Chapitre 22 : « Rien ne va plus… »
Dans le bureau du général de Jarjayes, Oscar, accompagné d'André, expliquait à son père la mission que lui avait confié le roi.
OSCAR : ainsi vous savez tout, Père
GENERAL DE JARJAYES : je voie, mon fils. Ainsi vous souhaiteriez que j'intervienne auprès de mes relations pour vous introduire dans la demeure de Monsieur de Fontange.
OSCAR : oui, Père
GENERAL DE JARJAYES : très bien, je ferai mon possible pour répondre à votre requête.
OSCAR : merci, Père.
GENERAL DE JARJAYES : et vous André ? Comment allez vous seconder mon fils ? Il vous sera impossible de rentrer dans la maison de Monsieur de Fontange.
ANDRE : je le sais, Monsieur…
OSCAR : nous en avons déjà discuté, Père, André assurera mes arrières à l'extérieur de la demeure.
GENERAL DE JARJAYES : très bien, je vais voir ce que je peux faire pour vous. Rendez moi fier de vous, mon fils.
OSCAR : je ferai mon possible, Père.
Oscar et André prirent alors congé du général pour mettre en place les détails de leur future intervention chez Monsieur de Fontange.
ANDRE : dis moi Oscar
OSCAR : oui ?
ANDRE : sais tu jouer aux cartes ?
OSCAR : pourquoi veux tu que je sache jouer aux cartes ?
ANDRE : il ne t'est pas venu à l'idée que si tu vas chez Monsieur de Fontange, tu devras faire croire aux autres nobles que tu vas y jouer de l'argent !
OSCAR : je n'y avais pas songé. En fait maintenant que tu en parles…
ANDRE ambigu : bon je vois, je vais encore devoir me dévouer
OSCAR : tu sais jouer à ces jeux ?
ANDRE : pour qui tu me prends ? Il faut sortir un peu, ma chère.
OSCAR : dans ce cas, ce soir, ce sera partie de cartes.
ANDRE : à vos ordres colonel !
La journée passa et les deux jeunes gens avaient convenu de commencer les leçons après dîner, dans le salon attenant à la chambre d'Oscar.
OSCAR : grand mère ?
GRAND MERE : oui ma chérie ?
OSCAR : sais tu si Père et Mère sont de retour ?
GRAND MERE : non, j'ai été prévenue qu'ils seraient retenus une partie de la soirée ; sans doute rentreront-ils tard.
OSCAR : très bien. Tu n'auras qu'à finir de débarrasser et aller te reposer, tu sembles fatiguée.
GRAND MERE : mais ton chocolat ?
OSCAR : ne t'inquiètes pas je vais demander à André de me le monter, d'ailleurs nous avons des questions à régler.
GRAND MERE : si tard ?
OSCAR : oui grand mère, il ne nous reste que quelques jours avant d'agir, nous devons faire vite.
GRAND MERE : comme tu veux mon enfant, bonne nuit
OSCAR en l'embrassant tendrement : bonne nuit grand mère
André rejoignit Oscar dans sa chambre quelques minutes plus tard. Elle l'attendait devant sa table assise face à la chaise qui lui était destinée.
ANDRE : je vois que tu t'es déjà installée
OSCAR : oui, je t'attendais
ANDRE en prenant place face à elle : bien, voilà un des jeux d'argent les plus prisés : le poke.
OSCAR : le poke ?
ANDRE : oui c'est un jeu de carte, en fait tu as 20 cartes à jouer composé de quatre couleurs et de cinq figures.
OSCAR : d'accord : couleurs et figures
ANDRE : les couleurs sont pique, trèfle, carreau et cœur ; les figures sont as, roi, dame, valet et dix. Tu me suis ?
OSCAR : ça va
ANDRE : bon on te donne cinq cartes au départ mais on te propose d'en échanger contre d'autres si tu le souhaites ; ensuite chacun met de l'argent et en rajoute s'il veut suivre la partie.
OSCAR : et comment sait on qu'on a gagné ?
ANDRE : globalement il faut que tu aies le maximum de cartes de même figure. On essaie ?
OSCAR : Je suis prête
Les deux complices enchaînaient les parties les unes après les autres ; André essayant de donner quelques subtilités du jeu à Oscar afin qu'elle apprenne plus vite. Après une heure de ce traitement, André en vint à une évidence : Oscar était loin d'être douée pour les jeux de cartes. Il était sans cesse en train de lui répéter les combinaisons, les mises… De son côté la jeune femme se demandait l'intérêt que pouvaient avoir les nobles avec ces jeux de cartes ; c'était incompréhensible.
ANDRE dépité : Oscar, tu m'écoutes ?
OSCAR excédée : bien sûr, je t'écoute
ANDRE : fais tu exprès de perdre ?
OSCAR frôlant l'abandon : mais non, mais je ne sais plus ce qui est le plus fort : quatre cartes identiques ou trois et deux cartes identiques ?
ANDRE désappointé : ne pourrais tu pas montrer un peu plus de motivation. Tu es censée vouloir gagner de l'argent !
OSCAR : des boutons !
ANDRE : comment ?
OSCAR : tu me demandes d'être motivée pour gagner des boutons, boutons que je devrais de toute façon rendre à grand mère que je gagne ou que je perde
ANDRE : c'est ton seul problème ? La motivation ?
OSCAR : tu sais jouer pour des boutons n'a rien de très excitant !
André réfléchit un instant. Tels qu'ils étaient partis, Oscar ne pourrait jamais donner le change en tant que joueur : elle était beaucoup trop mauvaise, d'ailleurs comment faisait elle, mystère ? Elle voulait une motivation, quelque chose d'excitant ? Soit : à la guerre comme à la guerre !
ANDRE : très bien. J'ai pris en compte ta requête.
OSCAR : vraiment ?
ANDRE : un instant
André se leva, Oscar le suivait des yeux. Qu'allait il faire ? Il alla fermer la porte de la chambre à clef et revint s'asseoir à la table de jeu.
ANDRE malicieux : les règles ont changées !
OSCAR : comment ça ?
ANDRE : chaque partie gagnée donnera lieu à un privilège au vainqueur
OSCAR : quel genre de privilège ?
ANDRE tout sourire : le perdant devra ôter un de ses habits
OSCAR mi-outrée : mais à ce rythme je vais finir nue en moins de temps qu'il ne faut pour le dire !
ANDRE : peut être, mais si tu gagnes une partie… c'est un de mes vêtements qui tombe…
Tout d'un coup, le jeu de poke avait un regain d'intérêt pour la jeune femme.
ANDRE : es tu d'accord
OSCAR : et comment !
Les parties qui suivirent furent au bénéfice d'André qui « gagna » les deux bottes d'Oscar et son gilet ; puis au fur et à mesure qu'elle maîtrisait mieux le jeu, elle obtint également les bottes de son adversaire. Après quelques mains : Oscar ne portait plus qu'une chemise tandis qu'André se retrouvait nu comme un vers, dépossédé de tous ses vêtements.
ANDRE : bon je crois qu'on va s'arrêter là. Tu vois quand tu veux, tu apprends très vite
OSCAR : tout est une question de motivation.
ANDRE en se rapprochant de la jeune femme : veux tu que je reste ?
