B.A.L.L.

Ecrit par Akari (alias Florian) - Traduit par Cybèle Adam

Notes de la traductrice:

Voici donc la phase 3
(enfin, pas tout de suite, mais c'est bien dans ce chapitre, je vous le jure !).

Bonne lecture !

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Chapitre 11

A peine de retour dans la salle à manger, les trois adolescents se virent assaillis par une grande forme aux contours indéfinis. Craignant qu'il s'agisse d'un nouvel Epouvantard, ils sortirent leurs baguettes et les pointèrent dans sa direction mais, juste avant de crier "Riddikulus", ils reconnurent une Lady Penny à l'air réjoui.

"Alors, mon couloir vous a-t-il plu ?"

"Vous voulez dire que c'est vous qui avez lancé ce sort ?" demanda Hermione, stupéfaite, en rangeant sa baguette dans sa poche.

"C'est l'un des meilleurs sorts que j'aie réussis de mon vivant. Vous savez, ma chambre se trouvait là alors, pour éviter des surprises désagréables quand j'étais occupée - je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire..."

"Il semble bien qu'il soit encore utilisé dans le même but aujourd'hui..."

Snape venait d'entrer à l'improviste. Ignorant comme toujours Lady Penny qui, à son arrivée, avait détaché son chignon pour laisser retomber ses cheveux sur ses épaules, il s'assit à la table et se versa une tasse de thé.

"Mais c'est extrêmement dangereux !" s'indigna Harry. "Sirius et Lupin étaient occupés à se battre contre des Epouvantards et, si on n'avait pas été retardés par le labyrinthe dimensionnel, on aurait pu les rejoindre avant pour les aider. Ils étaient à bout de forces !"

"Oh oui, les pauvres petits !" ironisa Snape. "Ils doivent être vraiment très fatigués ! Ils ont dû y passer la nuit..."

"Toute la nuit pour repousser des Epouvantards ?" s'exclama Ron, l'ai éberlué. "Ça devait être une véritable invasion !"

Snape leva les yeux au ciel, mais s'abstint de répondre et continua à boire son thé. Il ne s'aperçut qu'après plusieurs minutes de silence, rompu seulement par les soupirs langoureux de Lady Penny, que les yeux de Harry étaient fixés sur lui.

"Qu'est-ce qui vous prend de me regarder comme ça, Potter ?"

"Dites-moi qui est la personne dont Sirius est amoureux."

Pour la première fois de leur vie, Ron et Hermione se retrouvèrent avec la même expression que Snape - une expression abasourdie - et partageant également sa conviction que Harry avait complètement perdu l'esprit.

"Harry, mais qu'est-ce que..." commença Hermione.

Mais son ami la fit taire d'un signe de la main.

"Il sait tout, non ? Alors je voudrais qu'il m'en parle."

"Et pourquoi le ferais-je ?" demanda Snape en le regardant d'un air suspicieux.

"Parce que je sais que vous mourez d'envie de me dire quelque chose qui me fera souffrir, et que je ne supporte plus d'attendre."

"Harry, mais qu'est-ce qui te prend ?" hurla Ron. "Pourquoi justement maintenant ?"

"Parce que Sirius ne serait pas objectif."

Snape le dévisagea de nouveau, les yeux mi-clos, puis recommença à boire son thé comme si de rien n'était.

"Alors ?" s'impatienta Harry.

"Alors rien, Potter. J'attends que ce soit Black qui vous le dise, parce que je veux voir votre réaction quand vous apprendrez ça de la bouche de votre parrain adoré. Vous ne voudriez tout de même pas me priver de ce plaisir ?"

"Si Sirius me 'dorait la pilule', ce serait moins terrible pour moi et moins amusant pour vous, vous ne croyez pas ?"

Snape parut évaluer le risque pendant quelques secondes, puis il reposa sa tasse sur la soucoupe et explosa:

"Comment est-il possible que vous n'ayez toujours rien compris, Potter ?"

"Qu'est-ce qu'il devrait comprendre, Severus ?" demanda Lupin en entrant dans la pièce avec Sirius.

Snape ne leur jeta même pas un regard et s'enferma de nouveau dans son mutisme. Harry regretta que son parrain et son ancien professeur aient justement choisi ce moment pour arriver.

"Ça fait presque une heure qu'on vous a quittés", remarqua Hermione. "Vous avez eu d'autres problèmes ?"

Lupin rougit, mais Sirius arbora son plus beau sourire pour répondre:

"Quelques Epouvantards rescapés, rien de grave", affirma-t-il.

Harry remarqua que Lupin et lui semblaient tous deux de très bonne humeur, malgré la présence de Snape et les cernes qu'ils avaient sous les yeux. Il était sur le point de demander s'ils avaient vraiment combattu les Epouvantards toute la nuit quand Lupin s'assit à la table et prit un gâteau.

"C'est vous qui les avez achetés ?" demanda-t-il aux trois amis. "Ils ont l'air très bons. Et dire que je ne voulais même pas prendre de petit déjeuner parce qu'il était trop tard !"

"Mangez tout, professeur", l'encouragea Hermione. "Ça vous aidera à vous remettre des efforts de ce matin."

"Dans ce cas-là, vous devriez en donner encore plus à Black !"

"SNIVELLUS ! Cloue donc un peu ton sale grand bec une bonne fois pour toutes !" hurla Sirius.

Mais Snape ne semblait pas avoir l'intention d'en dire plus: il avait repris sa tasse de thé.

Lupin les ignora tous les deux et mangea deux gâteaux, sous l'oeil faussement détaché des trois adolescents. Quand sa main se referma enfin sur celui qui contenait la fameuse crème, trois paires d'yeux se fixèrent sur lui et ne le lâchèrent plus jusqu'à ce qu'il l'ait entièrement avalé.

Pendant un instant qui parut extrêmement long, il ne se passa absolument rien.

Le visage de Lupin n'avait subi aucun changement, et il s'apprêtait déjà à manger un autre gâteau quand son nez se mit soudain à clignoter et à grossir, atteignant rapidement une taille très anormale. Harry, sous le choc, renversa la tasse qu'il tenait; Sirius faillit s'étouffer avec son propre gâteau, Snape recracha son thé et Ron et Hermione restèrent figés avec chacun une cuillère à la main. Seule Lady Penny éclata bruyamment de rire.

Le nez de Lupin avait encore enflé et ressemblait désormais à une pomme de terre de forme allongée. De plus, ses joues aussi s'étaient mises à gonfler, jusqu'à prendre l'apparence de deux ballons sur le point d'éclater.

"MOONY !" s'exclama Sirius en se levant d'un bond.

Mais Snape fut plus rapide et arriva avant lui près de son ancien collègue.

"C'est peut-être une réaction allergique", dit-il en lui tâtant le visage. "Il faut que je te donne tout de suite une potion de..."

"Ne le touche pas !" rugit Sirius, éloignant violemment les mains de Snape du visage de Lupin. "Je t'ai déjà dit que c'était moi qui m'occupais de lui !"

"Ah, bien sûr, tu t'en occupes très bien, c'est évident ! Pousse-toi de là, Black ! Contrairement à toi, je sais ce que je fais."

"Oh, mon Sev est vraiment un grand homme !" soupira Lady Penny.

Harry l'entendit à peine. Il était trop préoccupé par ce qui arrivait à son ex-professeur et par la querelle inopportune de Sirius et Snape, qui ne semblaient même pas s'apercevoir que le visage de Lupin devenait de plus en plus rouge et gonflé.

"Je ne savais pas que tu t'inquiétais tant de la santé de Remus, Snivellus ! Et dire que c'est toi, avec ta langue trop bien pendue, qui l'as obligé à quitter Poudlard et à vivre d'expédients ces deux dernières années !"

Harry comprit qu'il était temps d'intervenir mais, avant qu'il puisse ramener l'attention des deux antagonistes sur l'état de Lupin, celui-ci s'éloigna brusquement d'eux et les regarda avec colère - du moins autant qu'il soit possible d'en juger d'après les deux minces fentes qui restaient de ses yeux.

"Je me débrouillerai tout seul, je n'ai besoin d'aucun de vous deux !" cria-t-il, et il sortit rapidement de la salle à manger, en claquant la porte derrière lui.

C'était la première fois que Harry, Ron et Hermione voyaient le professeur Lupin aussi fâché et, à en juger par leurs expressions ébahies, Sirius et Snape ne devaient pas y être habitués non plus.

"C'est entièrement ta faute, Snivellus ! Il ne faut pas que Remus s'énerve et se fatigue comme ça pendant la période de pleine lune !"

"C'est moi qui ne devrais pas le fatiguer ! Parle plutôt pour toi ! On peut se demander ce que vous avez fait cette nuit..."

Harry ne voyait pas comment son parrain aurait pu être responsable de l'attaque des Epouvantards qui avaient épuisé Lupin la nuit précédente, mais il n'eut pas le temps d'y réfléchir très longtemps car Hermione, profitant du fait que Sirius et Snape étaient trop occupés à se disputer pour prêter attention à eux, leur fit signe, à lui et à Ron, de la rejoindre à l'autre bout de la pièce.

"Qu'est-ce qui peut bien s'être passé, cette fois ?" se demanda la jeune fille à voix basse. "Ce n'est pas nous qui avons préparé la crème, pourtant ! On ne peut pas s'être trompés !"

"Snape a dit que c'était une réaction allergique", lui rappela Ron. "Lupin doit être allergique à ce genre de crèmes..."

"C'est un produit magique tout à fait commun et très utilisé", expliqua Hermione en secouant la tête. "Il ne contient rien qui puisse causer une allergie."

"Oui, mais l'organisme d'un loup-garou est différent du nôtre", remarqua Harry.

Il jeta un coup d'oeil en direction des deux hommes qui se disputaient toujours et vit qu'ils avaient sorti leurs baguettes pour s'affronter en duel.

"Ou peut-être que c'est la pleine lune qui l'a affaibli", poursuivit-il. "Ou alors il y a une contre-indication pour l'usage combiné avec la potion Tue-Loup."

"Ron, tu as le tube de crème ?" demanda Hermione après un instant de réflexion. "Harry a peut-être raison... Je voudrais lire plus attentivement la liste des ingrédients."

L'adolescent passa à son amie la crème qu'il avait dans sa poche, et le visage d'Hermione se contracta en une étrange grimace: elle examina le tube qui, bizarrement, ne portait pas d'étiquette, puis dévissa le bouchon pour en sentir le contenu.

"Ron Weasley !" s'exclama-t-elle d'un ton plein de reproche, tout en évitant de trop élever la voix. "Ce n'est pas la crème que j'ai achetée ! C'est la crème Gonfle-Tout inventée par tes frères, imbécile !"

Ni Harry ni Ron n'en crurent leurs oreilles, et ils arrachèrent le tube des mains de leur amie dans l'intention de prouver l'absurdité de son affirmation. Mais Ron, puis Harry, furent obligés de se rendre à l'évidence.

"C'est... C'est pas possible !" s'exclama Ron, encore incrédule. "Je suis sûr d'avoir utilisé la bonne crème !"

"Tu as sûrement confondu les tubes !" lui reprocha de nouveau Hermione. "Voilà pourquoi Lupin a maintenant une tête de ballon et le nez monstrueux d'un Détraqueur !"

"Mais c'est pas dangereux ?" demanda Harry, pâle comme un linge. "D'avoir mangé de la crème pour le corps, je veux dire..."

"Non, ne t'inquiète pas pour ça", le rassura Ron. "Mes frères n'ont utilisé que des ingrédients naturels pour la ligne Mystères féminins. C'est tout à fait comestible."

Harry s'appuya de tout son poids contre le mur avec une expression désespérée.

"Pourquoi est-ce que rien ne se passe comme prévu ?"

"Je suis désolé, Harry... J'ai... j'ai provoqué un désastre alors qu'on avait bien besoin d'un succès."

"Ron, je sais bien que ce n'est pas..."

"C'EST FORCÉMENT TOI QUI ES DERRIÈRE TOUT ÇA !"

Les cris de Sirius détournèrent les trois adolescents de leurs préoccupations et les ramenèrent à la situation présente.

"MAIS QU'EST-CE QUE TU RACONTES, BLACK !"

"D'abord les cheveux, et maintenant ça !"

Sirius semblait vraiment hors de lui.

"C'est toi qui joues ces mauvais tours à Remus, j'en suis sûr ! Snivellus, je t'ai déjà prévenu il y a bien longtemps de ne pas l'approcher !"

"Tu es fou, Black ! Les années que tu as passées à Azkaban ton détraqué le cerveau plus qu'il ne l'était déjà ! C'est vraiment dommage que tu aies pu prendre la forme de cette bestiole pour t'échapper: si tu étais resté là, tu aurais rendu un grand service à l'humanité !"

Pour toute réponse, Sirius usa de ses dons d'Animagus, prenant la forme de Padfoot, et se mit à gronder d'un air menaçant contre Snape, qui pointa sa baguette vers lui.

"Et ne te transforme pas en ce sac à puces pendant que je te parle !"

"SIRIUS ! SEVERUS !"

Lupin avait soudainement rouvert la porte. Son visage avait retrouvé son aspect normal, exception faite de l'expression glacée de ses yeux et du pli amer de sa bouche.

Harry sentit un inexplicable frisson d'angoisse courir le long de son dos, et vit qu'il en allait de même pour Ron et Hermione. Même Lady Penny s'était tue et s'était retirée dans un coin du plafond, cessant de contempler Snape en minaudant.

Un seul bruit se fit entendre: celui de la pendule invisible, qui sonnait l'heure.

Padfoot passa le reste de la journée attaché à une niche dans le jardin, et l'on ne revit Snape dans aucune pièce ni couloir jusqu'au lendemain matin.

Ce jour-là, Harry apprit que, s'il y avait une chose qu'il devait éviter à tout prix à l'avenir, c'était de mettre le professeur Lupin en colère.

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Notes de la traductrice:

Alors ? Cette phase 3 vous a-t-elle plu ?

Il ne reste maintenant plus qu'un seul chapitre,
où vous saurez enfin comment Harry et les autres découvriront que
leur fameux plan B.A.L.L. était complètement inutile...

A très bientôt !

(Au fait, vous voulez que je publie le chapitre 12 ce week-end ?
Parce que ça m'arrangerait assez donc,
comme je suppose que personne n'y verra d'objection...
Enfin, dites-moi ce que vous en pensez !)