Nuit tourmentée
Quelques heures s'étaient écoulées depuis la rencontre entre Oscar et le masque noir. La nuit était maintenant avancée et André jugea qu'il était temps de rentrer et d'aller se reposer. Il se remémorait cette soirée : Oscar … une femme, ses lèvres … un baiser, son corps contre le sien, « André » quand le masque noir l'avait embrassée dans les jardins. Pourquoi cette femme était-elle élevée comme un homme, comme un soldat ? Quels étaient les sentiments d'Oscar pour lui ? Oscar devait être une femme bouillonnante sous sa carapace de colonel froid et distant. Il voulait tant découvrir ce brasier ardent. Ce que le masque noir avait découvert par la ruse et la force, André voulait le découvrir par la femme elle-même. Sa vie avec « son compagnon d'armes » ne serait plus jamais la même.
Il pénétrait dans le château et prenait la direction de sa chambre, lorsqu'il remarqua Oscar installée devant la cheminée, un verre et une bouteille intacte à ces côtés.
ANDRE: Oscar ?
Mais elle ne répondait pas : elle était endormie. Sans doute était-elle descendue pour prendre un remontant et le temps passant, elle s'était endormie au coin du feu. Il ne pouvait pas aller se coucher en la laissant là : elle finirait par prendre froid. Il glissa délicatement un bras sous ses épaules, l'autre derrière ses genoux et la souleva doucement. Comme il s'y attendait, il porta Oscar sans difficulté, grimpa les escaliers et la déposa finalement sur son lit.
Il posa son regard sur le corps allongé de la jeune femme ; il n'avait pas réalisé à quel point elle était belle : ses cheveux si soyeux, son visage détendu qu'il semblait voir pour la première fois et … ses lèvres, comparables à un fruit trop mûr qui ne demandait qu'à être goûté. André avait déjà goûté à ce fruit défendu quelques heures avant, ce souvenir était comme gravé sur ses propres lèvres. Elles ne demandaient qu'à renouveler l'expérience.
André se pencha près d'Oscar, si près qu'il sentait le souffle de la jeune femme sur le bas de son visage ; il était hypnotisé par ces lèvres : il voulait encore savourer leur douceur. Il posa délicatement sa bouche sur les lèvres de la belle endormie et sentit une onde de chaleur traverser tout son corps. Il voulait que cet instant ne cesse jamais. Soudain il perçut un léger mouvement : alors qu'elle était toujours endormie, les lèvres d'oscar s'entrouvrirent pour lui offrir l'accès à sa bouche. André n'y tient plus : il laissa sa langue partir à la découverte de sa partenaire. Après ce qui lui parut une éternité, mais qui en réalité n'avait duré qu'un instant, il se retira à contre cœur de peur de réveiller son amie.
OSCAR: André…
Un immense sourire éclairait le visage d'André : Oscar avait à nouveau prononcé son prénom avec la même sensualité qu'elle l'avait fait après avoir embrassé le masque noir. Il n'avait plus aucun doute : Oscar était bien la femme qu'il recherchait et elle paraissait éprouver quelque chose à son égard. Il avait trouvé sa « perle rare ». Il remonta les couvertures sur elle et quitta en silence sa chambre. Cette nuit là André dormirait du plus beau sommeil.
Mais ce fut le contraire : il était près de trois heures du matin et André n'avait toujours pas réussi à fermé l'œil. Le sommeil avait fui au bénéfice de son imagination : il repensait au corps d'oscar contre le sien, à sa bouche consentante. Il devait immédiatement faire traire ces fantasmes où il ne répondrait plus de rien. Un bain ! Voilà qui le calmerait. D'un bond il sauta de son lit, nu comme un nouveau né, peu soucieux de la décence de sa tenue puisque la seule personne dans le château était profondément endormie à l'étage ; et prit la direction de la cuisine.
Apaisé par le bain, André se mit à penser à son sujet favori : Oscar. Il était quasiment sûr qu'elle était attiré par lui, peu soucieuse des convenances de naissance, mais aussi qu'elle ne le lui révèlerait jamais puisqu'elle était censé être un homme, sans sentiment ! Soit, il allait lui montrer ce qu'était un homme ; désormais ce ne serait plus le valet son compagnon d'armes mais bien un homme ! Il la forcerait à se dévoiler et à dévoiler ses sentiments.
Oscar émergeait progressivement de son sommeil, gênée par des bruits étranges. Des voleurs ? Elle alluma une bougie et sortit précipitamment de sa chambre. Les bruits venaient des cuisines, elle descendit les escaliers quatre à quatre en jetant à œil à la grande pendule : quatre heures moins le quart. Aucune chance que ce soit les domestiques et si jamais André était rentré, il devait dormir comme une souche depuis bien longtemps.
Elle posa sa bougie, se saisit d'une des lances exposées et fonça dans la cuisine. Elle aperçut un géant se saisir d'un objet pour le lui lancer : elle lâcha la lance et se protégea la tête de ses mains. André quant à lui était en train de soulever un sceau d'eau, quand un inconnu pénétra dans la pièce, arme à la main ; la seule parade qu'il trouva fut de lui lancer le sceau dessus.
Après un instant de silence, André se rua sur l'intrus dans l'obscurité : l'unique bougie avait succombé en même temps que son agresseur. Il l'écrasa de tout son poids et immobilisa ses bras qui tentaient de le frapper.
ANDRE menaçant : fais encore un geste et je te tue !
Oscar ne pouvait plus bouger et encore moins peine respirer : l'homme sur elle semblait peser une tonne et après la douche forcée elle commençait à grelotter. Elle n'était pas en état de faire face à son agresseur et sa menace lui paraissait sérieuse ; mieux valait obtempérer, du moins pour l'instant.
André empêchait l'homme de bouger mais il ne pouvait pas rester ainsi toute la nuit : il était mouillé, commençait à avoir froid et surtout il n'était habillé que d'un malheureux bout de tissus qui avant sa chute encerclait sa taille. Avant de se relever, il devait s'assurer que son agresseur n'avait plus d'arme : un poignard était facilement dissimulable.
Il maintint les bras de son prisonnier d'une main, posa l'autre sous la chemise et la fit remonter vers le haut du corps, explorant chaque parcelle à la recherche d'une arme éventuelle. Sa main était rude sur cette peau imberbe et douce, puis elle s'arrêta soudain. André, toujours la main sur ce corps, se redressa légèrement. Il entendit le voleur retenir sa respiration : sa main était posée sur un sein ! Il imaginait aisément quelles pensées pouvaient traverser la tête de sa propriétaire. Pauvre Oscar, que d'émotion en une nuit ! Mais au lieu de relâcher ce sein, André se mit à le caresser lentement, le téton durci semblait répondre à ses appels.
OSCAR désespérée: au secours André !
André se figea: Oscar était secouée de spasmes, son corps tremblait de froid et elle avait hurlé son nom dans un cri déchirant. Elle avait peur ! Soudain il réalisa la situation : elle se trouvait écrasée par ce qu'elle croyait être un inconnu, et cet homme lui tripotait son corps de femme. Il ne mit pas longtemps à deviner la raison de sa peur. Il se souleva et lui murmura des paroles rassurantes.
ANDRE: calme toi Oscar. C'est moi, André. Je ne te ferais aucun mal
André sentit le corps sous le sien s'apaisait peu à peu, puis il entendit un souffle saccadé : Oscar pleurait ! Ne supportant plus cette situation, il s'assit sur le sol et ramena le corps transi contre le sien.
ANDRE: aller, calme toi. Tu sais que tu n'as à craindre avec moi.
Il devait agir rapidement : Oscar grelottait de plus en plus et finirait par tomber malade s'il ne faisait rien. Il n'avait pas le choix ! Dans la pénombre, il lui ôta son gilet et commença à lui remonter sa chemise, dégagea un bras puis l'autre et glissa enfin le plus doucement possible sa tête à travers l'encolure, prenant garde à sa longue chevelure. Oscar le laissait faire, elle ne lui offrait aucune résistance ; au contraire, elle se blottissait encore plus profondément contre sa poitrine. André eut un sourire tendre : il l'aimait, il n'y avait qu'elle qui comptait à présent. Il entreprit de lui dégager son pantalon. Tout d'abord, il lui enleva ses bottes. Il posa ensuite timidement sa main sur sa hanche et poussa lentement le tissu sur les formes arrondies de la jeune femme. Il fit passer une jambe puis l'autre à l'extérieur du tissus. André ne discernait que la silhouette d'Oscar dans une telle obscurité, mais son esprit imaginait les formes féminines que ses mains avaient partiellement empruntées. Oscar et André étaient à présent blottis d'un contre l'autre, leurs corps ne semblaient faire qu'un.
L'homme saisit sa partenaire dans ses bras et la porta dans sa propre chambre : il ne voulait pas la laisser seule après tous les évènements de la nuit. Ils étaient seuls au château jusqu'au matin et personne ne viendrait les surprendre. Il déposa Oscar sur son lit puis chercha dans un tiroir une chemise pour la couvrir : elle avait froid et il ne pouvait décemment pas la laisser nue. Il prit le temps d'enfiler un pantalon et s'approcha d'elle pour la vêtir : il lui passa la chemise, qui finalement la recouvrait jusqu'aux genoux. André repensa à la fragilité de son amie ; elle semblait si menue dans sa chemise, comment pouvait elle prétendre vaincre un homme comme le masque noir ? Il se glissa près de sa bien aimée et rabattit les draps sur eux ; quelques instants après Oscar venait se lover au creux de son épaule. Le sommeil eut finalement raison du couple enlacé.
