Troubles

André, de retour au château de Jarjayes, s'allongea directement dans son lit. La soirée du masque noir avait été mouvementée. Depuis quelques mois, il sortait régulièrement en cachette des habitants du château pour jouer les voleurs afin de donner sa faible contribution à la lutte contre l'oppression des petits gens. Il ne pensait pas se faire tant d'admirateurs parmi les gens du peuple mais aussi tant d'ennemis au sein de la noblesse ; même son ami Oscar ne semblait pas partager ses actes. Il est vrai que personne n'était dans la confidence de l'identité du masque noir, ceci lui permettait de ne pas prendre le risque d'être dénoncé et de ne pas mettre en jeu la vie qu'un quelconque complice.

Pourtant ce soir, il avait vraiment cru que cette femme, sortie d'un rêve, l'avait reconnu lorsqu'il avait entendu son nom. Mais qui était elle ? Une telle beauté ne pouvait pas passer inaperçu à la cour de Versailles ; pour sa quiétude il devait retrouver cette femme ; son cœur la réclamait également. Il aimait sa beauté, son caractère fort mais surtout il voulait effacer cette tristesse qui envahissait son magnifique regard.

A quelques pas de là, Oscar avait ôté sa robe, rangé le collier dans son écrin et avait soigneusement placé sa dague près de son lit, comme à son habitude. Ses sentiments se bousculaient dans sa tête : d'un coté, André, l'homme pour lequel elle venait de s'autoriser d'éprouver autre chose que de l'amitié ; de l'autre le masque noir qui faisait front à la fois au colonel de la garde et à la femme derrière l'uniforme. Elle ne trouverait pas la paix tant qu'il n'était pas mis hors course. Tel serait son objectif.