Criminel

CHAPITRE 1 : Réminiscences

Tout a commencé à partir d'un fait banal, d'une broutille mais qui m'a fait voir cette fille, que dis-je cette jeune femme, sous un nouveau jour. Elle que j'avais toujours considérée comme une petite sainte nitouche, une miss-je-sais-tout, une Griffondor en fait. Tout a changé ce soir là… C'était un jour de pluie, et comme à mon habitude je faisais mes rondes dans les couloirs de l'école à la recherche d'élèves enfreignant les règles en faisant une promenade nocturne. Ne trouvant personne dans les parages, je m'apprêtais à rentrer dans mes appartements quand j'aperçus une ombre, furtive et silencieuse. Je la suivit alors qu'elle se dirigeait vers le parc. Qu'allait faire cette personne dans le parc, la nuit, et de plus sous la pluie ? Et qui cela pouvait-il être ? Je n'avais pas très envie de sortir et de me tremper jusqu'aux os, mais l'envie de savoir ce que ce garnement pouvait faire était trop forte et je sortis donc dans la nuit noire à la poursuite de cette silhouette.

Elle passait entre les arbres rapidement, je la suivais à quelques mètres de distances pour ne pas me faire repérer tout de suite et je pourrais ainsi la surprendre et lui flanquer la peur de sa vie, mais soudain, je crus l'avoir perdu. Personne ne ressortait des fourrés. Alors, je m'approcha et au fur et à mesure que j'avançai à travers les arbres, je guettai le moindre son. Et, à ce moment là, j'entendis. J'entendis des pleurs. La personne que je suivais était sortie en pleine nuit pour pleurer ! D'un coup, le plaisir à l'idée que j'allais effrayer cet élève retomba et fut remplacer par une sorte de flottement. Qu'allais-je donc faire ? Je ne savais pas comment réagir dans ce genre de situation ! Puis, je me ressaisis. Peu importe que quelqu'un pleure, il n'avait pas le droit d'être ici à cette heure de la journée et cette maudite pluie commençait à m'agacer ! Je me dirigeais d'un pas décidé vers l'endroit d'où provenaient les bruits et m'arrêta devant cet élève recroquevillé dans les pans de sa robe de sorciers. Des cheveux longs en bataille sortaient de cet enchevêtrement, c'était donc, bien évidemment, une fille. Il n'y avait qu'une fille pour pleurer ainsi. Soudain mon œil fut attiré vers un petit détail sur la robe de sorcier. L'écusson qui y était cousu montrait que cette fille était une Griffondor. J'eus soudainement l'envie de repartir vite fait de là d'où je venais ! Mais, je ne le fit pas et me rappela que je pourrais profiter de l'occasion pour retirer quelques points…

« - Que faites-vous ici miss ? » dis-je en prenant mon ton froid habituel.

La jeune fille leva ses yeux embués de larmes vers moi et je la reconnu immédiatement.

« - Alors, comme ça on fait une petite promenade nocturne ! Je vois que vos mauvaises fréquentations continuent de vous influencer, miss Granger ! »

A mon grand étonnement, elle ne rétorqua pas, ni même n'esquissa une grimace de colère, comme à son habitude, elle continuait de me fixer, les larmes roulant sur ses joues. Ne m'attendant pas à une telle neutralité, je fus quelques secondes déstabilisé.

« - Alors, j'attends ! Pourquoi n'êtes-vous pas dans le dortoir avec les autres !

Laissez-moi, s'il vous plaît », répondit-elle avec lassitude.

« - Je ne vous permets pas de me parler ainsi miss Granger, 5 points de moins pour Griffondor ! » Mais, même cela ne la fit pas réagir outre mesure. Je décidais donc de changer de tactique, espérant avoir une réponse.

« - Que sait-il passé pour vous mettre dans cet état ? Déception amoureuse avec M. Weasley ?

Non, pas du tout, il n'y a rien entre Ron et moi ! répondit-elle vivement.

J'avais enfin réussi à la faire parler. Je me mis à sa hauteur et m'accroupit devant elle.

« - Alors, qu'y a t'il, je n'ai pas la nuit à vous consacrer ! » Hermione dû comprendre qu'elle n'avait pas le choix si elle voulait la paix et elle se mit à parler :

« - Je reviens du bureau du professeur McGonagall, elle m'y avait fait appeler. Et elle m'a annoncé qu'il s'était passé quelque chose de grave. Comme vous le savez, Vous-savez-qui a commencé à s'en prendre aux moldus et ses mangemorts se sont rendus dans mon quartier et… » Hermione ne put finir, elle se remit à pleurer de plus belle. Je n'avais aucune idée de la façon dont je devais réagir devant la détresse humaine. Alors, je restais à l'écart. Je comprenais ce qu'Hermione voulait me dire. Que les partisans du mage noir avaient sévit dans son quartier et que donc ses proches avaient été touchés et peut-être tués.

« - Vous voulez dire qu'ils s'en sont pris à vos parents ?

Oui, je ne sais pas comment ils ont su qu'ils habitaient là, nous avions pris toutes les précautions nécessaires mais ils ont trouvé.

Sont-ils blessés ? » Je trouvais immédiatement ma question complètement absurde : pourquoi serait-elle dans cet état s'ils n'avaient rien eu ! Elle ne pleurerait pas ainsi pour rien, cela faisait maintenant la septième année qu'elle était confrontée au mage noir de près ou de loin. Elle s'était endurcie devant les épreuves et ne serait pas déstabilisée comme cela pour rien.

« - Ma mère est blessée et est à l'hôpital, mais mon père est… » Elle n'eut pas la force de terminer sa phrase alors qu'un sanglot montait dans sa gorge.

« - Je suis désolé, miss Granger… » Je ne savais pas quoi lui dire d'autre. Je n'avais jamais eu quiconque à consoler ou à soutenir dans ce genre de moment douloureux. Moi, qui avait été du côté inverse et qui avait ôté des vies, je me rendis de nouveau compte de la détresse que j'avais pu provoquer chez mes victimes passées.

Hermione avait à nouveau le visage baissée dans sa robe de sorcier et elle pleurait silencieusement. C'est à ce moment là que je la vis différemment. Il y avait une sorte de courage dans son attitude, dans sa retenue pour essayer de dissimuler sa peine et sa souffrance. Je crois que l'étau a commencé à se refermer à partir de cet instant autour de moi et qu'à partir de là, tout à commencé à m'échapper. Mon humanité commençait à refaire surface violemment alors que je la réprimait depuis tellement longtemps.

« - Vous savez, je suis, moi aussi passé par là, j'ai perdu ma mère dans ma jeunesse. Si vous avez besoin de parlez de tout cela à quelqu'un je serais disponible. Si vous voulez échapper aux regards de pitié de vos camarades ou aux paroles condescendantes de vos amis Potter et Weasley. » Je me repris aussitôt me trouvait pitoyable devant tant de bons sentiments : « - Mais, vous n'y êtes pas obligée ! Ce n'est qu'une proposition, je pense que vos amis sauront vous soutenir, en particulier Potter ! »

Hermione releva la tête et dit simplement « Merci professeur ».

Et là, je ne put réprimer mes sentiments humains devant ce visage inondé de larmes et j'avançai ma main vers Hermione, je regardai cette stupide main parcourir le chemin qui me séparait du dos de la jeune fille pour se poser dessus en signe de compassion. Hermione se rapprocha de moi, ayant besoin de se raccrocher à quelque chose, à quelqu'un, de sentir de la chaleur humaine pour se sentir protégée. Et, malgré moi, je ne bougeais pas, dans l'incapacité de me reculer. Elle se rapprochait alors dangereusement de moi, faisant ressurgir des foules de sensations et de sentiments que je croyais avoir depuis longtemps oublié. Et telle une petite fille, elle agrippa ses mains autour de ma taille et me serra contre elle, le visage enfouie dans ma robe de sorcier. Mon corps ne me répondant plus et agissant comme un humain normal, doté d'une âme et donc de sentiments, je la laissa faire et enroula légèrement mes bras autour de son dos.

Et, nous restâmes ainsi plusieurs heures dans le parc en pleine nuit, Hermione pleurant et laissant sa tristesse s'évacuer et moi gauche et perdu devant des sentiments retrouvés, enfouis depuis des années et refaisant surface en moi. Me redécouvrant alors qu'une adolescente pleurait serrée contre moi. Les minutes, les heures passaient et mes intentions premières de retirer des points ou d'effrayer cette pauvre élève s'étaient évanouies et me semblaient bien loin, remplacées par un sentiment de plénitude des sens et de l'âme humaine retrouvés. Et, nous somme restés des heures dans ce parc sombre, blottis l'un contre l'autre, jusqu'à ce qu'Hermione se sente prête à retourner dans son dortoir. Les minutes passaient et nous étions là, enlacés, sous la pluie battante de cette nuit noire sans lune.

'On dirait qu'elle sort des jupes de sa maman

On croirait qu'elle n'a jamais eu d'amant

Mais méfiez-vous de la femme-enfant

Méfiez-vous de ses dix-sept ans(+)'

(+)Normalement dans les paroles, c'est 'quatorze ans' mais sinon, ça ne collait pas avec mon histoire lol !

Rendez-vous au prochain chapitre… Et si vous avez aimé, n'hésitez pas à laisser une review, cela m'encouragera à continuer et surtout à écrire plus vite !