sévère.

- Vous allez répondre ?

- Non, répondit-on sur un ton de défi et de manière plutôt insolente.

Elle eut un sourire provoquant. D'un mouvement brusque et à la fois gracieux, le jeune homme descendit de sa monture. Rapidement, il agrippa le bras de la personne et approcha son visage à quelque centimètre du sien. Leurs nez se frôlaient et chacun pouvait sentir la respiration de l'autre.

- Je suis la fille d…

Elle fut coupé par un cri. Non, un ordre plutôt. Un ordre glacial et autoritaire.

- Lâche-là, Strife !

Le dénommé Strife, par surprise, s'exécuta. Samantha le replaça aussitôt. Cloud Strife, l'homme qu'elle avait rencontré à l'église de Midgar. Lentement, mais sûrement, il se retourna vers Rufus Shinra. Ce dernier pointait, déjà, d'un air nonchalant le canon de son arme sur lui.

- Vous me cherchiez ? Me voilà.

Par provocation, il le vouvoya comme s'il le respectait ou était un être important. D'ailleurs ceci n'était pas totalement faux. Samantha, en un éclair, se retrouva près de Rufus. Cloud prit une grande inspiration et enchaîna :

- Alors, charogne, tu crois pouvoir reconstruire ton empire ?

Un moment de silence, puis, finalement, une réponse.

- Non.

Aucun mensonge, la vérité toute nue. L'ancien soldat serra les poings en grognant légèrement. Le silence plana.

- Laisse la tranquille, continua Rufus.

Le soldat demanda alors pourquoi. Le jeune blond lui répondit qu'ils devraient cesser ces stupides querelles. Bien sûr, ils aveint été des ennemis et chacun avait tenté de tuer l'autre, de toute les façons possibles. Un sourire éclaira le visage de Cloud. Soit que ce N'était pas le vrai Rufus Shinra ou il avait radicalement changé. Il s'excusa alors auprès de la demoiselle et lui glissa à l'oreille qu'elle avait radicalement changé son ancien ennemi. Il monta de nouveau sur son chocobo et prit direction vers le nord, tout en prenant soin de saluer, d'un geste poli, les deux jeunes gens. L:a hache de guerre venait d'être définitivement enterré, à la plus grande surprise de tous. Rufus resta ébahi quelques instants, clignant plusieurs fois des yeux pour S'assurer que tout ceci n'était bel et bien pas un songe. Un haussement d'épaule vint de la part de Samantha. Puisque tout semblait régler, elle tourna les talons.

- Je dois te parler.

Une lueur d'inquiétude naquit dans les prunelles de Samantha. D'un geste lent elle fit face à son acolyte, prête à tout.

- Que nous caches-tu ?

Bafouillant légèrement, elle répondit.

- Rien. No-non rien, dit-elle pour se rassurer elle-même plutôt que le beau blond.

Il s'approcha d'elle, sans dire un mot, plantant son regard de glace dans le sien. Elle pouvait tout lui dire et la jeune femme le savait bien. Ce n'était plus le même. Peu à peu, l'ancien patron de la grande compagnie avait changé, tout comme l'avait dit Cloud quelques instants auparavant. Dorénavant, il savait écouter et appréciait même la petite brunette. D'un geste lent, il caressa sa joue, l'encourageant à tout déballer. Se confier à lui. Pourtant, elle n'en fit rien. Debout, Samantha resta muette, fixant un point invisible au loin. Ne réagissant même pas à la tentative qu'avait eu le jeune homme pour la consoler. Une larme roula de son œil droit pour tracer un sillon contre sa joue avant d'atterrir à toute vitesse sur le sol de pierre. Le manège recommença, avec l'œil gauche cette fois-ci. Ça y est, elle venait de craquer, tout comme hier soir. La seule différence était que, cette fois-ci, un témoin l'observait, impuissant à la situation. Ce fut d'un geste accueillant, presque fraternel, qu'il l'a prit dans ses bras. Ils étaient là, au milieu de la place publique. Personne ne rodait dans les parages. Aucune âme ne semblait y vivre.

- Aime-moi, s'il te plaît.

Il resta interdit. Avait-il bien entendu? Il n'osa pas la faire répéter, peut-être avait-il rêver, après tout. La jeune brune releva la tête vers lui.

- Je… Excuse-moi.

Il était de plus en plus mêler, tout comme elle, d'ailleurs. Que voulait-elle donc? Il soupira en secouant sa tête, ses mèches blondes suivant son mouvement. Puis, il resserra l'étreinte autour de la taille de Samantha. D'une main, il fit lever son visage angélique, vers le sien, et y posa ses lèvres. Elle ne broncha pas. Un choc électrique venait de traverser son corps. L'aimait-il donc, comme elle l'avait espérer depuis toujours? De son côté, le jeune homme ne pouvait s'empêcher de l'aimer, malgré les différences. Il lui devait la vie, bien plus qu'elle le pensait.

Zack, regardant par la fenêtre la scène eut un sourire mélancolique et à la fois moqueur. Il savait, depuis leur première rencontre que ces deux-là était fait l'un pour l'autre. Pourtant, malgré ce joyeux événement, il ne pouvait cesser de songer pourquoi cette simple phrase de huit mots avait rendu la brunette si furieuse. Lentement, il tourna le dos à la fenêtre et quelque chose attira son attention. Devant le sac de la jeune femme se trouva u objet métallique, similaire à celui que Rufus avait pris la nuit même pour injecter du mako dans son corps. Il prit la seringue dans ces mains. La question qu'il devait se poser était Qui est dépendant? Son choix s'arrêta sur Samantha. Tout collait. La jeune femme, sans doute en manque de substance voulait sortit et prendre cette infâme substance, mais Zack s'étant réveiller avait empêcher sa discrète sortie. Puis, lorsqu'on était en manque on devenait facilement irritable, trop même. Il secoua la tête, sachant à quel point il était difficile de sortir de cette situation. Sa défunte sœur avait vécue la même situation, des années auparavant. Le jeune homme ne voulait pas que cela se reproduise. C'est pour cette raison qu'il se promit d'y parler le plus tôt possible. Bien sûr, pas devant l'aîné du groupe. D'un, il ne voulait pas l'angoissé et, de deux, ce n'était pas vraiment de ses affaires.