Ho…


Auteur
: Fœtus

Titre: Ho…

Base : Harry Potter

Genre : Je pense à du PG-13 au moins, je garde des tendances cannibales sous entendues, c'est gore hein ;D ? Of course c'est une relation homosexuelle alors les étroits d'esprit : du vent !

Pairing : Oh ça va hein ! Mdr

Résumé :Le truc que je n'aime pas faire… Bon, à mon avis, la seule chose que vous ayez besoin de savoir c'est qu'Harry à un problème qui n'est plus seulement psychologique, qui n'a jamais SEULEMENT été d'ordre psychologique en réalité… A vous de voir… (XD)

Disclaimer : Et tout le toutim appartient à sa splendississime seigneurie JK Rowling qui nous a tous offert des heures de frissons et de passions sous nos couettes par tous les temps ! Merci également aux fournisseurs de pile et autre lampe de poche…

Hum… Pour ce qui est des personnages de Karel et Johannes, je n'ai aucun mérite, je ne les ai pas inventé et je ne peux pas me permettre de dire que toute ressemblance avec des personnes et des faits réels est parfaitement fortuite… Je doute fortement que les principaux intéressés tombent un jour sur mes écrits, même dans une vie parallèle, il est même absolument improbable qu'ils puissent deviner qui est Fœtus (Mais qui est Fœtus ?), cela dit, ils sont leur propre propriétés hein… (Entre nous ce ne sont pas vraiment des êtres surnaturels dans la vie de tous les jours, quoi que pour l'un des deux j'ai parfois des doutes…)

Note Quoi ! Qui a dit que j'avais un problème avec l'anthropophagie ? Mdr ! Galéjade mise à part chers (rares) lecteurs de moi, voici enfin et contre toute attente le chapitre numéro quatre ! Je crois que c'est celui que j'ai eu le plus de mal à pondre et pourtant… Merlin qu'il est mal tourné ! Parfois, je ne veux pas généraliser alors je me cantonnerais à ma propre expérience, parfois lorsque j'écris c'est un peu douloureux… Là justement ça l'était, je me demande si ce genre de ressenti à un sens profond… Mais ça va, j'aime assez ça, en fait je préfère écrire quand je ressens ça…(Tête d'auteure bizarre et psychopathe)

Si vous avez un peu de temps lisez quand même… o

Réponse aux reviews

Myschka : Ma beta… La clef de voûte de mes écrits mdr ! Comme d'habitude, tu as eu les réponses à tes questions en avant première… Tu as fait connaissance avec l'immortel (voix caverneuse)… Bon je reconnais l'avoir créé en toute liberté, sans gun sur la tempe1 mais je le trouve vraiment malsain… Il me fait peur… Remarque c'est pas pire que Colin, lui il me fout vraiment les jetons, je sais pas encore ce que tu vas en faire mais je veux jamais d'un ex comme ça, Harry vire parano le pauvre (Super Fred à la rescousse, en effet c'est toujours plus efficace que sa main ;D)… Pour la boulette de mon adorable Severus, je suppose que cacher une telle chose à son neveu n'était pas une solution très intelligente. Cela dit par la suite il va comme qui dirait avoir l'occasion de se rattraper, mais ces choses là ont un prix… Les autres Griffondors… Mais qu'est-ce que j'en ai fait Merlin mdr ? Dans mon premier manuscrit Ron était amoureux d'Harry et c'est la raison pour laquelle il était si vindicatif, mais comme ça me posait trop d'obstacle j'ai avorté cette dimension de l'histoire et la haine seule m'est restée sur les bras… Elle n'est pas la pour décorer cependant, j'essaye de la modeler mais c'est à en chialer, ça m'apprendra à partir dans tous les sens na! Nevillou par contre, il a un sacré béguin pour le Survivant… Bon, je pense surtout qu'il l'admire comme un grand frère, il en est carrément fan ! Et puis Lee… Ma foi, il est simplement beaucoup plus fragile qu'il n'y paraît, même pour un dernier cycle, ces années de formatage en vue d'une guerre qui n'a pas eu lieu l'ont terriblement ébranlées, mais je pense que tu avais compris… Changement de registre complet : Je veux savoir si Draco va devenir nezheuuuuuuuuuuuu ! Tu ne peux pas me divulguer ça ? Je dirais rien à personne ? Nan parce que Lucius il me court sur le haricot à castrer d'abord sa femme puis son fils, il fait un peu frustré comme mec tout de même, j'ose à peine imaginer ce qui se passe dans sa tête derrière ce masque d'homme occupé… Et puis, même si j'aime beaucoup le couple Fred/Harry et l'insolence intelligente de Draco, je t'avoue que j'apprécie encore plus son excitation enflammée après un cours de Littérature… Il est mignon, il devient vulgaire mais on sent qu'il a pris son pied, je parie que c'était comme de la masturbation par procuration ! Mais au vue de son comportement face à l'homosexualité de ses camarades j'ai mal aux doigts et à la tête pour toi, pas qu'il soit étriqué d'esprit mais on a comme l'impression que bien malgré lui il y a un blocage… Ton chapitre 14 était tout bonnement prenant, le rapprochement de Draco avec Terry est assez touchant mais je ne saurais pas dire pourquoi… Tu me frustres tu le sais ça ? Mdr, je vais faire du yoga en attendant le chapitre 15, c'est pour pas devenir comme Lucius, il faut que j'apaise ma frustration… BiZ et merci pour ton soutien orthographique !

Eni : Salut mistinguette! Je ne sais pas si tu repasseras par là étant donné l'écart de temps entre mon dernier postage et celui-ci (ça me rend toujours triste d'écrire ce genre de choses, je HAIS mes gènes suisses), mais quand même, je mets un point d'honneur à répondre aux reviews (denrée rare pour les auteur moyen :'( ) ! Alors bon… MERCI ! Parce que… Parce que merci, c'est tout. Je pense qu'il n'y a pas d'autres mots ! Si tu lis ça tu verras que Lee est assez dangereux en effet, mais qu'il est surtout instable… Enfin, motus et bouche cousue ! Les Griffondors sont durs je sais bien, ce n'est pas la première fois qu'on me le fait remarquer… A mon avis, ils ont littéralement craquer, et la seule chose à laquelle ils aspiraient après la défaite du Lord c'était de tout recommencer au calme. Dur dur quand votre meilleur ami renferme précisément la menace de l'humanité dans son corps, c'est comme le rejet d'une greffe, s'en était trop, c'était presque un automatisme de sortir Harry de leur vie, un moyen de défense, de préserver leur innocence… Hummm… Je ne sais pas si j'ai répondu à ta question mdr ! J'ai fait de mon mieux ! Encore merci pour tes compliments, il y en avait beaucoup et ils étaient touchants… (J'ai aimé le "peu commune"c'est le genre de qualification que je préfère o)

Elviera : Le retour de Voldy ! Haaaa Merlin non, celui là j'ai trop de démêlés avec son personnage, pas la force de le décrire il est tellement complexe, alors je me suis dit que le mieux c'était de le descendre Muhahaha ( )! En attendant, le mec aux pieds des escaliers il est pas sympa non plus alors Harry il a raison de tomber dans les vapes… Je vais t'avouer que dans le genre sado-maso, le nouvel arrivant il est champion toutes catégories, un vrai taré… Ha tu sais, je suis désolée pour la MONTAGNE de qualificatifs dans le prologue, vraiment quand je le relis, moi même je réalise que je n'y suis vraiment pas allé de main morte, mais il fallait qu'on sente l'éducation "surchargée", typiquement aristocratique de notre International Dray mdr ! Comme tu l'as (très douloureusement et au prix d'une cigarette) remarquer, je suis aux antipodes de la vague fic télégrammes, je fais plutôt dans le très lourd et très condensé, ha et très long aussi, c'est sans doute pour ça que j'ai du mal à ameuter les lecteurs (snif) ! Sinon, comme tu le dis, Draco qui a voulu jouer les malins s'est littéralement retrouvé pris à son propre piège, il a cru gérer l'amitié et il a sauté la tête la première dans une histoire d'amour CATASTROPHIQUE, c'est bien fait mdr ! Voilà ce qui arrive aux vilains péteux qui ne croient plus en l'amour ;p! J'ai vachement apprécié ta review et entre nous j'aimerais beaucoup ton avis pour ce nouveau chapitre (un peu plus sombre), mais même remarque que plus haut, je ne sais pas si tu repasseras par là avec le temps que je mets entre chaque "updatage" ! Merci du fond du cœur quand même ! BizOu

History : Coucou! C'est gentil de me laisser une review sur aussi ! Tu es bien l'une des rares personnes à avoir relever l'aspect parfois un peu tendre et drôle des répliques de mes personnages. Il est vrai que le comportement de Draco, assez impulsif et nerveux, lui fait parfois faire des associations d'idées maladroites qui se révèlent amusantes pour une personne extérieure. Pour Harry et lui, ne t'en fais pas, je pense qu'on peut considérer dès leur première entrevue sous le cerisier qu'ils se sont "mis ensembles", ils ne pouvaient rien faire d'autre à cet instant précis de leur existence (j'aime ce genre de fatalité amoureuse mdr) ! Je suis contente que tu apprécies mon style descriptif et que tu n'ais pas trouver le résultat trop mièvre (bien que je persiste à penser que parfois ça vire écœurant mdr), et pour Karel tu auras toutes les réponses à tes questions dans ce chapitre-ci ! du moins j'espère, si jamais tu as un doute ou d'autres questions à poser n'hésite pas, tu peux laisser une review ou m'écrire à mon adresse email ! Enfin pour tes deux dernières remarques, c'est vrai qu'un mètre soixante quinze c'est déjà grand, mais si on considère que Draco plafonne bien à un quatre vingt cinq, ça rétablit l'ordre des choses, pour te donner une idée, Karel lui fait environ un mètre quatre vingt douze et Harry est le plus petit de son dortoir, alors évidemment je l'ai qualifié de "petit" héhé ! Puis, pour Blaise et Georges, ce n'est pas encore ça mais il n'y a une scène que pour eux dans le prochain chapitre, c'est là que je développerait le plus les détails de leur amusante relation mdr ! J'espère avoir répondu à toutes tes interrogations ! J'attends ton avis avec impatience pour ce nouveau chapitre ! BiZ à toi !

Yansha : Salut ! bon, comme pour la plupart d'entre vous, je répond à ta review avec ferveur mais conserve mon scepticisme quant à ton éventuel repassage sur cette fic… Cela dit, même si je suis trèèèèès longue à la détente, si Merlin m'aime et qu'il fait que tu reviennes jeter un coup d'œil rapide sur ma fic, sache que j'ai particulièrement apprécié que tu relèves la culture Disney de Severus ! mdr ! Il est chou quand il s'énerve, je lui achèterais bien un costume de Mickey moi, tu cotises ? ;-) Pour Draco roi du couscous ben… Faudrait qu'il nous invite un de ces quatre histoire qu'on vérifie qu'en dis-tu ? Mais à mon avis d'ici quelques temps il refusera de cuisiner pour qui que ce soit d'autre qu'Harry… Pfff ! Si jamais tu vagabondes jusqu'ici, donne-moi ton avis sur ce chapitre ! BizZz !

Vert Emeraude : Ha… Je savais que ça m'arriverais un jour un truc pareil… En fait je suis quasi-persuadée que la moitié des gens pensent comme toi mais n'osent pas me l'avouer (tête de l'auteure qui réfléchit très intensément) mdr ! Je sais bien que mon histoire est un innommable fouillis et que parfois il est particulièrement ardu de suivre le fil de ma pensée… Qui plus est j'ai tendance à faire dans la lourdeur, c'est pas du biscuit mou pour les lecteurs mais j'écris comme ça et je ne peux strictement rien y changer, ça ne serait plus môa ! (L'auteure s'écroule à terre et pleure alors qu'on projecteur se braque sur elle, méladramatesque (F0e reine des néologisme) hein ? ;D) Cela dit, car il y a un CELA DIT, je retiens la première partie de ta review dont la consistance s'apparentait à "j'aime beaucoup ce que tu écris" et j'essaye de relativiser sur le "mais", mais (lol) je te promets d'essayer de rendre les choses moins… Moins… Moins alambiquées dirons-nous (peine perdue, ça ne sera pas avec ce chapitre mdr !) Encore Merci pour ta review !

Melenkoli: Merlin me tripote vous vous êtes donné le mot pour m'envoyer des reviews effrayantes ! Mdr ! J'espère que non quand même, ça serait pervers comme procédé… Bon, et si j'arrêtais de dire des conneries grosses comme moi… Je voudrais bien répondre à ta review avec lenteur et application mais elle se résume quand même seulement à trois mot, un point d'interrogation et une parenthèse ouverte sans rien derrière… C'est étrange, le point d'interrogation est assez loin du (pour ne pas dire diamétralement opposé à) la parenthèse sur le clavier, j'ose espérer qu'originellement tu avais prévu un truc plus consistant mais que, erreur de manipulation faisant, tu t'es retrouvée maman de ce ptit bout de review ! ;D ! Si ce n'est pas le cas et que mon adorable Immortel t'as simplement séduite au point que tu ne puisse que perdre tes mots et vouloir connaître sa nature, te voilà servi avec ce chapitre ! Et puis si c'était encore un problème d'une autre trempe, je t'invite à laisser une review (de nouveau) mdr ! Enorme bizoux à toi mystérieuse revieweuse ! J'attends ton avis sur ce chapitre !

Arch-nemesis's : Ha bon… Je me dis (oui parce que je me parle à moi même, ça t'es jamais arrivée ? Tu sais du genre tu te demandes 'tien c'est midi t'as pas faim ? Ha si maintenant que tu le dis… Bon on va manger ? Vas-y c'est moi qu'invite'), donc je disais que je me suis dit qu'est-ce que ce serait si t'avais eu le temps de m'écrire une review longue Merlin ! Celle là elles fait bien au moins vingt-neuf feuilles (je parle en rouleau de papier toilette) ! Bon bon (c'est pas possible, ça doit être un copain de Pépain, j'arrête pas…) l'immortel c'est pas Ducan Mac Leod du clan Mac Leod t'as vu (vu quoi tu me demanderas, je ne sais pas vraiment, en tout cas pas Vu puisque tu l'avais pas vu), c'est pas grave on fait tous des erreurs, moi même hier j'ai confondu le code de l'alarme de mon travail avec le numéro de téléphone de ma grande tante qui habite dans le sud là ou y a plus d'eau et que les gens meurent séchés, bref la boulette quoi… En fait, c'est entre nous hein, mais l'immortel de cette histoire… (suspence), il meurt pas ! Héhé tu t'y attendais pas avoue ! Allez avoue c'est pas grave si tu savais pas, y a plein de gens ils se seraient trompés aussi ! Bon bon (on dirait une chanson, bon bon bon bon bon bon bon bon (sur l'air de 'il en faut peu pour être heureux'))d'accord Ron est chelou comme les gâteaux de Saturnin mais faut pas lui en vouloir, vivre dans une maison avec pleins de frères et sœurs ça met la pression, après il se dit 'qu'est-ce que je vais faire de ma vie', il devient Junky et il finit dans le caniveau… Naaaaaan ! Ouais… Bon, les Gryffondors c'est des pervers, des loubards des vrais, eux ils font des combats de fourchettes et en plus quand j'en parle on dirait vraiment qu'ils sont tous gay, il font un club gay sado maso et ils invitent Hedwige et Croutard comme ça t'as vu on les soupçonne aussi d'être zoophile, trop la classe. Bref vaisselle, je suis pas cool Buster de les avoir transformer en délinquants mais comme j'ai pas prévu de camp de redressement avec Voldemort en matrone ben… t'inquiète pas ils vont s'adoucir, un peu soupeline à l'aloe vera et tu fais tourné à 40° pendant une demi heure, et puis sinon ben… je les butte tous, mais faut trouver plein de moyens originaux de le faire alors… La barbe (mais ta barbe à daddy, je suis pas une chacal, je me permettrais pas de te la voler !). Moi Malcolm je m'en fou, c'est un gros ouf dans sa tête mais je m'en fou, il fait ce qu'il veut ce con je l'aime pas il sert à rien, en plus j'ai toujours eu le béguin pour Francis moi. Tout ça ça me fait penser qu'il faudrait peut être que j'aille travailler (qui a dit que rien de ce que j'ai écrit jusqu'ici n'avait de rapport avec ce que je viens de dire ? je le casse en deux celui qui dit ça), ça fait chier, d'ailleurs ça serait bien si ça faisait chier que moi mais non, les patrons des usines où je fais le ménage ils chient aussi hélas, heureusement que j'ai des gants ça rend la vie plus douce. Sur cette note délicieuse (qu'est-ce que je raconte moi putain, comme si j'avais déjà mangé un la ou un ré mineur…), je m'en vais parce que une heure et demi de trajet c'est long quand même, genre tu déroules un rouleau de papier toilettes Lotus senteur mentholé je suis sûre que même ça c'est pas aussi long ! Je vais encore croisé ma voisine, le genre Priscilla qui fait des vannes à deux mornilles 'tu es comme le isme qu'on retrouve dans ta manière de faire du protectionisme !'. Je suis contente que tu biches Jamel parce que 'pourquoi tu cours ?' 'Ben parce que tu cours'. Et au fait, t'es pas dans le merde si je décide de faire s'écraser Mir sur Poudlard, je te préviens je veux une photo de toi en train de bouffer ton chapeau Muhahahahahaha ! Arrivée d'air chaud !


¯'°º:ChapitreIV :º°'¯

Et suce mes os

Tu as nourri ta plainte machinale, mécanique…

Tu souffres quand tu avales…

Tu t'ennuies, tu t'enivres…

Langueur !

Mange un ange au cœur qui t'écœure…

Ils passent, aveugles…

Abîment ton corps mou…

Ils tournent sur eux-mêmes, ils deviennent fous…

Façonne et pardonne l'animal pour juste désapprendre ce mal…

Eths

- Je suis désolé, je n'avais pas imaginé une seule seconde que tu puisses réagir comme ça… Je voulais t'en parler à toi parce que tu es proche de lui, et j'ai besoin de savoir s'il nous soupçonne…

La jeune femme fut prise de vertiges et se cramponna in extremis à sa table de nuit… Que fallait-il faire dans ce genre de situation ? Se mettre en colère ? Hurler sa peine ? Crier pour comprendre, crier à en devenir folle ?

Elle entendit une voix lointaine et abandonnée répondre une poignée de mots que sa conscience ne put saisir à la volée… Cette voix pourtant… Serait-ce la sienne ? Sa propre voix ? Il lui semblait être à des années lumières de cette marre de boue dans laquelle Lee venait de lui plonger les pieds avec ses confessions…

Mais c'était bien ses lèvres qu'elle sentait bouger, sans pour autant réussir à comprendre si ces sons tellement étouffés coulaient bien de sa bouche…

- Je pense que… Qu'il ne se doute de rien…

- Mais tu as l'air triste, tu m'en veux ?

Hermione se retourna brusquement, peut-être un peu trop pour ses nerfs à vif, mais elle ne s'offrit pas le temps de chanceler. Le regard qu'elle posa sur celui dont elle avait partagé parmi les plus beaux jours de son existence se régula et se fit plus dur, presque impartial et sans appel… Presque moqueur, puis bientôt froid et sadique… La dernière arme d'une femme brisée dans une pluie de sarcasmes aiguisés…

- C'est que… Lee mon amour, je vais finir par croire que c'est maladif, expliqua-t-elle en dissimulant sa douleur derrière ce nouveau rictus qui déformait son visage, je comprends fort bien que nous ayons décidé de l'éviter, mais votre groupuscule me donne la nausée… C'est devenu la mode c'est ça ?

- Ne prends pas ça à la légère s'il te plait, c'est déjà suffisamment incommode sans que même toi ne te mettes à en rire aussi librement…

- On ne rit pas avec la mort, coupa-t-elle âprement, du moins, moi je ne joue pas avec la mort Lee… Tu saisis la nuance ?

- Alors qu'est-ce que tu vas faire ?

- C'est amusant il y a quelques instants j'étais perdue, et je me demandais réellement ce qu'il allait advenir de moi… Qu'est-ce que je vais faire ? Répéta-t-elle en faisant mine de réfléchir. Ce que je vais faire… Articula-t-elle, c'est ce que tu me demandes ? Tu dis ça comme si la situation dépendait de moi… J'ai fait des choses horribles ces derniers mois, nous avons tous beaucoup grandis, nos cœur se sont assombris après cet été… Mais je n'ai pas le droit de vie ou de mort sur… Sur un simple enfant ! Honnêtement Lee qu'espérais-tu en agissant de la sorte ? A quel genre d'accueil t'attendais-tu ?

- Je ne pensais pas tomber amoureux de toi Hermione… Mais les choses se passent rarement comme on l'aurait souhaité…

- Ha ! Alors ça y est je comprends mieux… C'est une preuve d'amour c'est ça ? Demanda-t-elle avec un sourire féroce.

- Ne sois pas si sardonique ! Je te laisse la possibilité de choisir ton camp, de choisir si oui ou non tu veux rester avec moi tout en sachant ce que je suis et quel est mon rôle… Les femmes passent leur temps à se plaindre de notre manque de sincérité…

- Je t'en supplie Lee, ne m'oblige pas à être grossière… Soupira Hermione au bord de la colère. Tu n'es pas le messie ! Qu'est-ce que c'est que cette histoire de rôle ! Personne ne t'a rien demandé, la tâche ne t'es pas revenue, à aucun moment il n'a été question de désigner quelqu'un pour faire une telle chose…Vous êtes pathétiques… Mais à quoi vous attendez-vous donc ? Devenir les deuxièmes sauveurs de l'humanité ? C'est absurde, ce sont des pièces qui ne se jouent qu'en un seul acte Lee ! Cela ne vous a-t-il donc pas suffit d'assister à la déchéance du premier ! Merlin… laissez-le en paix…

- C'est trop tard… Il faut en finir…

- Et bien… Si c'était pour apprendre de telles vérités, sans doute aurais-je préféré être de ces femmes qui ne se plaignent pas et se complaisent dans le mensonge pour ne pas souffrir… Ou mieux, me couper les deux oreilles peut-être ? Après tout, comment s'appelait ce célèbre peintre qui s'est mutilé dans un accès de folie ? Sûrement est-ce moins douloureux que d'affronter la réalité…

Hermione tourna la tête et colla son front contre la vitre en respirant calmement. Son souffle chaud sur le verre glacé dessinait successivement des petites ondes de buée qui s'effaçaient pour réapparaître aussitôt. Elle contempla, lasse et fatiguée, l'étendue d'herbe verglacée qu'elle apercevait depuis sa fenêtre et suivit du regard une flopée de corbeaux qui s'échappaient sans bruit des cimes de la Forêt Interdite. Même le bruissement de leurs ailes était étouffé par le silence hivernal, la nature enveloppée dans un carcan de coton frigorifié…

Quand elle se remit à parler, la douleur avait déjà gagné du terrain et sa voix se fit si petite que Lee dut s'approcher de sa bouche pour en happer les mots consciencieusement…

- Parfois… Je rêve de tout envoyer valser, avoua-t-elle sans trop savoir pourquoi, de la plus infime des réalités de ma vie, jusqu'à son sens tout entier… Les histoires sans lendemain comme celle d'aujourd'hui, et le monde des sorciers dans lequel j'évolue jour après jour… Mais ça ne résoudrait rien n'est-ce pas ? Fuir je veux dire… Sorcier ou moldu qu'importe, là n'est pas le problème, tous les hommes sont les mêmes et c'est leur fourberie qui m'écœure… Je m'écœure Lee…

Le jeune homme la serra contre lui, amenant doucement sa tête à se poser sur son torse, il lui caressa lentement les cheveux dans un mouvement mécanique, plus nécessaire que tendre… A cet instant précis, elle était si fragilisée par les circonstances qu'elle ne trouva pas la force de le repousser… Elle ne trouva pas la force de taper sur cette montagne avec ses petits poings blancs…

- Hermione arrête de te faire du mal… La vie n'est pas un parterre de fleurs, le ciel n'est jamais tout bleu, il faut être mauvais pour se faire une place respectable et ne pas tomber…

Elle le repoussa mollement et s'éloigna en croisant ses bras autour de son estomac pour tenter d'estomper le nœud qu'il faisait et qui se serrait insidieusement…

- Vas-tu enfin me dire en quoi cela aiderait ton existence à se parfaire de tuer cet enfant… Tu vois Lee, il est l'argument incarné qui réfute ta minable philosophie… Si vraiment il suffit d'être horrible pour engendrer quelque chose de convenable dans ce monde, explique-moi comment un être aussi pur et dénué de toute arrière pensée peut justement avoir sauvé ce monde ?

- Oui bien sûr ! Grinça-t-il amèrement, mais Hermione ouvre les yeux ! Regarde le prix qu'il en paye ! Il est détruit, fissuré ! A jamais l'ombre de lui même… C'est ça que tu veux ? Devenir comme lui ?

- Tu ne sais pas de quoi tu parles ! Cracha la jeune fille dans un dangereux regain d'énergie, reprenant férocement les mots qu'il lui avait jeté au visage quelques jours plus tôt. Pourquoi Lee ! Pourquoi est-ce que vous faites ça ? Aucun de vos agissement n'a de justification…

- Tout est de sa faute je n'y peux rien !

- C'est trop facile ! Hurla-t-elle en balançant la lampe de chevet sur le sol.

L'objet se brisa en milles morceaux sous la violence du coup, et des segments de porcelaine vinrent se nicher dans tous les recoins de la pièces avec un étrange bruit de rayure sur le sol de pierre…

- S'il avait vraiment été le héros qu'il prétend être nous n'en serions pas là aujourd'hui ! Explosa le jeune homme. Si vraiment il était aussi pur et bien intentionné que tu le décris, il l'aurait fait lui même, il aurait été jusqu'au bout sans que l'on ait à intervenir !

- Tu es minable, souffla-t-elle la vois vibrante de larmes, il n'a jamais prétendu être plus que ce qu'il était… Un adolescent qui cachait sa fragilité en se battant pour ses convictions… Tu sais qu'il voulait le faire, il voulait toucher la fin de cette histoire, conduire son âme jusqu'au fond, il voulait mourir pour nous, emmener l'autre dans l'abîme en même temps que ses projets pour un avenir qui ne viendrait jamais… Mais ils l'en ont empêché Lee… Et maintenant que quelqu'un a enfin compris qu'il était un être rare et précieux Lee, maintenant qu'une personne accepte de lui donner pour deux l'amour qu'il ne sait pas construire tout seul, tu vas lui enlever ça ? Il est si minuscule et vulnérable… Son châtiment est pire que la mort…

Lee tapa rageusement sur la table de travail d'Hermione faisant rouler au sol quelques un des parchemins… La mâchoire serrée, il articula d'une voix à peine audible :

- La menace est trop grande, on ne sait pas si cette histoire d'enfermement est suffisante pour nous protéger… Nous faisons ce que nous faisons pour la sécurité du peuple sorcier… Lui ne penserait jamais de façon aussi large…

Comme pour appuyer le contraste du vacarme que la porcelaine de la petite lampe bleue avait fait s'écouler dans la pièce, une vague beaucoup plus puissante de silence cette fois s'abattit entre eux comme le glas d'un instant décisif, d'une inéluctable prise de conscience…

Ce fut sûrement le mot de trop pour que la colère de la jeune femme se taise d'avantage. Laissant libre cours à tous les remords qu'elle avait enfermé depuis qu'elle reniait son meilleur ami, elle déversa sur Lee le torrent de mots qu'il méritait d'entendre, se souciant tout juste du voile de larmes qui obstruait désormais complètement sa vue…

- Tu fermes bêtement les yeux comme un mouton, commença-t-elle par murmurer la voix cassée par les hurlements qui ne s'étaient pas résolus à sortir, comme un sbire des forces du bien que tu dis servir mais que tu ne comprends pas… Tu te cherches des excuses, nous savons toi et moi qu'il est inutile de l'achever pour être en parfaite sécurité. Tu dis combattre le mal mais c'est ce que tu es ! Tu me donnes envie de vomir, tu es pire que moi qui ait refusé de lui tendre la main… Toi, tu ne veux tout simplement pas voir comme il est petit et comme la fin de tout ça l'a abattu… Je ne sais pas ce que tu espères finir Lee, je ne sais pas quel travail inachevé tu veux boucler, je ne comprends pas… Tu t'es trompé. Regarde-le au fond des yeux ne serait-ce qu'une fois cet enfant que tu veux tuer Lee… Sa mort il l'a déjà vécue, et il en était conscient, loin de mourir dignement il a enduré la douleur du trépas jour après jour pendant des mois. Laisse le ressusciter, se reconstruire ou je ne sais pas ce qui t'arrivera… En ce qui me concerne c'est terminé, je ne veux plus… Plus jamais voir tes yeux se poser sur moi…

- Hermione, implora le jeune homme.

- Tu as fait tes choix, et moi les miens, un peu tard certes, mais nous n'avons pas choisis le même "camp" visiblement… Va-t-en… dit-elle calmement en lui tournant le dos pour ramasser ses parchemins.

Incertain et déçu, l'adolescent passa le seuil de la porte avec le goût du regret sur la pointe de la langue, un goût désagréable et persistant contre ses dents, un goût métallique et familier, assez proche de celui du sang… Il y avait longtemps qu'il avait compris que la vie n'était pas belle, qu'elle n'était pas facile… Bien longtemps qu'il avait perdu ses illusions et qu'il avançait sans se retourner… Alors pourquoi ce poids au fond de son estomac ?

0

oO Oo

-Harry… Ouvre les yeux s'il te plait…

Ho… Cette main gelée et poudreuse contre la chaleur éternelle de mon front… Se pourrait-il que tu sois fait de neige étrange archange? Merlin j'ai mal au ventre, je ne suis pas sûr que les mots que je pense soient vraiment les miens…Hum… La paume de cette main… J'ai l'impression qu'elle plonge à l'intérieur de mon épiderme, ses cinq doigts se liquéfient jusqu'à s'insinuer dans les muscles crispés de mon visage pour les détendre un à un… Elle se fond dans le brasier de ma tête, elle effleure le feu de mes tourments, elle les couvre, elle dépose le voile silencieux de sa glace sur la mort de mes pensées chaotiques…Je ne sais plus où je commence, où je finis, si ces doigts ont toujours fait la jonction de mon corps… L'ont-ils fait ?

Je veux toujours, toujours le sentir contre moi, je ne veux plus jamais, jamais qu'il me quitte…

- Harry je suis inquiet… Tu ne veux pas voir l'inquiétude se peindre sur la perfection de mon visage pas vrai ? Harry ça va jurer…

Sa voix est nouée de larmes… Et moi je suis tellement amoureux de lui que je peux les boire alors qu'il ne les a pas même encore versées… Je suis à lui, juste à lui, tout à lui…

Quand il me regarde j'ai l'impression de sentir se souder sur moi un membre sans lequel je peux survivre, mais pas vivre… Et j'aime sa façon détournée de vouloir me faire sourire lorsque tout est au plus mal… Il se fiche de ses blessures, il n'a que faire de son état, je sens naître en lui un soulagement bien plus conséquent lorsqu'il touche du bout du doigt cette piètre victoire d'un sourire naissant sur mon visage…

Alors je vais ouvrir les yeux…

Je vais lui sourire…

Mais le temps viendra petit prince où tu découvriras que ton loup n'est pas beau…

- Harry !

Draco se jeta presque contre lui, le clouant sur le matelas alors qu'il tentait péniblement de se redresser sur la tendresse des oreillers en plume. Bien sûr il mourrait d'envie de lui poser des montagnes de questions, sa tête bourdonnant au gré des évènements inimaginables qui s'enchaînaient trop vite pour être assimilés. Mais pas avant de rattraper le temps et l'espace perdu par leurs deux corps en manque l'un de l'autre. Il le serra avec une force déconvenue emprunte de déréliction mais aussi d'amour, un amour lâche et sans tenue… Toujours en veillant à ce qu'il n'ait pas mal ; fonction désormais inscrite dans son code génétique, plus machinale qu'autre chose…

Harry soupira… Et ce soupir de délivrance fut si long et si salvateur qu'il s'acheva en un gémissement de bien être à peine retenu. Qu'il était bon de se sentir vivant, de deviner sa propre consistance lorsque sa silhouette était dévorée par celle, parfaitement complémentaire, de l'homme qu'il aimait.

- Tu m'as fait peur, espèce de sale gamin ! C'est pervers, c'est morbide de jouer à ça ! Ne t'évanouis plus sans me prévenir avant… Plus jamais…

- D'accord, t'as fini de parler ?

Draco releva la tête surpris et sonda avec perplexité le visage trop mince du bout de chou qui se tenait à grande peine entre ses bras…

- Heu… Oui, je… Oui, répondit-il déconcerté.

- Bien… Très bien, souffla Harry, maintenant par pitié Draco… Embrasse-moi…Supplia-t-il avec le peu de forces qu'il semblait lui rester.

Le blond le fixa ahuri, se demandant s'il avait bien entendu ce qu'il venait d'entendre…

A mesure que les jours avançaient, les choses se compliquaient et semblaient s'imbriquer les unes dans les autres toujours dans le seul but de les séparer, continuellement un petit peu plus. Il ne savait pas comment s'y prendre pour protéger Harry sans l'effrayer… Pour le garder dans les plis de ses draps indéfiniment sans jamais altérer la pureté de cette magie qui s'allumait dans leurs regards respectifs lorsque les rideaux verts étaient baissés et que plus rien alors ne comptait sur terre… Il l'aimait, c'était aussi simple que ça… Il l'aimait et alors que son désir se faisait à chaque minute plus instable, menaçant de le conduire à la catastrophe, alors, enfin sans qu'il n'ait rien à faire ni à demander, voilà que ce corps impuissant offert sous le poids du sien lui proposait ses lèvres alanguies ?

Par Merlin… En cet instant, Harry était si beau, si fragile, si touchant que Draco ne pouvait se résoudre à souiller la sacro-sainte tentation qui se présentait à ses sens. Harry ferma les yeux, amusé et murmura…

- Tu es un schizophrène absolument horripilant Draco Malefoy… Tu menaces de me violer pendant des semaines, et au moment où je cède à ton charme calculateur tu te figes, les larmes au coin des yeux…

Pour répondre à l'interrogation muette que formulait le regard vert et fatigué du brun, les larmes perlèrent lentement sur les joues creuses et parfaitement blanches du Serpentard dont les traits n'avaient pourtant pas cillés.

Le plus étonnant chez lui se surprit à penser Harry…

- Non bien sûr… Pas calculateur mais avisé…

Il était parfait à un point inimaginable, parfait jusque dans le moindre plissements de sa bouche lorsqu'il riait à gorge déployée, parfait jusque dans le brouillard enfantin et grognon de ses grands yeux gris clairs le matin…. Aussi, lorsqu'il pleurait on pouvait à peine se retenir de s'extasier, de remplir jusqu'à la lie des pupilles à la fois terrorisées et enchantées par ce spectacle. Draco était à cet instant aussi fascinant que si le christ s'était mis à verser du sang de ses yeux de pierre… Comme ces statues de marbre Draco était à la fois intouchable et puissant, froid et iconique… Dans sa douleur il ne pouvait pas réaliser combien le pouvoir de ses traits figés par l'arrogance soudain submergés de tendresse étaient hypnotiques…

Alors si une émotion suffisamment intense pour effleurer son cœur de glace venait à le faire pleurer, le ciel n'aurait plus qu'à pleuvoir tout son soul pour accompagner un tel miracle…

- Tu es tellement étrange, tellement énigmatique et difficile à résoudre, lui dit Harry de sa toute petite voix en posant une main épuisée sur sa joue, essuyant doucement avec le bout de son pouce les sillons humides des perles d'eau qui venaient de s'échapper de ses grands yeux…

Draco qui s'était agenouillé sur le sol, les avants bras sur les couvertures pour être à la hauteur du visage auparavant évanoui d'Harry, se décida enfin à monter sur le lit pour s'étendre à ses côtés. Instinctivement, le brun vint se rouler en boule entre ses grands bras et enfouit sa tête dans son pull. Le rire sourd et tendre de Draco vint lécher le creux de ses oreilles…

- Tu es pire qu'un petit animal… Tu l'aimes bien le pull noir j'ai l'impression…

- En fait… J'ai déjà le bleu et ta chemise beige, rappela Harry gêné mais heureux de ne plus constater d'eau accrochée aux cils divins de son adonis.

Draco rit de plus belle et lui ébouriffa les cheveux avec amour. Rassuré par ce geste qui lui était devenu si familier, Harry se risqua à lui poser la question qui lui brûlait dangereusement les lèvres depuis qu'il s'était réveillé…

- Heu Draco je…

- Oui, coupa le blond, je me doute bien que tu meurs d'envie que je t'explique certaines choses… C'est amusant que tu connaisses Karel, non, enfin je veux dire, ça n'a rien d'amusant évidemment…

Il était horriblement nerveux, il attrapa son épaule gauche avec sa main droite et se redressa pour s'asseoir contre les oreiller. Il se mordit la lèvre inférieure et poussa un soupir que l'émotion faisait sursauter à intervalles saccadées…

Harry vint s'installer entre ses jambes pour s'adosser à son torse comme il avait subtilement pris l'habitude de le faire, attrapant aussitôt l'une de ses mains avant de jouer avec la pointe délavée de ses cheveux. Objectif atteint. Le Serpentard soupira contre sa petite nuque gracieuse, mis en confiance et paradoxalement allégé par le poids du corps d'Harry contre lui.

- Karel est mon frère…

Harry retint son souffle, abasourdi mais bien décidé à ne pas interrompre les mots de son ange gardien, par peur que le flot de ses souvenirs ne se tarissent à jamais et qu'il ne veuille ensuite plus lui ouvrir les portes du passé qui avait tellement obscurci son cœur.

- Mon demi frère du moins… Il est le résultat d'une des expériences sexuelles éhontées de mon adorable semblant de mère. Elle était folle tu sais, plaisanta Draco pour se défaire de la gravité du discours qui allait suivre, un peu nympho aussi sans doute… Pour les besoins d'une de ses enquêtes au service du mage noir, mon père est venu un jour à s'allier avec un vampire, rien d'étonnant dans le monde sorcier, leur position était claire pour tout le monde, ces créatures de la nuit avaient juré fidélité éternelle à Voldemort… Personne d'autre qu'eux ne pouvait aussi bien remplir ce type de promesse chevaleresque… Un soir il l'a amené à la maison, je m'en souviens mieux que n'importe quel épisode de ma vie, expliqua Draco d'une voix rauque en serrant plus fort la main d'Harry.

Le brun lui caressa tendrement la cuisse de sa main libre pour l'inciter à continuer à son rythme, tout en lui faisant comprendre qu'il ne le forçait pas à lui révéler ce qui s'avérait être trop douloureux, qu'il pouvait s'arrêter quand bon lui semblait…

Draco l'embrassa sur le sommet du crâne avec affection et posa une main rassurante sur celle que le brun venait de placer maladroitement sur sa jambe.

- Tout va bien Harry, en réalité je m'en souviens quand même nettement moins précisément que ce jour de décembre où j'ai cueilli une cerise pour un étrange garçon… A moins que ça ne soit lui que j'ai cueilli ce jour là ?

Harry rit, et le blond savoura la secousse voluptueuse des vagues de son thorax qui ondulait chaudement contre lui au rythme de son rire cristallin.

- Il venait de loin, poursuivit Draco, il venait de très loin et dès qu'il a ouvert la porte du manoir j'ai vu danser autour de lui les particules électriques de l'orage sec et gelé des pays blancs… Il venait du froid, c'était indéniable. Il aurait été inutile qu'il dise quoi que ce soit tu sais mon loup ; Du halo de lumière océane qui jouxtait la galbe tendre et sèche de son immense corps découlait un parfum salé de menthe et d'herbe… Un vieux parfum qui racontait l'humidité des grimoires, les étincelles du fer des légendes de Ragnarök... Les batailles baignées du sang rutilant du soleil couchant dans le frimas qui dévalait les landes enneigées… Les Ases menés par Odin et les morts indignes du Niflheim…

Draco s'interrompit pour caresser la mine désorientée d'Harry. Il se pencha sur lui et ses longs cheveux blonds suivirent le mouvement de sa tête en quittant son épaule pour effleurer le bras nu du Survivant. Harry frissonna et leva ses lèvres jusqu'à l'oreille de Draco pour le supplier de ne pas cesser de parler… Le Serpentard s'amusa de constater combien son histoire avait fait briller les yeux d'Harry et poursuivit, le son de sa voix voilé par l'émotion du souvenir…

- Ses bottes… Le cuir de ses grandes bottes lacées sentait le sable noir, et à mi chemin entre la pointe et la naissance de la cheville elles étaient profondément marquées par le frottement du fer des étriers… Les peaux de bête amoncelées sur son dos plat et courageux sentaient les légendes Nordiques, légendes gelées ou fourmillaient des elfes et des korrigans… Ses cheveux étaient noirs de jais, envoûtants et indomptables comme les tiens petit Harry, ajouta Draco en posant son index sur le bout de son nez. Il avait les traits fins comme coupés au couteau, parfaitement ciselés, le visage éclairé de cette pâleur pérenne qui les caractérise eux les immortels… Un long nez fin et droit, un nez fier et parfait comme la découpe de son corps… Sa bouche était toute petite, mais large et mince, si peu rosée qu'il était difficile de la distinguer dans les kilomètres de peau crayeuse de son visage. Et, lorsqu'il souriait elle dévoilait une rangée de dents précisément alignées couleur d'ivoire, libérant le son d'un rire grave qui donnait le vertige parce qu'il n'était pas identifiable… Pas… humain. Mais, tu ne pouvais te rendre réellement compte de sa différence qu'en sombrant dans les gouffres cyan qui dévoraient son faciès immobile… Au milieu de ce visage énigmatique aux nervures mortes depuis des siècles, il y avait ces deux immenses puits bleus comme les mers de son pays… La terre sauvage de l'Islande et ses paysages dépouillés qui semblent vivre d'eux mêmes, sans que vous ayez à les dompter… Des yeux si bleus qu'il me semblait y retrouver toutes les nuances de chaque bleu que j'avais rencontré dans ma vie… Artificiel ou naturel… Je n'avais pas plus de trois ans à l'époque mais je me souviens encore de la façon dont ses bras ont enserrés mon petit corps trop mince, ce petit corps que ma mère craignait tant de briser… Je me rappelle avec exactitude la froidure de ses longues phalanges blanches et le reflet de ses ongles impeccables sur mes bras osseux… Il était si puissant que je pouvais le sentir contre ma peau, comme un grésillement… Il m'a soulevé au dessus de son visage et m'a souri…

Comme lui son sourire sentait la mort, mais le charme figé de ses traits qui ne bougeraient plus jamais avait emporté mon cœur avec lui sur les immenses plaines vertes du berceau de la civilisation magicienne…

- Comment s'appelait-il ? Demanda la voix calme d'Harry.

- Et bien… Il s'appelait Johannes, c'était un beau prénom plein de serments et de mystères pour un enfant de tout juste trois ans, sourit tendrement Draco, je pense que c'est la première fois que je suis tombé amoureux, rit-il doucement, j'ai toujours été un enfant précoce…

Harry ne cilla pas mais son cœur se serra, inconsciemment il se demanda si le blond ne cherchait pas à retrouver un peu de son mystérieux homme du nord à travers ses traits qui semblaient traduire une troublante ressemblance avec la réminiscence…

- Mais bien sûr on ne tombe pas vraiment amoureux à trois ans, qui plus est de l'un des serviteurs du Lord… Et puis déjà petit j'avais tendance à chercher des bras chaud et dorés plutôt que la perpétuelle blancheur immaculée déjà tellement envahissante chez les Malefoy.

Il accompagna ses paroles d'un petit baiser sur l'épaule dénudée du Gryffondor.

- Mais le vampire ne s'est pas cantonné à séduire le petit Draco ce jour là… Poursuivit-il les yeux voilés d'une pellicule opaque sur laquelle semblait défiler ses souvenirs. Aussitôt qu'il fût entré dans notre vie, ma chère mère se laissa ronger par le maléfice inexplicable que la présence de cet homme exerçait sur elle… Une semaine… C'est le laps de temps durant lequel il est resté avec nous, une semaine jour pour jour… En une semaine il a été le père que je n'avais pas eu, m'enveloppant de son regard de verre, impassible et sans vie, me faisant monter sur ses grands genoux, m'enivrant les oreilles de sa voix atone et régulière, sa voix robotique et glaciale… En une semaine il a trouvé le moyen de me donner un frère également, Karel… Je ne sais pas si tu as déjà entendu parler des Immortels Harry ?

- Je n'en sais pas grand chose…

- Il en reste peu, ils se comptent tout juste sur les doigts d'une main pour être franc, leur naissance est une défaillance du système naturel, il est vraiment très rare que ces êtres voient le jour… Et sais-tu pourquoi ?

- Pas vraiment…

- Ils ne naissent que de l'union d'un vampire et d'un être humain, ou d'un sorcier en l'occurrence. Seulement les vampires sont des organismes morts, ils ne peuvent pas enfanter, c'est contre nature et aucun esprit, même le plus scientifiquement érudit qu'il fût, ne peut trouver de parade à cette tragédie… Un corps mort ne peut pas engendrer la vie…

- Mais alors…

- Oui me diras-tu, comment Karel a-t-il pu apparaître aussi aisément à une époque où l'on ne croyait plus aux immortels que pour les besoins d'évasion spirituelle des moldus… Et bien, il arrive que parfois, Mère Nature ferme les yeux sur ce qui se noue sous son regard immatériel mais sans appel. Je suppose qu'elle se sentait des affinités avec l'auteure de mes jours qui avait la main si verte, plaisanta Draco. Parfois les choses qui ne devraient pas être finissent par se conjuguer au présent, elles se font palpables et s'immiscent dans la réalité pour quitter le fugitif univers de l'imaginaire, le seul terrain en friche qui ne connaisse pas de limite… Karel est le fruit d'un amour éphémère, certainement plus mystique et physique que profond et inconditionnel. Mais le fait est que, neuf mois plus tard, une semaine après mes quatre ans, ma mère donnait douloureusement naissance à ce corps hybride qui ne manqua pas, à peine sorti de ce ventre qui n'était pas fait pour porter la vie, d'illustrer le parfait mélange entre ma mère et Johannes… Phénomène qui n'avait pas cessé de s'accentuer au cours des onze années qu'il a passé avec nous. Son corps élancé s'étirant pour atteindre les sommets de la même manière que son père, ses cheveux s'emmêlant en boucles semblables à celle de notre mère, souple et cendré, résultat atypique de la fusion d'une blondeur maladive avec l'obscurité de la nuit qui sommeillait dans les mèches coiffées par l'alizé de Johannes…

- Ho… Draco, alors la cicatrice sur ta tempe ?

- Je n'ai jamais pu supporter mon frère, j'en étais maladivement jaloux. Jaloux de ses centimètre en plus, de ses années en moins, de sa prestance, de sa force, de son calme de sa patience maladive… Alors qu'il grandissait, il a éclipsé le peu de liens que j'avais tissés à la sueur de mon front entre mon père et moi. Il avait beau être parfait, il restait un enfant de la honte, il était la preuve irréfutable que Narcissa Malefoy ne savait pas retenir ses ardeurs et qu'elle passait ses heures perdues à faire des enfants dans le dos de son mari trop demeuré pour regarder la réalité en face… Les Malefoy souillés par une aventure extra conjugale ? Mon père ne pouvait pas tolérer ça… Il s'est enfermé dans un mutisme profond, supportant pendant près de sept longues années, la présence insultante de Karel dans les murs du manoir. Il aurait pu dès lors se recentrer sur son fils unique et légitime, mais il n'a fait que devenir le monstre rétif qui me poussait au delà de mes propres limites dans l'espoir de voir ma mère réagir. Cependant c'était un combat perdu d'avance, il y avait déjà bien longtemps qu'elle avait occulté mon existence. Elle ne voyait que Karel, et à travers lui les traits du seul homme qui l'ait jamais fait se sentir vivante, un homme mort par une délicieuse ironie du sort… Alors toutes ces années je me suis battu pour être à la hauteur, j'ai étudié de sorte à toujours exceller, je voulais être le premier partout, je voulais regagner le cœur de mes parents… J'ai passé des heures à dévorer les livres qui jonchaient la bibliothèque interminable sur le mur du fond du bureau de mon père. Affalé sur le tapis à tout juste un mètre de lui, sans qu'il ne fasse la moindre remarque, que je lise les comptes d'Andersen ou les bases de la physique quantique… Je suis devenu le Draco froid, affûté et calculateur sur lequel mon père ne peut toujours pas se résoudre à porter un regard encourageant. Je ne lui en veut pas vraiment, je savais qu'il m'aimerait toujours plus que ce bâtard qui entachait sa famille. Quant à ma mère… Et bien, même si j'avais surpassé Karel un jour, je ne serais jamais un Immortel, je serais toujours Draco, le brouillon, le premier jet, l'expérience perdue… Alors j'ai mal grandi, j'ai fait souffrir les gens autour parce qu'il fallait que j'expulse mon chagrin de fils bafoué sous une forme ou une autre. C'était bon de les voir se défaire devant mes paroles toujours justes et meurtrières, j'étais… Moins seul. Je ne pouvais pas être un cas social, un enfant traumatisé qui pleure la nuit ou qui mouille son lit parce que ses parents ne l'aimaient pas. Je me refusais à laisser le poids de la douleur me maintenir en camisole. La nuit de ses sept ans, un peu avant mon entrée à Poudlard, j'ai dessiné à ce cher Karel le splendide trophée qui orne son visage de long en large. Il n'a pas manqué d'hurler pour une fois… J'étais devenu complètement fou, rien ne semblait pouvoir combler le vide qui s'était creusé dans mes entrailles d'enfant, pas même les livres que j'avalais avec un appétit boulimique… Ni les expériences profondes des limites de mon corps, limites que j'explorais avec une ardeur malsaine pour me sentir vivant, expliqua Draco en caressant de vieilles cicatrices que le temps n'effaçait plus, alignées et symétriques sur ses fins poignets blancs.

- Peu importe comment… Je voulais altérer la perfection de cet enfant qui n'expirerait pas et qui m'avait volé mes parents, volé mon peu d'innocence. Je rêvais de le voir tomber en disgrâce, je voulais qu'il me frappe, qu'il hurle, qu'il sorte de son calme figé qui m'écœurait tant ! Je ne dormais plus la nuit, je me relevais souvent avant l'aube pour aller pousser la porte du bureau de papa… Alors j'y lisais, ou bien j'allais m'endormir dans la chaleur persistante de son dos que le cuir du grand fauteuil emprisonnait encore… Cette nuit là j'ai attrapé le coupe papier que papa avait laissé, coincé entre le cachet de cire et le papier jauni d'un parchemin, j'ai tiré dessus et je l'ai fait roulé entre mes doigts pour jouer avec ses reflets argentés. Je n'ai pas fait ça juste pour voir son sang couler et jubiler ensuite, je peux le jurer devant Merlin, je n'ai pas voulu en arriver là… Je me voyais comme si je m'observais de haut, comme si j'étais sorti de ce corps. Je me suis vu entrer dans la chambre ô combien spacieuse et raffinée de ce chérubin chéri par les dieux, je me suis vu lever la main pour lui porter le coup fatal et laisser le sang gicler sur moi à gros bouillons alors que je fixais sa bouche ouverte sans entendre le cri qui s'en extirpait… J'ai vu mon père entrer et son poing s'abattre sur mon visage… Il a déversé toute la haine de ses sept dernières années dans le coup qu'il m'a porté, sa chevalière s'est enfoncée à quelques centimètres à peine de mon œil gauche, percutant l'os de mon crâne avec une violence qui aurait dû me tuer. J'ai senti le sang couler sur mon visage, se mêler à celui de Karel qui séchait déjà, et mon autre moi à rejoint mon corps avant que je ne ferme les yeux… La suite je te l'ai déjà racontée, quatre semaines dans le coma. A mon réveil, pour la première fois mon père m'a pris dans ses bras, ce n'était pas une étreinte tendre mais j'ai senti qu'il me demandait pardon et qu'il me jurait que plus personne ne viendrait compromettre mon destin d'héritier, il avait pris les choses en mains et généreusement offert à Karel ce qu'il méritait. Ma mère elle, n'est pas venue me chercher à Sainte Mangouste, elle voulait que ce soit moi qui quitte la maison mais mon père à refuser d'essuyer un tel affront. Soit son seul fils biologique restait, soit il déshéritait Narcissa. Elle ne lui a jamais pardonné ça je crois... Alors finalement c'est Karel qui est parti, mes parents l'ont envoyé vivre chez ma tante, la sœur de ma mère, Etheldreda, dans l'une des résidences secondaires des Malefoy en République Tchèque…

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oO Oo

Le vent soufflait dans les branches décharnées du saule cogneur que l'arrivée de la douceur n'avait pas encore su refleurir… Le ciel d'encre enveloppait le parc de Poudlard, illuminant les contours effrayants de la forêt interdite par son millier d'étoiles. La traînée vaporeuse et blafarde de la voie lactée était cette nuit là si visible qu'il semblait que la nuit se mariait à l'aube naissante… Son voile d'amante impatiente abandonnée sur le velours sombre d'une nuit déjà bien avancée…

Remus attrapa la main de Severus et fixa le mince croissant de lune en soupirant de soulagement. Il leva son regard calme et fatigué vers le maître de Potion et n'eut pas besoin de lui poser la question…

- Tu t'inquiètes encore pour Draco…

- Je ne saisis pas bien l'ampleur de leur relation… Ils sont encore bien jeunes pour s'enfermer dans un amour si mordant, si égoïste…

- Ne t'en fais pas… Dois-je te rappeler que je n'avais pas douze ans la première fois que tu m'as coincé dans un placard ?

- Par Merlin ! Je les prenais vraiment au berceau ? Je ne suis pas ce genre de pervers, c'est impossible, tu dois te tromper de personne, conclut solennellement Severus avec un sourire à peine dissimulé, alors qu'il se rappelait très bien de ce premier baiser…

- Comme si je pouvais oublier… Après ça James et Sirius ont radicalement régulé le regard qu'ils portaient sur moi, cette… "trace" dirons nous, m'a tout simplement discrédité à leurs yeux, c'était extraordinaire ! Du jour au lendemain je suis devenu Remus le potentiel rival. Adieu Remus le rat de bibliothèque qui ne répondait pas à la provocation et ne laissait jamais entrapercevoir qu'une fille puisse un jour le corrompre ! Ils se sont mis à craindre pour la sécurité de leur petites amies, et ils ont fait des pieds et des mains pour trouver LA fille qui avait pu me laisser un suçon de cette étendue sur cette partie de mon anatomie… S'ils avaient su… Rit doucement le loup garou en serrant plus fort la main du professeur de Potions.

- Et bien déjà, s'ils avaient su, ils ne se seraient pas échinés à fouiller les archives des ragots féminins, répondit malicieusement Severus en réajustant affectueusement le col de Remus.

Il le fixa intensément, comme s'il cherchait à lire quelque chose de soigneusement dissimulé sous le jaune cuivré de ses yeux souligné par les récentes métamorphoses, savourant quand bien même cette altération qui gardait encore de la sauvagerie lascive du lycanthrope endormi sous sa peau…

- Tu t'inquiètes pour moi mais… Qu'en est-il avec Harry ?

- Avec le retour de Karel il refuse de me parler, et si nous venons à nous croiser dans les couloirs, il soupire de lassitude et fait demi tour… Il nous en veut et je ne peux pas le blâmer, Dumbledore accepte d'héberger le monstre qui a tenté de le tuer à notre insu pendant plus d'un mois… Je ne suis pas Sirius, je ne suis rien pour lui… Je n'ai pas le doit de faire montre d'autorité, je ne peux qu'attendre qu'il vienne vers moi…

- Je sais bien… Mais ne t'en fait pas, tu es un excellent tuteur et le gosse s'est autant attaché à la distance tendre et facile à combler que tu as tissé entre toi et lui qu'il s'était entiché de l'amour étouffant de Sirius… Là n'est pas le problème, tu n'as rien à te reprocher. Mais je ne peux pas te promettre qu'un jour il reviendra en courant dans tes bras Remus… Harry est une bombe à retardement, et le moment viendra où nous ne pourrons rien faire et il expulsera les montagnes de tristesse et de douleur boueuses qui se sont amassées en lui… Cependant Draco est à la hauteur je suppose… Même si parfois le doute se fait l'hôte de mon corps, même si je n'ai toujours pas confiance en cet amour précoce et destructeur…

- Non Severus, pas destructeur au contraire… Ils se donnent l'un à l'autre ce que personne ne pourra jamais leur donner, c'est heureux qu'ils se soient trouvés, ils sont les deux êtres les plus à même de se guérir mutuellement… Je sais ce que tu penses mais il n'y a pas d'amour plus capable de se construire et de perdurer que le leur… Ils n'ont pas fini de s'aimer…

- Hum… Tu as peut-être raison… J'ai vu Karel ce matin…

- Comment va-t-il ?

- Très bien, il m'a dit en souriant qu'il nous arracherait le foie à tous avec une petite cuiller lorsqu'il en aura assez d'être retenu dans la tour et qu'il voudra sortir chercher Harry…

- Toujours aussi charmant… Et je présume que tu vas avoir le culot d'oser me dire après ça que je n'ai pas à être préoccupé ? Demanda Remus dont la voix laissait discerner un brin de scepticisme crispé.

- C'est inutile, l'animosité entre Karel et Draco est à très haute tension, et la sauvagerie de Karel n'est rien qu'une poussière dans le cosmos face à la rancune d'un Malefoy de naissance…

- Karel et Draco? S'étonna le loup garou en sursautant légèrement entre les bras du professeur de Potions.

- Ho il y a des choses qui sont restées très secrètes… Peut-être trop… Mais je serais toi je ne me rongerais pas les sangs pour le petit Survivant… Répondit Rogue et rabattant les pans de sa cape sur son "très tendre ami" pour les envelopper tous les deux dans sa chaleur.

- Au pire, Mac Gonagall rêve toujours de transformer Karel en phasme, je suppose qu'il suffirait de faire en sorte que leur chemins se croisent pour s'en débarrasser…

- Un phasme immortel, quelle expérience fascinante… Je l'ajouterais volontiers à ma collection…

- Ta passion pour les insectes me donne la chair de poule…

- Et bien alors mon loulou, on a peur des petites bêtes ? Ne t'a-t-on jamais dit que la petite bête ne mangeait pas la grosse ?

- Berk…

Severus rit doucement avant d'embrasser amoureusement Remus sur les cheveux.

- Rentrons maintenant, il se fait tard… Tu trembles de froid… Je vais m'affairer à régler ça en bonne et due forme…

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oO Oo

- Tu as vu Harry dernièrement ?

- A mon avis tu le croises plus souvent que moi…

- Ce n'est pas aussi évident… Draco et lui restent enfermés pendant des heures dans sa chambre de préfet, les rares fois où ils daignent nous gratifier de leur présence dans la salle commune, c'est généralement à des horaires où nous sommes bien trop profondément endormis pour en jouir… Je me demande d'ailleurs comment ils font pour ne pas devenir fous, cette histoire de huis clos est plus malsaine que romantique…

- Petit à petit ça va changer, je pense que l'évolution ne pourra que se faire dans le bon sens, ils sortent déjà beaucoup plus depuis que la nature de leur relation est officielle…

- Je ne pense pas que les choses vont aller en se tassant Georges… Je suis désolé de devoir briser tes illusions mon poil de carotte, mais ces idéaux d'un futur proche en rose bonbon c'est sans compter ce psychopathe de Lee…

- Il a tellement changé…

- Il peut encore changer, contrairement à ce qu'il pense aucune situation n'est irréversible, mais il faut que nous agissions vite et efficacement… Si jamais vous vous décidez à agir…

- Bien sur que nous allons le faire !

- Ne t'énerve pas… Permets-moi simplement d'en douter…

- Blaise ! Hurla Georges en bondissant de ses genoux.

Le jeune se leva à son tour et lui embrassa le bout du nez pour le calmer.

- C'est bon, tout va bien se passer, Rogue et Lupin sont au courant de toute façon…

- Rogue et Lupin seraient-ils capables d'être au courant d'autre chose que leur libido respective ? Ironisa Georges.

- Je suppose que les enjeux leur sont suffisamment chers pour ça….

- Yeah les tourtereaux ça gaz ?

- Nevillou ! Où tu vas tout pimpant comme ça, t'as une réception dans les toilettes de Poudlard ma vieille ? Une touche avec la Geignarde ?

- Plutôt embrasser le pissoir, grimaça Neville, non je vais voir Harry, j'ai pas pu lui parler depuis sacrément longtemps avec cette connerie de potion à base d'engrais moldu !

- C'est pas faux… Bon, tu sais… Ne t'attend pas à ce qu'il te saute au cou. A part lorsqu'il s'agit de Draco, il reste l'enfant sauvage… D'ici à ce qu'il griffe quelqu'un ou un truc du genre… Enfin bref, respecte le périmètre de sécurité…

- Surtout en ce moment renchérit Blaise, si tu veux mon avis il doit donner du fil à retordre à ce pauvre Dray ces derniers temps…

- Comment ça, qu'est-ce que tu veux dire par là ? Demanda Hermione qui entrait les cheveux mouillés et un coton tige dans l'oreille gauche.

- Je ne sais pas, il n'a pas voulu s'étendre le sujet… C'est étrange venant de Draco, il est plutôt le genre de gars qui fait face à tout la tête haute et le sourire aux lèvres… Un sourire chiant qui te donne envie de lui taper sur la gueule, mais un sourire quand même, c'est Draco et la "be cool attitude". Depuis qu'il est avec Harry, j'ai l'impression de partager mes cours avec un paranoïaque drogué, j'ai toujours peur qu'il ne se mette à trembler comme un héroïnomane en hypodose de poudre dans le couloir…

- D'un autre côté, ce n'est pas comme si ça fonctionnait à sens unique, lorsqu'il est seul, ou plutôt devrais-je dire les rares fois où il est seul, Harry est tellement diminué que j'en viens à me demander comment il tient debout...

- C'est vrai, admit Blaise, j'avais remarqué également… Leur histoire ne serait-elle pas un peu dangereuse ?

- Je ne pense pas… Ils ont juste… Tu sais, comme trop manqué d'amour, ils comblent le vide laissé pendant des années à la vitesse grand V… C'est un concentré d'amour à l'état pur, alors évidemment c'est assez violent pour l'organisme…

- Bon, je vais chercher Ron, Seamus et mon crétin congénital de frère, annonça Georges, il est grand temps de régler tout ce bordel.

Neville qui avait clairement compris le message quitta la pièce à son tour, quelque peu déçu de ne pas pouvoir aller trouver Harry maintenant, mais soulagé de remédier à un problème d'ordre majeur.

- Moi j'ai deux zigotos à dénicher, en espérant qu'ils ne soient pas en période de fornication, lança-t-il avant de sortir. Surtout retenez le quoi qu'il arrive…

- Qu'est-ce que c'est que cette agitation ? Retenir qui ? Demanda Lee suspicieux.

- Comme si tu ne t'en doutais pas mon ordure de l'année, roucoula Hermione en aidant Ginny à descendre les dernières marches sans trébucher dans sa chemise de nuit.

- Assied-toi, grogna cette dernière, où je te jure que je te refais le portrait Jordan espèce de trou du cul !

- Ne la contrarie pas, quand elle se lève elle est toujours d'humeur meurtrière…

- Bonjour les gens…

- Luna, toi aussi tu es venue !

- Non en fait j'ai simplement… Perdu le chemin jusqu'à la grande salle… Et comme il y avait du bruit dans la salle commune j'ai commencé à douter et à me dire qu'on était peut-être en fin de soirée… Mais après je me suis souvenue que j'étais réveillée depuis pas si longtemps que ça… Alors je me suis dit que peut-être j'avais trop dormi… Ou que peut-être j'avais un problème avec ma perception du temps… Vous ne m'en voulez pas au moins ?

- Quelqu'un va-t-il enfin se décider à m'expliquer qui vous voulez retenir contre son plein gré ?

- Toi pauvre tache !

- Mais, insista Luna, je peux rester avec vous ? A moins qu'il soit encore plus tard que ce que j'avais imaginé, ou alors je suis encore en train de rêver…

- Bien tout le monde se calme, gronda Hermione, Lee assieds-toi et attend sagement que la sentence du jugement des actes que tu as montés ces derniers jours te retombe justement sur la gueule, actuellement c'est tout ce que tu mérites. Luna est-ce que tu pourrais te concentrer et rassembler les molécules de ton aura trente secondes sans écouter les ondes des radis que tu as aux oreilles ? Bien… Blaise tu peux les faire entrer s'il te plait ?

- Bien sûr…

- Il était encore là lui ! Hurla Lee en sautant sur son fauteuil pour se retourner, les yeux tellement exorbités que Blaise se demanda un instant s'il n'allait pas arracher un morceau du dossier avec ses dents...

- Lee ta gueule, soupira Hermione, sincèrement, c'est pour toi que je dis ça… N'aggrave pas ton cas, ça va être un très mauvais moment à passer…

Blaise ouvrit la porte et une dizaine d'élèves entra dans la salle commune des Griffondors.

- Je…Montague ? Terry… Jack…

- Inutile de les énumérer, le coupa Blaise en refermant la porte, ils sont là, tous les douze, ils sont là pour t'annoncer quelque chose Lee… Personne ne criera parce que la violence ne résout rien, on compte tous sur toi pour te montrer adulte et baisser dignement la tête devant ta défaite imminente. Libre à toi de faire cavalier seul et de t'attirer notre courroux par la suite, ou bien de te joindre à nous…

- C'est absurde ! Couina-t-il en lançant des regard effrayés vers ses camarades qui venaient d'entrer.

La porte s'ouvrit à nouveau, laissant apparaître Fred et Georges, Seamus, Ron et Dean. Lee ferma les yeux, une mince pellicule de sueur vint recouvrir son front moite et il s'enfonça dans le fauteuil avec désespoir, aspirant à le laisser le dévorer si tel était le seul moyen d'échapper à la mise à sac de tous ces mois de travail acharné… Ron songea avec amusement que subitement ses dreads ressemblaient d'avantage à des gros vers de terre gluants qu'à des cheveux empaquetés dans le souci esthétique d'une coiffure tendance, mais bien vite il se reprit, histoire de ne pas se retrouver à rire tout seul comme un demeuré sans pouvoir l'expliquer en présence de tous ces gens.

Lee acheva de pousser un cri douloureux lorsque Le professeur Lupin ferma la porte derrière lui et Rogue.

Un silence pesant envahit la pièce et tous les regards se braquèrent, unanimes, sur la silhouette désormais recroquevillée et pitoyable de Lee. Severus prit la parole, fendant l'air de sa voix froide qui avait fait frissonner bien plus d'une échine adolescente…

- Monsieur Jordan… Il semblerait qu'il y a un mois et très exactement neufs jours, vous ayez pénétré dans la chambre de Potter, prétextant devoir lui remettre une lettre dont le contenu ne nous regarde en rien…

- Et dont la valeur n'est plus effective, ne pus s'empêcher d'ajouter Hermione que Rogue foudroya du regard pour son interruption déplacée.

- …Pour, évidemment sans qu'il s'en aperçoive et par conséquent avant de le réveiller, emprunter sa brosse à cheveux…

- Il voulait faire quoi avec ? Demanda innocemment Luna.

Profondément déçu que la jeune femme ait aussi rapidement détruit le climat de tension que Rogue avait fièrement établi dans la pièce malgré l'interruption de Granger, il la fit taire d'un geste agacé et poursuivit en ignorant du mieux qu'il put les quelques rires nerveux autour de lui. Si toutes les gourdes de la planète s'étaient conciliées pour l'interrompre qu'elles en finissent Merlin !

- L'heure n'est pas aux rires… Sur cette brosse vous avez prélevé des cheveux semblerait-il… N'est-ce pas monsieur Jordan ?

- Je… Non, supplia la petit voix tremblante du massif adolescent.

- Je vous demande pardon, pouvez-vous parler plus fort ?

- Oui professeur…

- Bien… Avec ses cheveux vous avec concocté la potion du sommeil éternelle, ce qui implique d'avoir utilisé malgré votre niveaux des yeux de cyclopes, d'êtes sorti malgré le règlement plusieurs fois par mois en pleine nuit pour jouir des bienfaits de la pleine lune…

- …

- Qui ne dit mot consent, se résolut à traduire Lupin pour inciter Rogue à continuer.

- Vous projetiez, une fois cette potion terminée, de la faire boire à un élève de l'établissement ? Harry Potter plus précisément… ? Tout ceci n'est-il pas outrageusement juste Monsieur Jordan ?

L'adolescent s'enlisa encore plus profondément dans son fauteuil, si vraiment c'était chose possible, comme une limace en décomposition…

C'était l'inquisitoire… Salem à côté devait avoir de faux airs de port de plaisance, façon VVF vacances…

- …

- Bien sur, moi même à votre place je sentirais la honte me dévorer, me manger les intestins et je la supplierais de me tuer, de m'achever pour payer ma rédemption… Un sorcier d'un an votre cadet, un sorcier affaibli et foncièrement, ou misérablement c'est selon,bon Monsieur Jordan…

- Si nous sommes là Lee, commença la petite voix de Katie Bell qui sortit du rang pour s'approcher de lui, c'est pour te dire que les amis d'Harry sont tous venus nous voir un par un… Et que nous avons compris que c'était toi qui te trompais et qu'il fallait que tu t'arrêtes avant qu'il ne soit trop tard… Tu nous avais réuni, douze élèves issus des quatre différentes maisons, tu nous avais rassemblé dans le but de former un clan qui puisse remédier à tes problèmes psychologiques… Tu nous a endoctriné avec tes belles paroles, tu nous as, avec une démagogie parfaite, amené à croire que nous oeuvrions pour le bien et nous avons été assez stupides pour croire en tes propos… Mais c'est terminé, si tu as peur, il ne faut pas mettre ça sur le compte de la survie d'Harry…

- Seriez-vous assez aimable pour me rappeler les effets de la potion du sommeil éternelle Miss Granger s'il vous plait ? Demanda Rogue visiblement irrité d'avoir recours à ses lumières, Profitez-en c'est une occasion qui ne se présentera plus à vous d'étaler ainsi votre science infuse insupportable petite mademoiselle je sais tout…

- La potion du sommeil éternel, sopor aeternam, commença Hermione d'une voix vacillante, plus communément appelée la pomme de blanche neige, plonge celui qui la boit dans un sommeil qui laisse le corps chaud mais détruit les organes, un peu à la manière du laudanum… Elle a la particularité de se diffuser dans les tissus avant d'imprégner les vaisseaux sanguins et de refroidir ses veines… Veines à l'intérieur desquelles le sang stagnera avant de coaguler, de former des caillots et d'entraîner soit une rupture d'anévrisme ou une crise cardiaque…

- Merci Miss Granger. Eh bien Monsieur Jordan… Quelque chose à ajouter ? Je tiens tout de même àmettre en lumière la souplesse et l'indulgencede ce procédéqui résident dans leprivilège que nous vous offrons en réglant cette affaire dans l'intimité hormonale d'une salle commune… Cette affaire est très grave Monsieur Jordan, et vous auriez pu finir traîné au tribunal pour magiciens délinquants…

- Je… Je suis désolé, murmura sa voix suppliante alors qu'il plongeait désespérément sa tête dans ses mains…

- C'est un bon début jeune homme, mais ça ne suffira pas , prévint la voix douce de Remus, pour commencer vous allez venir avec moi et nous allons rendre une petite visite à Madame Pomfresh… Il sera question d'un suivi psychologique sur une durée encore indéterminée, puis il faudra bien entendu que vous présentiez vos excuses à Harry… Passé ce cap, les choses devraient déjà trouver un déroulement beaucoup plus… enfin beaucoup moins houleux dirons-nous…

0

oO Oo

Quelques jours plus tard, les événements prirent en effet une direction assez différente de celle qu'ils avaient suivi jusqu'ici. Mais ils ne s'améliorèrent pas… Loin de s'améliorer, ils s'assombrirent d'avantage pour atteindre le paroxysme de la tension. La présence de Karel dans l'enceinte du château ne rassurait personne. Parvati Patil avait manqué de s'évanouir quelques jours plus tôt en le croisant dans les couloirs au beau milieu de la nuit, alors qu'elle s'était relevée pour la petite commission. Bien qu'il soit allégrement défiguré, Karel était suffisamment mystérieux et charismatique pour faire soupirer la gente féminine. Avec le recul, cet engouement soudain s'expliquait par un détour psychologique assez similaire à celui des groupies, c'est surtout parce qu'elles ne l'avaient pour la plupart jamais vu et qu'elles pouvaient ainsi se permettre de coudre autour de lui un mythe personnalisé que les filles n'avaient plus que ce nom à la bouche. Brun, petit et musclé pour Angelina, excentrique et destroy pour Mandy Brocklehurst, exotique et doré pour Laura Madley… Là seule chose dont tout le monde était sûr c'est qu'il avait disait-on, une énorme balafre qui lui barrait tout le visage, partant de sa tempe gauche pour aller mourir au coin droit de sa bouche froide et sensuellement ourlée, traversant la noirceur affolante de son œil droit qui n'avait plus de paupière…

Dumbledore savait qu'il ne lui faudrait que quelques semaines avant que les rumeurs ne s'envolent comme du pollen et fassent fleurir (pour la énième fois) l'idée qu'il n'était qu'un impotent parfaitement incapable d'assurer la sécurité de ses élèves. Ses élèves, ces charmants adolescents qui fabulaient sans jamais s'en tenir à la version officielle, histoire que les faits s'étoffent et gagnent en frisson, pendant que les professeurs tendus et exaspérés tentaient tant bien que mal de contenir les débordements massifs et le sentiment de panique général…

Non loin de ses bruits de couloir, assis en tailleur sur le lit de son parrain, Dracopoussa un long soupireempli d'undesespoir qui aurait déraciné le sol cogneur. Il fixa un instant l'homme qui se tenait debout devant lui, gêné et raide, planté sur le sol comme i bien droit… Il esquissa un sourire bien malgré lui avant de se laisser tomber sur le dos, savourant l'atterrissage incomparablement moelleux sur le traversin…

- Je t'en prie oncle Sev', je ne m'apprête pas à te demander comment on fait les bébés, décoince-toi trente secondes tu me donnes le tournis à rester là comme si tu attendais le magico bus…

Le professeur de Potion se racla la gorge en se balançant d'un pied sur l'autre.

- Evidemment… Je suppose que je n'ai pas de soucis à me faire pour ce qui est d'un éventuel cours d'éducation sexuelle ?

Draco rit franchement en se passant une main dans les cheveux. Il ferma les yeux un instant et la ramena à son front en soupirant...

- Je suis un Malefoy… A partir de dix ans il devient déjà important de se construire une certaine réputation dans certains domaines… Là où un père dira "tu dois être sûr de l'aimer et d'être prêt mon fils, vient en parler à papa si tu as le moindre doute", mon père à moi s'est contenté d'un "Pas avec les sang de bourbe Draco c'est sale, mais assure toi d'être le premier de ta chambrée…"

- Draco !

- D'accord ça va, je plaisantais, s'excusa le jeune homme en se redressant pour fixer son parrain. Enfin non, je ne plaisantais pas et tu le sais…

- Oui évidemment, et si ton père savait comment ça s'est passé la première fois, il se retournerait dans sa tombe… C'est une juste vengeance…

- Bill Weasley ! S'exclama le Serpentard avec un large sourire, nan, la personne la plus scandalisée ce serait très certainement ce cher Wesmoche, il faudra que je lui raconte un de ces quatre matins s'il me court sur les nerfs avec trop d'insistance… Il était doté d'un sex-appeal ce mec, j'en ai les papilles qui se réveillent ! Et dire que c'est à toi que j'ai raconté ça…

- Trop d'honneur, grogna Rogue en se remémorant les premiers rapports prématurés des nuits empruntes de stupre de son filleul, tu étais surexcité ! Ajouta-t-il en grognant, onze ans tout rond et tu jurais déjà sans vergogne à qui voulait bien l'entendre que Bill était sûrement capable de faire grimper aux rideaux même une quinquagénaire frigide… Aucune pudeur…

- Ha c'était le bon vieux temps, à l'époque où j'étais encore celui à qui l'on apprenait les choses de la vie…

- Draco, pourrions-nous arrêter la conversation ici ?

Faisant fi de l'inquiétude grandissante de son parrain quant à la tournure que prenait la conversation, Draco se plongea dans ses souvenirs en serrant un oreiller contre lui…

- Est-ce que tu te souviens d'Irvine ? Tu sais, cet étudiant étranger qui faisait un stage dans la police moldue ? Il avait les cheveux argentés et je me moquais de lui sans arrêt en prétendant que c'était vraiment un truc de lopette que de se teindre les cheveux… Il a toujours affirmé que c'était sa couleur naturelle mais je n'en démordais pas ! Un jour je lui ai demandé de me prouver que c'était bien dans sa nature capillaire et il m'a ouvert la porte des toilettes masculines en jurant qu'il allait me démontrer par a + b qu'il avait tout bonnement cette pilosité argentée sur l'ensemble du corps… Sans exception… °1

Rogue afficha une grimace effrayée et Draco éclata de rire.

- C'était génial ! J'adorais être le petit démon pervers qui n'a peur de rien !

- Pardonne-moi si je te vexe, mais ça n'a pas vraiment changé…

- Tu sais que c'est faux… C'était une belle époque mais pour rien au monde je ne voudrais revenir en arrière. Je ne serais plus jamais un coureur de jupons instable, je m'y refuse…

- Ce n'est pas ce que semblait me raconter ta mine contrite quand tu es entré ici…

Le regard malicieux de Draco s'assombrit et il lança nonchalamment l'oreiller qu'il tenait à travers la pièce.

- Vous me cachez tous quelques chose. Il y a une partie importante de l'histoire qui m'échappe et je ne le supporterais pas plus longtemps… Il y a… Dumbledore et toi… Cette chose insupportable qui flotte dans l'atmosphère entre vous, cette impression immonde qui se colle à ma perception et qui me retourne l'estomac… C'est un mensonge tellement gros qu'il m'étouffe quand je respire le même air que vous… Le pire c'est que cette impression de salissure s'insinue dans ma relation avec Harry… J'estime avoir le droit de connaître le passé commun de mon demi frère et de… L'homme avec lequel je partage ma vie, de l'organe principal de ma constitution… Nous avons déjà croisé Karel, et je me suis vu forcé de ressortir de ma mémoire des choses très désagréables. Depuis, Harry s'est renfermé sur lui même et ne parle presque plus… Chose qui en soi est assez alarmante puisqu'il est déjà d'ordinaire très peu enclin aux échanges verbaux et autres démonstrations d'intégration sociale, et je sais de quoi je parle… Je veux qu'on me dise pourquoi et comment ils se connaissent…

- Ça n'est pas aussi simple Draco… Je pourrais évidemment tout te raconter sans détours, mais je te connais trop bien, et la seule chose que tu aurais envie de faire après ça, c'est de me tuer, puis Dumbledore… Et enfin, pour assouvir ta vengeance et la mener à l'apothéose de ta violence, tu irais faire souffrir Karel jusqu'à ce que mort s'en suive également...

- Ce dont je suis sûr c'est que c'est ce qu'il risque d'arriver si tu ne me dis rien…

Rogue le fixa durement avant de l'attraper par le col. Surpris par ce geste inattendu, Draco n'eut pas le temps de réagir que déjà son parrain l'avait plaqué sans ménagement contre un mur.

- Ecoute-moi bien Draco, ce qui va suivre n'est pas beau à entendre…

Sa voix rauque et sombre avait percuté les murs du cachot avec une dureté glaciale qui chassa sans mal les derniers éclats de rire que Draco avait versés… Ses yeux durs et froids sondèrent le jeune homme et ses lèvres pincées blanchirent alors qu'il refermait la bouche pour attendre une réponse…

Draco lui rendit son regard glacial le temps d'une infime joute visuelle, mais ils savaient tout deux qu'aucun ne céderait à ce jeu… Alors Draco hocha simplement la tête dans un signe d'assentiment.

- Ton frère est le monstre qui a été engagé par l'Ordre du Phœnix pour enfermer Harry après que nous ayons procédé à l'incantation pour se débarrasser de Voldemort. Il nous fallait une personne mauvaise, quelqu'un qui n'ouvre pas la porte, qui ne cède à sa douleur qui suintait par toutes les fissures de cette pièce étriquée sous aucun prétexte… Une personne qui s'abreuve de ses maux et qui jouisse de la souffrance qu'il endurait plutôt que d'y compatir… Mais ton frère ne s'est jamais contenté de seulement l'entendre gémir de peur en souriant satisfait derrière la porte… Seulement ça, nous ne l'avons appris que beaucoup plus tard. Bien sûr Harry nous l'avait dit, mais nous ne pouvions pas nous permettre de croire un enfant qui ne pensait qu'à mettre fin à ses jours, un enfant pour lequel tous les moyens étaient bon afin d'en finir… Par la suite nous avons appris que Karel n'était pas n'importe quel immortel, ce qui a posé pas mal de complications…

- Des… Des COMPLICATIONS ! Hurla Draco alors qu'il se dégageait avec brutalité de l'étreinte forcée de son parrain. C'est pire que tout ce que j'avais pu imaginer ! C'est encore pire que si vous l'aviez tué ! Ce n'était qu'un enfant, perdu, un enfant qui voulait mourir, qui manquait cruellement d'amour, qui n'avait jamais eu d'autres repères fixes qu'un parrain mort à peine retrouvé ! Et toi, tu me parles de "complications" Severus ! Vous êtes ignobles ! Et Dumbledore… Oh Merlin je…

Draco se laissa tomber sur les genoux, son corps tremblant s'échoua sur le sol dans un bruit mat et il sentit le contrôle de lui même s'échapper de ses membres. Son menton s'abattit sur sa poitrine, sa tête plongée en avant par le poids de la lassitude. Il détestait être impuissant, comme tous les Malefoy de père en fils il aimait avoir main mise sur tout ce qui était à sa portée, il ne pouvait pas supporter de regarder sans pouvoir agir… C'était ce genre de petites choses futiles aux yeux des autres qui le rongeaient mortellement. Il était trop tard pour faire quelque chose. Harry avait souffert et il n'avait pas su être là à temps, il l'avait sauvé trop tard pour pouvoir effacer les cicatrices qui aujourd'hui ne partiraient plus, même avec beaucoup de patience. Les larmes vinrent à nouveau noyer son regard gris. Il ne put s'empêcher malgré lui de s'étonner de ce phénomène, en deux jours voilà qu'il pleurait plus souvent que dans l'intégralité de ces dix sept ans sur cette terre…

- Comment avez-vous pu… Murmura-t-il, Merlin j'ai tellement mal que ça n'en n'est plus humain…

- Je suis désolé Draco, lui répondit le maître de Potions en s'agenouillant devant lui, je ne pensais pas que tu aurais mal au point que la douleur prime sur la rage.

Il tenta de l'aider à se relever mais Draco recula violemment, un éclair de mépris traversant ses grandes orbes absconses. Comme souvent, la tempête de son cœur monta jusqu'aux reflets métalliques de ses immenses yeux qui se voilèrent…

- Ne me touchez-pas…

Le vouvoyer était la pire chose que Draco puisse faire subir à son parrain, il n'utilisait habituellement cette formule de politesse que pour cacher leur lien en la présence d'autres personnes… Draco était la seule chose qui rattachait Severus à la réalité, il était l'un des êtres auquel il tenait le plus et s'il décidait de s'éloigner de lui à cause de réminiscences douloureuses, ce ne serait pas sans déchirement.

- Vous avez laissé souffrir un enfant qui avait besoin d'être aimé plus que n'importe qui au monde… Vous n'êtes pas dans mon corps, vous ne pouvez pas comprendre tout le poids de sa peine qui s'insinue en moi… C'est comme si je pouvais sentir les cigarettes que Karel écrasait sur sa peau transparente alors que vous ne m'en avez même pas parlé…

Stupéfait, Rogue fixa son filleul sans comprendre comment un détail aussi sordide avait pu s'accrocher aux souvenirs du jeune homme. Il frissonna en le détaillant, à la fois gêné et inquiet par cet adolescent avachi sur le sol qui tremblait convulsivement en se tenant les côtes visiblement pour ne pas vomir... Loin de s'être imaginé un seul instant qu'il verrait un jour Draco s'écrouler, le professeur ne put contenir l'effarement qui menaçait de poindre sur les traits sévères de son visage. Il ne put que constater avec anxiété que la pâleur lunaire de Draco, celle la même qu'il lui connaissait depuis l'enfance avait laissé place à un blanc épais et maladif qui ne présageait rien de bon, pas plus que la sueur qui perlait sur le teint cireux de son grand front aristocratique.

Dans un geste mal assuré, Draco se redressa et se remit sur ses jambes sans accepter à aucun moment l'aide de son parrain.

- Je veux… J'ai besoin de le voir… Je dois effacer cette chose sale que Karel va vouloir faire grandir entre nous… Je ne peux pas laisser le fœtus de ce sentiment maculé d'horreur grandir dans le ventre de notre lien… Je l'aime tellement que je préférerais être mort que de vivre aujourd'hui en sachant ce que vous lui avez fait… Je veux… Je le veux…

- Bien sûr, acquiesça sourdement le professeur.

- Non, souffla Draco en se dirigeant vers la porte d'un pas incertain, ne dites plus jamais bien sûr sans savoir ce que ça fait de sentir l'algie déchirante de la moitié de soi même… On ne vous a jamais arracher l'un de vos poumons à cœur ouvert Severus ?

- …

- Alors ne vous avisez plus de me parler comme si pouviez ne serait-ce qu'effleurer du bout de la pensée la douleur que j'éprouve…

Il ferma la porte sur lui, laissant dans la pièce un homme coupable et démonté, un homme qui venait de perdre bien plus que celui qu'il considérait comme son propre fils…

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oO Oo

Draco lui attrapa le menton et le souleva nerveusement pour planter son regard dans le sien.

- Qu'est-ce qui s'est passé Harry ? Articula-t-il lentement.

Dès qu'il était entré dans la pièce, Harry avait détourné les yeux à la grande horreur de Draco qui, malade de son absence, ne demandait qu'à se perdre dans le vert de ce regard qui le faisait se sentir vivre plus que n'importe quoi. Mais Harry était loin de s'imaginer que Draco puisse encore vouloir le regarder… Une seule certitude l'habitait ; celle que désormais, il savait… Draco savait… Avant même qu'il n'entre pour se jeter à ses pieds et attraper ses bras fermement, Harry avait senti l'odieuse surprise qui avait percuté le blond de plein fouet. Comment pourrait-il jamais le regarder en face à nouveau ? La seule personne, le seul homme qui lui ait vraiment offert son amour sans rien demander en retour était au courant…

- A quoi t'attends-tu Draco ? Interrogea la voix lasse et déformée du brun, tu penses que tu pourras guérir ça ? Demanda-t-il en souriant avec une indulgence fabriquée et écœurante, non mon ange pas cette fois… Tu savais que ce jour viendrait, n'est-ce pas ? L'amour éternel c'est un joli conte pour fillette. Tu ne peux rien y faire… Le dégoût va s'installer et bientôt tu voudras t'éloigner, m'oublier, partir le plus loin possible de moi et recommencer une vie légère… Une vie avec une femme et des enfants…

Les mains de Draco se défirent lentement autour des bras de son loup, les yeux hagards et le cœur comprimé dans un étau, il le regarda se lever et s'éloigner de lui en sentant la douleur aiguë du vide qu'il avait laissé entre ses bras… Ses bras qui, il en était sûr, n'existaient pourtant que pour épouser à jamais la forme de son corps… des bras qui n'étaient conçus que pour Harry…

Mais le brun ne quitta pas la pièce, il alla s'asseoir sur le bord de la fenêtre et se perdit dans la contemplation du ciel d'encre qu'aucune étoile ne semblait décidée à altérer…Pas une note blanche d'espoir dans le ciel ténébreux de leur désespoir…

- Je ne suis pas propre Draco…

Il marqua un pause pour se recroqueviller en position fœtale sur le minuscule rebord, et laissa durement son crâne retomber en arrière contre le granit de l'encadrement de fenêtre…

- Je salis tes bras et te fais pourrir au fil des jours qui se dispersent lentement entre mes doigts efflanqués…

Le Serpentard se leva, partagé entre le désir d'hurler la frustration qui nourrissait sa haine pour cette tirade immonde qu'Harry venait de lui cracher au visage, et l'amertume de son cœur qui se fendait de ne pas avoir sauvé l'enfant brisé qui était devant lui…

Il sentait trembler dans les muscles de sa mâchoire une rage qui ne lui ressemblait pas…

- Tu vois, constata Harry imperturbable, insensible à la rage naissante de Draco, il n'y a pas de belles histoires qui se finissent bien, pas de prince ni de princesse, pas de personne au cœur pur ni de sentiments innocents… Ton propre frère à violé ma tête… Il y a toujours de lourds secrets auxquels même l'amour de deux personnes très éprises ne peut survivre. Il viendra un matin où tu te trouveras flapi de serrer contre toi un corps souillé par des semaines de tortures… Je n'ai plus rien d'un enfant, je suis vieux, vieux et faible… Je suis fatigué et sans toi je veux mourir. Je suis devenu à ce point dépendant que je ne peux plus faire un pas sans penser que ce serait plus facile avec ta main dans la mienne. Draco, rends-toi compte que tu ne pourras pas vivre éternellement en partageant avec moi les chaînes que j'ai aux pieds…

Le calvaire des dernières heures coulait dans le sang de Draco comme un poison au galop, cette bestialité qu'il sentait pulser dans ses nerfs excités n'était pas vraiment sienne… Elle était le contrecoup dangereux de trop de souffrance concentrée dans un trop petit laps de temps… Elle était là, elle roulait sous sa peau comme une vague de venin incontrôlable et menaçait de le faire exploser. Et Harry, si fatigué et vulnérable devant lui… Le choc du contraste entre ces deux émotions vint exploser dans sa tête, et pour la deuxième fois de la journée il s'effondra sur le sol, prenant soin de s'écarter le plus possible de cet être si fragile à qui il se refusait de faire le moindre mal… Sa voix, sa propre voix luttait pour sortir de sa gorge, il fallait qu'il hurle, qu'il expulse de lui toute ce chagrin avant qu'il ne tourne à la haine et ne se déverse sur Harry… Il ne pouvait pas le perdre juste à cause de son tempérament destructeur et de sa nature violente… Plutôt en mourir…

La vérité c'était que pour rien au monde il ne voulait élever la voix sur lui, il s'était juré de ne jamais hausser le ton, juré de toujours le protéger quoi qu'il arrive, de construire autour de lui une forteresse de tendresse toujours aussi accueillante et confortable que ses bras, de lui tisser une armure faite de ses sentiments pour qu'il se protège des gens, pour qu'il puisse recommencer à grandir comme tous les enfants, avec de l'amour, du calme et du temps…

Des horreurs, des cadavres du passé et des souvenirs puants ils risquaient encore de devoir en déterrer des masses considérables tous les deux dans les temps à venir… Draco savait qu'il ne pouvait pas se permettre de retrouver la férocité acide et assoiffée de violence qui le caractérisait avant, pas maintenant qu'il commençait à guérir.

Harry avait besoin de lui, et même si l'extrémité de leur relation était malsaine, même si la dépendance qui les liait était monstrueuse et dévastatrice, même si elle menaçait de les conduire doucement à l'heure irrévocable de leur dernier sommeil, il savait qu'il n'y avait pas d'autre moyen pour eux de vivre cet amour … Il savait qu'il était hors de question de le sacrifier sous prétexte qu'il exacerbait leur possessivité respective…

Ils n'étaient certes pas comme tous les couples mais personne n'y pouvait rien. Ils se complétaient… À travers Harry, Draco avait un rôle. Il devait être fort pour deux, porter et écarter les problèmes d'Harry, les déchiqueter avec les dents un à un au péril de sa raison et avaler les couleuvres pour lui… Alors non, jamais, quelles que soient les circonstances, il ne serait froid, ni même cassant, ni approximatif et hypocrite. Et à travers Draco, Harry avait son rôle, celui de lui apprendre à ouvrir son cœur… Même si cette exclusivité délétère qui les unissait venait à le lui briser, il pourrait mourir heureux en se disant que la personne qui a crevé son cœur était la seule à qui il appartenait…

- Qu'est-ce que tu vas trouver comme excuse maintenant Draco le brave ? Qu'est-ce que tu vas faire du fardeau inutile qui gît à tes pieds à présent ? Que vas-tu faire du garçon qui s'est laissé avarier entre les mains de ton propre frère ?

Même en proie à une monumentale lutte intérieure comme cela semblait être le cas actuellement, Draco s'arrangeait toujours pour que ses traits restent durs et gelés, héritage indirect de Johannes ? Se demanda amèrement Harry…

- Bien Harry… Très bien… Je ne dois pas faire d'erreur, tu avais tout manigancé petit démon… Tu pense que pour éloigner un Malefoy il suffit d'appuyer sur l'artère de sa colère ? Petit crétin, je ne suis déjàpresque plus maître de moi même… La violence encore, tu aimes l'appeler à toi, qu'espères-tu? Recevoir un châtiment de ma propre main en me mettant hors de moi? Ou savourer encore le froideur insensible des Malefoy pour constater encore une fois mon manque de sensibilité et te dire que c'est tant mieux si je ne t'aime pas vraiment parce que tu ne le méritais pas? Tu t'imagines sûrement que je me sens calme et maître de la situation assis là, immobile sur ce lit ? Je sais ce que tu penses et je sais que quelque part, t'imaginer que je puisse capituler te soulage… Si j'abandonnais, ce serait tellement plus facile pour toi. Tu rêves de retrouver le Draco frigide qui s'en ira sans un mot, sans un regard, qui te laissera mourir sans se retourner… Et moi, moi aux antipodes de tes espérances, je tombe plus profondément amoureux à mesure que tu me détruis… Et là… Là je frémis à l'idée de n'avoir personne à frapper pour déverser ma colère… Il fut un temps où, lorsque je refusais d'abandonner par un caprice odieux, l'idée de la mort, l'idée de tuer apaisait mes sens…

Harry ferma les yeux, il s'abandonna au sourire malsain qui s'étirait sur son visage et aux larmes de dégoût, contradictoires et chargées qui noyaient ses yeux verts… La fin de leur histoire ? Il la connaissait déjà… Il ne pouvait plus protéger Draco. Cet imbécile de Malefoy s'enterrait dans un amour qui défiait les lois de la lumière, un amour obèse et boulimique qui transfigurait le monde avec sa lourde laideur, profonde et indélébile… Un amour qui avale tout sur son passage… Et se fait un dessert des amants…

- Juste pour t'effrayer Harry, pour te faire ravaler l'assurance de tes paroles qui me détruisent, je jubile presque en imaginant pouvoir te traduire mon envie de sentir la boîte crânienne de quelqu'un craquer sous mes doigts… Tu aimerais dis-moi morbide petit garçon ? Voir ton angélique Draco entacher les murs de notre chambre… Cette chambre… Ce lieu de perdition qui a modifié et réorganisé toute mon existence, qui est devenue le centre de ma vie, le point de chute de mon corps nerveux… J'y suis certes beaucoup plus serein, mais beaucoup plus faible aussi… Seulement vois-tu je n'y pense pas, alors qu'avant de te rencontrer sous le cerisier, l'idée de faiblesse me révulsait… Aujourd'hui cette chambre, chaque fois que j'y mets les pieds, envers et contre tout je renais… Je laisse à la porte les monticules d'horreurs fades et sans importances qui ont parsemé ma journée et je me plonge dans cette pièce imprégnée de toi. Est-ce que tu comprends où je veux en venir Harry? Toi et c'est tout, tout ce qui compte, quoi que tu sois, quoi que tu ais vécu, je n'y peux rien je suis amoureux du Harry que tu es aujourd'hui… C'est accablant de voir qu'en effet rien n'est parfait et lumineux c'est vrai, pardonne moi de ne pas avoir su te protéger de ça, mais il y a des choses inaltérables mon loup… Des choses sur lesquelles le temps glisse sans faire de dommage… Tu peux m'avoir menti, m'avoir fait mal, me haïr, décider de me faire souffrir, rien ne changera ça, je n'aimerais plus jamais comme je t'aime par conséquent je n'ai rien à perdre… C'est toi ou la mort…

Draco se tut l'espace d'un instant, marquant d'un regard appuyé et imperturbable ce court silence sourd et profond, pour donner plus de volume encore aux paroles qui suivirent…

- Maintenant Harry vient te faire pardonner pour ton abject comportement… Vient assumer la douleur que tu fais courir dans mes veines et contrôle-là puisque tu es son maître. Vient dans mes bras, ne me laisse pas aller tuer quelqu'un pour calmer ma rage… Si tu l'apprivoise elle se taira… Simplement si tu l'étouffes dans tes bras…

Sans attendre, sans chercher à se justifier ou même à être encore plus sauvage et plus méprisable, Harry vint alors lamentablement se blottir entre les bras que Draco lui tendait. Immédiatement, le corps du Serpentard se tranquillisa au contact du brun.

Il n'y avait rien à faire contre ça, Harry était devenu une partie de lui tellement vitale qu'une simple dispute les vidait de leur énergie avec une violence qui n'était pas naturelle. C'était physique, tout aussi physique que la fatigue audacieuse qui se faisait amante clandestine de leurs corps respectifs lorsqu'ils étaient trop longtemps séparés, mentalement ou physiquement… Ce lien était très dangereux, mais il était également devenu très difficile à desserrer…

- Tu vois ce que tu as fait ? Murmura tendrement le bond en l'allongeant sous les denses couches de couvertures qui jonchaient le grand lit. Il caressa tendrement son visage dévasté par le tourment avant de le rejoindre… Il le serra à lui rompre les os…

- Ne doute plus jamais de ce que nous sommes l'un pour l'autre Harry ou tu finiras par nous tuer… Je ne suis pas capable de me dresser contre toi parce que c'est comme rejeter l'essentiel de ce que je suis, tu ne peux pas penser qu'un jour je ne voudrais plus de toi, on ne peut pas se dire par un beau matin qu'on changerait volontiers de muscle cardiaque… Tu es moi et je suis toi, tu n'y peux rien… Abandonne-toi à ce seul cadeau, certes empoisonné, que t'a fait la vie…

Désemparé, à bout de force et fragilisé, le brun serra à son tour le corps de Draco contre lui comme s'il avait voulu se fondre à l'intérieur.

- Alors empoisonne-moi Draco, gémit-il en mordant doucement mais avec une violence contenue et inquiétante l'espace entre son cou et son épaule, laisse moi être tien sans que rien ne puisse effacer cette appartenance… Jure devant l'éternel que tu n'as d'autre cœur à faire battre que le mien, que tu n'as d'autres yeux à faire brûler que les miens… Je t'aime, je t'aime à l'infini, sans que mon cœur puisse cesser de s'affoler je t'aime. Pas juste quand je te vois, pas seulement quand tu m'embrasses ou lorsque tu es patient, non… Je t'aime, deux mots sans queue ni tête qui pourtant coulent dans mes veines et se sillonnent sur ma peau nue… Mon corps qui crie le tien et le réclame, qui s'éventre et se tord si tu ne te dissous pas en moi le plus vite possible… Tu es le remède de mes jours, je t'aime à en crever Draco… Tue moi si la violence habite tes mains, tue moi plutôt que de faillir à notre amour… Prend ma bouche, découd la de mon visage... Prend mes mains je t'en supplie, défait moi tout entier… Je préfère mes nuits lorsque je te rêve me déchirant la chair… Tes doigts clairs… Plutôt savourer leur caresse acérée lorsqu'ils feront de ma chair lambeaux et coupures que de sentir l'air passer entre ton corps et le mien ! Je veux ! Je veux que tu me dissèques jour et nuit, je ne serais plus que fragments de peau entre tes doigts, mon sang sur ta bouche, lacère-moi… Touche moi, pétris-moi, fais de moi de la viande… Et suce mes os jusqu'à la moelle… Alors… Alors seulement lorsque tu auras dévoré tout mon corps, je serais ta chair et ton sang… Je pourrais enfin t'appartenir entièrement… Être toi…

°1 : Pour toi Black Haru, 3


Bon, mine de rien c'est encoe le chapitre sur lequel j'ai passé le plus de temps, et pourtant il y a des passages très, voire excessivement, maladroits... Moi ça me donne envie de pleurer après toutes ces heures (nocturnes pour la plupart) passées à jouer le simulacre d'un écrivain que je voudrais devenir mais que je ne serais pas... Bouhouhouuuuuuuuuu mdr!

Je réponds même aux menaces de morts, ma petite faiblesses c'est les reviews alors si l'inspiration vous chatouille lâchez-vous!

Bizoux troulalaïtou!

Follement, votre dévouée F0e