Chapitre 21 : Clair de lune
Oscar ne rentra de Versailles qu'au moment de souper. Comme la plupart du temps elle dînait en tête à tête avec André, ses parents étant souvent retenus à l'extérieur par leurs différentes obligations. Ces moments étaient privilégiés pour le couple : la majorité des domestiques avaient fini leur service et seule grand mère restait dans les parages.
André avait raconté à Oscar le vilain tour qu'il avait joué à grand mère dans l'après midi. Il était à présent convenu entre les trois protagonistes de ne plus utiliser le masculin en l'absence de tout autre personne. Depuis cette révélation, André se sentait plus détendu en présence de la jeune femme au sein du château : plus besoin de surveiller constamment ses dires dès qu'une personne approchait. Il fallait dire également que grand mère était la principale « domestique » qu'ils croisaient régulièrement dans la journée au château.
A : que voulait sa majesté ?
OSCAR : elle voulait savoir nous où en étions de nos recherches sur la bande de malfrats qui sévit actuellement
A : que lui as-tu dit ?
OSCAR : que nous progressions et que nous finirions par les arrêter tôt ou tard
A : à ce sujet j'ai pu récolter certaines informations ces derniers jours
OSCAR : lesquels ?
A : connais tu un certain Monsieur de Fontange ?
OSCAR : Monsieur de Fontange, dis tu ?
A : oui
OSCAR : je crois que c'est une connaissance du Marquis de Bouillé, responsable des armées de sa majesté et un ami de mon père.
A : un ami de ton père ? Du général ?
OSCAR : oui pourquoi ?
A : en fait j'ai appris que les hommes que l'on poursuit vont attaquer la demeure de Monsieur de Fontange dans quatre jours
OSCAR : es tu certain
ANDRE : oui, du moins c'est ce que j'ai entendu dire
OSCAR : ce sont des fous, il est déjà difficile pour un noble de s'y rendre, alors l'attaquer…
ANDRE : je le sais mais cela semble être un plan réfléchi de longue date.
OSCAR : très bien dans ce cas, nous nous y rendrons
ANDRE : mais tu oublies que ne sont acceptés que les nobles appartenant au cercle fermé de Monsieur de Fontange, ou un de leur invité ; et qu'aucun non-noble ne peut espérer entrer dans la demeure.
OSCAR : je sais bien tout cela ; j'irais en parler à Père dès demain, voir si une de ses relations peut m'en donner l'accès.
ANDRE : et moi dans l'affaire ?
OSCAR : je ne sais pas encore… tu assureras mes arrières.
ANDRE tendrement : tu sais que tu peux toujours compter sur moi
OSCAR : je le sais mon amour ; d'ailleurs…
ANDRE intrigué : oui ?
OSCAR sensuellement : cela fait un certain temps que nous n'avons pas passé une soirée ensemble
ANDRE comprenant l'allusion : trop longtemps
OSCAR : mais grand mère est encore là
ANDRE : tu crois qu'elle nous suivrait dehors ?
OSCAR : dehors ? Mais il fait presque nuit !
ANDRE : peut être, mais je pense que la lune est presque pleine et le ciel est clair…
OSCAR : … donc seuls les anges nous verront…
André s'était levé pour prendre Oscar par la main et prit un plaid qui reposait sur un fauteuil en passant. Ils se dirigèrent alors hors de la demeure.
ANDRE : et si on allait se balader?
OSCAR : à cette heure ci ?
ANDRE enjôleur: pourquoi pas et puis …
OSCAR : tu n'y penses pas ! On pourrait nous voir !
ANDRE : qui ça ? Le crocodile qui hante la propriété ?
OSCAR en l'embrassant : idiot !
Elle serra son amant contre son corps. André n'hésita pas un instant avant de glisser ses mains sous la chemise de la jeune femme. Il en plaça une dans le creux des reins de son amante tandis que la seconde venait lui caressait son sein.
ANDRE dans un murmure : on devrait s'abriter un peu…
Ils pénétrèrent sous les arbres. La soirée était chaude. André recouvrit le sol du plaid qu'il avait emporté et entraîna Oscar sur sa couche. Elle ne disait pas un mot ; elle ne faisait que fixer ce regard émeraude qui étincelait de désir à la fine clarté de la lune. André était sa raison de vivre, sa raison d'être femme. Il avait été le seul à découvrir cette femme cachée derrière l'uniforme, et à l'aimer. Aimer. Ce mot paraissait si doux à ses oreilles. Aimer. Un mot dont elle n'apprit le sens qu'avec son amant. Aimer. Un sentiment qui lui avait toujours été interdit par cette décision de la travestir en homme. Jamais elle n'avait pensé autant aimer. Jamais elle n'en aimerait un autre.
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André regardait la jeune femme qui la fixait, immobile. Elle semblait plongée dans un songe. Y avait il sa place ? « Oscar ? » osa-t-il finalement murmurer. En entendant son nom, elle se libéra de la contemplation du jeune homme. Il semblait presque inquiet de son mutisme. Alors le sourire aux lèvres, les yeux malicieux, elle commença à dévêtir son amant, tendrement, caressant chaque muscle un à un. André frissonna sous ces mains douces et expertes. Cela faisait si longtemps. Il en avait presque oublié son parfum, l'intensité du feu qui montait en lui à chaque fois que ce corps de femme se pressait contre lui.
Mais cette fois-ci, Oscar voulait prendre les choses en mains. Elle voulait apporter à cet homme qu'elle aimait tant, tout le plaisir qu'il avait su lui offrir. Elle lui ôta sa chemise et glissa une de ses mains sous l'avant de son pantalon. Une lueur coquine brilla quand elle découvrit que le corps d'André était déjà tendu de désir.
OSCAR aguicheuse : t'ai je manqué ? Au moins un petit peu ?
ANDRE : juste un peu
OSCAR : juste un peu, tu es sûr ?
ANDRE : tu sais, je sais me tenir tranquille
OSCAR en commençant à le caresser : vraiment ?
ANDRE tentant de faire abstraction de ces terribles câlineries : tu me prends pour un obsédé ?
OSCAR : non… juste un gourmand
ANDRE : qui est le plus gourmand des deux.
OSCAR : oh mais toi sans aucun doute.
Sur ces mots, la jeune femme se glissa sur André et l'allongea sous elle. Elle continuait à le caresser tout en embrassant son torse, en réponse le corps de son amant frémissait de plaisir. De peur de ne plus lui résister, André coulait ses mains dans la chevelure blonde dispersée sur sa poitrine pour rapprocher le visage d'Oscar du sien. La jeune femme lia sa bouche à ces lèvres tendues pour atteindre la langue complice. Le désir se faisait de plus en plus brûlant pour les deux partenaires. Ils s'écartèrent brièvement l'un de l'autre pour s'ôter mutuellement leurs vêtements, puis reprirent les ébats où ils avaient été suspendus. Oscar prit place sur son amant qui la guida jusqu'au cœur de sa virilité. Leurs corps s'unirent peu après dans une commune extase, laissant les amants épuisés de bonheur.
