La nuit fut très longue pour le Major Sheppard. Il ne cessa de tourner et virer dans son lit. Il revoyait la scène en boucle. Et Teyla, tombant sur lui, touchée. Par sa faute...
Le lendemain matin, il se rendit jusqu'à sa chambre.
- Teyla ? demanda-t-il en poussant doucement la porte.
Il ne tenait pas à la réveiller. Mais à son plus grand étonnement, la salle de repos était vide. Un lit était pourtant bien défait. John ne comprit pas. Où pouvait-elle bien être à présent ? Et si des complications s'étaient présentées pendant la nuit ?
Il commença sérieusement à s'angoisser quand il entendit quelque chose tomber sur le sol. Il fit volte face et se retrouva face à la jeune femme.
- Bonjour Major.
Sa taille était enroulée dans une bande, à la manière d'un cocon. Son bras s'appuyait maladroitement contre le lit. Ses yeux étaient fatigués. Mais visiblement, elle s'en était plutôt bien sortie.
- Je pensais que vous seriez passé hier soir...
- Mais... je suis là ! répliqua-t-il
Elle voulut se rapprocher de lui mais sa démarche était encore difficile, elle vacillait. John vint la soutenir.
- Vous ne devriez pas être allongée ?
- Le docteur Beckett a dit que j'avais bien supporté le choc. Seul ma peau n'a pas réellement appréciée. Et elle me l'a bien fait savoir... Il paraît que j'ai perdu beaucoup de sang. Mais je me sens bien maintenant. Dans deux jours, je pourrais de nouveau courir m'a-t-il dit !
Il se mit doucement à sourire. C'était comme si elle n'avait jamais été blessée. Du moins, pas au point d'affoler Beckett. Et pourtant, quelques heures auparavant, elle était encore entre la vie et la mort…
- Vous savez Teyla… je… vous n'auriez pas dû faire ça !
- Mais vous auriez fait la même chose pour moi Major… n'est-ce pas ?
John ne répondit pas. Bien sûr qu'il l'aurait fait. Encore plus pour elle. Un peu maladroitement, comme un enfant tout penaud, il passa sa main dans son coup, gardant les yeux vers le sol.
- Je… je vous… merci Teyla.
Elle lui répondit d'un large sourire. Le major Sheppard se tu complètement et le silence s'installa dans la pièce. Un silence qui devient rapidement pesant entre eux. John ne savait trop quoi dire. Après tout, elle venait quand même de lui sauver la vie, mais elle ne semblait pas s'en rendre compte.
- Je… je vais vous laisser vous reposer maintenant.
- Merci d'être passé Major…
Lorsqu'il referma la porte, il garda quelques secondes la main posée sur la poignée, comme s'il espérait qu'elle le retiendrait. Mais ce ne fut pas le cas. John ne savait réellement comment expliquer ce qu'il ressentait. C'était entre le bonheur (car Teyla était toujours vivante), la culpabilité (parce que tout était bel et bien de sa faute), et la tristesse… Car visiblement, elle n'avait pas besoin de lui…
- Vous plaisantez John ?
- Pas du tout Elizabeth, je suis très sérieux.
Liz n'en croyait pas ses oreilles : arrêter les expéditions ? Quelle idée absurde !
- Quelle idée absurde ! ajouta-t-elle
- Teyla ne peut pas se battre pour le moment.
- Et alors ? Ne m'avez-vous pas demandé d'incorporer votre frère à l'équipe ?
- Si mais…
- John, vous allez m'écouter ! le coupa-t-elle. Jusque là, j'ai été assez patiente avec vous mais là, je ne vous comprends absolument plus du tout !
- C'est de ma faute… Vous comprenez ? De-ma-fau-te ! articula-t-il
Assis sur sa chaise, il se laissa tomber en avant, la tête retenue par ses mains, accoudées au bureau.
- John…
Elle s'approcha de lui mais n'osa le toucher. Que pouvait-elle bien lui dire ?
- Ce n'est pas votre faute.
- Bien sûr que si ! Elle m'a prévenue et moi, je n'ai même pas voulu l'écouter !
- Vous ne l'avez pas forcée à se jeter sur vous tout de même, je me trompe ?
Oui, en effet. Mais qu'importe ce qui avait bien pu pousser Teyla à agir ainsi, il se sentait coupable. Il devait veiller sur son équipe. Veiller à ce que chacun des hommes sous ses ordres rentre en vie de chacune de leur mission. Et non le contraire.
Ce fut comme si Elizabeth avait lu dans ses pensées.
- Vous ne pouvez pas toujours être le héros John.
- Je sais mais…
- Non John, il n'y a pas de « mais ». Teyla est une grande fille, elle sait ce qu'elle fait. Elle l'aurait fait pour n'importe quel membre de l'équipe. Non ?
- Certainement oui.
- Alors oubliez ça, et concentrez-vous sur les missions à venir. Votre frère est là lui aussi. C'est l'occasion pour lui de faire ses preuves. Je ne me fais pas de soucis pour l'équipe…
Elle s'était écartée du Major, et de cette manière, s'était rapprochée de la vitre. Elle aperçu le docteur Mckay plus bas, en discussion avec Zelenka. Weir se retourna vers John, toujours pris dans ses pensées. Décidément, il agissait de plus en plus bizarrement ces derniers temps. Et avec cette menace imminente des Wratih… Ce n'était pas le moment qu'il s'apitoie sur son sort.
Elle se glissa rapidement hors du bureau, sans même que Sheppard s'en aperçoive. Elle descendit les escaliers et rejoignit McKay et Zelenka.
- Rodney, je peux vous parler ?
- Bien sûr Elizabeth…
- En privé ? dit-elle tout en regardant le tchèque.
- Euh… oui, venez.
Elle le suivit dans un coin tranquille, loin de la porte des étoiles, où les nouvelles recrues s'activaient. Et loin de Zelenka !
- Il faut que je vous parle du Major.
- Ah oui ?
- J'aimerai vous chargez d'une mission... disons... un peu… spéciale !
Spéciale ? Comment cela "spéciale" ? Rodney regarda Weir avec insistance, lui montrant son incompréhension. Elle lui demanda :
- Vous avez remarqué un changement chez John ces derniers temps ?
- Pas vraiment, non…
- Il tient compte de vos remarques ?
- Des miennes ? Pas vraiment…
- Ah !
- Mais il ne le faisait pas avant non plus ! Ni des miennes, ni de celles de personne d'autres d'ailleurs, ajouta-t-il.
Il la regardait, et visiblement, l'arrogance dont faisait parfois preuve John ne plaisait pas à Rodney.
- Qu'est-ce que vous voulez que je fasse exactement ?
- Hé bien…
Elle observa autour d'eux pour vérifier que personne ne les écoutait. Elle vit une jeune femme blonde s'approcha d'eux, adressant un petit regard à McKay. Si celui-ci resta les yeux fixés sur elle jusqu'à ce qu'elle disparaisse.
- J'aimerai que vous gardiez un œil sur lui… Vous m'écoutez ?
Rodney gardait effectivement un œil sur quelqu'un… mais ce n'était pas le Major !
- Rodney !
- Oui ?
- Vous m'écoutez ?
- Oui…
- Je veux que vous surveilliez John. Discrètement bien sûr…
- Pourquoi ça ?
- Je n'aime pas savoir des hommes sous la responsabilité d'un homme qui n'écoute que ce qu'il veut. C'est déjà fait beaucoup de concession pour lui, mais là, il est allé trop loin. Je ne tiens pas à avoir de surprise. Il m'a l'air quelque peu préoccupé en ce moment alors, si vous pouviez…
- Jouer les chaperons ? De manière à éviter que monsieur ne s'égare trop ? C'est cela que vous voulez ?
Le Docteur Weir vit Sheppard dévaler les escaliers à toute vitesse. Elle décida de mettre terme à sa conversation. Elle tapota l'épaule du scientifique
- Oui Rodney, c'est exactement ça…
