Corps à corps

Depuis le bal des Villeneuve, Oscar faisait son possible pour assister aux soirées où le masque noir était susceptible de se manifester, elle allait y seule puisque André refusait de mener la chasse avec elle. Après plusieurs soirs sans manifestation du voleur, le masque noir fit enfin son apparition. Dès que l'alerte fut donnée, Oscar se précipita à la poursuite du malfrat. La course les mena dans les ruelles de Paris qui, à cette heure avancée, n'étaient habitées que par le silence et l'obscurité.

OSCAR: halte là !

LE MASQUE NOIR : à qui ai je l'honneur ?

Oscar reconnu immédiatement la voix de l'homme qu'elle avait rencontré dans les jardins du comte de Villeneuve

OSCAR: Colonel Oscar de jarjayes de la garde royale

Sur ces mots Oscar dégaina son épée et se mit en garde son adversaire

OSCAR: rendez vous où il vous en cuira !

LE MASQUE NOIR d'un air moqueur : vous croyez vraiment me faire peur avec vos beaux habits et votre titre ?

OSCAR: suffit, vous avez commis de nombreux méfaits ; rendez vous sans résistance et il ne vous serait fait aucun mal

LE MASQUE NOIR: aucun mal ? Par vous ou par la cour de nobles qui me jugera ?

Oscar fut interloquée par sa remarque : il semblait ne pas mettre en doute son honneur mais plutôt la justice du roi

LE MASQUE NOIR: si vous me voulez, vous devrez venir me chercher, voire me tuer.

Oscar n'avait plus le choix, elle devait le capturer par tous les moyens. Elle était habile à l'épée, plus que la plupart des hommes de la cour et ses entraînements quotidiens avec André la confortaient dans sa maîtrise. Sans plus attendre, elle lança son attaque sur le Masque noir. Celui ci la repoussa et contre attaqua de plus belle ; l'homme était loin d'être un amateur : il savait parer ses coups et riposter dans l'instant. Oscar sentait qu'il lui tenait tête, elle essaya plusieurs fois des attaques plus fines les unes que les autres sans succès, jusqu'au moment où l'une d'elles fit enfin mouche et toucha sans gravité le masque noir à l'abdomen.

LE MASQUE NOIR: votre réputation n'est pas usurpée : vous être plutôt habile avec une épée !

Le masque noir savait que plus le combat progressait et plus Oscar finirait par le toucher, la rage de vaincre du colonel était sa principale arme et son agilité était sans conteste meilleure que la sienne. Mais il connaissait son point faible : sa force. Certes Oscar était une fine lame mais c'était aussi un homme plus frêle que lui et sa force physique viendrait sans nul doute dépasser la sienne.

D'un mouvement brusque et rapide du corps, il saisit le bras d'Oscar qui, sous la puissance de l'agresseur, n'eut pas d'autre choix que de laisser choir son arme.

LE MASQUE NOIR: je crois que le combat touche à sa fin, cher colonel

Malgré la douleur dans la main, Oscar ne pouvait pas abandonner si facilement ; de sa main valide elle réussit à asséner un violent coup dans les côtes de son adversaire. A plusieurs reprises elle s'était battue en compagnie d'André dans des tavernes malfamées et même si elle n'avait pas la puissance de son ami, ils arrivaient toujours à s'en sortir sans trop de dégâts. Mais ce soir elle était seule face à cet homme, elle devait donner tout ce qu'elle pouvait pour défendre sa vie.

Le masque noir lâcha prise suite au coup du colonel qui était prêt à se battre jusqu'au bout. Il ne pensait pas en arriver jusque là mais il ne pouvait pas se permettre d'être capturé : il devait mettre Oscar hors jeu, du moins pour ce soir, pour avoir le temps de s'échapper.

La valse des coups commença, Oscar ne sentait plus son corps meurtri, plus elle recevait les coups et moins les siens semblaient efficaces. Finalement, à bout de souffle, elle s'effondra sur le sol, le goût du sang dans sa bouche, ses yeux se fermant pour un sommeil sans rêve.

Le masque noir ne put se résoudre au noble, le moindre passant profiterait de cette occasion pour se venger des oppresseurs. Il héla une calèche et demanda au cochet de reconduire le colonel Oscar à sa demeure.