Ice Girl ou Il est difficile d'aimer un Potter

(inspiré par la chanson d'Emile Simon)

Toi et moi, on n'est pas heureux ensemble, et on le sait. Pourtant, ça fait quoi, dix mois qu'on est ensemble. T'aurais déjà eu le temps de me mettre en cloque si on avait voulu. Mais on veut pas, hein. Parce qu'au fond, on sait qu'on a aucun avenir. On est ensemble parce que t'as besoin d'une oreille attentive, et moi, euh… Enfin, on est ensemble, quoi. Même si on est pas totalement heureux, on est ensemble, et ça nous fait du bien. Et tant que t'as du respect pour moi et que j'en ai pour toi, on n'a pas de quoi se plaindre.

Je me demande quand même comment tu fais pour me supporter. Mes crises d'angoisse, de jalousie, de nerfs. Angoisse, on se demande bien pourquoi, jalousie, pareil, et les nerfs, ça c'est à cause de toutes les gourdasses qui te courent après et qui m'en font voir de toutes les couleurs. Parait que je te mérite pas. Mais bon, si on va par là, je pense pas que tu me mérites beaucoup plus. Et puis c'est quoi ces histoires de mériter quelqu'un ? Une relation ça se vit et ça se ressent à deux, je vois pas pourquoi ils s'en mêlent. Et je comprends pas non plus pourquoi leurs commentaires m'affectent tant. Je suis pourtant pas le genre de fille qu'on pourrait qualifier de sensible.

Mais tu sais, Harry, même si on s'aime pas vraiment, je suis contente d'être avec toi. J'irai pas jusqu'à dire que notre relation me permet de m'épanouir, sinon, on serait heureux, ensemble. En tous cas, moi, je le serai. Et immanquablement, toi aussi, vu que si je suis heureuse avec toi, je fais tout mon possible pour que tu sois heureux avec moi. Mais bon, même sans l'amour, on s'en sort pas si mal. Au moins, y'a le désir, ça c'est clair, et on peut pas le nier, vu que serait mentir, et que mentir c'est mal. C'est aussi une seconde nature chez moi, mais tu me connais, je suis mauvaise. C'est même toi que me le dis tout le temps. A force, je vais finir par le devenir. Heureusement que je suis pas influençable !

Par contre, je sais que je suis pas la personne qu'il te faut, et je me demande souvent pourquoi tu restes avec moi. On est ensemble par commodité, alors que tu me laisses tomber pour une fille avec qui tu serais vraiment heureux, ça me ferait pas mal. Toi, il te faudrait une fille qui sache t'écouter quand tu as besoin de t'épancher. Quelqu'un à qui tu puisses parler de tes cauchemars, quelqu'un avec qui tu puisses parler de la disparition de Diggory et de ton parrain, il te faudrait quelqu'un qui te comprenne, qui sache par quoi t'es passé. Moi, je suis une gamine pourrie gâtée par ses parents, ils m'ont jamais rien refusé. A la rigueur, je pourrais comprendre ton Duddley de cousin. Mais pour toi, je peux qu'imaginer. Et je suis bête, parce que personne ne peut savoir ce par quoi t'es passé, parce que personne n'a vécu toute sa vie loin de son monde, sans savoir qu'on était une véritable légende vivante. Quand je pense qu'il y en a qui auraient tué père et mère pour avoir ne serait-ce que le quart de la moitié de la notoriété que tu as, alors que toi, t'en veux pas. Cela dit, je te comprends sur ce point là. Moi aussi ça me fait chier qu'on me regarde de travers parce que je suis la fille d'un putain de mangemort reconnu et arrêté.

Alors tu me dirais que c'est pas le même genre de popularité, et ça c'est clair, mais les regards de travers et les chuchotements dans le dos, je connais aussi. Puis c'est pas marrant non plus de se faire pointer du doigt dès qu'il y a la moindre action des mangemorts. Genre c'est moi qui l'ai fait, parce que vu que mon père l'était, je dois l'être aussi. On appelle ça le complexe du Malfoy, et Malfoy, franchement, très peu pour moi. J'ai horreur des types qui pètent plus haut que leur cul, et lui, il est champion du monde toutes catégories dans cette discipline ! Bon, après, j'ai des circonstances atténuantes, je suis à Serpentard. Mais ça fait pas de moi une mangemorte, et Merlin merci.

D'ailleurs, quand j'y pense, je me demande comment on en est arrivés à sortir ensemble, toi et moi. C'est vrai, c'était pas évident. T'es le prince des Gryffys, et moi, je suis à Serpentard, et depuis que je suis dans cette école, j'entends que des saloperies sur votre dos. Comme je l'ai dit plus haut, c'est une bonne chose que je ne sois pas influençable. Enfin, si je l'avais été, t'aurais peut-être trouvé la fille qu'il te faut.

Je me demande d'ailleurs si je ferais pas mieux de te laisser tomber, ou plutôt, de te rendre ta liberté, histoire que tu trouves celle qui te fera rire, celle avec qui tu pourras tout partager, et celle avec qui tu pourras construire un avenir. Parce que de l'avenir, tu en as, Harry Potter. Parce que tu vas botter le cul à ce prétentieux de Voldemort, et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, s'il te plaît !

Mais je te vois déjà me regarder avec tes grands yeux verts pleins de questions et de doutes. Non, Harry, tu ne m'aimes pas. Mais si je te rendais ta liberté, tu comprendrais pas. Tu penserais que t'es pas assez bien pour moi, ou que t'as fait une connerie, ou je sais pas encore trop quoi d'autre. On parlait du complexe Malfoy, bah toi, t'es atteint du syndrome post-Chang. Suffit que je te regarde de travers pour que tu t'attendes à ce que je fonde en larmes. Comme si c'était mon genre ! Et tu le sais, en plus ! Tu le sais que je suis pas une pauvre chialeuse, ou une midinette, ou une de tes fans acharnées, une Potterette. Mais faut quand même que tu flippes. Mais t'es mignon quand tu psychoses, alors de temps en temps, j'aime bien te faire un peu peur.

Tu vois Harry, au bout de dix mois, tout ce qu'on a gagné, c'est quoi ? De la stabilité, ça c'est clair. Ensuite, de très agréables parties de corps à corps, on ne peut le nier. D'ailleurs, je devrais le crier haut et fort, histoire de rendre les gourdasses vertes de rage. Damoiselles, Damoiseaux, Harry Potter est un excellent coup, mais il est à moi ! Ca, tu vois, c'est plus mon genre. Mais je m'égare. Qu'a-t-on gagné d'autre de cette relation ? Si je te posais la question, je suis sûre que tu saurais pas y répondre. Ben voilà ta réponse. En dix mois, je me suis attachée à toi. Mais va pas croire que je suis amoureuse, non plus.

Des fois, je me demande ce que toi tu ressens pour moi. On eu beau définir ça comme de l'amitié-et-plus-si-affinités-et-affinités-il-y-a, je pense que dans ta petite tête de romantique, tu craques un peu pour moi. Pas beaucoup. Juste un peu. Comme moi, quoi. Mais j'aimerais bien savoir.

Quoi que non, finalement. Parce que sinon, j'aurais peur de la fin de notre relation. Je me mettrais à flipper à cause de ta confrontation avec Voldy, je deviendrais encore plus stressée, je déprimerais sec, et puis je deviendrais une chialeuse. Là, c'est bien, c'est juste bien. C'est ce qu'il nous faut. Enfin, presque, parce qu'à toi, il te faut quelqu'un de mieux que moi. Mais dis-moi, Harry… Est-ce que tu m'aimes ? Juste un peu ?

Tu te retournes dans ton sommeil. J'espère que tu vas pas te réveiller, parce que tel que je te connais, tu voudrais remettre le couvert. Et moi, j'aime bien profiter des moments de calme après la tempête. J'aime bien ces moments, parce qu'ils sont plus intimes que l'acte sexuel en lui-même. Et puis j'aime t'observer quand tu dors, guetter tes cauchemars et t'en sauver du bout des lèvres. J'aime bien la sensation de ta tête qui repose sur ma poitrine, et j'aime écouter ton souffle apaisé.

Pfff… Tu vois que je m'attache à toi ? Lors de nos premières fois, on se rhabillait tout de suite après, ou on prenait une douche, ou on remettait ça. Mais là, on devient un vieux couple, et ça va pas, Harry. Ca va pas du tout. Ca va pas, parce que je ne veux pas avoir peur pour toi, et je veux pas tomber amoureuse. Traite-moi d'égoïste si tu veux, de toutes façons, t'aurais pas tort.

Pourquoi tu dors toujours, après ? Je te fatigue tellement que ça ?

Eh là ! Qu'est-ce qui te fait sourire dans ton sommeil ? Qu'est-ce qu'il y a de drôle ? Je veux savoir ! Si je t'aimais pas tant, je te réveillerai pour savoir. … Attends, là qu'est-ce que j'ai dit ? Enfin pensé mais c'est presque pareil ? Si je t'aimais pas tant… La vache, je suis plus atteinte que je ne le pensais. Va falloir qu'on ait une discussion, mon grand, mais je peux pas continuer à monologuer, ça m'avancera pas sur tes sentiments.

Alors je prends mon courage à deux mains et je te secoue doucement. Tu grognes. C'est marrant, je pensais pas que tu puisses faire ce genre de bruits. Je te secoue un peu plus fort. Tu re-grognes, fronces les sourcils, re-re-grognes (décidément !) et tu te réveilles finalement.

Qu'est-ce que je veux ? Qu'on discute. De quoi ? De nous. Oui, comme tu dis, aïe. Autant que tu saches, Potter, j'aime pas plus ça que toi, mais il se passe des choses. On se laisse aller, et de là apparaissent des complications.

Tu hausses les sourcils. Ca fait longtemps que je t'ai pas appelé Potter. En tous cas, tu vois pas de quoi je veux parler. Alors je t'explique, en te maudissant au passage. Parce que je suis sûre que tu le fais exprès, parce que t'as vu que ça me foutait mal à l'aise et que t'aimes bien me foutre mal à l'aise. Donc je t'explique qu'on se laisse aller, qu'on devient un vieux couple et que je me suis surprise à te fixer en train de roupiller.

Et je m'impressionne moi-même parce que j'ai dit tout ça sans rougir, alors que je suis morte de honte à l'idée d'avoir dévoilé une partie de moi. Autant tu peux me regarder à poil sous tous les angles, autant ça, les sentiments, c'est un truc trop intime, qui me fout mal à l'aise, donc que t'aimes, et qui donc me fout encore plus mal à l'aise. Je te maudirai jamais assez.

Ca te fait marrer tout ça. Je le vois bien, t'as le même petit sourire amusé que quand tu pionçais. Mais tu dis rien, tu me laisses m'enfoncer toute seule. Mais comme t'es trop gentil, tu finis par me serrer tout contre toi. Tu vois qu'on se laisse aller, que je te dis. Même dans l'intimité on a des gestes affectueux. Avant, y'avait pas d'affection entre nous. De l'urgence, du désir, et des relations amicales. Et c'était parfait. Pourquoi tu me serres dans tes bras là ? Pourquoi ça me coupe le souffle alors que tu ne me serres pas à ce point ? Et surtout pourquoi j'ai l'impression que tant que je serai là, dans tes bras, il pourra rien nous arriver ?

Tu approches ton visage du mien et tu m'embrasses. Là encore, plus de désir, plus de passion, plus d'urgence. Pourquoi t'es si tendre ? Rah, tu m'énerves. Mais je t'embrasse quand même, parce qu'un baiser tendre, ça fait du bien à l'âme et à l'esprit. Tu relâches un peu ton étreinte et d'une main, tu me caresses la joue. Parle, s'il te plait, ce silence-là, il m'agace.

Tu dois être télépathe, ou alors... Hey ! Salaud, tu m'as Legilimensée ! En tous cas, tu parles. Je comprends pas tout ce que tu me dis, tu parles trop bas, mais même sans les comprendre, tes mots me font du bien. Si j'étais un chat, je me mettrais à ronronner de plaisir. Et puis tu approches ta bouche de mon oreille, et sans hausser la voix, tu me dis que tu m'aimes.

J'arrive plus à respirer, d'un coup. Et mon cœur oublie de battre. Et mon corps ne répond plus. Je me sens toute molle, et surtout très conne. Tu n'attends pas de réponse, tu me connais trop. Tu sais que mes silences en disent souvent plus que mes mots. Ton visage s'écarte du mien, et j'ai encore plus de mal à respirer. Reviens, s'il te plait. Et c'est ce que tu fais, et encore une fois, tu m'embrasses, doucement, tendrement. Et encore une fois, je te réponds. Je me sens bien, là. Même si mon cœur rate un battement une fois sur deux, que tu tires un peu mes cheveux et que ton bras passé sous le mien me fait mal.

Et pour la première fois, Harry, on fait l'amour. Avant, c'était rien, je m'en rends compte maintenant. Aussi bien que ça ait pu être, c'est rien comparé à ça. Là, je peux presque mettre un mot derrière chacun de tes gestes. Quand tu caresses ma poitrine, tu me dis Amour. Quand tu effleures mon visage de tes lèvres, tu me dis combien tu tiens à moi. Quand ta bouche trace une ligne de baisers sur mon dos, tu me dis que je n'ai pas besoin de te répondre. Quand tes mains passent sur mes hanches, sur mes cuisses et remontent sur mon visage, tu me dis que tu vivras pour moi.

Mais j'ai aussi envie de te dire des trucs sans parler, faut pas croire que tu aies le monopole de ces choses là ! Je te repasse dessus, et je caresse doucement ton visage. Tu as l'air amusé parce que tu comprends que je te dis que je sais pas mettre des mots sur ça. Je t'embrasse, en essayant d'y mettre la même tendresse que toi, et en t'embrassant ainsi, je te dis que j'ai peur pour toi. Et glissant ma langue dans ton nombril, je te dis que j'ai envie de t'enquiquiner encore longtemps. Et de vive voix, tu me réponds que tu y comptes bien. Et puis toutes les autres choses qu'on se dit en se faisant, ça n'appartient qu'à nous. Mais Harry, franchement, je regrette pas ces dix mois avec toi.

Ce coup-ci, on se réveille en même temps. Et ça nous fait marrer. C'est même pas drôle. L'amour ça rend con, je l'ai toujours dit. Voilà que tu m'as rendue conne. T'as intérêt à assumer. Je me colle contre toi, maintenant que tu m'as dévergondée à ça, je vais avoir tout le temps envie de câlins. Mais ça a pas l'air de te gêner, et c'est tant mieux, parce que dans les prochains temps, tu vas devoir m'en faire pas mal. Et puis comme ça, tu me redis que tu m'aimes, mais cette fois, tu me trouves un surnom à la con. Lizzie. Je t'en filerai, moi du Lizzie.

Bah non, j'aime pas, c'est ridicule, et ça fait jeune fille en fleurs, et bleues, les fleurs. Et si tu te mets à m'appeler comme ça, je ne t'appelle plus que le Survivant. Alors tu me proposes Lise, et j'accepte. T'as de la chance, t'es un privilégié. A part mes parents, personne ne m'a donné de petit surnom. Mais avec toi, je suis faible, et tu le sais, donc tu en profites.

Et pour te montrer que tu es un privilégié, je m'approche de toi, et je glisse des milliers de mots dans une seule phrase. Dans cette phrase, je te dis qu'on sera heureux ensemble, et qu'on aura un avenir, et que tu vivras, pas seulement pour toi, mais aussi pour moi, parce que sans toi, je sais que je serais plus rien. Mais pas seulement pour nous deux, aussi pour ce qui va vivre un jour en moi. Parce que pour toi, je veux bien de ça.

Au creux de ton oreille, je te dis tout simplement que je t'aime.