Une poignée de fleurs.

Ca fait un temps que je t'observe, et que je remarque que tu ne vas pas bien. Mais tu ne veux jamais m'en parler. Du plus profond de mon âme, j'aimerais te rendre le sourire. Oui mais voilà, tu es parti un jour au lever du soleil. Tu étais déterminé, et même les stupides larmes que j'ai pu verser ne t'ont pas fait te retourner. C'est malin, il a suffi que je mette mon cœur à nu pour que tu décides d'aller affronter Voldemort. Si j'avais su, j'aurais fermé ma gueule. Mais ce qui est dit est dit, et tu es quand même parti en me laissant morte de trouille, d'angoisse et de chagrin.

Et tu es revenu…

Comment ça s'est passé, j'en sais rien, et je pense qu'à part Dumbledore, qui a dû consigner soigneusement tes souvenirs dans sa pensine, personne ne sait. Pourtant, à moi tu eux me le dire, non ? On était pas censée se faire confiance ? Avant qu'on s'avoue nos sentiments, on se disait tout. Mais maintenant, tu me parles de moins en moins. Pourtant, ça te ferait du bien de te vider et de tout me raconter. Mais non, tu te mures dans ton silence et tu me laisses m'inquiéter. Et aussi égocentrique que je puisse être, ton silence me bouffe.

Harry, j'ai envie de te faire rire à nouveau. J'en ai marre de Harry-zombie, je veux retrouver celui qui m'a fait tomber amoureuse. Je lui ai toujours pas fait payer cet affront, et franchement, m'en prendre à Harry-amorphe, c'est au-dessus de mes forces. Alors reviens-moi, s'il te plaît. Parce que sinon je pense que moi aussi je vais perdre le rire.

Pour une fois, je suis seule dans ma grande chambre de préfète en chef. Et pour une fois, je me laisse aller à mon chagrin. Je me roule en boule sur le lit et à nouveau, mes stupides larmes se mettent à couler. Combien de temps je reste à chialer ? J'en sais rien. Mais suffisamment pour que ça me fatigue et que je m'endorme.

Je me réveille le lendemain avant le soleil. Finalement, la nuit porte conseil, et le fait que tu ne veuilles pas te confier à moi ne m'empêchera pas de te faire rire à nouveau ! C'est bientôt la saint Valentin, cette fête qui pue la guimauve. Mais cette fois, j'y participerai aussi, aussi vrai que je m'appelle Eliza. J'ai décidé que j'allais t'offrir des fleurs. C'est délicat, mais je sais que ça sera unique. Après tout, puisque tu es un homme, personne ne t'offre de fleurs. Sauf moi.

Le temps de mettre tes précieux amis dans ma poche, on sera bien le quatorze février. Après tout, mon plan machiavélique ne peut définitivement pas se réaliser si je reste toute la journée collée à tes basques (chose que j'ai l'intention de faire). Tes amis m'aideront donc à peaufiner deux-trois petites choses. Mais ça, je te laisse la surprise.

Un hibou envoyé à Pré-au-Lard plus tard, nous voici arrivés au jour fatidique. Tu as passé la nuit avec moi, et ça me facilite la tâche. Je me lève en m'assurant que tu roupilles toujours, et descends en cuisine. Je reviens avec un plateau de viennoiseries, du thé fumant et une cruche emplie de jus d'oranges. Et sur le plateau trône une rose rouge. Je me sens affreusement stupide, mais je vais aller jusqu'au bout.

Je m'assieds près de toi, et ton corps endormi roule et se cogne contre ma cuisse. C'est malin, j'ai failli tout renverser ! Je veux bien me décarcasser pour toi, mais si tu fous tout en l'air avant même que je ne commence, on va avoir du mal ! Bon, on respire profondément et on se calme. Je me scotche un sourire Barbie sur les lèvres, et pose mon plateau sur la table de chevet, afin d'éviter tout accident. Je passe une main fraîche sur ton visage chaud, et dépose plein de baisers sur toute la surface de peau que tu mets à ma disposition dans ton sommeil.

Forcément, tu grognes (je m'y suis habituée, maintenant) et tu fais la grimace (ça aussi j'en ai pris l'habitude). C'est que t'es pas tout à fait ce qu'il y a de plus charmant au réveil… Enfin. Tes yeux s'ouvrent et se referment aussitôt. Ouais, je sais, je suis d'une beauté éblouissante. C'est surtout le soleil. Je dégonfle mes chevilles, et tu te décides enfin à garder tes yeux ouverts. Tu poses ton regard de jade sur moi, et tu hausses un sourcil.

– Lise… ?

– Elle-même.

Tu te frottes les yeux, et tu me fixes. Oui, mes cheveux sont coiffés, oui, je porte une robe de chambre en satin, et non, je n'ai pas les marques du drap sur le visage.

– Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

– Rien, j'ai juste envie de te faire plaisir. Joyeuse saint Valentin !

Les mots écorchent ma gorge, et histoire que tu ne te rendes pas compte que je suis capable de faire des grimaces pires que les tiennes au réveil, je colle mes lèvres contre les tiennes. Tu es surpris au début, mais tu reprends vite le dessus, et tes mains commencent à se faire un peu trop baladeuses. T'es infernal, vraiment. Je m'écarte de toi, et ce coup-ci tu comprends vraiment plus rien.

– Tiens, j'offre le petit déj'.

– Oooookay, qu'est-ce qu'il se passe exactement ?

Je re-scotche mon sourire Colgate, et dépose un baiser sur ta joue. Tu te redresses et tu te cales contre les oreillers. Je place le plateau sur tes genoux, et approche un petit pain de ta bouche. Tu interceptes mon mouvement, et attrape mon poignet avec ta main gauche.

– Lise, tu m'expliques ?

– Mais y'a rien à expliquer !

Et histoire de te clouer le bec, je te tends la rose. Et là, franchement, je me surprends à penser que je suis un véritable génie. Si j'avais su plus tôt quel genre de tronche tu tirerais en me voyant agir comme la parfaite midinette fleur bleue, j'aurais agi comme ça plus tôt. Franchement, ta gueule vaut le détour. Tes yeux sont ronds comme des soucoupes, ta bouche reste entrouverte, et à moins que je ne me sois trompée, tu as manqué d'en avaler ta langue. Je suis géniale. Et je n'ai qu'une seule envie, c'est éclater de rire. Mais je me retiens.

– Une… rose ?

Bravo Einstein ! Sans blagues, t'as trouvé ça tout seul ! Et en seulement quinze secondes !

– Oui, une rose.

Que je suis heureuse de n'être pas toujours comme ça. La mièvrerie et la pauvreté de nos dialogues aujourd'hui est vraiment inquiétante. Marre-toi un bon coup, histoire que je puisse arrêter de sourire comme ça. Je vais finir par avoir une crampe…

– Eh bien… merci…

– Mais de rien !

Grand sourire de cruchasse. Je te hais.

– Bon et si on attaquait ? Je crève la dalle !

Tu sembles rassuré d'entendre cette expression. En même temps, tu me voyais dire quoi ? Qu'il était temps pour moi de me sustenter car mon estomac crie famine ? Je veux bien être gourde pour aujourd'hui, mais si en plus faut que je sois snob, je pense qu'on va en rester là.

Je saisis mon verre de jus d'oranges et te tend le tien. Tu le saisis du bout des doigts, toujours méfiant.

– A cette merveilleuse journée !

Je pense que d'ici ce soir, je me serais auto-pendue mentalementau moins cent fois.

– A cette… euh… merveilleuse journée, oui…

T'es décidément pas convaincu.

– Lise ?

– Oui ?

– T'es sûre qu'il n'y a rien dans ce jus d'oranges ?

T'es trop meugnon. Mais tellement con que je préfère ne pas te répondre. Et j'adore décidément ton regard halluciné. Je suis sûre que tu aurais réagi exactement de la même façon si je t'avais annoncé que j'ai croisé le professeur Snape faisant des entrechats avec un tutu rose dans le couloir. Quoi que, tu l'aurais peut-être mieux pris.

Finalement, tu te décides à manger. Je vois dans ton regard que tu te dis qu'après tout ça, t'auras bien le droit de terminer ce que tu as à peine eu le temps de commencer il y a quelques minutes. Et tu te dis aussi qu'après ça, tout redeviendra normal. Mais mon petit, j'ai d'autres plans.

Une fois qu'on a terminé de boulotter, je range vaguement le plateau. Et toi, tu m'attrapes par le bras et tu me fais tomber sur le lit. Directement, tu roules par-dessus moi. Une seule de tes mains suffit à emprisonner mes deux poignets au-dessus de ma tête et ton corps recouvre entièrement le mien. Faut dire que tu fais un mètre soixante-quinze et que du haut de mon mètre soixante, j'ai du mal à suivre. Bref, tu m'as complètement imobilisée.

– A quoi tu joues ?

Bon ras le bol des conneries, tant pis pour Ron et Hermione.

– Je joue à rien, j'essaye de te rendre un peu plus gai. Marre de voir ta gueule d'enterrement. Marre de te voir porter tous les malheurs du monde sur tes épaules. Marre que tu me parles à peine, que tu te confies plus, et marre, marre, marre de ton regard vide.

Je crois que j'ai bien fait de tout te déballer. Ton regard regagne un peu de son éclat, et un fin sourire se dessine sur tes lèvres.

– Et pourquoi tu m'en as pas parlé ?

– Je t'en ai parlé, mais en bon Monsieur Regardez-comme-je-souffre, t'as rien voulu entendre. Tu sais quoi ? Ca fait deux mois que t'as pas autant parlé.

Tu te tais. Tu sais que j'ai raison. Tu devrais savoir que j'ai toujours raison. J'espère que tu te le tiendras pour dit à partir de dorénavant.

Tu me relâches et te dégages. T'as l'air sonné, d'un coup. Je m'approche de toi et te serre contre moi. Tu te laisses aller, et je commence à te bercer sans savoir pourquoi. Un de tes bras enserre ma taille, et l'autre est contre mon dos, puisque la main de ce bras est accrochée à une mèche de mes cheveux.

Au départ, je te sens triste. Tu t'en veux. Et puis je commence à te murmurer des tas de choses, certainement sans queue ni tête. Ce tableau me rappelle un certain jour, il y a de ça six mois. Un certain jour où la gamine que je suis a réalisé qu'elle pouvait aimé une autre personne qu'elle-même. Sauf que là, c'est moi qui te rassure. Et mes mots semblent te toucher, même si tu ne les comprends pas tous. Tu te détends, et je te sens apaisé.

Je me tais. Tu lèves ton regard vers moi et tu te rends compte que je suis en train de me mordiller la lèvre. Tu me fais arrêter d'un geste de la main. Tes doigts viennent de se poser sur ma bouche.

– Quelque chose te tracasse ? que tu me demandes.

Je te souris et embrasse la pièce du regard tout en te répondant :

– Je me demande juste ce que je vais faire de tout ça.

Tu te redresses brusquement, et pour la première fois, tu te rends compte que ma chambre est envahie de fleurs.

– Tu es complètement folle, Lizzie.

– COMMENT TU M'AS APPELEE ?

C'est ton rire qui me répond, qui résonne dans mon cœur bien plus longtemps que dans la pièce. J'avais oublié à quel point c'était bon, de t'entendre rire. Ca dure un moment, et puis je me mets à rire aussi. Je ne sais pas pourquoi, certainement parce que comme on le sait très bien toi et moi, l'amour ça rend con.

– On va les garder.

C'est ce que tu me dis finalement. Ta tête est posée sur mes genoux, et ton regard est fixé au mien. Tes yeux brillent à nouveau, ton visage a retrouvé les couleurs de la joie, et surtout, un sourire est dessiné sur ton visage.

– Ca fait du bien.

C'est tout ce que je trouve à dire pour couper ce silence que je commence à trouver embarrassant.

– De quoi ?

– De t'entendre rire.

Tu me souris à nouveau. Si j'avais su qu'il suffisait de si peu…

Tu te redresses, et tu m'embrasses. Et dans cette étreinte là, je ressens tout ce qui avait disparu depuis que tu as affronté Voldemort. Je ressens tout ton amour pour moi, et, plus fort que tout, je ressens la vie qui pétille à nouveau tout au fond de toi.

C'est dingue ce que tu as pu me manquer…


¤ marion-moune : Merci pour ta gentille review. J'espère que tu aimeras autant ce chapitre-ci que le précédent...

¤ Prudence-moony : Encore une petite surprise! J'espère que ce chapitre pas découvert via msn, et dont tu n'avais même pas vent de l'existence te plaira !

¤ Florineige : Merci beaucoup pour ta review. J'ai pris en compte ta remarque, et voilà un second chapitre avec des dialogues !

¤ Nienna-lo : Je suis contente que mes fics vous plaisent. J'espère ne pas vous décevoir avec ce chapitre-ci, dont je suis moins fière que le précédent. Je trouve que les dialogues font perdre de l'intensité au ressenti de Lise, mais il faut trouver un moyen de satisfaire tout le monde. Enfin, je pense m'en être pas trop mal sortie quand même. J'ai pris en compte votre petit conseil concernant les reviews anonymes et les ai autorisées. Merci en tous cas pour votre gentille review !

¤ mot de passe : Merci beaucoup !

¤ Arch-nemesis's : Contente que mon style te plaise et ce malgré l'absence de dialogues ! Merci beaucoup beaucoup en tous cas pour ta très gentille review.

¤ Gaby B : Merci ! Je ne te promets pas une suite bientôt, mais je pense que suite il y aura..!


Note : Hum... J'ai un problème qui s'appelle je-ne-sais-pas-comment-qualifier-cette-fic. Ca n'est plus un one-shot, mais ça n'est pas non plus une histoire suivie. J'ai l'intention de garder les personnages de Harry et Lise et de les mettre dans différentes sitations, une par chapitre. Et à part quelques évocations de faits précédents, je ne pense pas que les chapitres auront des liens les uns envers les autres.