B.A.L.L.
Ecrit par Akari (alias Florian) - Traduit par Cybèle Adam
Notes de la traductrice:
Alors, première partie du plan "B.A.L.L."...
Traduction dédiée à tous ceux
qui, comme moi, ont décidé (ou sont forcés)
d'attendre
octobre pour découvrir le tome 6 que d'autres sont en train de
lire en ce moment même.
J'espère que ça vous
consolera un peu.
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Chapitre 6
Comme Hermione l'avait prévu, le plan fut prêt à être exécuté à l'heure du thé. Les trois adolescents proposèrent d'aller chercher les plateaux dans la cuisine et, de retour dans le salon, Hermione feignit de trébucher, renversant le contenu (préalablement refroidi) de la théière sur la robe de Lupin.
"Oh, je suis terriblement désolée !" s'exclama-t-elle ensuite.
A l'aide d'un mouchoir, elle se mit à éponger la tache qui s'élargissait peu à peu sur le vêtement. "Vous n'avez pas de mal, professeur ? J'ai vraiment fait une belle bêtise... Donnez-moi la robe, je m'occuperai de réparer ce désastre."
"Ce n'est pas la peine, Hermione", répondit Lupin, souriant, en secouant la tête. "Ce sont des choses qui arrivent; inutile de t'excuser. Il suffira d'un petit coup de baguette pour..."
"NON !" s'écrièrent en choeur Harry et Hermione, attrapant chacun une de ses mains pour l'empêcher de bouger.
Le professeur resta bouche bouée, trop surpris de cette réaction pour prononcer un seul mot, et Sirius aussi fixa sur eux un regard interdit depuis le fauteuil où il était assis. Ron retint difficilement un soupir compatissant puis baissa la tête vers l'assiette de biscuit qu'il tenait à la main et se mit à en grignoter un en attendant de voir comment Harry et Hermione se débrouilleraient pour justifier leur comportement.
"En fait... on..." commença Harry, incapable de cacher son embarras.
"C'est de ma faute, professeur ! Et, si vous ne me laissez rien faire pour réparer, je me sentirai coupable. Je ne pourrais plus vous regarder en face de toutes les vacances !"
Hermione avait prononcé tous ces mots d'une seule traite, allant même jusqu'à joindre les mains en signe de supplication. On aurait presque dit que sa vie dépendait de la réponse du professeur.
Lupin tenta encore de protester, mais Sirius l'en empêcha:
"Allez, Remus... Tu sais bien qu'elle insistera jusqu'à ce que tu cèdes. Et d'ailleurs tu étais comme elle, tu te souviens ?"
Le professeur hocha la tête en souriant et, baissant les épaules avec résignation, enleva lentement la robe. Il portait un pantalon usé et un vieux pull en mauvais état, et Harry surprit le coup d'oeil furtif que lui jeta Sirius: à mi-chemin entre entre le regret et l'inquiétude...
"D'accord, Hermione, tu as gagné", déclara Lupin en lui tendant la robe. "Mais, s'il te plaît, fais attention, parce que c'est la seule que j'aie."
"Tu sais bien que tu pourrais avoir tout ce que tu veux si seulement tu me permettais de..."
"Sirius, on en a déjà parlé et je ne pense pas que revenir là-dessus maintenant soit une bonne idée."
Sirius se laissa retomber contre le dossier de son fauteuil, lèvres serrées et bras croisés. C'était la première fois que Harry voyait son parrain prendre un air aussi renfrogné à cause de Lupin. Il faillit suggérer à Hermione d'interrompre momentanément le plan, mais la jeune fille se dirigeait déjà vers la porte, emportant la robe que le professeur lui avait confiée.
"Ce sera fait en un instant. Harry, Ron, venez m'aider !"
Les deux garçons la suivirent jusqu'à sa chambre, où Lady Penny les attendait avec un bol d'ArrachTache posé sur le bureau.
"Maintenant, il suffit d'ajouter à l'ArrachTache la préparation que Lady Penny m'a conseillée", dit Hermione en sortant de sa poche une fiole de liquide rose, dont elle versa le contenu dans le bol. "Quand la substance deviendra dorée, il faudra y plonger la robe et attendre quelques minutes... Voilà, c'est le moment."
Sur un signe de la jeune fille, Harry trempa le vêtement dans le récipient et attendit jusqu'à ce qu'il se mette à briller. Il le sortit ensuite et le passa à Hermione, qui le posa sur son bureau en souriant.
"Parfait ! Quand la robe aura absorbé tout le produit et cessera de briller, on pourra la rendre à Lupin. On sent bien rien qu'à le toucher que le tissu n'est plus usé."
La jeune fille plia délicatement le vêtement, déclarant qu'ainsi la substance magique agirait plus rapidement. Harry et Ron en profitèrent pour effleurer l'étoffe du bout des doigts, ce qui leur permit de constater qu'elle était, en effet, redevenue douce et lisse.
"Qu'est-ce que tu as ajouté à l'ArrachTache ?" demanda Ron, étonné.
"Rien de spécial. Juste un produit pour améliorer la qualité du tissu, sur le conseil de Lady Penny. J'ai préféré ne pas en faire trop, parce que Lupin a des goûts simples, et je ne connais pas ceux de Sirius... Regardez, on dirait que c'est prêt ! On peut y aller."
"Je vous attends en bas", dit la dame fantôme avant de disparaître à travers le mur.
Les trois adolescents se précipitèrent à l'étage inférieur, Hermione tenant à la main la robe pliée, et entrèrent en coup de vent dans le salon, impatients de conclure heureusement la phase un du BALL. Lady Penny s'y trouvait déjà, et les deux hommes étaient restés exactement aux même places que précédemment - Sirius assis dans le fauteuil et Lupin debout à côté de la cheminée. D'après le silence glacial qui avait accueilli son entrée et celle de ses amis, Harry devina qu'ils s'étaient disputés. De plus, Sirius gardait la tête baissée, comme si quelque chose l'agaçait, et Lupin lui tournait le dos, l'ignorant pratiquement.
Harry sentit l'angoisse lui serrer la gorge et donna un coup de coude à Hermione pour attirer son attention sur cette scène rien moins que rassurante, mais la jeune fille ne sembla pas comprendre. Elle lui fit signe de rester tranquille puis rendit la robe à Lupin avec son plus gracieux sourire.
"Tout est arrangé, professeur."
"Merci Hermione", répondit l'homme.
Et, toujours sans regarder Sirius qui, entre-temps, avait relevé la tête pour regarder dans sa direction d'un air boudeur, il déplia la robe d'un seul geste, puis l'enfila rapidement.
Personne ne comprit exactement ce qui produisit alors.
Une fois sur Lupin, la robe recommença à briller d'une forte lumière dorée, comme quand elle était encore plongée dans l'ArrachTache, et un instant plus tard Harry, Ron et Hermione se trouvèrent confrontés à l'une des scènes les plus ridicules qu'il leur ait été donné de voir.
La robe du professeur Lupin avait pris une teinte rose pastel, de la dentelle était apparue en bas et au bord des manches, et des centaines de paillettes multicolores la parsemaient entièrement. Deux plumes partant à hauteur de la poitrine s'étendaient jusqu'aux épaules, où était installé un boa en plumes d'autruche qui, comme animé d'une vie propre, s'enroula autour du cou du professeur figé de stupeur.
Harry ne parvint pas à articuler un seul mot, et il vit qu'Hermione avait porté la main à sa bouche, réprimant un cri d'horreur, tandis que Sirius avait bondi sur ses pieds pour s'approcher de son ami, qu'il dévisageait d'un air bouleversé. Lupin était, si possible, encore plus pâle que d'ordinaire. Il n'arrivait pas à détacher les yeux de ce qui avait été sa robe - une robe élimée, certes, mais simple. Ron émit une sorte de gémissement étouffé et Harry comprit qu'il réprimait à grand peine une forte envie de rire. Lady Penny, quant à elle, voltigeait dans toute la pièce avec autant d'enthousiasme que si elle était en train d'assister au spectacle le plus drôle du monde.
"Remus, cette tenue te va à ravir", déclara-t-elle en riant. "J'ignorais que tu aimais ce genre de fioritures..."
"Pro - professeur..." geignit Hermione en attrapant craintivement l'un de ses bras. "Je ne sais pas ce qui a pu se passer... Je..."
"Ce n'est rien, Hermione", balbutia Lupin à voix basse, visiblement toujours sous le choc, en continuant à fixer alternativement les deux manches de sa robe d'un air éberlué.
La jeune fille le lâcha, inconsolable, et Sirius en profita pour poser les mains sur les épaules de son ami, comme pour le réconforter.
Mais Harry aurait parié tous les Gallions qu'il possédait que Sirius n'était pas homme à garder son sérieux dans une circonstance comme celle-là.
Il avait raison: Sirius baissa la tête et, le visage enfui dans le boa, se laissa aller à un long rire libérateur, bientôt imité par Ron qui avait péniblement réussi à retenir le sien jusque là. Harry, par contre, en fut très agacé: il ne voulait surtout pas que son parrain trouve ridicule l'homme dont il aurait dû tomber amoureux. Maintenant, le professeur Lupin allait le détester parce qu'il se moquait de lui, et le BALL échouerait lamentablement, entraînant dans les abysses le futur bonheur de Harry.
Mais, contre toute attente, Lupin ferma les yeux, renversa la tête en arrière et joignit son rire à ceux de Sirius, Ron et Lady Penny, tandis que Harry et Hermione les regardaient, interdits, en arrivant carrément à se demander si le choc n'avait pas eu un effet très néfaste sur le cerveau du professeur.
"Sirius, je t'en prie..." commença Lupin, tentant désespérément d'adopter un ton sérieux.
Mais Black appuya encore plus le front contre les plumes du boa et murmura lentement quelques mots d'une voix encore entrecoupée d'éclats de rire:
"Je... n'aurais jamais cru... te voir un jour comme ça, Moony ! Mais pourquoi est-ce qu'on n'a jamais pensé à faire ce genre de blague à Snivellus ?"
Lupin se détacha de Sirius et, de la paume de la main, essuya les larmes qui lui étaient venues aux yeux tellement il avait ri.
"Oh, le rose lui irait sûrement mieux qu'à moi !"
"Professeur", appela timidement Hermione. "Pardonnez-moi, s'il vous plaît. Je..."
Mais Lupin l'interrompit de nouveau et lui tapota la tête en souriant gentiment.
"C'était une vieille robe toute déchirée, Hermione. Je crois que les sorts de nettoyage ne fonctionnent plus. Tu as bien vu quel genre de résultats on obtient..." commenta le professeur en riant tandis que la jeune fille sentait ses joues s'enflammer de honte. "Maintenant je vais m'en occuper moi-même", ajouta-t-il.
Et, après avoir pris sa baguette tout en évitant une tentative d'étouffement de la part du boa, il lança un sort au vêtement rose pour lui rendre sa forme originelle.
Mais la robe était effectivement en trop mauvais état pour supporter un autre traitement magique: la pointe de la baguette l'avait à peine effleurée qu'elle se désagrégea d'un coup, avec toutes ses dentelles, ses plumes, ses paillettes et l'infatigable boa. Lupin resta immobile, de nouveau en pull et pantalon, et même Sirius et Ron cessèrent subitement de rire, tandis que Lady Penny paraissait un peu déçue par la trop grande brièveté du divertissement.
"Oui, décidément, elle était trop vieille", murmura Lupin. "Le problème, maintenant..."
"Il n'y a pas de problème !" intervint Sirius, étonnamment radieux, en souriant de toutes ses dents. "Je dirais même que c'est un coup de chance ! Accio robe !"
"Sirius !" protesta Remus.
Une robe beige arriva, traversa la pièce en volant et s'arrêta juste devant les deux hommes. Sirius l'attrapa et la passa à Lupin, mais ce dernier se contenta de le regarder en fronçant les sourcils, sans faire un geste.
"Sirius, je t'ai déjà dit mille fois - et la dernière il y a à peine quelques minutes - que je refuse qu'on m'achète quelque chose. Même si je n'ai pas d'emploi fixe, je peux me débrouiller tout seul."
"Je sais parfaitement que tu peux t'en sortir tout seul, mais tu ne peux pas dire que moi, ça me fasse plaisir de te voir habillé comme ça. Jusqu'à maintenant j'ai respecté ton orgueil, mais maintenant c'est différent: tu ne peux pas te promener sans robe, alors je ne vois pas ce qu'il y a de mal à ce que tu portes une des miennes pendant quelques temps."
Harry les regarda alternativement sans oser intervenir. Il savait enfin pourquoi les deux hommes s'étaient disputés pendant qu'ils étaient seuls... Il comprenait les sentiments de son ex-professeur, car lui non plus n'aurait pas accepté la pitié de qui que ce soit, mais en même temps il savait que c'était l'affection qui poussait Sirius à l'aider. Lui aussi s'était déjà comporté ainsi avec Ron, parce qu'il voulait le voir heureux et non parce qu'il avait pitié de lui.
"Professeur", dit-il donc avec chaleur. "Le beige vous irait beaucoup mieux que le rose."
Lupin garda longtemps les yeux fixés sur Harry, puis sur Sirius. Finalement, abandonnant son air renfrogné, il prit la robe que son ami lui tendait.
"D'accord, Sirius. Mais ce n'est qu'un prêt."
"Comme tu veux, Moony", répondit Black, retenant difficilement une exclamation de joie et adressant un clin d'oeil à Harry, qui le lui rendit en souriant.
"Mhm... C'est peut-être un peu grand", remarqua Ron quand Lupin eut enfilé la robe.
"En effet", approuva Sirius en reprenant sa baguette. "Après tout, c'est à moi, et Remus est beaucoup plus mince... Aptus !" ajouta-t-il plus fort, et la robe s'adapta instantanément aux mesures de son nouveau propriétaire.
"Maintenant elle te va comme un gant. Harry avait raison, Remus: le beige te va très bien."
Lupin remercia son ami avec un sourire radieux et Harry pensa que, malgré ce qu'il avait dit, le professeur semblait très content d'être mieux habillé. Il se demandait si ce sourire venait aussi du fait de porter un vêtement appartenant à Sirius mais, à moins de lui poser la question, il ne pourrait jamais le savoir. Il décida donc de se contenter des regards complices qu'échangeaient son parrain et son ex-professeur et sortit de la pièce en silence, entraînant Ron et Hermione.
La phase un du BALL pouvait, tous comptes faits, être considérée comme un succès.
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Notes de la traductrice:
L'une des lectrices de la version originale (qui est
d'ailleurs aussi une de mes amies)
a illustré la fameuse
scène où Remus se retrouve affublé d'une robe
rose à dentelles et paillettes.
Vous trouverez bientôt
un lien vers ce dessin sur mon LJ, avec les premières réponses
aux reviews.
Rendez-vous dans deux semaines pour découvrir la phase deux du plan.
