Chapitre 16 : J'accepte…

Arpentant la pièce, l'homme songeait. Ses yeux bleus étaient cachés derrière une légère monture grise surmontée de verres. Depuis le retour de sa fille, il éprouvait un fort dilemme. Alors que leurs regards s'étaient croisés, le doute avait naquit dans son esprit tordu. Bon comédien, il avait été facile de rester impassible, de ne rien laisser paraître. Sa descendance, il avait crut jamais ne la revoir. Et, ainsi, jamais ne pouvoir accomplir son objectif. Des tas d'obstacles et d'issues avaient déboulés les une derrières les autres. Avec détermination, Rorie s'était accroché à ce mince fil d'espoir. Ses principaux alliés avaient finalement réussi à mettre la main sur la fille. Sa fille unique. Dorénavant, la chance lui souriait. Ses plans seraient enfin mit à exécution.

Brusquement, on toqua à la porte, le reconnectant ainsi avec le monde extérieur. Rorie se tourna immédiatement vers la source du bruit. La porte de style orientale, richement décorée de motifs aux couleurs majoritairement rouge et jaune était légèrement entrouverte. On pouvoir apercevoir un homme aux traits à la fois gracieux et énigmatiques. Ses yeux d'un brun clair se fixèrent sur le scientifique. Autrefois, ce regard, pétillant de vie, avait fait craquer plusieurs jeunes femmes. Aujourd'hui, il était froid et distant. C'était la preuve d'un passé douloureux, rude. D'un simple geste de la main, l'hôte pria à son invité de prendre place dans l'un des fauteuils ornant la pièce dans laquelle il passait le plus clair de son temps. Sur la table de travail jonchaient des feuilles entièrement recouvertes de notes ou de gribouillis quelconque. Une lanterne, suspendue au plafond, éclairait faiblement la pièce. Tseng referma la porte derrière lui avant de s'avancer de quelques pas et prit place dans ce fauteuil rouge.

- Tu vas vraiment le faire ?

Il s'adressa à lui avec une familiarité que personne n'osait aborder avec le scientifique hors-pair. Certains auraient pus voir ceci comme une marque d'impolitesse, mais pas Rorie. Malgré leurs différence d'âge, Tseng était son confident, un être loyal. Il offrit l'ombre d'un sourire au cadet avant d'hocher la tête de manière affirmative.

- Tseng, je comprends ton hésitation vis à vis tout ceci mais, fais-moi confiance, veux-tu ? Je t'assure que tout ira comme prévu.

Un soupir ce fit entendre et le noir porta sa main gauche à son menton, l'air soucieux. Ce n'était pas une mince affaire et la vie de plusieurs seraient en danger.

Rufus posa ses pieds sur le sol boueux de la magnifique ville qu'était Utai. Il respira une grande bouffée d'air frais et ses yeux océan se délectèrent du paysage oriental. Portant son sac sur son dos, ainsi que celui de sa dulcinée il resta immobile. Zack était à ses côtés et observait chaque recoin, dans l'espoir d'y apercevoir la chevelure brune de son amie. Il avait atterrit quelques kilomètres, à l'extérieur de la ville, histoire de n'alerter personne. Toute personne savait qu'Utai détestait tout ce qui avait un rapport avec la Shinra. Si cette population apprenait que l'ancien président marchait, en ce moment, sur leur terre, une nouvelle révolution éclaterait. Alors que le noir du duo s'apprêtait à passer un commentaire, une vieille dame passa près d'eux, pressant le pas pour se mettre bien au chaud chez elle, à l'abri de la pluie. Elle portait un panier d'osier regorgeant de délicieux fruits. Plus loin, un groupe d'enfant en bas âge jouaient, malgré les gouttes qui tombaient sur eux. Avec un pincement au cœur, Zack songea comment vivre à Utai devait être glorifiant. Ils semblaient tous si… heureux. Du coin de l'œil, il observa quelques instants Rufus. La pluie avait totalement aplati sa chevelure d'un blond cendré. Écrasant ainsi quelques-unes des mèches contre son visage. Les yeux clos, le jeune homme inspirait et expirait, s'accrochant à ce tout petit fil d'espoir. Dire qu'il y a quelques temps, jamais il ne serait attaché avec temps d'ardeur à une simple personne de sexe féminin.

Au sud, on pouvait apercevoir le toit d'un immense temple. Les deux jeunes hommes conclurent que c'est là que devait se trouver Godo, l'empereur de Utai. Faisant rapidement les liens entre Godo, Rorie et Samantha, Rufus partit à grande enjambées. Un air déterminé avait remplacé sa mine inquiète. Plus il se rapprochait de son but, plus il accélérait. Tête baissée, ses larmes se mêlaient avec la pluie qui ruisselait sur son visage. L'eau avait fait coulé le khôl qu'elle avait appliqué sur ses paupières, en ce moment closent. Ses mains gantées étaient toujours jointes dans son dos. Lorsque Rufus l'attira brusquement vers lui, en plaquant ses lèvres contre les siennes, elle n'ouvrit pas ses yeux, sachant pertinemment qui était là. Les larmes coulèrent davantage tandis qu'elle passa de manière instinctive l'un de ses bras autour de son cou, tandis que l'autre passa au niveau de sa taille, sous son sweat shirt. Descellant leurs lèvres, elle posa sa tête sur son épaule, sanglotant. Le jeune homme serra davantage Samantha, lui caressant le dos. Puis, il l'agrippa par la taille et la souleva. Du revers de la main, il essuya les larmes, tentant ainsi d'effacer les douleurs qu'avaient du subir sa petite amie. Cette dernière couvrit les lèvres du blond de baiser aussi sucrés les uns que les autres. Ces retrouvailles étaient digne des plus grandes histoires d'amours.

- Pathétique, marmonna Reno qui se trouvait à l'intérieur de la maison, observant toute la scène.

Il décrocha un regard mesquin à l'adolescente qui se trouvait là, à ses côtés. Cette dernière se tourna vers lui, un regard rêveur brillant dans ses prunelles marrons.

- Tu n'avais qu'à l'achever si tu ne voulais pas assister à ce spectacle.

Elle avait employé un ton acerbe, mais n'envoya aucune insulte. Son regard se posa une dernière fois vers le couple avant de se lever et de ramener ses cheveux par l'arrière, d'un geste de la main. C'était à son tour de faire un rapport à son oncle. Ça ne l'enchantait guère, surtout qu'elle devait lui annoncer la mauvaise nouvelle, mais Yuffie Kisaragi partit d'un pas décidé, les mains dans les poches de son short sable.

Elle arriva finalement à sa destination ; le sous-sol. L'endroit était mal éclairé, digne d'un film d'horreur. Tout au bout, se trouvait une porte coulissante. La jeune adolescente si dirigea silencieusement. On pouvait facilement distinguer deux voix. Elle se rapprocha de la porte, tentant d'écouter. La curiosité était un vilain défaut, mais la fille de Godo s'en souciait peu, à vrai dire. Le scientifique et Tseng, à propos de ce fameux plan. Toujours ce fameux plan. Il ne semblait être que la principale source de conversation de tout le monde. Seule elle semblait ne pas être au courant. Elle était trop jeune, comme le répétait Godo à son frère. A chaque fois que son géniteur utilisait cette excuse totalement idiote, Yuffie devenait folle de rage et s'enfermait dans sa chambre. D'accord, ça ne démontrait pas énormément sa grande maturité de jeune femme de seize ans, mais elle s'en fichait. Son oreille se colla davantage contre la porte et Yuffie mémorisa chaque paroles des deux hommes.

- C'est quand même ta fille. Tu sais, tout peux échouer.

- Justement ! s'écria Rorie, tapant du poing son bureau. Justement, elle est forte. C'est exactement ce qu'il faut, tu comprends, Tseng ? Si elle peut posséder le corps de ma fille, ce sera tout à fait génial. A nous, et Utai, la terre promise !

Il eut un moment de silence, durant lequel Yuffie retint son souffle, histoire de ne pas se faire remarquer. On entendit un froissement de papier, puis une réplique de la part de l'ancien Turk.

- Tu crois qu'elle se laissera faire ? Voyons… Sois un peu réaliste.

L'autre homme éclata de rire et rétorqua aussitôt, comme s'il s'attendait à cette réponse de la part du noir.

- Je le suis. Elle restera ici. Je connais son raisonnement. Plutôt que de fuir, Samantha attend qu'ils viennent. Et avant que ces deux petites cervelles d'oiseaux arrivent… J'ai tout le temps qu'il me faut.

D'un air vainqueur, il frappa dans ses mains. Ce geste fit sursauter Yuffie.

- D'ailleurs, pourquoi elle ? le questionna Tseng. Il y a des centaines de femmes de tout âge ici.

Le scientifique poussa un fort soupir. Il marmonna un truc incompréhensible que Yuffie ne réussit pas à distinguer, avant de se lancer dans une nouvelle explication.

- Allons, je te l'ai déjà expliqué. Je ne veux que son bien. Imagine comment elle sera heureuse !

Et puis, avant que Tseng ne puisse répondre quoique ce soit, Yuffie éternua. Se rendant compte qu'elle était repérée, elle toqua timidement. Ses deux mains se joignirent ensuite et elle se balança sur ses pieds, attendant qu'on lui ouvre. Quelques secondes plus tard, le visage de Tseng apparut dans l'embrasure de la porte. Il distingua la silhouette de la nièce de Rorie à travers la noirceur et la fit entrer, sous le regard approbateur du scientifique. La jeune ninja resta debout, près du pas de la porte. Elle se balançait d'un pied à l'autre, attendant les réprimandes de son oncle aux propos de l'espionnage, mais rien ne vint. Elle se vit donc dans le choix d'informer Rorie que sa venue avait pour but de faire son rapport. L'homme d'âge relativement avancé hocha la tête. Tseng resta à ses côtés, intéressé par le bilan de Yuffie. Immédiatement, elle trancha :

- Ils sont là.

Le jeune homme répondant au nom de Tseng leva le sourcil droit, visiblement intrigué. Déjà ? pensa-t-il aussitôt. Il se retint de lancer un regard moqueur à Rorie. Ces petites cervelles d'oiseaux étaient arrivé à la destination beaucoup plus rapidement que prévu. L'homme à la chevelure grisonnante resta quelques secondes debout, faisant craquer ses doigts avant de sortir précipitamment de la pièce. Bientôt, ce fut les deux autres occupants de la pièce qui quittèrent. Yuffie, qui était devant se fraya un chemin parmi les nombreux couloirs avant de déambuler dans le hall d'entrée. La porte était resté grande ouverte et un Reno, totalement indifférent était appuyé contre le cadre de porte. Son regard aux différentes couleurs se posa sur la ninja et son ancien supérieur. Il poussa un bâillement et retourna à la contemplation de la scène qui se déroulait devant eux. On aurait dit que le scientifique était prêt à sauter à la gorge des deux intrus, tandis que sa fille lui fournissait quelques rapides explications.

- Papa, je te présente Rufus, fit-elle en prenant son copain par le bras. Tu l'as peut-être déjà connu, continua-t-elle.

Rorie hocha la tête, cachant toute forme d'émotion. Rufus resta un peu ébahi devant l'attitude de sa petite amie. D'un geste protecteur, il passa un bras autour de la taille de la brune. Son beau-père les observa de la tête au pied, avant que son regard se pose sur Zack, le petit dernier du groupe.

- Et lui, c'est Zack. Notre ami.

Et puis, alors que Reno s'attendait à un ordre du genre de les exterminer, tout les deux, il dut obéir à un simple : « Reno, va dire à Godo que nous avons d'autres invités ». Le jeune homme haussa les épaules, un peu déçu du manque d'action, et partit d'un pas nonchalant vers le bureau de l'empereur de Utai. Yuffie et Tseng, quant à eux se lancèrent un regard totalement abasourdi. Rorie employant alors un ton tout à fait paternel envers sa fille et invita les deux garçons de Midgar à entrer.

Jusqu'à maintenant, la soirée se déroulait plutôt bien. Le charisme de Rorie était hallucinant. Il paraissait d'un homme bien, qui c'était repenti de ces nombreuses erreurs, au cour de ces dernières années. Ils étaient installé à la salle à manger. Assis en tailleur sur le sol, comme le voulait la tradition du pays occidental. Reno et Tseng conversait entre eux et Yuffie écoutait d'une oreille distraite. Le scientifique avait aussi expliqué le tempérament plutôt brusque de Reno, lors de sa venue pour rapporter Sam. Il s'excusa même à la place du rouge qui continuait de converser avec son collègue. Alors que Samantha terminait son plat constitué de nouilles et de viandes, un domestique apporta le dessert ; de délicieuses coupes glacées à la vanille. Zack y planta aussitôt son ustensile afin de goûter à ce festin. Pendant, ce temps, le scientifique attira l'Attention des trois jeunes protagoniste. Après un moment d'hésitation, il allait finalement tout dévoiler. Reno et Tseng stoppèrent leur conversation, leur regard se posant au bout de la table, là où se trouvait Rorie. Ce dernier, mordit sa lèvre inférieure, par nervosité. Les doigts de sa main gauche pianotaient sur la surface où était déposés les plats. Les lèvres de l'homme s'entrouvrirent et le timbre de sa voix se fit entendre dans la pièce. Il semblait hésitant, choisissant chaque mot avec une grande attention.

- Donc, il n'est pas nécessaire de vous expliquer le pouvoir des médaillons, commença-t-il doucement. Je crois que tous ici savent.

Il détourna légèrement la tête, le regard de sa fille rivé sur lui l'intimidait. Chacune des convives avaient arrêté toute occupation. Rorie venait de prendre une importance encore plus grande qu'à l'habitude. Pour l'occasion de ce souper, l'homme avait revêtu ses plus beaux habits de cérémonie. Un magnifique kimono aux teintes de bruns et de beiges. Sur les manches, de léger motifs blancs avaient semblé être brodé à la main. Des cordes, finement tressé était attaché à sa taille, tenant ainsi son kimono bien en place. L'homme d'âge avancé marqua une pause qui sembla durer une éternité, avant de reprendre, s'adressant directement à Samantha.

- J'ai besoin de toi, ma fille. Je ne veux que ravoir la famille que nous ayons jamais eu. Pour cela, nous devrons activer les huit médaillons et affronter leur gardien. Une fois cela accompli, nous pourrons ressusciter ta tendre et chère mère. Cependant, j'aurais besoin de toi pour le rituel, car son sang coule dans tes veines. Accepteras-tu de contribuer… ?

Il prit les mains de sa fille dans les siennes et les serrèrent. Le front de l'homme se posa sur les mains jointes. Les trois acolytes de Rorie baissèrent la tête, tandis que, impuissants, Rufs et Zack regardait la scène se dérouler sous leurs yeux ébahis. Ainsi donc c'était cela les vraies intentions de Rorie. Un génie de la science dont les souvenirs le perturbaient. Samantha baissa les yeux sur son père, regardant leurs mains jointes. Finalement, peut-être qu'elle pourrait obtenir la famille dont elle rêvait depuis toujours. Rattraper le temps perdu. L'hésitation de la fille du scientifique ne fut pas bien longue. Après quelques secondes, le silence qui planait dans la salle à manger fut brisé par une douce voix qui prononça qu'un seul mot.

- Si.

Le blond qu'elle côtoyait voulut s'objecter, mais un léger coup de coude de la part de Zack le fit immédiatement taire. De son côté, Rorie releva son visage et un immense sourire naquit. Laissant paraître sa dentition parfaite. Il lâcha les mains de la jeune femme pour poser ses mains sur ses épaules.

- Dès demain, le combat aura lieu. Je suis sûr que vous êtes capable de battre ce gardien. Reno et Tseng vous aideront.

Yuffie protesta alors fermement, qu'elle aussi, elle aiderait à ce combat périlleux. Rorie acquiesça les dires de sa nièce. Maintenant que Samantha avait accepté de participer au projet, Rorie redevint sérieux et un peu distant. Il se leva, s'excusant de son impolitesse et dit qu'il allait se coucher puisque l'heure devenait tardive.