Chapitre neuf : Le chapitre sans titre.

Iris, Tohru, Yuki et Kyo tournèrent au coin de la rue, en silence.
Hana et sa bande de cousins avaient demandés à être seuls pour aller voir Ooame, et aucun d'entre eux n'avait osé protester.
De même qu'aucun d'entre eux n'osait briser le silence, maintenant.
« - Hey, regarde où tu marches ! »
Iris releva la tête. Cette voix… ?
Alexandra était à quelques centimètres d'elle.
« - Tu as failli me rentrer dedans, remarqua-t-elle. »
Felina approuva de la tête.
« - Qu'est-ce que vous faites là, toutes les deux ? demanda Iris.
- S'éloigner pour revenir discrètement, c'était le meilleur moyen pour savoir ce qui se passait ! expliqua Alexandra. »
Felina rougit légèrement, et Iris se dit que la présence de Kyo ne devait pas être totalement étrangère à sa décision…
« - Donc, vous avez entendu ? demanda Tohru
- Oui. C'est atroce… »
Le silence tomba de nouveau (ça fait mal, vous vous souvenez ?) sur la scène.
Puis Felina releva la tête.
« - Bon. On ne devrait pas rester au milieu de la rue, comme ça. Je propose d'aller quelque part, n'importe où, que ce soit dans un café, un square ou un cinéma.
- Ce sera un square, répondit Yuki, sauf si l'un d'entre vous a de l'argent ?
- Va pour un square, répondit Iris, éludant superbement les problèmes financiers. »

Hana et les autres arrivèrent devant la maison où logeaient mme Marin et Gorogoro. En voyant la pluie qui tombait sur la maison en épargnant tout le reste de la rue, ils surent qu'ils étaient au bon endroit.
Ils échangèrent des regards hésitants. Ce n'était sans doute pas très correct… Mais d'un autre côté…
Hana soupira et sonna.
Mme Marin vint lui ouvrir après un petit moment.
Elle écarquilla les yeux en voyant tous les Kichinichi devant elle.
« - Ça ne devrait pas m'étonner, je suppose, soupira-t-elle. »
Elle s'écarta pour laisser passer le groupe d'adolescents.
« - Au fond à gauche. »
Ooame était assis sur le lit, tête baissée, épaules affaissées, le regard perdu dans le vague, des larmes ruisselant sur ses joues.
Il n'arrivait pas à réaliser.
Ses parents étaient morts.
La maison…
Ses affaires…
Il n'avait plus rien…
Il sursauta en croisant soudain les yeux rouges de Hana. La jeune fille s'était agenouillée devant lui.
Il se tourna vers le côté… et se retrouva face à Emu, qui venait de s'asseoir sur le lit.
Kietsu et Izumi se tenaient debout, juste derrière Hana. Kouyou s'était appuyé contre le chambranle de la porte.
« - Q-qu'est-ce que vous faites là ? bégaya Ooame d'une voix rauque.
- A ton avis, baka nezumi ? répondit Hana. Tu crois qu'on est venu te chercher pour une partie de pêche ?
- Ça va, Hana, coupa Izumi en posant une main sur l'épaule du chat.
- Désolée… »
Ooame les fixait avec des yeux ronds. Emu lui sourit.
« - Allez, viens là… »
Elle le prit doucement dans ses bras.

« - Et c'est comme ça que j'ai rencontré Alexandra, achevait Felina dans un éclat de rire, reprit par ses auditeurs, y compris par ladite Alexandra. »
Depuis environ une heure, ils s'efforçaient de meubler la conversation à tour de rôle pour éviter de penser à ce qui s'était passé.
« - Bon, enchaîna Iris. Alors, demain, c'est le nouvel an ? Je suppose que vous allez revoir vos familles pour l'occasion… »
Elle se rendit compte que le sujet de conversation était très mal choisi…
Yuki et Kyo grimacèrent. Tohru frémit.
« - Désolée, souffla Iris.
- Tu n'y es pour rien ! répondit Tohru. Tu ne peux pas savoir ! »
Elle lui expliqua sa situation familiale.
« - Je vois, reprit Iris. Ça ne doit pas être… facile à supporter…
- Ça va ! répondit Tohru. Et puis les Soma ont été très gentils avec moi !
- Mmm. Yuki, Kyo, vous n'aimez pas le nouvel an ? demanda Felina.
- Non, répondirent en même temps les deux cousins. »
Ils échangèrent un regard meurtrier.
« - Euh… Vous ne vous entendez pas bien ? demanda Alexandra, observatrice
- Je ne supporte pas ce baka neko, répondit Yuki.
- Répète ça, k'so nezumi ! s'écria Kyo
- J'ai dit que je ne te supportais pas, baka neko ! Tu as des problèmes d'audition ?
- Raaah, je vais te…
- C'est une tradition japonaise, de se donner des noms d'animaux ? demanda Felina. »
Kyo, Yuki, Tohru et Iris se figèrent en plein mouvement, ce qui donna une scène assez originale.
« - Euh… avança Tohru, ce qui n'était pas une explication satisfaisante, malheureusement.
- C'est vrai que Hana traite souvent Ooame de baka nezumi…remarqua Alexandra
- Oui, et Izumi appelle souvent Kietsu baka hiryuu, même si pour lui on dirait que c'est plutôt affectueux…précisa Felina
- En fait…
- Eh bien…
- C'est… »
Iris se leva d'un bond.
« - Je vais acheter des crêpes ! Quelqu'un veut une crêpe ? J'offre la tournée ! s'exclama-t-elle dans un élan de générosité désespérée, en oubliant du même coup qu'elle n'avait pas un sou sur elle.
- Hum… oui, je veux bien, répondit Felina. Chocolat ?
- Pour moi aussi, approuva Alexandra.
- Fraise pour moi, demanda Tohru. Mais je peux payer…
- Non, non, c'est bon ! assura Iris. Kyo, Yuki ?
- Non, merci, répondirent en même temps les deux cousins. »
Ils se fusillèrent du regard, évitant soigneusement de s'insulter ce coup-ci.
Iris s'éloigna pour chercher les crêpes.
« - Alors, que… commença Felina.
- Et vous, que faites vous pour le nouvel an ? coupa Yuki.
- La classe ? Oh, des visites, sans doute. Quoique tout est sûrement fermé… Ce qui est sûr, c'est qu'on va traîner dans les rues, voir la ville, et le soir on fait une fête chez Mme Marin, sa logeuse part chez sa famille et elle lui laisse la maison.
- Mais vous n'allez pas rester les trois jours à l'intérieur, si ?
- Je ne sais pas trop. On verra bien ! répondit Felina. »
Un léger vide se fit ressentir dans la conversation.
Puis ils virent Iris revenir.
« - Et les crêpes ? s'étonna Felina.
- Elles arrivent, assura Iris. Mais… avant… Alex… Fefe… Vous pourriez m'avancer l'argent ? J'ai pas un sou… »

Gorogoro frappa à la porte, manquant faire un joli trou dedans. Il avait perdu l'habitude des portes coulissantes, à force de vivre en France.
Happa se tenait derrière lui, la tête enfoncée dans les épaules.
Gorogoro soupira. Il avait la pluie en horreur, mais allez expliquer ça à un maudit de seize ans qui vient de perdre ses parents…
Mme Marin vint lui ouvrir.
Gorogoro entra, tirant Happa qui ne semblait pas décidée à le suivre.
« - Mme Marin, voici Happa Kichinichi.
- Enchantée, mademoiselle.
- Moi aussi, répondit péniblement Happa. »
Elle paraissait épuisée, aussi mme Marin la fit-elle directement passer dans le salon.
Happa se laissa tomber sur une chaise et prit avec un faible sourire la tasse que la prof lui tendait.
Du chocolat chaud, et du bon. Les vertus bienfaisantes du chocolat sont infinies, mangez-en au moindre coup de déprime ! Ou buvez-en, c'est pareil ! Ça marche aussi avec les patates sautées, ou les frites, parfois même avec la glace, mais plus rarement, le froid, c'est pas terrible dans ces cas là.
Désolée pour ces quatre lignes, cinq avec celle-ci, d'inepties.
Happa but une gorgée de chocolat. C'était doux et agréable.
« - Où est Ooame ? demanda Gorogoro
- Dans une des chambres, répondit Mme Marin. Endormi entre les bras de sa cousine.
- Ils sont venus ? J'aurais dû m'en douter. Sales gosses. Je leur avait dit de se tenir à carreau, pour une fois, râla Gorogoro.
- Pour une fois, ils ont bien fait de ne pas obéir, je crois. »

Akira s'avança dans la pièce.
Une porte fenêtre avait été ouverte et donnait sur le jardin.
Il était assis dehors, un oiseau posé sur sa main.
Akira s'approcha doucement.
« - Bonjour, Akito. Cela faisait longtemps…
- Pas vraiment. Tu es venu hier soir…
- Oh, tu m'as entendu ? Désolé. Je ne pensais pas que ma voix portait aussi loin…siffla Akira. »
Akito se tourna légèrement. Les yeux d'Akira brillaient d'une lueur rouge, et le chef de la famille Soma comprit que ce n'était pas le tigre en trop du Jun'nishi mais Cobra, du zodiaque Tibétain, qu'il avait en face de lui…
Il sourit.
« - Que veux-tu, cette fois ?
- Te voir.
- C'est fait. Maintenant, tu peux repartir, répliqua Akito.
- Non. Pas maintenant. Demain. Je veux te voir demain.
- Hors de question. Tu ne viendras pas à la fête.
- Vraiment ? Pourtant, beaucoup de choses se passeront, demain, souffla Akira. »
Akito se retourna tout en se levant, et s'avança vers son cousin. Aussi loin que remontaient ses souvenirs, ils avaient toujours fait exactement la même taille, malgré leurs quatre ans d'écart.
Mais après tout, Akira avait déjà neuf ans quand il l'avait vu pour la première fois. Avant, le tigre à la santé défaillante avait enchaîné les séjours à l'hôpital à une vitesse folle.
Il semblait aller nettement mieux.
« - Par exemple ? demanda Akito
- Et bien… Nous entrons dans l'année du dragon, hmmm ? Et nous serons en plein dans le signe du pommier. Isis laissera la place à Nil. L'Aigle laissera la place au Singe. Et nous entrerons dans le Cerf-volant décoré. C'est le moment où jamais, non ? »
Akito éclata de rire pour la première fois depuis longtemps.
« - Tu n'as vraiment peur de rien, hein ? Dois-je te rappeler comment ça s'est terminé la dernière fois ? souffla Akito
- Je m'en souviens, merci.
- Très bien. Demain soir. Mes maudits contre « tes » maudits. »
Akira sourit et fit demi-tour.
« - Tous mes vœux, Akira, lança Akito. Vas-y, cours. Cours, et plante-toi. »

A suivre...