Chapitre dix-sept : Samishii-chan.
Allongée sur une banquette, ses cheveux blonds tombant devant ses yeux noirs, Samishii regardait l'eau s'écouler, lentement, sûrement, et disparaître entre les rochers.
C'était agréable, ce ruisseau traversant les jardins du manoir.
Paisible.
Ça l'empêchait de penser à autre chose…
Samishii entendit des pas vifs s'approcher d'elle, et une main la prit par le bras pour la forcer à se relever.
« - Hey… Que… Kiyoi ? »
Le jeune homme se tenait devant elle, l'air sombre.
Samishii écarquilla les yeux et regarda derrière Kiyoi.
Nami était là, essoufflée, tenant Nin par le bras.
Une fille que Samishii ne connaissait pas était derrière elles.
Samishii tressaillit.
« - Qu'est-ce qui se passe ? »
Tako sortit du manoir et prit le chemin d'un autre manoir.
Le chef de la famille Soma l'attendait peut-être…
Ou pas…
Tako sourit.
Ce serait bien tôt fini…
Itsumo vit Tako passer.
Elle frémit, laissa tomber son livre et suivit de loin son chef de famille.
Elle pourrait peut-être servir…
Samishii frémit et se laissa tomber à genoux devant Kurai.
Le jeune homme ne semblait même pas la voir…
Nin s'avança d'un pas. Nami la retint fermement par le bras.
Laisser Samishii faire.
C'était leur seul remède…
Samishii tendit une main.
« - Kurai… »
Il ne releva pas la tête, ne bougea même pas.
Il ne la voyait pas, ne l'entendait pas.
Samishii frissonna.
Qu'est-ce que Tako lui avait fait… ?
Kiyoi tremblait, derrière, et il devait faire un violent effort pour ne pas intervenir…
Tako arriva à proximité du manoir Soma.
Akito l'attendait.
« - Bien, sourit Tako. Alors tu as compris. »
Akito haussa les épaules.
« - Comprendre quoi, souffla-t-il. Que tu es devenu fou ? Ou que tu l'as toujours été… »
Tako sourit.
Parfait…
Kiyoi fit un pas en avant.
Hasaki se tourna vers lui et sentit un frisson glacé lui parcourir l'échine.
Il avait l'air extrêmement dangereux, en cet instant…
Elle voulut avancer, mais Nami l'empêcha d'intervenir.
« - Laisse-le faire, souffla-t-elle. »
Kiyoi se dressa à côté de Samishii.
« - Mrde, Kurai, réagis ! »
Le jeune homme frémit, mais ne bougea pas plus.
Kiyoi serra les poings.
« - Qu'est-ce qu'il t'a dit, souffla-t-il d'une voix rauque de colère. Que Yoake et Kazari avaient été blessées, et que c'était de ta faute ? Que la malédiction, c'était bien fait pour toi ? Que je t'avais battu parce que tu le méritais ? Et que d'être enfermé ici, tu le méritais aussi… »
Kiyoi tremblait d'une rage froide…
« - Il a raison, non ? siffla-t-il »
Même Nami sursauta.
Kiyoi était devenu fou ?
Mais le jeune homme semblait simplement furieux, plus contre lui même que contre Kurai.
« - Oui, c'est évident, souffla Kiyoi d'un ton moquer. C'est ta faute tout ça, ne, Kurai… ? »
Kurai secoua lentement la tête.
Non…
Non…
« - Vraiment ? Alors pourquoi… pourquoi… haleta Kiyoi »
Il prit son frère par le bras, le secouant presque violemment.
« - REAGIS ! Pleure, crie, je m'en fous, mais REAGIS ! hurla Kiyoi. Parce que là, tout ce que tu fais, c'est empirer les choses ! »
Kiyoi avait la respiration sifflante.
Ses yeux étaient rougis.
« - Réagis… je t'en prie… n'importe quoi, mais réagis… »
Kurai baissa la tête.
Les garçons ne pleurent pas…
Une larme roula sur sa joue.
Doucement, son frère le lâcha.
Une main lui frôla la joue…
Kurai releva la tête.
« - Sam… souffla-t-il d'une voix faible. »
La jeune fille sourit.
Sam…
Sa fiancée…
La seule qu'il pouvait encore toucher…
Samishii souriait.
Elle ne dit pas un mot.
Lentement, elle l'attira entre ses bras.
Kurai éclata en sanglots.
Des larmes retenues depuis trop longtemps, des larmes contenant toute sa colère, toute sa peine…
Et Sam ne le lâcha pas…
A suivre...
Samishii : seul, solitaire
