Chapitre seize : Tako…
Kurai ouvrit doucement les yeux.
Où était-il ?
Qu'est-ce qui s'était passé ?
La dernière chose dont il se souvenait, c'était la silhouette d'Hasaki courant vers la ville…
Kurai se redressa en sursaut.
Tako…
Il était au manoir…
Kurai frémit et se leva.
Inutile de rester assis sans rien faire.
Il fit le tour de la salle en deux minutes.
Aucune fenêtre.
L'unique porte était verrouillée, et il ne se sentait pas capable de la défoncer…
Il s'adossa au mur et poussa un long soupir…
… déclenchant un léger rire de la part de la porte…
Réflexion faite, ce n'était pas la porte qui riait.
C'était Tako qui venait d'entrer…
Kurai frissonna.
Ça faisait cinq ans…
Il était dans le salon…
Kiyoi était entré.
Sans son sourire habituel…
« - Ki-chan ? s'était étonné Kurai. Qu'est-ce qui se passe ?
- Rien. »
Kurai s'était approché, avait posé une main sur la joue de son jumeau…
Kiyoi avait toujours été plus grand et plus fort que lui.
Il avait soupiré et avait pris son jumeau dans ses bras, très fort.
Kurai sentait son frère trembler…
Pourquoi… ?
« - C'est fini, Kurai. »
Kurai avait sursauté.
La voix de son jumeau était si froide, si différente de sa voix habituelle…
Kiyoi serrait son frère à en mourir…
Il ne voulait pas le lâcher…
Mais la voix de Tako résonnait dans son crâne…
Bats-le, et je t'accueillerais…
Il frémit et recula.
Kurai le fixait de ses grands yeux noirs…
Si purs et si tendres…
Kiyoi serra les poings et frappa son frère au visage.
Kurai ne s'y attendait pas.
Il ne comprit pas.
Il ne chercha même pas à se défendre.
En quelques minutes, il se retrouva à terre.
Perdant.
Tako était entré dans la pièce, entourée d'une aura de fureur glacée.
Kurai n'arrivait plus à se souvenir de ce qu'il avait dit, mais il n'oublierait jamais le son de sa voix…
Si froide, si dure…
Même Kiyoi avait reculé, l'air horrifié.
Kurai s'était redressé en tremblant.
Tako avait tendu une main vers les jumeaux.
Kurai avait hurlé quand la douleur lui avait vrillé le front…
Il s'était retenu à la main de Kiyoi, de toutes ses forces.
Tellement fort que Kiyoi en gardait la cicatrice sur la main…
Tako avait fini sa sentence.
Kurai s'était effondré, en sueur, des larmes ruisselant sur ses joues.
Tako avait laissé échapper un ricanement moqueur.
« - Les garçons ne pleurent pas, avait-il soufflé. »
Les garçons ne pleurent pas…
A suivre...
