Laliel : Thank you for the review ! Tu es la seule personne qui m'en a envoyée un, merci merci ! Tu dois parler en anglais la plupart du temps pour m'avoir envoyé une review en anglais j'imagine ? En tout cas, ça me fait très plaisir, merci encore !
CHAPITRE 2 : « Conditions Mystérieuses »
N'ayant pas de fenêtre dans sa chambre, la privant ainsi du soleil, Anna se leva tard ce matin-là. L'opéra était plutôt silencieux. Elle prit le temps de se lever lentement avant d'aller prendre une bouchée. Aujourd'hui, elle avait envie d'explorer un peu l'endroit. Naturellement, son père l'avait averti de ne pas le faire et surtout pas toute seule, mais Anna était parfois têtue. De plus, que pouvait-il y avoir de dangereux dans un théâtre ? Elle n'avait pas peur des rats et elle osait croire qu'elle était tombée dans la seule pièce de la bâtisse dont le plancher était moisi.
Durant son exploration, Anna découvrit enfin la pièce principale, la salle de représentation. Celle-ci était encore plus grande que Anna ne l'aurait crue. Quelques travailleurs s'affairaient à nettoyer les nombreux sièges de tissu rouge et les lumières en globes accrochées aux murs. Anna suivit une allée et s'avança jusqu'à la scène. Juste en avant se trouvait un espace en forme de demi-lune. Il s'agissait du lieu réservé à l'orchestre que son père allait diriger. Anna s'imaginait déjà en train de jouer de son violon le soir de la première. Par contre, au moment où elle se dirigeait vers l'arrière scène, une voix vint interrompre sa visite.
« Mademoiselle Hamilton, votre père m'a demandé de vous conduire à son bureau immédiatement. Il veut voir tout de suite, c'est important. »
« Madame Giry ! » S'exclama la concernée, surprise.
« Veillez me suivre, s'il vous plait. »
Anna descendit de la scène et suivit Madame Giry dans les couloirs du théâtre, se questionnant sur les raisons qui pouvaient motiver son père à la voir. Que pouvait-il avoir de si urgent à lui dire ? Elle allait le découvrir bientôt. En attendant, elle suivait la directrice de la troupe de danse jusqu'au bureau.
« C'est un très bel endroit, j'aime beaucoup ça ici. »
Anna n'eut aucune réponse à sa remarque. Elle fit une nouvelle tentative dans l'espoir de faire plus ample connaissance.
« Avez-vous travaillée à l'Opéra Populaire avant son incendie ? »
« Oui. » Se contenta de lui répondre Madame Giry.
« Et est-ce que… » Commença la jeune femme avant d'être coupée subitement par son interlocutrice.
« N'essayez pas d'en savoir trop sur ce lieu, Mademoiselle. Il y a certaines choses qu'il vaut mieux ignorer et certains fantômes qu'il serait mieux de ne pas réveiller et de laisser dans le passé. » Dit-elle sérieusement.
Déconcertée et intriguée par les paroles de Madame Giry, Anna ne prononça plus le moindre mot jusqu'à ce qu'elle arrive devant la porte du bureau de son père.
« Vous y êtes. » Dit sèchement Madame Giry avant de rebrousser chemin.
Anna la regarda s'éloigner et disparaître dans le tournant du couloir. Cette femme était assez étrange, pensa Anna, puis elle ouvrit l'une des deux portes en chêne du bureau de son père et entra. Celui-ci se trouvait assit dans son fauteuil en train d'examiner des papiers. En voyant sa fille entrer, il interrompit sa lecture et déposa ses lunettes à côté de la petite lampe qui éclairait la pièce sur son bureau.
« Anna, mon enfant ! »
« Vous vouliez me voir, père ? »
« En effet. Je t'en pris, assis-toi. J'ai quelque chose à t'annoncer. » Lui dit calmement Viktor, l'air affligé.
« De quoi s'agit-il ? » Demanda Anna, curieuse de savoir ce qui pouvait rendre son père d'une humeur si triste.
« Tu ne pourras plus jouer du violon dans l'orchestre. »
Sous le choc, Anna resta immobile, sentant à nouveau le sol se dérober sous ses pieds bien que celui-ci, en réalité, ne bougeait pas du tout. Comment son père pouvait-il lui priver de jouer de la musique dans son orchestre ? Elle faisait des spectacles avec lui depuis son tout jeune âge, ça n'avait pas de sens.
« Pourquoi ? » Demanda-t-elle, la voix tremblante.
« C'est l'une des conditions que Madame Giry m'a imposée. Si je refuse, nous allons perdre la troupe de ballets de l'Opéra car elle s'en ira. Je ne peux pas me permettre cette perte Anna. »
« Qu'elle s'en aille ! Elle n'a aucun droit de dicter ses lois ! Qu'elle parte et on trouvera une autre troupe de danse ! » S'exclama Anna en colère.
« Il n'y a pas d'autre troupe de ballets à Paris. Je n'ai pas le choix d'accéder à sa demande. Tu ne dois pas faire partie de l'équipe de production. »
Anna n'en croyait pas ses oreilles. Cette femme était en train de faire du chantage à son père, le directeur du théâtre et celui-ci acquiesçait à ses caprices.
« Je comprend ce que tu peux ressentir, mais tu sais, tu pourras toujours assister aux répétitions. » La consola-t-il.
Trop frustrée pour répondre quoi que ce soit à son père, Anna quitta la pièce. Il fallait qu'elle trouve cette Madame Giry. Elle ne pouvait pas accepter que cette femme l'exclue du spectacle, qu'elle lui prive de sa musique. À quoi bon jouer du violon s'il n'y a personne pour vous écouter ? Et puis elle espérait pouvoir devenir choriste un jour grâce à ses cours de chants, allait-elle devoir abandonner ses leçons de chant également ?
Ce fut en entrant dans la salle de spectacle que Anna aperçue Madame Giry, assise dans l'un des balcons du théâtre. La loge numéro cinq. La jeune femme grimpa les escaliers et entra en furie.
« Pour qui est-ce que vous vous prenez ! Vous n'avez aucun droit de me retirer de la production de la sorte ! » Ragea Anna.
« Je comprend ce que ça peut vous faire, mais croyez-moi, c'est mieux ainsi. » Répondit Madame Giry d'un ton calme et mystérieux.
« Bien entendu, tout le monde comprend, mais en fait, personne ne sait en fait ce que ça peut faire que d'être privé de la seule chose qui nous importe au monde ! Alors non, Madame, vous ne comprenez pas ce que cela peut me faire. »
« Peu importe ce que vous direz, il en restera ainsi Mademoiselle. Je suis navrée. » S'excusa Madame Giry en quittant la loge.
Madame Giry n'en voulait pas à Anna d'être en colère contre elle, c'était compréhensible, mais elle ne pouvait se risquer de lui dévoiler la vérité. En agissant ainsi, elle la protégeait et protégeait le reste de l'équipe de production. L'opéra Populaire avait été inactif depuis trop longtemps, privant beaucoup de gens de leur emploi. La plupart s'étaient retrouvés à la rue et maintenant que le théâtre allait à nouveau ouvrir ses portes, Madame Giry ne pouvait pas se permettre que cela se reproduise et que ses amis et collègues de travail se retrouvent sans le sou une nouvelle fois.
Il y avait aussi le détail du Phantom. Depuis que Christine Daae avait quitté l'Opéra Populaire avec le Vicomte de Chagny, il n'y avait eut aucun signe de lui. Toutefois, qui disait qu'il n'était plus dans l'établissement ? Madame Giry devait donc se charger d'éviter qu'une autre chanteuse, danseuse ou musicienne puisse charmer le Phantom si jamais celui-ci se trouvait encore dans les caves du théâtre et d'après ce que Madame Giry avait entendue, Anna Hamilton était extrêmement douée pour jouer du violon. Elle se devait donc de brimer les nouveaux talents pour le bien de tous.
Naturellement, Carlotta avait refusée de revenir chanter à L'opéra Populaire. Ce fut donc Catherine Delacroix, l'ancienne soprano qui avait précédée Carlotta, qui revint prendre son titre de prima donna. Âgée d'une trentaine d'année, la diva s'était retirée de la production il y avait quelques années étant donné que sa pauvre mère était mourante, mais elle était prête à recommencer à chanter.
« Cette fois, rien n'arrivera. » Murmura Madame Giry, voulant se convaincre elle-même puis, elle alla rejoindre sa fille, Meg, à l'arrière scène.
Quant à Anna, elle était toujours aussi furieuse. Son âme criait à l'injustice. Elle ne pouvait pas se faire à l'idée d'exclure la musique de sa vie. Entrant dans sa chambre, elle éclata en sanglots sur son lit après avoir refermée et verrouillée la porte de sa chambre.
Relevant son visage au bout d'un moment, elle regarda son violon sur la table basse. Elle avait oubliée de le ranger dans son étui la veille. Anna essuya ses larmes d'un geste rapide avec sa main droite, se remit sur ses pieds et se dirigea vers l'instrument à cordes. Elle le prit dans ses mains, joua quelques notes et se remit à pleurer. Anna rangea sur le champ le violon dans son étui, s'apprêtant à obéir à la volonté de son père lorsqu'elle croisa son reflet dans l'immense miroir de sa chambre. Prise d'une soudaine émotion, elle lança l'étui de toutes ses forces dans le miroir avant de s'écrouler par terre et que de nouvelles larmes perlent sur ses joues. Ce fut des frappements à sa porte qui vinrent troubler son malheur.
« Anna, tu es là ? »
C'était la voix de son père.
« Laisse-moi tranquille, je ne veux voir personne. » Sanglota-t-elle.
Viktor n'insista pas. Anna entendit les pas de son père s'éloigner de sa chambre tandis qu'elle essayait de sécher ses larmes lorsqu'elle découvrit en relevant la tête que le grand miroir était cassé. Sous l'impact, la vitre avait cédé et s'était brisée. Ce ne fut toutefois pas ce détail qui marqua Anna. Le plus étonnant était que le miroir donnait accès à un sombre couloir étroit. S'approchant de l'entrée mystérieuse, elle cessa de pleurer. Il y avait de longues toiles d'araignées sur les murs et autour des chandeliers autrefois dorés qui, s'ils auraient été allumés, auraient éclairés les ténèbres qui s'offraient devant elle. Malgré la peur de pénétrer dans ce tunnel emplit de noirceur, la curiosité de Anna prit le dessus sur sa crainte et elle traversa le miroir.
Le couloir ne semblait pas avoir de fin. Anna se demandait où il pouvait bien mener et pourquoi quelqu'un avait-il vu la nécessité d'en faire un secret ? Ses pas résonnaient en écho alors qu'elle suivait le chemin avec prudence. Anna continua d'avancer jusqu'à ce qu'elle arrive devant une grande étendue d'eau. Un épais brouillard flottait sur la surface.
« Où cela peut-il bien conduire ? » Chuchota Anna à voix haute.
Sa douce voix résonna autour d'elle. Anna s'assit sur la rive durant plusieurs longues minutes, fredonnant un air triste de musique en repensant à son violon. L'endroit où elle se trouvait avait quelque chose d'intriguant et il était évident que ce lieu ne devait pas être trouvé pour une quelconque raison qu'elle ignorait. Au bout d'un moment, n'ayant pas trouvé d'autre chemin ou d'alternative pour travers le lac, Anna fit demi-tour et retourna dans sa chambre.
L'horloge sonnait deux heures de l'après-midi. Anna fut prit de panique. Monsieur Beaufort, son professeur de chant, allait arriver d'un instant à l'autre et il y avait des morceaux de vitres partout sur le sol. Prise au dépourvue, Anna installa un rideau devant le miroir et cacha les morceaux brisés sous son lit. Deux minutes plus tard, on vint cogner à sa porte.
« Monsieur Beaufort, bonjour ! »
« J'espère que vous vous êtes pratiquée depuis notre dernière rencontre, Miss. »
Anna le laissa entrer. Il alla s'installer sur un fauteuil à droite de ce qui restait du miroir caché derrière le bout de tissu et lui demanda de chanter la dernière pièce musicale qu'elle avait pratiquée lors de sa dernière leçon pour s'assurer qu'elle l'avait pratiquée. Anna s'exécuta.
Une nuit d'hiver
Je l'ai entendu
Doux murmure dans les airs
Belle mélodie, ô charmante musique
Qui est cet ange chantant
Anna n'eut pas le temps de terminer sa chanson. Viktor Hamilton venait de faire irruption dans la pièce.
« Monsieur Beaufort, c'est un plaisir de vous revoir. » Accueillit-il en lui serrant la main.
Jamais son père n'était venu assister à ses cours de chants. Anna eut un mauvais pressentiment sur la raison de sa présence ce soir-là et elle avait entièrement raison de s'inquiéter.
« J'ai le regret de vous informer que vous avez fait tout ce chemin pour rien. À partir d'aujourd'hui, ma fille ne chantera plus. Je vous invite toutefois à enseigner le chant à l'occasion de la première pièce que je vais diriger dans ce théâtre. » Poursuivit Viktor.
« Oh, fort bien. » Répondit brièvement Monsieur Beaufort, affichant son traditionnel air pincé.
Monsieur Beaufort prit sa mallette et suivit Monsieur Hamilton jusqu'au grand hall afin de lui dire au revoir. De son côté, Anna les avait suivit jusque dans l'escalier principal. Dès que son ancien professeur de chant fut partit, elle s'adressa à son père du haut des marches de marbres.
« Je pouvais prendre encore des cours de chant sans faire partie de la production, ce n'était pas nécessaire de le renvoyer. » Dit-elle, sentant son cœur se serrer dans sa poitrine.
« Nous avons déjà eu cette discussion Anna. Il n'y a rien de plus à ajouter. »
Tournant les talons, la jeune femme prit la direction de sa chambre. Cependant, elle n'avait pas envie d'y retourner. Elle erra donc dans l'Opéra durant une bonne partie de la journée, essayant de faire le vide dans sa tête.
Lorsqu'elle retourna finalement dans sa chambre après un dîner silencieux en compagnie de son père, Anna remarqua quelque chose d'étrange. Les portes de sa chambre étaient closes et elle se souvenait parfaitement de les avoir laissées entrouvertes quand elle y était sortie plus tôt. Elle jeta un regard à gauche et à droite du couloir, comme si elle espérait y voir quelqu'un, mais il n'y avait personne. Haussant les épaules, Anna entra. Rien ne semblait différent dans sa chambre. Elle décida de dormir de bonne heure ce soir-là, ne se sentant pas trop en forme.
Elle enfila sa nuisette, s'installa confortablement dans son lit lorsque sa main frôla quelque chose de rugueux sur son oreiller. Anna se retourna et y découvrit une enveloppe. Une lettre beige sellée avec de la cire rouge en forme de crâne humain. Anna décacheta l'enveloppe et en sortit un bout de papier jaunit. C'était une lettre écrite à l'encre noire qui lui était adressée.
Chère Mademoiselle Hamilton,
Je vous souhaite la bienvenue dans mon Opéra.
Vous semblez posséder un certain talent musical, il serait fâcheux de le gaspiller. Je pourrais vous aider à l'exploiter si vous le désirez, mais n'en parler à personne.
Une dernière chose. Faites attention aux miroirs. En briser un porte malheur.
P.
Suite à la lecture de ce message, Anna ne savait que penser. Son père était le propriétaire de l'Opéra Populaire alors qui était cette personne qui prétendait à ce titre ? Comment pouvait-elle savoir qu'elle était douée musicalement et surtout, comment avait-elle apprit au sujet de son miroir ?
Son miroir. Anna regarda le grand rideau rouge qui masquait le miroir qu'elle avait brisée en avant-midi. Avec précaution et appréhension, elle s'approcha de l'objet, une bougie à la main. Elle déposa la chandelle sur son bureau et prit une profonde inspiration. D'un coup, elle tira sur le rideau qui tomba par terre et Anna recula d'un bond. Le miroir était réparé comme par magie. La jeune femme posa ses mains sur la glace, question de s'assurer qu'elle ne rêvait pas et que la vitre était réellement là, ce qui était bien le cas.
De ses grands yeux bleus, elle fixa le miroir pendant un instant puis retourna se coucher, laissant la lettre sur sa table de chevet. Tout ça était vraiment étrange. Anna mettrait tout ça au clair demain matin avec son père. Pour le moment, elle devait se reposer et reprendre des forces pour la journée à venir.
