Chapitre 25 : Faveurs
GRAND MERE : J'ai failli tuer André !
Oscar, en vêtement de nuit, regardait le tableau qu'elle avait eu sous les yeux quelques secondes auparavant : sa nourrice rouge cramoisie, une poêle à la main et son amant qui paraissait nerveux d'avoir échappé de justesse à une sentence divine. Que se passait il donc ? Grand mère aurait elle découvert leur liaison secrète et par la même occasion, voulut donner une leçon « inoubliable » à son petit fils ? Puis en entendant « voleur » prononcé par la vieille femme, elle pensa immédiatement au masque noir.
OSCAR : le masque noir est ici ?
GRAND MERE : non ! non ! Chérie. Ce n'était qu'André !
OSCAR en se tournant vers l'intéressé : André ?
ANDRE se sentant suspecté : j'avoue ! Je suis venu dans la cuisine pour voler une part de tarte de grand mère
OSCAR plaisantant sur le ridicule de la situation : je suis soulagée que ce soit une fausse alerte, je me voyais mal combattre le masque noir dans cette tenue… et armée d'une poêle
GRAND MERE : et dire que j'ai pris André pour le masque noir ! ah ! ah !
Les trois comparses se mirent à rire de bon cœur, mais l'un d'eux moins sereinement que les autres. André n'osait rien dire : il observait la réaction d'Oscar qui croisa son regard sans sourciller.
ANDRE pour mettre fin à cette tension : je vous avais dit que le masque noir rendait grand mère paranoïaque ! Aller, au lit mesdames ; et arrêtez de penser à ce type, il n'en vaut pas la peine.
Il fit une bise aux deux femmes et les reconduisit hors de la cuisine. Il l'avait échappé belle !
Grand mère repartait déjà vers sa chambre tandis qu'Oscar se tenait toujours près de lui.
OSCAR : André ?
ANDRE inquiet : oui mon ange ?
OSCAR espiègle : tu pourrais venir dans ma chambre pour vérifier que le masque noir n'y est pas ?
ANDRE répondant à son excuse grossière : bien sûr… mais tes parents sont au château
OSCAR tout contre lui : il te suffira de te lever tôt.
Finalement, André passa la fin de la nuit en compagnie de la jeune femme. Elle avait raison : le masque noir était bien dans sa chambre !
Comme convenu, André sortit de la chambre d'Oscar tôt le lendemain afin que personne ne s'aperçoive de leur liaison. Il refermait la porte quand il entendit des pas derrière lui.
MADAME DE JARJAYES : bonjour André
ANDRE surpris : bonjour Madame
La mère d'Oscar se tenait devant lui, vêtue d'une robe de chambre. Elle avait un sourire tendre, André la trouvait belle malgré les quelques rides qui se dessinaient sur son visage, la même beauté que la femme qu'il aimait.
MADAME DE JARJAYES : vous semblez bien matinal, André
La raison de la présence dans la chambre d'Oscar ne pouvait laisser aucun doute. André avait sa chemise à demi ouverte, les cheveux ébouriffés et tenait ses bottes à la main pour atténuer le bruit de ses pas.
MADAME DE JARJAYES amusée de sa gêne : j'espère que vous avez bien dormi
ANDRE : très bien Madame
MADAME DE JARJAYES attendrie : voilà qui me rassure. Vous paraissiez fatigué ces derniers jours.
Elle s'approcha d'André pour lui déposer un baiser sur la joue, baiser d'une mère pour son fils.
MADAME DE JARJAYES dans un murmure : prenez soin d'elle, mon enfant.
ANDRE apaisé : oui, Madame, sur mon honneur.
MADAME DE JARJAYES en s'éloignant : vous devriez en parler au général … avant qu'il ne vous découvre.
André savait que Madame de Jarjayes avait parfaitement deviné ce qui se passait avec sa fille. Il fut profondément touché par sa bénédiction. Encore ému, il retourna dans la cuisine pour reprendre son « bagage » et finit sa nuit dans sa chambre, le cœur plus léger.
