IX. Paroles d'un serpent à lunettes et conséquences.

Une semaine Avant l'Accident

"Shido, tu n'as rien à me dire? Shido?"

Il détourna le regard.


Six mois Après l'Accident

Shido haussa les sourcils.

" Tu essaies de m'envoûter, Homme - Serpent?

- Je ne serai pas le premier à avoir réussi, Homme - Singe."

Pendant ce temps, Ginji faisait le tour de l'appartement.

" Dis donc Shido, il ne te reste plus beaucoup de vaisselle!"

Mais ni l'un ni l'autre ne lui prêtaient attention. Le Beastmaster ouvrit la porte en grand pour laisser passer l'homme au Jagan.

"Rentre. Ou alors reste à la porte. Mais décide toi, il fait déjà assez froid comme ça."

Ban haussa les épaules et rentra. Il s'assit sur l'une des chaises de la cuisine, jeta un regard circulaire sur la pièce, puis fit signe à Shido de se mettre en face de lui.

"Quoi?

- Commence pas à faire l'imbécile, dresseur de singe. J'ai deux trois trucs à te dire. Ou plutôt, à te rappeler.

- J'espère que tu n'es pas là pour te mêler de mes affaires.

- Si.

- Alors dehors.

- N'y compte pas. Hors de question que je te laisse te défiler plus longtemps.

- Comment ça?

- Eh, Shido! s'exclama Ginji. T'as rien à manger chez toi?

- Nan. C'est à Kurodo de faire les courses.

- Kurodo…, chercha le blond, Kurodo… je connais…

- Akabane, précisa Ban. Ou Docteur Jackal. Le Psycopathe.

- Ah! C'est vrai! Tu lui diras bonjour de ma part, d'accord?

- Ginji…, grogna l'autre Récupérateur.

- Quoi Ban chan?

- Je n'y manquerai pas, répondit Shido.

- Ginji, va regarder la télé.

- Y a pas la télé, firent en même temps Beastmaster et ex-Empereur de la foudre.

- Va visiter le placard, alors.

- Mais, Ban chan…

- Bon, Ginji, va voir ailleurs, okay?"

Le blond poussa un long soupire. Ban finit par lui céder un sourire.

"D'accord, c'est pas grave. Mais laisse-nous s'il-te-plaît, il faut qu'on parle."

Ginji sortit. Arrivé sur le seuil de la porte…

"Ban chan?

- Mmh?"

Juste un regard. Ils se sourirent. Shido comprit que les choses avaient du quelque peu évoluer depuis six mois.

Puis l'ex-leader des Volts quitta la pièce, et Ban retrouva sa sévérité et sa fureur.

"Bon, commença-t-il. Okay. Je vais pas m'énerver.

- Ecoute, le coupa Shido, Kurodo…

- Je m'en fous de Kurodo. C'est pas pour lui que je suis là.

- Alors quoi?

Si on parlait d'une certaine violoniste aveugle? Madoka, ça te dit quelque chose?"

Shido se laissa tomber sur une chaise en soupirant.

"Je n'ai de compte à rendre à personne. C'était un Accident.

- Incroyable la vitesse à laquelle tu as changé de mentalité. Et incroyable ce que tu peux être débile.

- Mais qu'est-ce qu'il y a à la fin?

- Elle t'aimait.

- Oui, et alors?

- Toi, tu ne l'as jamais aimé."

Fuyuki détourna les yeux.

"N'est-ce pas?

- Ban…

- Tu lui mentais. Et elle le savait. Elle le savait très bien. Elle savait que tu lui mentais en feignant d'être amoureux d'elle, et tu continuais quand même. Ne me dis pas que toi tu ne le savais pas. On a beau se mentir, il y a des choses qu'on ne peut nier. Tu l'as fait souffrir. Parce que tu étais trop lâche pour lui avouer que tu ne l'aimais pas.

- Madoka est morte, Mido.

- Nan mais! Explosa le Récupérateur brun. Tu te prends pour qui? C'est pas possible! T'as vu comment tu dis ça? T'as vu? Tu t'en rends compte? Il y a des mois, tu pleurais! T'as même voulu t'ouvrir les veines! Le comble de la connerie! T'as voulu te défiler! T'as toujours voulu te défiler! Et là tu te défile encore, tu vois pas?

- Qu'est-ce que tu me reproche? Fit Shido en haussant le ton à son tour. Tu me reproche quoi, au juste?

- Tu lui as menti. Tu es resté auprès d'elle, par pur égoïsme, parce que tu n'avais nul part ailleurs où aller. Alors que chaque jour elle souffrait un peu plus en s'en rendant compte. Tu l'as tuée. C'était un Accident, peut-être, mais tu l'as tuée quand même. Ensuite, tu as voulu fuir par la mort. Tu ne cherchais même pas à te repentir vraiment, tu voulais fuir. Et là, du jour au lendemain, tu l'as oubliée. Tu as trouvé un autre moyen de te défiler. Ce n'est pas parce que c'est Jackal. Emishi, MakubeX, Kagami, Hishiki, je serai venu pareil. Tu as le droit d'avoir une vie, okay. Mais pas après ce que t'as fait. T'enfuis pas comme ça. Assume.

- Comment? Tu peux me le dire?

- Assume. Toi, tout ce que tu fais, c'est fuir. Tu veux que je te dise un truc? Tu es un Monstre. Oui, c'est ce que je pense de toi. Un Monstre."

Shido, la tête dans ses mains, poussa un long, très long, soupir.


Une semaine avant l'Accident

Elle souriait, mais juste parce que c'était toujours comme ça. Elle tentait de tourner sa tête vers lui pour lui parler, mais ce n'était pas très réussi.

"Shido? Shido, tu n'as rien à me dire par hasard? Shido?

Il se retourna.

"Shido?

- Quoi?

- . . . rien."


Six mois Après l'Accident, POV de Shido

Petite sœur. Elle était comme ma petite sœur. Un personne à protéger.

Mais je ne l'aimais pas, pas comme elle m'aimait. Elle le savait.

Et je le savais moi aussi. Mais je n'osais pas me l'avouer.

Combien de fois… combien me l'a-t-elle demandé sans rien dire? Combien de fois m'a-t-elle supplié en silence d'arrêter de mentir?

Et je ne l'ai pas vu.

Puis j'ai fui.

Ban est sorti. Lui et Ginji m'ont laissé. Le regard de Ginji était un peu inquiet à leur départ. Il n'est pas aussi bête qu'il en a l'air. Ban a eu beau le prendre par la main, il était toujours inquiet.

J'ai fui. J'ai laissé l'appartement ouvert. J'ai marché, couru.

Et j'en suis là maintenant.
C'était la dernière fois que je fuyais. Je suis face à mes fautes à présent. Je les regarde. Et chacune d'elles me fait sentir à quel point je suis un Monstre.

Ban avait raison.

Je ne veux plus jamais, jamais, faire d'erreurs.

Plus jamais.