Chapitre 12 : Plaisirs
Le matin commençait à percer à travers les rideaux lorsque la « belle au bois dormant » émergea de sa nuit de délices. Oscar ouvrit les yeux pour découvrir avec stupeur sa solitude : André n'était plus dans sa chambre ! Elle caressa l'oreiller sur lequel l'empreinte de son amant était encore figée, chaude. Il avait du se lever quelques minutes seulement avant son réveil.
André remontait tranquillement les escaliers en direction de sa chambre, un plateau de petit déjeuner pour sa dulcinée : après cette nuit inoubliable, elle devait être affamée. Il avait fait de son mieux pour trouver quelques douceurs pour son estomac et avait prélevé quelques fleurettes dans le parterre de roses devant la maison. Il voulait que ce séjour reste à jamais gravé dans le cœur de sa femme.
Entendant du bruit devant la chambre, Oscar se leva d'un bond pour ouvrir la porte. Et là quelle surprise de voir apparaître André, chargé d'un plateau regorgeant de nourritures, plus appétissantes les unes que les autres.
ANDRE : mais Oscar tu es folle de m'ouvrir dans cette tenue ?
OSCAR : comment ça ?
ANDRE : tu es toute nue !
OSCAR : et alors, tu as eu l'occasion de me voir cette nuit !
ANDRE : moi oui, mais si quelqu'un entrait ?
Oscar restait ahurie ! La veille André se baignait nu aux yeux de tous dans le lac et il lui faisait des remarques sur sa nudité alors qu'elle était dans sa chambre, dans sa maison, dans sa propriété ?
OSCAR : parce que tu as invité quelqu'un ?
ANDRE : euh non.
André se sentit stupide. Oscar lui avait caché son corps de femme pendant des années et maintenant qu'elle le lui montrait sans pudeur, il s'en plaignait presque. En fait, il réalisa l'intimité que le secret d'Oscar lui apportait : il était devenu son ami absolu ; il savait à présent presque tout d'elle et il voulait conserver ce secret que lui seul avait l'opportunité de connaître. Ce secret était son trésor : trésor qu'il ne partagerait avec personne… personne.
ANDRE : je t'ai apporté de quoi nous rassasier, mon amour
OSCAR : mais tu as dévalisé le garde manger, il y en a pour tout un régiment
ANDRE le regard pétillant de malice : je pensais que tu aurais faim et qu'il te fallait reprendre des forces !
Il ne fallut pas longtemps à Oscar pour comprendre le sous-entendu. A peine eut elle fini de manger que son amant reparti à l'assaut de son corps. Finalement, le petit déjeuner se prolongea en déjeuner, avec quelques pauses audacieuses.
Les quelques jours à Arras s'écoulèrent de la même manière, André et Oscar partageaient essentiellement leur temps entre leurs ébats et leurs promenades. C'est au cours de la dernière journée à Arras qu'André questionna Oscar sur son passé. Il voulait connaître cette partie de la vie d'Oscar avant de rentrer à Jarjayes. Ils prirent tous les deux places sous un arbre, près du lac ; puis André laissa Oscar narrer son enfance.
OSCAR : Tu sais maintenant que mon père n'a eu que des filles, malheureusement son orgueil l'a poussé à désirer un fils à tout prix : pour perpétuer le nom des Jarjayes. Etant la dernière née, et donc sans doute le dernier espoir d'une descendance masculine, mon père a mis son plan contre nature en marche. Je naissais fille mais je devenais son fils, son héritier. C'est pour cela que j'ai été élevée près de toi et loin de mes sœurs : je devenais devenir un homme, alors j'ai suivi ce destin faussé et je suis devenu un homme aux yeux de tous… même aux tiens.
André vit alors des larmes couler sur les joues d'Oscar ; il se rapprocha de la femme qu'il aimait tant et blottit son corps près du sien. Ils restèrent longtemps ainsi. André comprenait maintenant l'ombre qui persistait furtivement dans le regard de la jeune femme. Jamais elle n'avait été libre. Jamais … jusqu'à ces derniers jours. Oscar s'était dévoilée à lui comme elle ne l'avait jamais fait devant quiconque, même sa propre famille et lui, André Grandier, simple roturier, avait fait d'elle une femme, sa femme.
ANDRE : je suis là maintenant et nous sommes liés à jamais … ma femme.
