Chapitre 4

Michael Guerin était heureux.

C'était presque écœurant tellement il était heureux.

Chaque nuit depuis que lui et Maria s'étaient assis au parc rendant officiel leur premier rendez-vous, ils retournaient à l'endroit exact et s'asseyaient au même endroit : côte à côte, avec le bras de Michael autour de Maria et elle serrés contre lui, tous les deux regardant fixement vers le ciel étoilé. Et ils passaient des heures à parler.

Ok, Maria passait la majeure partie du temps à parler alors que Michael l'écoutait attentivement et jetait un commentaire de tant en tant, sans plus. Mais c'était certainement mieux que de simples grognements ou bien de hocher la tête.

Des années plus tard, il se rappellera chaque conversation avec une telle adoration et sans rien oublier que vous penseriez qu'ils avaient des discutions des plus profonde. En réalité, ils parlaient la plupart du temps de choses stupides, comme des personnes qui, pour le reste de leur vie, ne mangeait plus rien à part du beurre de cacahouètes. Ou si Mme Hardy et Mr Krewlick étaient vraiment ensemble dans le placard du concierge comme tout le corps enseignant le spéculait. Mais de temps à autre, un sujet des plus sérieux était abordé comme ce qu'il ferait après le lycée.

Une nuit, par exemple, Michael lui avait soudainement demandé "Tu te rappelles quelque chose de ton père?"

Maria le regarda, son menton reposant maintenant sur son épaule. "D'oû te viens cette question ?"

"Depuis que tu as parlé de ton père au motel, je me pose des questions sur lui" répondit-il. "Tu n'es pas obliger de répondre si tu ne le veux pas."

Maria se retourna et reposa sa joue contre son torse, comme elle le faisait un peu avant. "C'est bon" répondit-elle. "Je n'ai jamais réellement rencontré mon père. Il a pris ses affaires et est partit dès que ma mère lui a dit qu'elle était enceinte de moi. Inutile de dire, il n'a pas été très ravi de ma venue au monde."

"C'était un idiot" déclara Michael simplement en l'étreignant plus étroitement.

"J'aime bien penser ainsi" répondit-elle, un certain amusement dans la voix. Un sourire espiègle aux lèvres, Maria dit "Ok, maintenant c'est à mon tour."

Michael gémit.

"Oh, c'est bon, je te poserais une question facile" répondit-elle en le frappant par espièglerie. "Comme... qu'elle est la chose que tu aimes le plus concernant la fin de la journée ?"

Il la regarda, les sourcils levés. "C'est censé être une question facile ? Tu ne pourrais pas demander, quelle est ton équipe de sports favoris ? ou même combien de morceaux bois pourrait porter une marmotte d'Amérique si une marmotte d'Amérique pourrait jeter le…"

"La réponse" l'interrompit Maria.

Michael soupira. "Bien... Je crois que la meilleure chose concernant la fin de la journée est..." Il regarda fixement vers le ciel étoilé, comme si la réponse allait tomber des cieux. Que, s'il se calait exprès ainsi Maria perdrait patience et oublierait la question qu'elle avait posé.

Elle regarda vers lui, et remarqua ses yeux intenses et ses lèvres fermement serrés l'une contre l'autre dans la concentration. Après une minute ou alors, elle se tourna et se serra contre lui, laissant le silence les entourer, seulement le bruit d'une voiture occasionnelle suffisait à fournir un bruit momentané. Elle avait appris ces dernières semaines, pendant le temps passé ensemble, que c'était la meilleure chose pour Michael. Il aimait être seul dans ses pensées de temps à autre, et, bien que ce soit difficile, Maria essayait de faire avec toutes les fois qu'elle était avec lui.

"Le fait que ma veste sente toujours comme toi" répondit-il finalement.

Maria grimaça. "Tu aimes le parfum d'une femme, hein ?" Elle secoua la tête. "Tu veux juste marquer des points."

Il simula une blessure. "Tu penses que j'ai inventé cette réponse ?"

"Pas toi ?" dit-elle en le poussant dans les côtes.

Il se mit à réfléchir. "Tu sens comme... comme..." Michael lutta pour l'identifier. "Comme une de ces lotions parfumées que tu utilises ?"

"Poire" répondit-elle.

"Poire... et fraise-menthe... et... l'autre parfum fort et piquant..." il rechercha la senteur du troisième parfum.

"C'est une huile de relaxation que j'aisutilisé pendant un moment" lui indiqua-t-elle. "Une des amies de ma mère l'a prise pour moi durant son excursion en Orient l'été dernier."

Il hocha la tête. "Tu sens à la fois sucré et épicé."

Les yeux de Maria scintillèrent d'espièglerie.

Le sourire de Michael s'élargit quand il réalisa quelque chose. "Ce n'est pas une coïncident, n'est-ce pas ?"

"Après toutes ces années à te servir ta nourriture au Crashdown, tu ne pensais pas que je n'aurais pas remarqué ta petite fixation sur la sauce tabasco ?"

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Isabel recherchait ses notes d'histoire quand elle vit que Michael et Maria marchaient main dans la main vers l'école. Finalement, Michael avait une vie alors elle poussa plusieurs soupirs de soulagement. Elle était même venue péniblement chez lui pour faire une petite danse de la victoire quand elle avait découvert ce qu'il se passait entre eux deux. Michael, le plus susceptible, cesserait maintenant de l'emmerder au sujet du "danger" que représentaient les humains pour elle.

Max regarda par-dessus son épaule juste à temps pour voir Michael tenir ouverte la porte pour Maria. Il sourit au bonheur évident de son meilleur ami. "Ils sont mignons ensemble," les défendit-ils.

"On dirait qu'il ressemble à un couple comme dans les vieux films des années 50" répondit Isabel. "Ou comme dans Dawson."

"Ils ne peuvent pas être aussi mauvais."

"Pacey et Andie, comme eux."

"Comment ça ?"

"Michael avec son « je suis trop bon pour l'autorité » et Maria avec ses bavardages sans fin" précisa-t-elle. "Et alors il y a Joey et Dawson « on est ensemble ou on ne l'est pas ? » mélodramatique. C'est facile toi et…" Isabel s'arrêta aussitôt qu'elle a réalisé la stupidité qu'elle allait dire.

"Continue et finit" dit Max, étonnamment calme. "C'est facile moi et Liz."

"Si c'est t'incité à ressentir quelque chose de meilleur, Liz est aussi misérable que toi tu l'es" répliqua Isabel un ton sympathique.

Max soupira. "Alors, combien de temps ça a pris à Joey et Dawson pour avoir leur première connexion ?"

"La première fois ?" répéta Isabel. Elle répondit avec une hésitation "Une saison."

Il la regarda comme s'il était sur le point de mourir instantanément.

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Maria servit plusieurs clients et parvint à réussir à pénétrer miraculeusement dans la cuisine. Dieu, elle détestait travailler l'après-midi. C'est quand tous les lycéens et les camionneurs semblaient avoir un énorme et inhumain appétit pour les menus aliens.
Avec un soupir de fatigue, elle rechercha la commande #16 et l'a donna à Alex, puis se reposa au comptoir pendant qu'Alex continuait à écrire.

Alex la regarda. "Merci, Maria" dit-il en glissant son livre dans son sac. "Seulement, si tu voulais réellement un pourboire, tu va devoir livrer les frites qui vont avec ceci, aussi."

Son visage resta impassible pendant un moment. "Oh, oui" réalisa finalement Maria. "Je suis désolé, je ne sais pas où j'ai la tête."

"Je pourrais te donner mon opinion" dit Alex en grimaçant puis jeta un coup d'œil vers Michael qui approchait.

Maria, étonnée, sourit au visiteur inattendu. "Hey, qu'est-ce que tu fais là ?"

"Bonne nourriture, serveuses mignonnes..." répondit Michael.

"Et il espère obtenir ce qu'un petit ami doit obtenir," ajouta Alex.

Il admit "Ouais, actuellement, j'espérais avoir quelque chose à manger avant que nous partions."

Maria demanda, une expression déconcertée sur le visage, "Partir ?"

"Rappelles toi, nous allons voir un film avec Max et Iz, une sortie à quatre ?" lui rappela Michael.

"Je pensais que tu avais dit une sortie à cinq" dit-elle en se frottant le cou.

"Non, je t'ais dit à quatre," répondit-il. "Je m'en rappelle parce que quand je te l'ais dit ce matin, tu me l'as de nouveau demandé. Deux fois."

Maria marmonna quelque chose pendant qu'elle se retournait pour saisir deux plateaux de frites entre la cuisine et le comptoir puis Michael se pencha en avant. "Qu'est-ce que tu as dit ? Qu'est-ce qui n'est pas bien ?"

"C'est rien, c'est juste..." Puis Maria grimaça péniblement et s'affaissa en saisissant la surface devant elle.

"Whoa hey, est-ce que ça vas ?" demanda Michael en prenant sa main dans la sienne.

Les yeux d'Alex s'élargirent. "Maria, tu as toujours ces maux de tête ?"

"Toujours ces maux de tête ?" Michael se tourna vers Alex. "Qu'est-ce que tu veux dire toujours ?"

Alex expliqua, "Elle en a déjà eu il y a quelques semaines quand elle était à la bibliothèque avec moi, et elle m'a dit que ça faisait un moment qu'elle en avait."

"Alors ce sont plus que des maux de tête" conclut Michael. "C'est plus sérieux si elle les garde pour elle."

"Ca pourrait être des migraines" suggéra-t-il. "Je veux dire, ces mauvais garçons montrent que…"

"Hey !" dit Maria exaspérée obtenant finalement le silence d'eux deux. "Dr. Ross, Dr. Carter, avant que vous me diagnostiquiez, pourrais-je vous rappeler que je suis une grande fille et que je suis entièrement capable de prendre soin de moi ?"

"Mais..." commença Alex.

"Je vais bien" insista-t-elle.

"Mar…" essaya Michael.

"Bien" Elle leur remit deux plateaux de frites et les poussa vers un box. "Allez maintenant manger."

"Maria..." essaya encore Alex.

"Je vais bien" dit Maria en se forçant à sourire. "C'est seulement le stress et je peux le gérer."

Mais lorsqu'elle se pencha au-dessus des toilettes dans la salle de bains des employés quelques minutes après avoir échappé à leur question incessantes, elle n'était plus aussi sûre. Non seulement elle avait des maux de tête intenses, mais des vagues de nausée avaient commencé à la frapper ces derniers jours.

Elle se leva et trébucha vers l'évier. Trempant son visage dans une bassine remplie de l'eau, elle pensa en elle-même c'est juste la grippe... C'est juste la grippe...

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Inutile de le dire, ce n'était pas la grippe.

La nuit passa sans incident. Elle était une adolescente normale, elle était sortie avec son petit ami et ses amis et s'était amusée, et elle avait passé le reste de la nuit à discuter de petits détails à sa meilleure amie, jouant son rôle de meilleure amie en excluant de mentionner le prénom de Max.

"Alors, toi et Michael," dit Liz avec plaisir. "Est-ce que ça va vraiment vous mener quelque part ?"

"Ouais," répondit Maria en souriant puis reprit en ragardantle dessin que Michael avait dessiné pour elle et qu'elle avait encadré et gardé sur sa table. "Ca va réellement nous mener quelque part, et, je dois l'admettre, c'est la surprise de l'année. Du siècle, plutôt." Elle était absolument étourdit de bonheur.

Mais le matin était venu. Et tout ce à quoi elle pensait était la douleur. La douleur qui l'enveloppait dans un monde de vertige et de confusion. Le reste de son corps était engourdi, toutes sensations lui semblaient être placées sur le mal incroyable qu'elle ressentait dans sa tête.

Elle ne pouvait pas se lever. Elle resta sous les couvertures et gémit en agonissant. C'était pire encore.

Elle ne pouvait pas se lever.

Amy DeLuca hurla en entrant dans la chambre de sa fille "Maria, qu'est-ce que tu fais, tu vas être en retard… " elle s'arrêta, son visage pâlit quand elle la vit.

"Maman..." chuchota-t-elle. Les larmes sont venues aux yeux de Maria. "Je me sens... si mal..."

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"Michael, calmes-toi" dit Max, en le suivant. Michael marcha dans la salle à manger de la famille Evans et saisit le téléphone sans fil.

"Comment peux tu me dire de me calmer ?" demanda Michael en composant un numéro de téléphone. "Maria et Liz n'étaient pas à l'école, le Crashdown est fermé... quelque chose de mauvais est arrivé, je le sens."

"Tu appelles qui ?" demanda Max, incapable de l'arrêter.

"Chez Maria encore" répondit Michael. Alors qu'il écoutait la onzième sonnerie, il raccrocha avec colère. "Merde !"

"Donnes-moi le téléphone" demanda Max en lui tendant la main. "Je vais appeler Liz." Ce n'était pas exactement une chose qu'il voulait faire, étant donné comment les choses étaient entre elle et lui, mais en ce moment, rien ne calmerait autant son meilleur ami que l'assurance de savoir de la bouche de Liz que Maria allait bien.

Michael lui remit le téléphone sans objection, Max hésita à composer les numéros du portable de Liz. Michael mit ses mains dans ses poches de jeans et s'appuya contre le canapé, attendant impatiemment.

Après un moment, le silence instauré dans la chambre fut brisé quand Max dit dans le combiné "Liz, c'est Max, je…" il s'arrêta soudainement et son visage prit une expression illisible pendant qu'il l'écoutait tranquillement.

Après un moment, il regarda vers Michael, qui immédiatement se redressa et marcha pour se rapprocher de lui et essayer d'entendre la conversation. Il ne pouvait rien faire d'autre à part attendre, mais il sut à la réaction immobile de Max qu'il ne devrait pas s'attendre à de bonnes nouvelles.

Max écouta Liz et dit lorsqu'elle eut fini "Nous serons là dès que nous le pourrons" et il raccrocha le téléphone.

"Alors ?" demanda Michael, maintenant moins pressé de savoir ce qui se passait.

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Liz se reposait sur une chaise inconfortable dans la salle d'attente de l'hôpital, ses mains agrippaient les côtés en métal de sa chaise et ses yeux rouges et fatigués étaient fixés sur le tapis beige devant elle. Ses cheveux habituellement parfaits étaient coiffés à la hâte en une queue de cheval et son visage était pâle, son eyeliner brun avait disparu, indiquant qu'elle avait pleuré. Elle semblait affreuse. Elle se sentait affreuse.

Alex se tenait non loin d'elle, regardant fixement par la fenêtre. Il n'avait pas dit un mot depuis des heures. Quand la mère de Maria les avait appelé ce matin de l'hôpital pendant que les médecins venaient et sortaient de la chambre de Maria, ils avaient perdu le désir de parler. Particulièrement quand les analyses de Maria sont revenues un plus tard dans la journée. Ils sont allés dans des mondes séparés qui leur étaient propres, pour penser. Pour essayer de comprendre et accepter ce qui arrivait.

"Liz ?"

La tête de Liz se retourna pour voir Max, Isabel et Michael s'approcher rapidement. Ils semblaient angoissés, effrayés par la mort si proche. Liz, à cause de ses sanglotsau téléphone, n'avait pas indiqué grand chose à Max, juste qu'ils étaient à l'hôpital et que se serait mieux qu'ils viennent pour leur donner tous les détails en personne.

Elle se leva et essaya de lisser ses cheveux. "Hey" parvint-elle à dire sans craquer.

Max la prit instinctivement dans ses bras. "Comment tu vas ?" dit-il d'une voix tendre aux oreilles de Liz.

L'écartant pour lui parler, elle répondit d'une voix rauque "Pas très bien." Elle regarda vers Alex, les autres qui l'observaient suivirent son regard immobile. Il se tenait toujours près de la fenêtre, calme et abattu, ne voulant adresser la parole à personne. Elle retourna son attention vers le trio, et essaya de continuer. "La maladie de Maria."

Tous les trois pâlirent. "Qu'est-ce que tu veux dire ?" demanda Max.

"Elle a... elle a..." Les larmes commencèrent à se former dans les yeux de Liz ce qui semblait être la millième fois depuis les dernières huit heures. "Une tumeur."

Isabel dit dans un souffle. "Une tumeur ?"

Liz hocha la tête, se demandant combien les sanglots familiers l'accablèrent et elle ne pouvait plus parler. "Il y a une... hum… croissance cancéreuse dans une partie de son cerveau" répondit-elle, répétant les mots que le docteur avait dit à Mme DeLuca.

"Mais ils peuvent l'opérer, n'est-ce pas ?" dit Isabel. "Ils peuvent se débarrasser de cette chose."

Liz secoua la tête tristement, de grosses larmes coulaient en bas de ses joues. "L'opération serait extrêmement risquée... parce que..." C'était alors qu'elle commença à craquer et fut prises d'incontrôlables secousses, s'effondrant presque. Max la tenait dans ses bras et essaya de la calmer, ses cris furent étouffés dans les pans de sa chemise.

"Parce que l'opération pourrait lui nuire plus que l'aider" Alex parla soudainement, sa voix effrayante et impassible. Il refusait toujours de se détourner de la fenêtre, et parla en leur tournant le dos. "Cette partie du cerveau commande toutes les fonctions de base de la vie, battements du cœur, respiration..." Il s'arrêta pendant une seconde. "S'ils essayaient de l'opérer, il y a de fortes chances qu'elle meure sur la table d'opération."

Michael, qui était resté silencieux durant tout ce temps, ne tenait plus. Il partit en courant aussi vite que ses jambes le lui permettaient.

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Isabel trouva Michael vingt minutes plus tard dans une sorte de salle de repos pour les employés. Il était au milieu du plancher avec sa tête dans ses mains, des chaises et d'autres objets retournés et dispersés partout, ainsi que des marques de coup de pied sur le mur.

"Michael..." dit-elle, se tenant devant la porte et pas sûre de ce qu'elle devait dire.

"Vas t'en, Isabel" lui répondit-il.

"Tu sais parfaitement bien que je ne vais pas partir" répliqua Isabel.

Il regarda vers elle, les yeux rougis et le visage ravagé par les larmes. "Elle est en train de mourir" déclara-t-il simplement. "Elle est en train de mourir." Il rit sous amèrement. "Et tu sais quoi ? Elle est la meilleure chose qui me sois jamais arrivé dans ma vie."

"Michael, nous pouvons la guérir " dit Isabel en se précipitant vers Michael et en se mettant à genoux près de lui. Son visage devint soudain coloré, l'espoir était une possibilité. "Comme Max a guéri Liz."

Il la regarda incrédule. "Tu ne penses que je n'ai pas déjà pensé à cela ?" répondit-il. "Ecoute, si l'enlèvement de la tumeur par la chirurgie est extrêmement risqué, alors je ne veux même pas savoir quels dommages sérieux nous pourrions faire si nous essayions de nous débarrasser de cette tumeur nous-mêmes." Son visage redevint triste quand il dit ces mots. "Elle est en train de mourir, Isabel. Et nous ne pouvons rien y changer."

Isabel le regarda, étonnée de sa vision pessimiste. "Elle n'est pas en train de mourir, Michael" dit-elle. "Je ne peux pas croire que tu es déjà perdu tout espoir de guérison pour elle."

Michael la regarda, son visage adoptant son expression stoïque et infâme. "Va t'en, Iz."

Isabel n'entreprit aucune démarche pour partir au début, mais quand un silence lourd s'installa dans la salle, elle se leva et commença à marcher à contre-cœur.

Michael observa sa silhouette disparaître puis il fut de nouveau seul dans la pièce.

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"Tiens" dit Max en tendant une tasse de café à Liz et se reposa à côté d'elle.

Liz l'accepta avec reconnaissance. "Merci" dit-elle en portant la tasse à ses lèvres.

Max jeta un coup d'œil vers Alex, qui avait depuis changé de position et se reposait maintenant dans un coin éloigné de la salle et attendait les nouvelles, le visage vide. "Est-ce qu'il va bien ?" chuchota-t-il. "Je ne sais pas" admit Liz.

Il se concentra sur elle encore. "Tu es sûre que tu vas bien ?"

Elle gratta avec son ongle le bord de la tasse et tranquillement répondit, "J'irais mieux une fois que je saurais que Maria va bien."

"Vous ne l'avez pas encore vue ?"

"Les visiteurs ne sont pas encore autorisés à y aller" expliqua-t-elle. "Ils font toujours quelques examens..." Les mots restèrent dans sa gorge et elle se demanda si elle ne cessera jamais de pleurer.

Max plaça son bras autour de son épaule et la serra plus près de lui. "Tu iras la voir bientôt, j'en suis sûr" lui dit-il puis l'embrassa doucement sur le front.

Liz leva les yeux vers lui, ses grands yeux bruns non seulement remplient de douleur mais aussi de confusion. "Pourquoi es-tu si merveilleux ? Pourquoi es-tu ici ?"

Max se pencha plus près d'elle. "Parce que tu as besoin de moi" répondit-il doucement. "Parce que j'ai besoin de toi."

Liz sourit d'un sourire triste et mit ses bras autour de lui, l'étreignant comme elle avait voulu le faire durant tous ces jours et toutes ces nuits passées.

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La voiture était silencieuse. Le regard d'Alex était fixé sur la route devant lui, et Isabel se reposait tranquillement sur le siège passager. Plus tard cette nuit, après qu'il ait annoncé qu'il laissait le groupe, Isabel lui avait demandé s'il pouvait la ramener chez elle également. Elle voulait que Max reste avec Liz, Michael errait encore autre part, et elle, elle n'était une aide pour personne.

Isabel le regarda sans trop savoir quoi dire. Chaque fois et maintenant encore, les phares d'une voiture de l'autre côté de la route éclairaient son visage dans une lumière triste et jaune, et Isabel voyait ses yeux sombres, ses lèvres serrées et desséchées. Elle détestait le voir blesser. Elle le connaissait à peine mais elle était déchirée de l'intérieur face à la douleur qui était si évidente en lui.

"Je suis désolée pour Maria," dit Isabel brisant ainsi le silence instauré. "Je sais que c'est une bonne amie à toi."

Il ne répondit pas. Après une minute passée, Isabel désespéra d'entendre une réponse, mais soudainement sa voix se fit entendre.

"Elle est plus que ça" dit-il sur un ton découragé. Le cœur d'Isabel lui fit mal à la tristesse de l'entendre parler. "Je veux dire, Maria, Liz, et moi... nous nous connaissons depuis l'école maternelle. Nous étions pratiquement des triplets alors, toujours avec l'un ou l'autre et faisant tout ensemble. Je veux dire, j'ai été invité à toutes les pyjamas party. C'est-à-dire, jusqu'à ce que nous soyons frappé par la puberté." Alex rit en se remémorant des souvenirs, mais bientôt sa voix devint mélancolique. "Elles sont comme mes sœurs. Je ferais n'importe quoi pour elles. Et Je... " Il hésita à continuer. "Je ne peux rien faire pour Maria."

"Je pense que tu sous-estime ce que tu peux faire pour elle en étant simplement son ami" répondit Isabel avec une douceur dans la voix rarement entendue. "Elle va passer par l'enfer. Elle n'a pas besoin d'être encore plus démoralisée. Elle a besoin de toi." Il ne dit rien, se concentrant toujours sur la route. "Elle va avoir toutes les raisons pour que tu sois là, Alex."

"Comment peux tu en être aussi sûre ?"

"Je ne la connais pas très bien, mais je sais que c'est un battante. C'est une battante " lui dit-elle avec confiance. "Si elle ne parle pas à la mort tout de suite évidemment."

Alex rit et le cœur d'Isabel se réchauffa à ce bruit. En lui souriant il lui dit "Merci. J'en avais besoin."

"De rien" répondit-elle. Elle avait besoin de ça elle aussi.

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Michael regardait fixement la porte de la chambre d'hôpital de Maria. Il se tenait ici depuis une bonnes quinzaines de minutes maintenant, pas certain de ce qu'il devait faire ou bien ce qu'il allait dire. Il n'était pas même sûr de pouvoir encore prononcer une phrase simple.

Soudain, la porte s'ouvrit et Michael se leva et s'appuya contre le mur opposé. Il observa pendant que Amy DeLuca sortait avec une petite femme blonde, probablement un docteur avec sa blouse bleue et blanche et qui sentait les médicaments d'hôpital. Michael observa la mère de Maria, qui normalement pouvait facilement passer pour la sœur de Maria, et remarqua à quel point elle était épuisée, comme la défaite était apparue en elle, comment aujourd'hui elle faisait réellement son âge. Il recula en arrière, il ne l'avait pas encore rencontrée et ce n'était certainement pas le meilleur moment pour ça.

"... nous commencerons la première thérapie par les radiations demain matin," entendit-il lui dire le docteur. "Si vous avez d'autres questions, demandez simplement moi ou bien le Dr. Phillips."

Mme DeLuca hocha la tête et dit doucement "Merci, Abbie."

Le docteur se tint au milieu du vestibule et observa la mère sortir à la hâte, un regard de tristesse sur son visage, ses yeux gris s'embrumèrent légèrement. Évidemment elle n'était pas simplement le médecin de Maria, Michael devina qu'elle pouvait être une amie de la famille. Comme elle se tournait pour partir, elle remarqua Michael qui se tenait là maladroitement et reprit son calme, apparaissant comme professionnelle à nouveau.

"Vous connaissez Maria DeLuca ?" lui demanda-t-elle. "Ami ou membre de la famille ?"

Michael se redressa et marcha vers elle. "Ami" répondit-il puis murmura son nom.

"Je suis le Dr. Post mais puisque vous êtes un ami des DeLuca, vous pouvez m'appeler Abbie" se présenta-t-elle en lui serrant la main puis lui fit un petit sourire. "Elle a le droit de recevoir des visiteurs maintenant."

Il hocha la tête et regarda fixement la porte derrière elle. Notant son hésitation, elle lui fit remarquer "C'est plus facile que de regarder."

Michael la regarda, effrayé. "Quoi ?"

"Entrer à l'intérieur" répondit le Dr. Post, son visage devenant plus sombre encore. "Dire ces quelques premiers mots. Ce sera inconfortable, mais vous devez aller outre ceci et savoir ce qui est vraiment important."

"Quels seront ces mots ?"

"Qu'elle ne peut pas le faire seule" répondit-elle. Elle sembla partir mais quelque chose lui revint en mémoire. "Elle va vous dire de vous éloigner, vous savez. Et une partie de vous va vouloir l'a laissée. Mais vous ne pouvez pas." Abbie se retourna vers lui encore une fois et examina son visage. "Vous n'êtes pas simplement son « ami » ?"

"Et vous n'êtes pas simplement son médecin" commenta-t-il.

Elle rit et le ton morne de la conversation fut brisé. "Non, je ne suis pas simplement son médecin" admit-elle. "Je la connais depuis qu'elle a dix ans."

"Je suis amoureux d'elle depuis que nous avons dix ans" répondit Michael tranquillement. "Depuis la classe de CM2 de M. Raddish." Il s'arrêta puis rit en lui-même. "Naturellement, je ne le savais pas à cette époque. J'avais pour habitude de la taquiner et de la mettre hors d'elle."

Abbie lui sourit. "Alors je vous suggère d'entrer dans sa chambre et que vous lui disiez ce que vous ressentez."

Maria regardait fixement le poste de télé. Les sitcoms familiales ne l'aidaient pas à se sentir mieux. Un endroit où tout se résolvait facilement ne faisaient que la déprimer encore plus. En un seul clic la télévision s'éteignit et elle regarda fixement vers le plafond, essayant de se réveiller de son cauchemar. C'était ce qu'il était, n'est-ce pas ?

Soudain, elle entendit des coups frappés à la porte. Elle sentit son corps devenir tendu, Maria savait que ce n'était ni un médecin ni une infirmière. Les personnes qui faisaient partis du personnel médical avaient cette tendance ennuyante d'entrer dans les chambres sans prendre la peine de frapper. Elle savait qui était ce visiteur et elle ne voulait pas lui faire face. Elle s'était préparéeà sa visite depuis qu'elle avait découvert pour sa tumeur mais elle n'était pas encore prête.

La tête de Michael passa par la porte. Les deux yeux de Maria se sont fermés et ni l'un ni l'autre ne dirent un mot pendant un moment. Ils étaient tous deux en train de se regarder, notant comment l'autre semblait si faible, si fragile. "Hey" la salua-t-il doucement, se glissa lentement dans la chambre et ferma la lourde porte derrière lui.

"Hey" répondit-elle, faisant attention de rendre sa voix indifférente. Maria força ses yeux à ne plus le regarder et remit en marche la télévision.

Michael, confus, jeta un coup d'œil vers la télévision au-dessus de lui mais son regard revint sur elle. "Comment vas-tu ?"

"Bien" murmura-t-elle, ses yeux ne quittant pas l'écran.

Il la regarda fixement, l'expression impassible et détachée qu'elle avait placé sur son visage, pas très sûr de ce qu'il devait faire. Il savait ce qu'elle essayait de faire, et il la détestait pour ça. Pendant un moment, il voulut abandonner mais alors il se rappela des mots du Dr. Post.

Michael atteignit la télévision et l'éteignit manuellement. Maria répondit en l'allumant encore grâce à la télécommande.

Et Michael l'éteignit encore.

"Michael, ne soit pas un âne" dit-elle en remettant la télévision en marche. Qu'il réteignit.

"Michael !" hurla-t-elle agacée. "Tu pourrais me laisser seule s'il te plait !"

"Est-ce que c'est ce que tu veux ?"

"Oui" dit-elle en grinçant des dents et en allumant la télé encore.

La main de Michael pressa le bouton « Off » de la télévision. "Je ne pense pas que c'est ce que tu veux."

"Attends, tu sors avec moi pendant deux semaines et tu penses que tu me connais par cœur ?" grogna-t-elle. "Et bien sache que tu as tort, Guerin."

Le corps de Michael se tendit et ses poings se serrèrent mais il n'allait pas lui donner raison. "Alors, tu veux tout arrêter."

"Tu comprends vite" répondit-elle de façon glaciale, puis alluma la télé.

Il ne fit aucun mouvement pour partir, seulement pour arrêter le poste. "Bien, je ne veux pas que ça se termine comme ça" lui dit-il. "Nous devons parler."

Maria s'assit devant sa table de nuit et lui jeta un rager mauvais. "D'accord. Tu veux parler. Parlons" dit-elle. "J'ai quelque chose à l'intérieur de moi qui est en train de croître et qui va détruire tout ce qu'il y a dans mon corps jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien. La seule autre option possible est de la détruire avec quelques rayons UV, et je vais vomir partout et mes cheveux vont tomber. Inutile de te le dire, ça ne va pas être jolie à voir. Mais même une chimio n'est pas une garantie. Et toi et moi nous savons tous les deux savez que tu ne vas pas vouloir rester pour ça." Son comportement froid commença à s'évaporer lorsque ses yeux s'humidifièrent. "Tu vas t'en aller. Alors laisse moi vivre ce drame et vas t'en tout de suite, d'accord ?"

Michael la regarda fixement, la douleur évidente sur son visage. "Tu ne penses pas que si je voulais partir, je l'aurais déjà fait ?"

Maria retint ses larmes. "Vas t'en."

Michael secoua la tête et alla plus près de son lit. "Je n'ai nulle part oû aller. " Enfin atteignant son lit, il s'assit à côté d'elle et mit ses mains sur elle.

Elle essaya d'aller loin de lui. "Tu ne veux pas de ça. Tu ne veux pas de moi " dit-elle, les larmes maintenant glissaient en bas de ses joues et laissant des traînées humides derrière elles.

Il essuya une des traces humides. "Attends, tu sors avec moi pendant deux semaines et tu penses que tu me connais par cœur ?" répéta-t-il doucement.

Elle rit et regarda fixement dans ses yeux intenses.

"Tu ne peux pas m'éloigner" dit-il en pressant son front contre le sien. "Je serais là tout au long du chemin."

Les extrémités de sa bouche se sont contractées et ses lèvres ont formé le sourire qu'il aimait tant. "Promis ?"

Il hocha la tête. "Promis.

A suivre...