Titre : Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises.

Auteur : Ssiiiiirriiiuuuuusss !

Disclaimer : tout est à J.K.R., rien n'est à nous, sauf ce qui n'est pas à J.K.R., C'est-à-dire ce que vous n'avez jamais vu dans les livres ou dans les films de HP.

Spoiler : Tome 4, avec quelques allusions au tome 5

Remarque : Dans cette fic, Peter Pettigrow n'est pas mentionné. Il existe (malheureusement), mais il ne sert à rien.

Chapitre 1 :

James arriva tout essoufflé sur le quai 9 ¾ de la gare de King's Cross, à Londres. Derrière lui Sirius, les joues rouges, respirait fortement.

- Ah ! vous voilà enfin ! s'exclama Remus en les voyant. Vous faites bien d'arriver, le train est sur le point de partir.

James inspira profondément et répondit :

- On a dû revenir à la maison en urgence. Sirius avait oublié son balai.

- Tes parents n'auraient pas pu vous l'envoyer ?

- Tu vois Blueberry transporter un Nimbus 1500 ?

Blueberry, le hibou des Potter, était un oiseau de taille moyenne, pour qui un balai était effectivement trop lourd.

- Et alors ? s'étonna Remus. Il y a bien des Grand Ducs à la poste du Chemin de Traverse, ils auraient pu en utiliser un.

- Impossible, j'en ai besoin tout de suite, déclara Sirius, le souffle court.

- Pourquoi ? Tu comptes t'entraîner dans les couloirs du train peut-être ?

- Exactement, répondit Sirius, un grand sourire aux lèvres.

- Et voilà Rem', tu viens encore de lui donner une mauvaise idée, soupira James, l'air faussement ennuyé.

Le sifflement du train les rappela à l'ordre. Ils montèrent à bord, s'installèrent dans le compartiment que Remus leur avait réservé, et laissèrent le jeune loup-garou monter leurs valises dans le filet à bagages.

- Pfff, et dire que j'avais espéré que cette année, vous auriez appris à porter vos valises. Je suis vraiment trop bon.

- C'est pour ça qu'on t'aime, mon p'tit loup, répondit Sirius.

- Tu sais ce qu'il te dit, le p'tit loup ?

Remus s'était finalement rassis et fixait son ami d'un air menaçant. James éclata de rire devant la mine paniquée de Sirius. Le jeune homme était très musclé, mais Remus l'avait souvent jeté à terre sans le moindre problème.

- C'est pas juste, gémit Sirius, je ne suis pas un loup-garou, moi.

- On échange quand tu veux.

- Oups, désolé mon p'tit loup ...

L'instant d'après, le « p'tit loup » avait cloué son ami au sol. Hurlant de rire, James dut se retenir pour ne pas tomber à terre. Enfin, il se calma, et entama enfin une vraie conversation, tout en essuyant une larme au coin de son œil.

- Alors, qu'est-ce que t'as fait cet ét ? demanda-t-il à Remus.

- Oserais-je te rappeler que je t'ai détaillé mes vacances dans chacune de mes lettres ? répondit celui-ci en riant.

- Ah oui, tiens, c'est vrai. Tu devrais libérer Sirius, il commence à changer de couleur.

- Hein ? Oh, d'accord, dit Remus en se relevant. Dommage, je trouve que le violet lui allait bien au teint.

- Moi aussi, mais il faut le garder vivant pour la prochaine expérience, ironisa James.

Sirius, toujours allongé par terre, grogna furieusement.

- Attention, chien méchant, s'amusa Remus. Et vous, vous ne m'avez pas dit ce que vous aviez fait ? Comment ça se fait que je n'ai reçu qu'une seule lettre de vous ? Et encore, au début du mois de juillet.

- Euh … si je me souviens bien, ça doit être dû au fait qu'on ne t'en a pas envoyé, répondit James.

- On préférait t'exposer la situation en face, continua Sirius, qui affichait maintenant un air sombre.

Remus s'apprêtait à le questionner au sujet de la situation en question, quand la porte du compartiment s'ouvrit, laissant entrer deux jeunes filles.

La première, Kathleen McKinnon, était très sportive et faisait partie de l'équipe de Quidditch de Gryffondor en tant que Poursuiveuse. Elle avait des cheveux blonds bouclés et de grands yeux noirs très profonds. A côté d'elle se tenait une fille plus petite, aux yeux bleu clair et aux longs cheveux noirs. Elle s'appelait Elisabeth Cameron, mais tenait absolument à se faire surnommer Lizzie.

En les voyant entrer, Sirius s'était levé pour les accueillir d'une manière qu'il jugeait solennelle et respectueuse, c'est-à-dire en se jetant sur elles.

- Lizzie ! Kathy ! s'exclama-t-il. Vous avez donc survécu pendant deux mois, même sans jamais me voir ? Je crois que vous êtes bien les seules …

- Arrête ton charme, beau brun, ricana Kathy. Le train est plein de filles qui semblent en meilleure santé qu'après avoir passé un an en ta compagnie.

- Nous deux y compris, ajouta Lizzie.

- Les filles, vous me brisez le cœur, soupira Sirius d'un air désespéré.

James et Remus éclatèrent de rire, et se levèrent pour saluer les deux filles.

- Le jour où tu auras le cœur brisé, mon cher Patmol, ce sera quand tu auras perdu ton superbe Nimbus, mais je crains que ça ne vienne pas avant, ironisa Remus.

- Un Nimbus ? s'écria Lizzie. Tu as un Nimbus, Black ?

- Et pas n'importe lequel, précisa Sirius, souriant largement. Un Nimbus 1500. Authentique.

Kathleen pâlit, comme si elle était sur le point de s'évanouir.

- Et encore, soupira James, tu ne sais pas le plus déprimant.

- Plus déprimant que de voir un Nimbus 1500 aux mains d'un Batteur comme Black ?

- Eh ! grogna l'intéressé. Je rêve ! Je suis le meilleur Batteur de cette école !

- Je sens que je ne vais pas tenir le coup, poursuivit Kathleen en l'ignorant.

- Le Nimbus 1500 de Sirius Black ici présent … commença James lentement.

- Allez Potter, tu nous fais mourir ! réclama Lizzie.

- … a été dédicacé par Christopher Tutshill, le batteur de l'équipe de Grande-Bretagne, termina Sirius à toute vitesse, les yeux brillants d'excitation.

Lizzie resta bouche bée, tandis que Kathy s'écroulait sur le sol. Remus, cependant, gardait un air suspicieux.

- C'est aussi ce que tu m'as dit dans ta lettre … mais j'attends de la voir, cette fameuse signature. Si ça se trouve, t'as tout inventé, ô menteur vaniteux.

- Vaniteux, sûrement, répondit James, l'air totalement abattu. Mais pas menteur. Enfin pas cette fois. Je l'ai vu de mes propres yeux.

- Ma vie est fichue, s'exclama Kathy. Jamais je n'oserai jouer à côté de ça.

- Du moment que tu ne joues pas contre cette merveille qui me sert de balai, tu as peut-être une chance de survie, tu sais ?

Peu à peu, Kathy reprit des couleurs.

- Ça c'est clair, dit-elle. Si on ne gagne pas cette année, je mange le Souaffle.

- Ferais-je exprès de perdre pour assister à ce spectacle mémorable ? Sirius, assit dans la position du penseur, réfléchissait d'un air grave.

- Un autre spectacle mémorable : Sirius Black qui réfléchit ! lui rétorqua Lizzie. Approchez, mesdames et messieurs, ça n'a pas lieu souvent !!

Sirius prit un air outré qui fit rire tout le monde.

- Alors ? demanda Kathy. Tu es décidé à tout saboter ?

- À la réflexion, je crois que je ne me pardonnerais jamais de rendre Rogue heureux un jour, répondit-il.

- Excellent choix, approuva James. Au fait les filles, vous avez eu les résultats de vos B.U.S.E.s ?

La question de James provoqua des réactions très différentes dans le compartiment. Kathy eut enfin un grand sourire, tandis que Lizzie se renfrogna. Remus, lui, resta indifférent. Quant à Sirius, il ne prêtait pas grande intention à la conversation, car il cherchait quelque chose dans sa valise.

- Et voilà, soupira Lizzie, malgré tous mes efforts pour détourner la conversation, il a fallu aborder ce sujet.

- Oh, dit James, réalisant que la jeune fille n'avait peut-être pas eu que des bons résultats. Je suis désolé. On n'est pas obligé d'en parler si ça t'ennuie.

- Ne t'inquiète pas, je survivrai. En tout cas, si je ne laisse pas Kathy en parler, je sens qu'elle va m'étrangler, ajouta-t-elle en retrouvant son sourire.

- OK, vas-y Kathy, nous sommes tous suspendus à tes lèvres.

Kathleen, rayonnante, s'assit à côté de Sirius qui était toujours plongé dans sa valise.

- Bon, si vous insistez … mais ne venez pas m'accuser de vantardise après, c'est vous qui m'avez poussé à parler. Personnellement …

- Et dans un mois, on pourra espérer que tu auras fini par parler ou bien tu préfères te retenir encore un peu ? la coupa Remus.

- D'accord, d'accord … bon alors je commence par quoi ?

- Défense contre les forces du mal, demanda James.

- Enchantements, implora Lizzie.

- Sirius, qu'est ce que tu fabriques ? s'étonna Remus, interrompant la conversation. Ça fait des heures que tu fouilles ta valise. Assieds-toi, ou Miss Kate va être vexée du manque d'attention de son auditoire. Au fait, tu cherches quoi, l ?

- Ça, s'exclama Sirius, triomphant.

Debout au milieu de toutes ses affaires, il brandit une bourse en cuir pleine d'argent. Puis il traversa le compartiment sous les regards étonnés des quatre autres et ouvrit la porte. Dehors, une femme poussant un chariot chargé de confiseries s'apprêtait à entrer.

- Mr. Black ! s'écria-t-elle, enchantée. Comme d'habitude, je suppose ?

- Tout à fait, Mezzy, répondit le jeune homme en lui tendant une forte somme en or.

La femme lui donna en échange une énorme quantité de bonbons multicolores, puis referma la porte et repartit.

James passa un moment à se demander comment Sirius avait réussi à connaître l'heure exacte à laquelle la dénommée Mezzy se présenterait devant leur compartiment. Levant les yeux, il vit Lizzie et Kathy complètement écroulées de rires l'une sur l'autre.

Remus, lui, avait l'air totalement atterré par le comportement de son ami

- Sir', grogna-t-il. Est-ce que au moins tu te rends compte de la stupidité de tes actes ??

- Je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler. Heureusement pour toi que ma générosité est sans limites, malgré tes viles médisances sur mon compte, répondit celui-ci en distribuant largement ses bonbons à tout le monde.

Remus soupira, et décida de changer de sujet, ou plutôt de revenir au précédent.

- Bon alors Kathy, et ces B.U.S.E.s ?

- D'accord, j'y vais. Bon, alors en DCFM et en Enchantements j'ai eu la même note.

- Oui … ? la pressa James.

- Optimal, répondit-elle en souriant.

- Oh, nous aussi, répondit Sirius d'un ton désinvolte. Mais ceux-là étaient faciles. Et en Potions ? Métamorphose ?

- Effort Exceptionnel en Métamorphose en encore Optimal en Potions, poursuivit Kathy.

- Ah ? s'étonna Remus en se servant de Fizwizbiz. Nous c'était l'inverse : Optimal en Méta …

- Ça ne vous dirait pas d'abréger s'il vous plait ? l'arrêta  Lizzie. C'est déjà assez pénible comme ça.

- Désolés, répondirent-ils d'une même voix.

- Au fait, vous avez tous les trois eu les mêmes notes partout ? demanda Kathy après un bref moment de silence.

- Eh bien, expliqua James, étant donné qu'on est assis à côté pendant tous nos cours et qu'on fait toujours nos devoirs et nos révisions ensemble, ça me paraît presque normal.

- Oui, peut-être … acquiesça-t-elle d'un ton rêveur.

James, Sirius, Remus et Kathleen regardaient à présent Lizzie avec une insistance marquée. Elle, en revanche, paraissait absorbée par sa carte de Chocogrenouille. Puis, quand il ne fut plus possible de s'intéresser plus longtemps à un numéro de série, elle releva la tête et tint tête aux autres.

- Rien à faire, vous ne saurez pas mes notes, finit-elle par leur dire.

- S'il te plaaaaîîîît !!!!!! la supplia Kathleen, sortant soudainement de sa torpeur.

- Allez, vas-y, on ne se moquera pas de toi, lui jura Remus.

- Et si tu veux, proposa Sirius, tu auras même droit à trois gros bisous de la part des trois garçons les plus recherchés de toute l'école pour te consoler. C'est-à-dire Jamesie, Rem' et moi.

- Toujours aussi modeste, à ce que je vois, remarqua Lizzie. Mais ça ne veut pas dire que je refuse !

- Marché conclu, donc. Allez, dis-nous tout maintenant.

- Vous me promettez que vous ne le répèterez pas ?

- Oui !

Lizzie inspira profondément et débita d'un ton morne :

- DCFM : Effort exceptionnel Enchantements : Acceptable Métamorphose : Acceptable Botanique : Acceptable, et Potions : … Piètre, acheva-t-elle.

Il y eut un silence gêné, puis Lizzie reprit la parole.

- C'est nul, hein ? Et dire que j'aurai voulu être Guérisseuse …

Elle eut un petit rire faux, et se mit à mordiller une mèche de ses cheveux

- Maintenant, poursuivit-elle, je ne peux même pas continuer les Potions ni la Métamorphose. Hewett et Mac Gonagall demandent au moins un Effort Exceptionnel. Je vais devoir me concentrer sur l'Etude des Runes, celle des Moldus et la Divination.

- Oh … on est désolés Lizzie, lui dit James.

- C'est pas grave, ce n'est pas de votre faute si j'ai la très fâcheuse manie de perdre tous mes moyens pendant mes examens.

- C'est vraiment dommage, déplora Remus. D'habitude, tu es plutôt bonne en cours.

- Eh bien si vous trouvez la personne qui m'a jeté un sortilège d'amnésie juste au mauvais moment, appelez-moi.

Elle paraissait de plus en plus nerveuse et ne cessait pas de mordre ses cheveux.

- Tu as quand même eu au moins un Optimal, non ? demanda Kathy, attristée par les malheurs de son amie.

- Oui, un seul, répondit la brune, en Etude des Runes.

Une larme apparut au coin de l'œil de Lizzie elle l'essuya rapidement mais d'autres roulèrent le long de sa joue.

- J'ai le droit à mes trois gros bisous, maintenant ? finit-elle par demander avec un minuscule sourire.

Tout le monde se mit à rire doucement, et les trois garçons se précipitèrent vers elle pour l'embrasser. Sirius vint le premier, déposa un baiser sonore sur sa joue et James fit de même. Remus, cependant, la prit dans ses bras et l'embrassa doucement pendant que Lizzie laissait éclater son chagrin et sanglotait sur son épaule.

James adressa un clin d'œil à Kathy et Sirius

Soudain, on frappa à la porte et Lizzie s'arracha à l'étreinte de Remus. Elle se leva d'un bond et alla ouvrir la porte. Dehors se tenaient les deux dernières Gryffondor de 5ème année : Lily Evans, son insigne de préfet fièrement accrochée sur sa poitrine, et Ambre Swann, sa meilleure amie. En voyant son amie le visage couvert de larmes, Lily réprima un petit cri.

- Lizzie ? Mais qu'est ce qui se passe ? demanda-t-elle d'un ton alarmée.

- Oh, trois fois rien, une histoire sans importance, répondit vaguement celle-ci. Mais entrez les filles, il doit bien rester de la place.

Lizzie s'efforça d'afficher un sourire sincère, et s'écarta pour laisser les autres Gryffondor saluer les deux filles. Comme elle, Kathy avait passé le début du voyage dans leur compartiment, elle resta donc assise, mais James, Sirius et Remus se levèrent.

- Salut Lily ! Salut Ambre ! Vous avez passé de bonnes vacances ? demanda James.

- Oui, très bonnes, merci Potter, répondit Lily. Salut Lupin, ajouta-t-elle en voyant Remus.

- Qu'est ce qui vous amène ici ? les questionna Sirius.

- Oh, rien de spécial. On s'ennuyait toutes les deux, alors on était juste venues voir si Kathleen et Lizzie avait résisté à votre compagnie, dit Ambre. Ce qui ne semble pas être le cas.

Elle s'était assise entre Remus et Lizzie et regardait cette dernière d'un air perplexe.

- Je t'ai dit que ce n'était pas grave, répondit-elle précipitamment. Et en plus ça n'a rien à voir avec eux. Enfin bon, maintenant que vous êtes là, faites comme chez vous, il y a plein de bonbons.

- Eh ! grogna Sirius. Ce sont mes bonbons, je te signale !

- Radin ! Il y en a des centaines, remarqua Lily en se servant abondamment de Fondants du Chaudron.

- Oh, d'accord, allez-y se résigna le jeune homme. Qu'est ce que je ne ferai pas pour deux beautés comme vous …

- Pfff … soupira Ambre, moitié amusée, moitié agacée.

- Quand Sir' aura fini son numéro de charme, vous voudrez bien nous raconter vos vacances ? demanda Remus.

La discussion se poursuivit pendant un bon moment, ponctuée par les racontars très mélodramatiques de Sirius, décrivant comment il avait sauvé un nombre impressionnant de jeunes filles en détresse au cours des deux mois passés.

- … je me suis retourné et j'ai vu le Magyar s'avancer vers elle, alors j'ai sauté sur mon Nimbus, j'ai foncé, je l'ai attrapée et nous sommes ressortis de la grotte, acheva le brun au bout d'un discours follement romanesque.

James éclata de rire ayant passé toutes ses vacances avec son meilleur ami, il était bien placé pour savoir qu'il avait tout inventé. En regardant les autres, il vit qu'ils avaient eux aussi tout deviné mais qu'ils riaient de bon cœur. Il s'arrêta sur Lily qui, hilare, en avait les larmes aux yeux. Au même moment, elle releva la tête et leurs regards se croisèrent.

James plongea dans un océan d'émeraude.

Lily Evans. Il avait pensé à elle tout l'été, sans savoir pourquoi. Sans cesse, il avait repassé la scène où, à la fin de l'année précédente, elle avait hurlé qu'il la rendait malade. Il avait fait une fixation sur ses paroles et s'était juré qu'il ne lui laisserait plus jamais l'occasion de dire ça, ni même de le penser. Simple question de principes il ne supportait pas l'idée que quelqu'un d'autre qu'un Serpentard puisse le haïr.

Il avait donc décidé de se conduire un peu plus humainement cette année là.

- James ?

Sirius le regardait d'un œil narquois.

- Oui ?

-  Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, ces demoiselles aimeraient nous quitter, et il s'avère que tu es juste dans le passage, poursuivit Sirius en ricanant.

James réalisa d'un coup que les quatre filles s'étaient levées et qu'elles attendaient, debout devant lui, qu'il ait fini de rêvasser. Il s'écarta rapidement pour les laisser passer, et referma la porte derrière elles.

-  Où est-ce qu'elles vont ? demanda-t-il, étonné par ce départ.

- Mon cher James, répondit Remus, je suis heureux de t'annoncer que nous arrivons dans une demi-heure. Elles sont parties se changer. À quoi pouvais-tu bien penser pour ne pas suivre la conversation ?

-  Je demanderais plutôt à qui pensait notre Jamesie, corrigea Sirius, un sourire machiavélique aux lèvres.

James fusilla Sirius du regard. Qu'est-ce qui avait bien pu lui passer par la tête le jour où il était devenu son ami ? Poussant un grognement pour toute réponse, il se leva et ouvrit sa valise qui était toujours dans le porte-bagages.

- J'en conclus que j'ai touché juste. Mais je suis débonnaire, je te laisse du temps pour me raconter tout ça. J'ai toute l'année devant moi …

-  Au lieu de dire des bêtises, vous devriez vous changer aussi tous les deux, rétorqua James qui avait sorti une robe noire de sa valise.

Remus et Sirius suivirent son exemple en riant. À leur tour, ils fouillèrent dans leur sac à la recherche de leur robe de sorcier, et l'enfilèrent. James remarqua que Remus, comme Lily, portait à présent un badge rouge et or sur sa robe.

- Aahhh … dit Sirius d'une voix de mère poule. Notre petit Luny, le sage préfet !

- Idiot, fit Remus. Maintenant que les filles sont parties, est-ce que vous aller enfin me raconter vos vacances ? Les vraies, précisa-t-il, pas celles avec les princesses.

Instantanément, le sourire de Sirius disparut et son visage devint grave.

- Hum, fit-il, un sujet aussi agréable pour moi que les B.U.S.E.s pour Lizzie. Eh bien pour commencer, tu connais déjà ma chère famille, Rem' ?

Remus acquiesça : bien que Sirius ne la mentionne que très occasionnellement, il leur avait déjà parlé de sa famille et de sa sinistre réputation.

- Disons que je n'ai pas survécu plus d'une semaine avec eux, poursuivit Sirius. Je suis parti.

- Tu t'es enfui de chez toi ?

- Ouais.

Remus était complètement interloqué. Il savait que son ami n'aimait vraiment pas ses parents, mais il ne pensait pas que la situation était si grave.

- Où est-ce que tu es all ? demanda-t-il.

- Chez moi, répondit James. Il a passé tout l'été à la maison.

- Les parents de James m'ont accueilli chez eux, ils ont été formidables. J'ai voulu leur donner de l'argent en échange mais ils ont refusé. Ils m'ont dit – Sirius respira un grand coup – ils m'ont dit que j'étais comme un deuxième fils, acheva-t-il, la gorge sèche.

James et Remus attendirent un moment par délicatesse, le temps de permettre à leur ami de se remettre de son émotion.

- Et ensuite, deux mois de plus avec ce bon vieux Jamesie ! finit-il par dire au bout d'un moment.

- Et là, qu'est ce que vous avez fait ? demanda Remus, soulagé de voir que Sirius retrouvait sa gaieté.

Celui-ci eut l'air très étonné par la question.

- Mais … je te l'ai déjà raconté … on est parti à la chasse aux dragons !

Ils éclatèrent de rire, puis James se chargea de donner une version plus authentique de leurs vacances.

- C'est dingue le nombre de trucs stupides qu'on peut faire en deux mois, remarqua Sirius quand James eut fini de parler.

Au même moment, le train commença à ralentir, puis s'arrêta dans un crissement désagréable. Remus descendit les valises des trois garçons, et ils sortirent. James apprécia la fraîcheur du vent après avoir passé de longues heures enfermés dans un compartiment de train. Il chercha les filles des yeux, mais ne les trouva pas. Un peu déçu, il suivit Sirius et Remus qui étaient déjà partis à la recherche d'une diligence libre. James monta derrière eux, et ils furent rejoints par quelques élèves de Poufsouffle auxquels ils n'avaient jamais parlé, et ne parlèrent pas plus pendant le trajet. James, éreinté, se laissa bercer par le ballottement du véhicule.

Quand ils en arrivèrent devant le château, il fut heureux de retrouver les grandes murailles de pierre, les portes en chêne, et le lac où on distinguait déjà les barques de premières années dans le lointain. Puis il secoua violemment la tête pour se réveiller, et pénétra dans le grand hall du château, vaguement conscient de la présence de ses amis à côté de lui. En entrant dans la Grande Salle, il se dirigea vers la table des Gryffondor et s'assit en face de Kathy. Quelques instants plus tard, les premières années entrèrent, puis ils furent répartis dans chacune des quatre Maisons. James les supplia mentalement de se dépêcher, car malgré les friandises achetées par Sirius, il avait encore faim. Soudain, il sentit Sirius lui donner un coup de pied sous la table.

- Queskya ? marmonna-t-il.

- Regarde à la table des profs, murmura Sirius.

James s'exécuta. Il vit tout d'abord Albus Dumbledore, le directeur, avec sa grande barbe blanche, qui contemplait la Cérémonie de la Répartition à travers ses lunettes en demi-lunes. À côté de lui, il y avait une place vide, habituellement occupée par le professeur Mac Gonagall. Celle-ci était debout au milieu de la pièce et appelait les nouveaux élèves.

À droite du fauteuil de Mac Gonagall se tenait le professeur Hewett, l'air ennuyée. James voyait bien qu'elle n'avait qu'un désir : quitter la Grande Salle le plus vite possible pour retourner à la préparation de ses chères potions.

Il passa rapidement en revue les autres professeurs aucun n'avait beaucoup changé pendant l'été. Mais, au bout de la table, il remarqua un inconnu. C'était un jeune homme au teint mat et aux cheveux noirs la tête entre les mains, il ne bougea pas d'un millimètre pendant tout le temps que dura la Répartition.

- Qui c'est ? demanda James à Sirius.

- J'sais pas … le nouveau prof de DCFM, je suppose.

Tous les élèves de première année avaient maintenant été répartis, et la directrice adjointe alla ranger le vieux Choixpeau. Quand elle revint, Dumbledore se leva et prit la parole :

- Bienvenue à tous, et bon appétit, dit-il d'une voix forte.

- Enfin un homme qui sait parler aux femmes ! s'exclama Kathy alors que les plats d'or se remplissaient déjà. Je meurs de faim.

- Oserais-je te faire remarquer qu'il n'y a pas que des filles dans cette salle, Kathy jolie ? murmura Sirius.

Kathy lui lança un regard noir, mais l'ignora et se servit copieusement. James s'était lui aussi jeté sur le repas, comme la majorité des élèves, d'ailleurs. Quand il fut à peu près rassasié, il releva la tête pour observer le nouveau professeur. Celui-ci avait commencé à manger et James put enfin voir son visage, qui était en fait tout à fait normal,  en dehors de ses yeux. Ils étaient d'un bleu délavé, et une grande sagesse en émanait. Ce regard étonna fortement James, car bien que le professeur fût jeune, il avait l'air d'avoir une expérience égale à celle de Dumbledore lui-même.

- Quelqu'un le connaît ? demanda Lizzie à côté de lui.

- Jamais vu, répondit Ambre, qui était à gauche de Lizzie.

- Dumbledore va sûrement le présenter dans son discours, il le fait chaque année, remarqua justement Lily.

- Ouais … probablement, approuva Remus.

De tous, c'était lui qui avait l'air le plus intrigué par le mystérieux jeune homme. Il avait même dédaigné le superbe gâteau à la mélasse qui trônait sur la table, et fixait l'homme de ses yeux dorés. James, lui, se contenta de la remarque de Lily et se servit de gâteau. Bientôt, les assiettes se vidèrent et Dumbledore se leva à nouveau.

- Bienvenue aux première année et bon retour aux autres ! Je suis heureux de voir que vous êtes tous revenus en un seul morceau. Je sais qu'après ce délicieux festin, vous ne rêvez que d'aller dormir, mais c'est mon devoir de vous répéter les mises en garde d'usage. Comme les années précédentes, l'accès à la Forêt Interdite est interdit, tout comme l'utilisation de la magie dans les couloirs, ainsi que Mr. Rusard me l'a rappelé. La liste des objets considérés comme illicites est consultable dans son bureau, et certains d'entre vous feraient bien d'aller la voir.

Son regard s'attarda évidemment sur les trois Maraudeurs, qui prirent un air faussement innocent. James crut voir le directeur leur adresser un clin d'œil, mais il mit ça sur le compte de sa propre fatigue.

- Je me dois maintenant de vous présenter votre nouveau professeur de Défense Contre les Forces du Mal, le professeur Simbel, qui est venu spécialement d'Egypte pour répondre à mon appel.

Il y eut des applaudissements nourris, surtout de la part des filles. L'Egyptien devait avoir un certain charme, pensa James.

- Eh bien … je crois que je vous ai tout dit, conclut Dumbledore. Bonne nuit à tous !

James fut soulagé d'entendre la fin du discours, il était exténué. Il se leva donc en même temps que Sirius et Remus, sortit de la Grande Salle et se dirigea vers la tour de Gryffondor en se confiant plus à la mémoire de ses muscles qu'à ses sens. Arrivé devant la porte, il laissa à Remus le soin de donner le nouveau mot de passe et s'engouffra dans la salle commune. Un feu ronflait dans la cheminée, et les fauteuils semblaient si confortables que James se demanda un instant s'il n'allait pas s'endormir dans l'un d'entre eux plutôt que de gagner son dortoir.

- Allez viens, gros paresseux, lui dit Sirius en le poussant en avant. Attends encore cinq minutes avant de rêver.

James le regarda d'un œil vitreux et le suivit. Il gravit les marches jusqu'au dortoir des 6ème année, entra et se laissa tomber sur son lit.

Comme Sirius l'avait prédit, cinq minutes plus tard il rêvait déjà.