Chapitre quatre : Des yeux bleus.

Kiyoi posa son sac près de la porte.
Tanrei s'approcha de lui.
« - Kiyoi-chan ? Où étais-tu ? demanda-t-elle.
- Je me promenais.
- Tu te promenais ? répéta Tanrei. »
Elle soupira.
« - Tu le cherche encore, hein ? »
Kiyoi haussa les épaules et monta directement dans sa chambre.
Il ne se sentait pas en état de subir une autre conversation avec sa mère…
Kiyoi se laissa tomber sur son lit.
Quelle déveine.
Il avait cherché toute la journée pour se heurter à une impasse.
On toqua doucement à sa porte.
Kiyoi se releva sur un coude.
« - Oui ? »
Un visage aux cheveux noirs coupés courts et aux yeux tout aussi noirs apparut dans l'encadrement de la porte.
« - Nin'gyô ? demanda Kiyoi. Entre ! »
La petite fille obéit et se hissa sur le lit de son grand frère.
« - Tu l'as retrouvé, dis ? souffla-t-elle
- Oui et non. »
Nin'gyô le regarda avec des yeux ronds.
« - Je pense savoir où le trouver, souffla Kiyoi. Mais je n'en suis pas sûr. »
Nin'gyô hocha la tête.
Elle espérait que cette fois serait la bonne…

La journée avait commencé comme toutes les autres au manoir Soma.
« - Un jour je te battrais k'so nezumi !
- Tu te répètes, baka neko… »
Tohru sourit et termina de préparer le petit déjeuner.
Les deux jeunes soupirèrent en même temps et s'assirent à table.
Shiguré entra dans la pièce.
« - Bonsoir !
- Shiguré, nous sommes le matin… fit remarquer Yuki
- Ah ? Alors bonjour ! corrigea Shiguré. »
Il s'assit à son tour.
« - Ah, ma princesse, que m'as tu préparé de bon ce matin ?
- La ferme !
- Obsédé ! »
Shiguré se prit deux coups sur la tête.
« - Ah, Tohru, je suis martyrisé… »

Tohru, Yuki et Kyo partirent pour le lycée.
Shiguré soupira en se massant le crâne.
Ils étaient en forme.
C'était bien.

Kurai s'assit devant Hasaki.
Cette dernière fronça les sourcils.
« - T'es pas forcé de te remettre là, fit-elle remarquer. »
Il haussa les épaules.
« - Tu parles, de temps en temps ? demanda-t-elle »
Il haussa de nouveau les épaules.
Hasaki soupira et s'adossa au mur.
« - Moi, pour ce que ça me fait… »
Kurai s'adossa aussi au mur.
Il remarqua que Yoake l'observait du coin de l'œil, mais il n'y prêta pas plus d'attention.
Le professeur commença son cours.
« - On peut savoir pourquoi tu te mets là ? souffla Hasaki »
Kurai lui jeta un regard surpris.
Qu'est-ce que ça pouvait lui faire ?
« - Aucune idée, répondit-il
- Ah oui, au moins, c'est clair… »
Kurai soupira. Hasaki était bizarre, apparemment tout aussi capable d'être gentille que d'être agressive. Mais elle dégageait une impression de fureur qui repoussait tout le monde ou presque.
Kurai faillit lâcher un rire moqueur. Comme s'il était mieux, lui, incapable d'aligner plus de deux mots sans avoir mal au cœur…
Mais lui avait ses raisons…
Et après ? Hasaki aussi, sans doute. Il n'en savait rien, au fond…

Kurai remontait une allée quand il le vit.
Droit, appuyé sur le mur de la propriété voisine, mains croisées dans le dos, son sourire découvrant ses dents blanches, il semblait l'attendre.
Kurai s'arrêta.

Akito se redressa.
Qui… ?

La respiration de Kurai s'accéléra.
Non…
Pas maintenant.
Il tourna vers lui ses yeux bleus, si clairs, si purs et si froids.
Il sourit de nouveau.
Kurai fit un pas en arrière.
Et partit en courant.
Vite, loin, longtemps.
Distancer la peur, la douleur, distancer la réalité…

Tako le regarda fuir, toujours souriant.
« - Vas-y. Cours. La chasse n'est pas finie… »
Il se redressa et partit dans la direction opposée.
« - Tako ! appela une voix »
Il se retourna.
« - Ah, Akito, souffla-t-il. Le chef de la famille Soma…
- Tako, du clan Yoseatsume, siffla Akito.
- Tu me connais ? Tu m'en vois honoré. Pourtant, ma notoriété n'égale pas la tienne, seigneur… dit Tako d'un ton hautement moqueur. »
Akito serra les poings, conscient que s'il craquait, cette fois, ce serait la dernière chose qu'il ferait…
« - Qu'est-ce que tu fais là, demanda Akito.
- Je venais voir un membre de ma famille. Ce sale petit rat s'est sauvé depuis deux mois. »
Akito ne put s'empêcher de sourire.
« - Alors le grand Tako Yoseatsume est incapable de dominer ses maudits ?
- Tu me semble assez mal placé pour me faire la leçon, gronda Tako. Je crois savoir que plusieurs de tes maudits ne vivent même pas chez toi, hmm ? »
Akito frémit sous l'insulte. Les deux hommes se défièrent un moment du regard.
« - Bien, souffla Tako. Préviens bien tes maudits. Si l'un d'entre eux ose l'aider, je t'assure qu'il le paiera très cher… »
Tako repartit enfin.
Akito attendit d'être hors de vue de son « confrère ».
Puis il s'adossa au mur et soupira de soulagement.

A suivre...

Tako : cerf-volant