Chapitre 13 : Retour

Les deux amants arrivèrent enfin au château de Jarjayes après leur séjour romantique à Arras. Ils avaient fait halte dans une auberge en chemin pour s'y reposer et profiter des quelques heures d'intimité qui leur restaient. Oscar et André avaient convenu de ne rien dévoiler de leur relation à quiconque et de ne rien faire pour être suspectés. L'abstinence devait être de rigueur : il en était de l'honneur d'Oscar et de la vie d'André. Ils auraient bien l'occasion de se retrouver les quelques fois où la demeure serait désertée par la famille et les domestiques. Ils avaient bien profité du séjour à Arras pour « faire connaissance » et ils sauraient patienter pour mieux se redécouvrir.

Les deux cavaliers furent accueillis au château dès leur arrivée par grand mère qui les embrassa copieusement : ses petits enfants lui avaient manqué.

OSCAR et ANDRE : bonjour grand mère

GM : bonjour les enfants ; comment c'est passé votre séjour à Arras

OSCAR : très bien grand mère

GM : j'espère que tu as pu te reposer Oscar, et que cet idiot d'André ne t'a pas trop taquiné ?

Se reposer ? Taquiné ? pensa Oscar. Non. Il avait fait beaucoup plus. Rien que la décence ne lui permettait d'avouer. André lui avait fait découvrir l'amour, c'est vrai, mais surtout il lui avait fait découvrir son corps, son corps de femme. Il avait été un excellent professeur, patient et aimant. Oscar tenta de garder son calme devant grand mère ; elle devait cacher son trouble où la vieille femme ne tarderait pas à suspecter quelque « bêtise » de ses petits enfants.

OSCAR : non, grande mère, André a été adorable, il s'est bien occupé de moi.

André avait noté le double sens des mots d'Oscar : il savait qu'elle ne les avait pas choisis au hasard. Depuis leurs nuits à Arras, elle avait un comportement ambigu. Certes depuis leur départ de la maison, elle était redevenue l'homme, ses vêtements étaient ceux qu'ils avaient toujours été, et son attitude était celle du colonel de la garde. Mais quelque chose avait changé à son encontre : elle lui adressait par moment des regards, des sourires et des paroles tendres, qui furtivement dévoilaient tout l'amour qu'elle éprouvait pour lui. Oscar était redevenue le colonel aux yeux de tous mais elle était restée Sa Femme à ses yeux.

GM : ah tant mieux, c'est vrai que vous avez le visage réjoui, un peu fatigué mais réjoui. Je pense que la route a été longue ; cela explique vos traits tirés.

OSCAR dubitative : sans doute

GM : André, monte les affaires d'Oscar dans sa chambre, veux-tu ?

ANDRE : bien sur grand mère

André saisit les quelques bagages et suivit Oscar jusque dans sa chambre. Une fois à l'intérieur, la porte fermée ; il posa prestement les sacoches et saisit la jeune femme par la taille pour l'embrasser. Oscar profita de l'occasion pour lui rendre son baiser, puis le repoussa tendrement.

OSCAR : non André… c'est trop risqué. Les domestiques sont là et grand mère peut entrer à tout moment.

ANDRE : je raconterai que tu t'es évanouie de fatigue et que je t'ai rattrapée.

OSCAR le sourire moqueur : et tu crois vraiment que grand mère croira cette fable

ANDRE en s'approchant encore plus d'elle : tu sais je peux être convainquant quand il le faut

OSCAR le regard baissé sur le bassin de son partenaire: je le sais, mon amour, mais il y a des signes qui ne mentent pas.

En effet, le désir d'André pour Oscar, l'envahissait dangereusement. S'il restait dans cette chambre, en compagnie de cette beauté ; il finirait par se croire encore à Arras et leurs ébats alerteraient tout le château. Que cette abstinence allait être pesante ! Par amour pour Oscar, il saurait se tenir tranquille… jusqu'à une occasion plus « propice ».

ANDRE : tu as gagné, je me montrerai patient

OSCAR tendrement : et tu en seras récompensé

ANDRE : tu es cruelle avec moi

OSCAR : non, je suis simplement amoureuse, et je ne veux te perdre à aucun prix. Descends, je te rejoins dans quelques minutes.

Elle le raccompagna à sa porte sans omettre de lui glisser un baiser sur ses lèvres.

OSCAR : à tout à l'heure.

André inspira un bon coup, histoire de calmer ses ardeurs, et sortit en direction de sa chambre.