Chapitre 43 : Serment

Comme l'avait supposé grand-mère, la blessure d'André était en bonne voie de guérison si bien que, deux jours après leur retour à Jarjayes, le jeune homme émergea de son profond sommeil en fin de matinée.

Lorsqu'il ouvrit ses yeux, il reconnut sans difficulté la chambre d'Oscar. Que faisait il dans sa chambre ? Où était elle ? Avait il rêvé toute cette aventure : l'enlèvement, le tueur, la mort… En tentant de se redresser, il eut la confirmation que tout était bien réel : une douleur lancinante lui traversait la poitrine.

Il entendit alors la plus belle des voix : « mère, je vais changer le pansement d'André », « faites mon enfant » répondait Madame de Jarjayes. Il la vit alors apparaître dans l'embrasure de la porte, qu'elle était belle… elle avait l'air en bonne santé … son cœur se serra de soulagement. Il était finalement arrivé à temps : elle avait réussi à échapper à la mort et l'avait sauvé.

Oscar qui se dirigeait vers le lit, n'avait pas remarqué que son malade avait repris connaissance. Elle commençait à entrouvrir la chemise d'André quand celui-ci attrapa la délicate main de son infirmière.

ANDRE le plus beau des sourires aux lèvres : tu sais, ma chérie, il faudra attendre encore un peu avant de nous câliner…

La jeune femme sursauta. Elle réalisa à peine ce qu'il se passait : André la regardait ! Elle se jeta à son cou et le serra de toutes ses forces. Elle pleurait… elle pleurait de joie… il était revenu… André était avec elle ! Il lui caressa tendrement les cheveux avant de l'écarter un peu de lui.

ANDRE haletant, mais toujours aussi espiègle : je sais que je t'ai manqué, mais si tu pouvais me laisser respirer un peu…

En entendant les cris mêlés de rires dans la chambre d'Oscar, Madame de Jarjayes s'approcha discrètement de la pièce. Oscar faisait bon nombre de remontrances à André, le traitant de tous les noms, tandis que le jeune homme essayait d'échapper tant bien que mal à cette furie armée d'oreillers.

ANDRE entre deux douleurs et deux rires : arrête Oscar ! Tu vas finir par blesser quelqu'un.

OSCAR: tu comptais jouer ce jeu combien de temps encore ?

ANDRE: c'est toi qui t'es déguisée en allumeuse

OSCAR: allumeuse moi ? et toi, manipulateur

ANDRE: tu me dévorais des yeux… je t'avais dit que j'avais du charme… ne suis-je pas un « amoureux exquis ? »

OSCAR: tu parles, avec ton costume ridicule… on dirait que tu vas jouer une pièce de théâtre…

Soudain des rires firent écho à ce simulacre de dispute. Oscar et André aperçurent alors Madame de Jarjayes à l'entrée de la chambre, qui avait de la peine à retenir sa joie. Il faut dire que le tableau valait son pesant d'or. André était toujours allongé sur le lit, sa chemise à moitié ouverte et la tête reposant sur un coin d'oreiller. Mais le plus comique était Oscar, assise à califourchon sur le bassin du jeune homme, ses cheveux parsemés de bandages, tels des serpentins, brandissant son arme : un splendide oreiller.

MADAME DE JARJAYES : ma chérie, tu devrais laisser le temps à André de se remettre de ses émotions…

OSCAR cramoisie : euh oui mère…

MADAME DE JARJAYES : je suis heureuse que vous alliez mieux André

ANDRE: c'est grâce à vous toutes. Merci encore.

MADAME DE JARJAYES : je vous laisse maintenant… mais pas d'imprudence tous les deux, André est encore en convalescence… Je vais demander à grand-mère de vous apporter à déjeuner

Madame de Jarjayes quitta alors la chambre, laissant les deux amoureux seuls. Sa fille était enfin heureuse…

ANDRE: tu n'as pas honte, Oscar… maintenant ta mère va croire que je suis un débauché !

OSCAR: n'est ce pas le cas ?

ANDRE: non, je sais me tenir moi !

OSCAR: vraiment ? Alors c'est quoi que je sens sous mes fesses…

Le jeu continua encore un bon moment jusqu'à ce que la vieille nourrice leur apporte le repas et y mette fin.

GRAND MERE : je savais bien que vous aviez fait une bêtise tous les deux mais là les enfants vous avez été bien loin… que va dire le général ?

OSCAR: ne t'inquiètes pas, grand-mère, je me charge d'annoncer notre mariage à Père

ANDRE qui avala de travers en entendant cette nouvelle : tu veux te marier avec moi ?

OSCAR: qu'est ce que tu crois, je suis une femme honnête !

ANDRE: alors ce sera avec la plus grande joie que je vais faire de toi Madame Oscar Grandier…