Chapitre 18 : Rapport
Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque l'homme se réveilla. « Mon dieu, il doit être tard » pensa-t-il. Il se leva promptement, se prépara et alla vite rejoindre grand mère à la cuisine.
GRAND MERE : ah te voilà chéri
ANDRE : bonjour grand mère ; pourquoi ne m'as tu pas réveillé en voyant que je n'étais toujours pas levé
GRAND MERE : ce sont les consignes d'Oscar
ANDRE : ses consignes ?
GRAND MERE : oui, il m'a demandé de te laisser dormir ; apparemment il t'a confié une mission hier soir, qui s'est finie tard
ANDRE : oui c'est vrai
André était étonné que grand mère parle toujours d'Oscar au masculin mais il était vrai qu'à ses yeux son petit fils ignorait sa féminité. Il devait de son côté faire aussi attention qu'elle : l'intimité qu'il avait maintenant avec la jeune femme ne devait pas changer ses habitudes en présence d'une tiers personne : il devait continuer à la masculiniser. Oscar mettrait peut être grand mère au courant… un jour.
ANDRE : sais tu où est Oscar ?
GRAND MERE : il est en train de déjeuner ; je crois d'ailleurs qu'il t'attend.
ANDRE : très bien, j'y vais alors
GRAND MERE : tiens prends ce plateau si tu veux bien ;
ANDRE : bien sur, grand mère
GRAND MERE : merci, mon petit.
André apporta le plateau à Oscar qui l'accueillit le sourire aux lèvres.
OSCAR : bonjour André
ANDRE : bonjour Oscar, merci de m'avoir laissé dormir plus longtemps ce matin
OSCAR : c'était la moindre des choses, tu es rentré bien tard hier soir. J'espère que tout c'est bien passé.
ANDRE s'asseyant près de la jeune femme : à peu près.
« Mise à part le souvenir que tu m'as laissé aux côtes, je vais bien » pensa-t-il.
OSCAR : as tu pu découvrir quelque renseignement sur les voleurs.
ANDRE : oui, il semble qu'ils soient trois, peut être quatre. On m'a mis en garde sur eux : ce ne sont pas des enfants de cœur d'après ce que j'ai entendu dire.
OSCAR : justement, ils faut les arrêter au plus vite.
ANDRE : as tu entendu parler d'un type qui se fait appeler « l'Archange de la Terreur » ?
OSCAR : « l'Archange de la Terreur » ? Non. Pourquoi
ANDRE : pour rien. Revenons à nos bandits : que comptes tu faire ?
OSCAR : continuer à arpenter les bals où ils sont susceptibles d'agir. Je sens que le colonel de la garde va devenir très mondain ces prochains jours !
ANDRE voyant grand mère les rejoindre, un clin d'œil à Oscar : soit prudent : ces dames de la cour vont finir par croire que tu cherches à compter fleurette à l'une d'elles ! Ha ; Ha !
GRAND MERE : comment Oscar ? Tu retournes encore au bal ?
OSCAR : oui grand mère, nous devons absolument arrêter ses malfrats avant qu'ils ne fassent de victimes.
GRAND MERE : je comprends mon petit, mais je serais plus rassurée si André t'accompagnait ; n'est ce pas André ?
ANDRE : euh, oui … sans doute
GRAND MERE : bon c'est décidé : ce soir tu accompagneras Oscar
ANDRE : mais je ne peux pas ! Oscar m'a déjà confié une mission
Mais grand mère prenait déjà la direction de la cuisine sans attendre ses explications.
ANDRE : mais depuis quand c'est grand mère qui décide ?
OSCAR avec un sourire : depuis toujours ; enfin c'est ce qu'elle a toujours cru. N'est ce pas André ?
ANDRE : c'est vrai qu'on a plusieurs fois « contourné » les ordres de grand mère…
OSCAR : … et on s'est fait punir plus d'une fois !
ANDRE à nouveau sérieux : que décides tu finalement ?
OSCAR : disons que ce soir tu m'accompagnes mais demain on reprend nos recherches séparément. Cela te convient ?
ANDRE : parfaitement !
ANDRE en se levant pour faire la révérence à la jeune femme : M'accorderez vous cette danse mademoiselle ?
OSCAR gênée : Arrête de jouer André ! Tu sais très bien qu'on n'y va pas pour s'y amuser
ANDRE feignant d'essuyer une larme : hélas je le sais… mais qui sait peut être qu'un jour….
Le petit déjeuner touchait à sa fin quand André décida d'aborder le sujet du masque noir. Depuis son arrivée, Oscar avait écouté avec attention les informations qu'il avait recueillies la veille au soir mais s'était totalement tue sur sa propre soirée. Voulait elle volontairement lui cacher sa rencontrer avec le voleur ? Il ne saurait le dire.
ANDRE : je t'ai rapportée les informations de ma soirée mais comment s'est passée la tienne ?
Oscar s'arrêta de manger et regarda André.
ANDRE : tu devais bien aller au bal du comte de Méracle, n'est ce pas ?
OSCAR : c'est exact
ANDRE : et ?
OSCAR ennuyée : si tu veux tout savoir, j'ai rencontré le masque noir… et il s'est échappé !
ANDRE : échappé ?
OSCAR songeuse : oui échappé…
André fixait Oscar. Qu'avait elle ? Elle semblait perdue dans ses pensées. Il savait que cela lui avait coûté de lui révéler qu'elle avait laissé le masque noir s'enfuir mais elle paraissait étrangement calme. La jeune femme qu'il connaissait était une battante : ne lui avait elle pas dit qu'elle capturerait le masque noir à tout prix ; cet homme qui lui avait fait tant de fois face sans qu'elle ne puisse pendre le dessus. Cet homme qui avait deviné son plus profond secret. Cet homme qui l'avait aimé au premier regard.
Pour la première fois, André fut incapable d'interpréter le visage de la jeune femme : tristesse, mélancolie, amour ? Non ! Il était certain qu'Oscar l'aimait du plus profond de son être. Alors quoi ? S'était elle mise à éprouver des sentiments pour ce voleur ? C'était absurde. Elle ne pouvait pas aimer deux personnages si différents ; en fait deux faces d'une seule et même personne : LUI ! Il se moqua de sa propre stupidité : il devenait jaloux du masque noir.
OSCAR : André ?
ANDRE : oui Oscar ?
OSCAR : alors c'est d'accord, tu viendras avec moi ce soir ?
ANDRE : bien sur
André laissa ce trouble disparaître dans les tréfonds de son esprit et finit son repas en silence.
