Zut, personne n'a fait de commentaires sur le tout dernier passage, bon tant pis…

Disons que j'avais envie d'aller voir un peu (j'ai bien conscience que la scène ne fait qu'effleurer cela…) du côté de ce thème fascinant : le face à face Lupin – loup, impossible d'ailleurs puisque l'un est l'autre, mais avant … ce moment à la frontière homme loup : jusqu'où l'homme raisonnant peut-il aller dans l'expérience du loup, jusqu'à quand peut-il penser sa transformation ? et donc rester humain… à quel moment se perd-il ? Et à partir de quand ne peut-il plus appeler Isolfe au secours ?

Léna : suprenant le contact amorcé par Remus ? Oui, sans doute, cela ne cadre pas trop avec son caractère inhibé. Dans la version d'origine, c'était Isolfe qui prenait l'initiative, mais pour des raisons compliquées, dont je te fais grâce : - ), mais cette nouvelle version m'a permis d'introduire le parallèle mains de l'homme / dents du loup, et peut-être est-ce finalement le loup qui est à l'origine de ce geste impulsif…Remus est assez fortiche en auto-analyse, non ?

Fenice : l'échange des journeaux, Remus pensera à lui remettre, effectivement, mais ne le fera pas. Et moi, j'y ai songé également, il y aurait bien un moment propice, et ce serait Remus qui lirait la prose d'Isolfe, mais je ne sais pas – je me vois mal écrire sur Remus lisant !

Où l'on découvre que Remus Lupin est un excellent nageur et où on parle d'attraction céleste.

Journal de Remus, 12 décembre, le soir

Vers 19 heures, je me suis rendu à la piscine réservée aux professeurs, celle des hommes, puisque le règlement intérieur d'Hogwarts considère que la natation doit rester une activité non mixte.

J'avais entendu Isolfe dire, lorsqu'elle en avait pris connaissance, qu'elle ignorait qu'Hogwarts se situât dans la juridiction d'un pays musulman. Je pense qu'elle s'était rendu compte que sa remarque tombait à vide de mon côté, tant il est vrai que ma stricte obédience magique me tient écarté de toutes les problématiques muggles qui la font réagir sur un mode souvent passionné.

Donc les piscines sont partagées filles/garçons – élèves/professeurs avec des plages horaires (ahah, mon inconscient fait souvent preuve d'un sens de l'humour plus développé que moi) réservées aux étudiants et aux professeurs. Et le mardi soir autorise les professeurs à venir nager.

Je ne m'y étais à vrai dire risqué qu'une seule fois depuis mon arrivée ici, il y a environ trois semaines. Je ne sais plus exactement, aucune entrée dans mon journal à ce sujet.

Je sais également, pour l'avoir appris par Minerva, qu'Isolfe est une nageuse régulière, les mardis et jeudis soir.

J'ai même réussi à questionner Marigold, qui nage quasiment tous les soirs, donc en même temps qu'elle, avec une certaine rouerie.

Je lui ai demandé sur le ton de la plaisanterie si son costume de bain était aussi fleuri que son jardin, elle m'a jeté un regard reconnaissant, teinté de coquetterie, et m'a répondu en riant que oui, sans avoir, hélas, l'air de vouloir aller plus loin.

De peur de me trahir, je me résolus à laisser tomber mes investigations, j'aurais au moins eu le plaisir de faire, en toute innocence, plaisir à une femme qui doit à peu près avoir l'âge qu'aurait maintenant eu Susan, et dont je n'attendais qu'une affection tranquille.

Et puis soudain elle ajouta – Je laisse le noir à Minerva et Isolfe Dazurs. Remarquez, je devrais sans doute faire comme elles, … elle précisa à mon attention, en me souriant joliment, tout en se moquant d'elle – Le noir a la réputation d'être amincissant, autant dire qu'il ne reste rien d'Isolfe, et en plus elle porte un deux-pièces avec une brassière qui efface le peu de poitrine qu'elle a. Elle est vraiment mince comme un fil.

Y avait-il une pointe de jalousie dans sa voix ? Marigold étant une femme dite plantureuse, je n'en suis pas vraiment sûr, maintenant que j'y repense, il s'agissait plutôt d'une trace de reproche maternant – elle a deux filles, dont l'une a peut-être le même âge qu'Isolfe. J'étais ravi de cette avalanche d'informations transmise de façon si cordiale.

A première vue, cette piscine n'en est pas une, plutôt un grand bassin, un dizaine de mètres de long pour cinq mètres de large, soit cinq lignes d'eau à disposition des nageurs.

Par contre, et c'est là que la magie opère, en déphasant l'apparence et la réalité, on peut y nager aussi longtemps qu'on le souhaite, sans jamais avoir à y faire demi-tour, sauf si l'on décide d'avance de la métrique des longueurs, afin justement de s'exercer sur les retournements. Bref, si on le souhaite, on peut avoir à disposition une éternelle ligne d'eau, une incommensurable ligne de fuite.

Le nageur peut également choisir les diverses caractéristiques de l'eau : température, salinité, couleur, présence ou non d'algues. Evidemment s'il y a plusieurs utilisateurs, ils doivent auparavant se mettre d'accord, ou alors l'un doit imposer sa décision aux autres. Il semblerait néanmoins que d'autres modèles existent, permettant à chacun, dans sa ligne d'eau, d'exercer un choix purement individuel, j'ai entendu mes étudiants en parler, pour regretter qu'Hogwarts ne se soit pas mis au goût du jour dans ce domaine….

Ce soir, je suis à nouveau seul, et plutôt soulagé qu'il en soit ainsi, je ne sais pas comment je réagirais si je devais partager cet endroit avec Snape, me jetterait-il ses anathèmes au visage, essaierai-je de le noyer ?

L'eau a une température correcte, elle me semble légèrement salée, je décide de ne rien changer, je ne viens pas ici pour profiter de l'ingéniosité de ce bassin magique en essayant toutes sortes de combinaisons, mais simplement pour nager, faire bouger mes muscles dans un élément tiède et ondoyant, comme un embryon dans sa poche d'eau natale.

Je choisis de nager sur une distance de 50 mètres, "olympienne" à défaut d'être originale.

En nageant, j'essaie de me récréer une innocence d'avant ma chute, d'avant la morsure originelle. Mais c'est un plaisir préjudiciable et dangereux, condamné d'avance dans son illusion : je risque de perdre ma raison et mon âme à me tromper volontairement.

Je plonge après avoir longuement inspiré, le mouvement est fluide , mais imparfait, je pénètre dans l'eau sous un angle un peu trop aigu, je descends trop profondément, et je n'avance pas sous l'eau comme je l'aurais dû. J'insiste pourtant, avant de remonter à la surface à bout de souffle, j'aurais largement pu mieux faire - on dirait un de mes commentaires sur une copie d'étudiant….

Je commence à nager, je retrouve le plaisir infini d'avancer dans l'élément liquide, en effectuant des mouvements précisément coordonnés et maîtrisés.

Cette activité est tellement différente de ma vie intime dans laquelle je ne peux que multiplier les gestes incohérents afin de ne pas me perdre dans une succession d'impasses.

La natation est l'équivalent d'une vie simplifiée affranchie de toute responsabilité, il suffit d'avancer, et l'eau ne m'offre qu'une résistance de principe, mon corps, ses bras et ses jambes, est capable de l'écarter sans peine, de se frayer un chemin facile, sans aucune conséquence, puisque l'eau se referme toujours, inchangée, derrière le nageur qui vient de la fendre. Vie aquatique contre vie réelle, un éventrement de l'élément liquide que je sollicite et qui me répond docilement, mais il n'est pas la vie véritable, et Isolfe n'est pas une chimérique sirène, c'est une terrienne…

Je nage pendant une dizaine de minutes, me hisse sur le bord du bassin, et tente une deuxième plongeon. Je réussis mieux cette fois-ci, l'angle de pénétration est quasiment optimal, avant de rentrer dans l'eau, j'apprécie pleinement le choc de l'eau qui se précipite à la rencontre de mes bras, de ma tête, du reste de mon corps. J'accède à un autre monde, pourtant si proche de la surface.

Alors que j'avance sous l'eau, je distingue une forme qui, penchée au bord du bassin, regarde ma progression sub-aquatique. Je refais surface plus loin que lors du précédent plongeon, la forme s'est déplacée en même temps que moi. Ma tête est déjà émergée, j'ai fermé les yeux, au fond d'eux je garde l'espoir, ou l'idée folle, que la personne qui me regarde nager si attentivement pourrait être Isolfe. Pourtant non, je ne sens rien d'elle autour de moi.

Je finis par ouvrir les yeux, je découvre Sacha Liouboutkine qui me regarde d'un air triomphant sur lequel je ne souhaite pas me poser de questions. Nous nous contemplons en silence, je m'aperçois soudain que lui, en sa qualité d'étudiant, ne devrait pas se trouver ici, à cette heure et aujourd'hui !

Comme si mon visage venait d'afficher, involontairement, un air désapprobateur devant un tel manquement au règlement intérieur, il prend un air contrit et se met à m'expliquer rapidement qu'il a obtenu l'autorisation de Dumbledore pour utiliser la piscine aux heures habituellement réservées aux professeurs.

Je le rassure en lui disant que sa présence ne me gêne pas le moins du monde, mais était-il vraiment inquiet ? J'en doute : il y a en lui quelque chose d'indubitablement triomphant qui le hausse au dessus des contingences extérieures, je le préviens simplement que l'eau est tiède à tendance froide et que je n'ai envie ni de plus chaud, ni de plus froid.

" Et bien, j'imagine que le premier arrivé conserve le privilège du choix des armes ! "

Il me décoche un sourire acéré comme une flèche, tout à fait caractéristique de sa manière de se comporter avec moi, à l'exacte limite de l'insolence, une insolence pourtant pondérée d'une sorte de sympathie amicale. Il s'accroupit au bord du bassin, plonge précautionneusement un pied dans l'eau et s'écrit qu'elle est insupportablement froide. Suit une série de mots russes qui me laissent sans réaction et se terminent dans un plongeon.

Il a percuté l'eau tout près de l'endroit où je me trouvais, si bien que tout son corps filant sous l'eau vient me bousculer abruptement. Je le laisse gagner sa ligne d'eau, et me remets à nager.

J'opte pour la brasse coulée, l'alternance d'air et d'eau sur mon visage, et la nécessite de contrôler soigneusement ma respiration me défendent de penser à autre chose. J'ouvre les yeux sous l'eau, malgré la piqûre alcalescente de l'eau, je vois un peu sur ma gauche, les jambes de Sacha battant sur un rythme nonchalant.

Je l'ai bientôt rattrapé, quand je suis à son niveau, il me lance " Désolé, de vous avoir heurté tout à l'heure, j'ai vraiment plongé comme un cochon." Je lui réponds " Dix points pour Gryffondor, Monsieur Liouboutkine" , et continue à avancer.

J'inspire, j'expire, dans l'air, dans l'eau, poumons remplis, poumons vidés, bras et jambes réunis, bras et jambes dissociées, mes yeux sont secs d'eau et de sel, j'aime une femme, je n'ai pas le droit de l'aimer, je l'aime, je n'en ai pas le droit, Isolfe, Remus, Isolfe, Remus Isolfe Remusisolfe

Je me suis désynchronisé, je respire alors que je suis sous la surface, l'eau arrive rapidement dans mon nez, coule facilement dans ma gorge, atteint mes poumons sans obstacle.

Comme il est simple de se noyer.

Je tousse et je crache, je suis furieux contre moi, contre mon esprit que je ne peux finalement pas maîtriser, contre la nage qui ne m'apaise plus, j'en pleurerais presque de rage et d'impuissance, et mes larmes passeraient inaperçues au milieu de toute cette eau que je rejette… je n'ai pas le droit à la facilité avec Isolfe.

Sacha a fait demi-tour, il arrive près de moi, me demande si je suis OK. Il me tape un peu dans le dos, nous sommes maintenant tous deux accrochés à l'entourage de marbre bleu sombre du bassin. Il me demande " Qu'est-ce qui vous est arrivé ? Vous êtes pourtant un excellent nageur ? "

Je ne réponds pas, que pourrais-je lui dire ? Que la pensée de mon inaccessible aimée est venue me couper le souffle ? Puis il ajoute, très factuellement " Vous devriez utiliser une paire de lunettes, cela vous éviterait les yeux rouges. Il insiste – Vous en avez une paire ? "

Je réponds que non, j'ai toujours été réticent envers ces accessoires dans lesquels je sens surtout une barrière entre moi et l'eau. Sacha continue, sur un ton amical qui me semble sincère, même si je dois lui faire l'effet d'être un original agrippé à des positions rétrogrades. Lui bien sûr nage avec lunettes , palmes, et pince-nez. " J'ai une paire que je n'utilise plus, mais encore en bon état, si vous voulez, je vous la prêterai. "

Je décide tout d'un coup d'accepter, de me rendre à son amicale suggestion. " Eh bien OK, j'essaierai.

– Je vous ai vu plonger tout à l'heure, c'était parfait, vous nagez excellemment bien. En fait, vous avez l'air plus à l'aise dans l'eau, qu'hors de l'eau. Moi, vous voyez, je nage avec tous ces trucs – il agite ses pieds et ses mains, afin de mettre en évidence les palmes – pour me muscler. La danse sollicite les muscles et les tendons de façon hm assez brutale, au contraire la natation permet un travail plus en douceur, et surtout en relative apesanteur.

Bref, pour moi, nager est un exercice physique de plus, pour vous ça a l'air d'être plutôt une discipline hm spirituelle, non ? un moment d'oubli de vous. Vous nagez… vous nagez comme si vous vouliez vous laisser derrière vous. "

Il ne me laisse pas le temps de me répondre, il repart devant moi en crawlant, cette fois-ci vigoureusement. Je suis interloqué : est-ce vraiment l'impression que je donne lorsque je nage ? Il m'a si peu vu, possède-t-il un don d'analyse remarquablement pénétrant ? Je suis mal à l'aise.

Je me lance à sa poursuite, en papillon, une nage violente, exténuante lorsqu'elle est menée sur de longues distances. J'espère que l'effort physique va utiliser toute mon énergie disponible et vider mon esprit pour ce soir. J'arrête quand je suis au bord de l'épuisement, j'ai dû nager sur environ 150 mètres.

Mon souffle est prêt à m'échapper et résonne brutalement dans la pièce. Je m'accroche au rebord de marbre frais, j'y appuie la tête, sans arriver encore à décontracter mes muscles. Sacha continue ses longueurs, il est passé au dos crawlé maintenant, sur un rythme lent d'endurance. Je souhaiterais qu'il s'interrompe et recommence à me parler de moi. Il continue pourtant, encore une longueur, puis encore une autre.

Enfin, il s'arrête à mon niveau, il vient poser ses bras à côté des miens sur le bord, mais en maintenant une distance précautionneuse, ou hiérarchique peut-être, entre nous deux. Je n'ai pas tourné la tête vers lui, mais je sens qu'il me dévisage. Soudain, je pivote dans l'eau vers lui, ne me tenant plus que par un bras, et lui demande

" Voudriez-vous me prêter vos palmes, j'aimerais voir ce que cela donne ? "

Il ne semble pas surpris, au contraire plutôt content, il me sourit largement, je pense soudain à ce qu'Isolfe m' a dit de lui et de sa nombreuse fratrie, la nichée de petits slaves, il étend ses jambes dans l'eau de toute leur longueur, décroche les palmes souplement et rapidement et me les tend.

Incapable d'effectuer l'opération inverse dans l'eau, je me saisis des palmes, les pose sur le bord, et me hisse à mon tour afin de les installer. Je sens le regard de Sacha, surpris et choqué, trouver immédiatement les marques de morsure que je porte un peu partout sur le corps, certaines plus fraîches que les autres. J'avais oublié combien je m'exposerais en sortant de l'eau. Mais après tout, n'est-il pas normal qu'un professeur de DCFM paie de sa personne dans ses luttes contres les créatures gouvernées par la magie noire ?

Les palmes sont relativement courtes, Sacha m'explique qu'elles sont prévues pour faire travailler davantage les muscles, et non pas améliorer la propulsion, comme le feraient des palmes de plongée.

Je me mets à l'eau, je suis tout d'abord gêné par ces drôles d'appendices, je nage maladroitement et sans arriver à trouver le bon rythme, mes jambes se rebellent de ce surcroît qui leur est imposé, Sacha rit de me voir me débattre si pitoyablement, je ris à mon tour de mes vains efforts.

Je reviens vers le bord de marbre bleu, je m'accroche, fais des mouvements latéraux avec les jambes afin de m'habituer à la nouvelle résistance des palmes, puis je me lance. Je m'écorche les chevilles, mes jambes sont toujours indociles et inefficaces, je dois donc compenser leur faible rendement par un effort décuplé de mes bras, néanmoins, au bout de quelques dizaines de mètres, elles se sont habituées à leur nouvelle longueur, je comprends comment utiliser la surface supplémentaire offerte par les palmes, mon crawl retrouve toute sa fluidité, même si pour le moment je n'ai pas encore l'impression de progresser plus vite que d'habitude.

Sacha est remonté sur le bord, il marche à grands pas afin de suivre mon avancée et de surveiller mes mouvements, il m'encourage, en russe et en français " Bien, très bien, à ce rythme vous allez battre tous vos records, et vous faire …."

La fin de sa phrase me reste inaudible, j'ai la tête sous l'eau. Je m'arrête brusquement, fatigué maintenant.

" Que disiez-vous ? " Il me regarde en souriant drôlement, se met à genoux sur le bord de marbre, me répond en détachant les mots

" Je disais que vous alliez vous faire des jambes d'éphèbe …"

Sa voix vibre encore derrière les mots, pleine de séduction, et ronde entre nous. Me reviennent alors en mémoire les rumeurs le concernant, lui le slave flamboyant, dont l'intégration dérogatoire en sixième année semble mettre au centre d'une auréole de racontars.

Je ne m'étais évidemment intéressé à – et inquiété de – ceux qui concernaient également Isolfe, et une fois que, pressée par moi de manière d'autant plus inélégante qu'elle avait été indirecte, elle les avaient démenties, j'avais laissé tomber le sujet.

Et maintenant je me souviens avec force que Sacha est également soupçonné de préférer les garçons aux filles, non pas qu'il soit le seul dans ce cas ici. Cette réminiscence étant parvenue jusqu'à ma conscience, je lui jette un regard suspicieux, qu'il interprète correctement.

Il me déclare en effet, brutalement amusé

" N'ayez crainte, je ne vais pas vous sauter dessus, encore que je sois très bien positionné pour le faire."

Il avance ses genoux de façon à les faire dépasser du bord, puis se recule d'un bond.

" Je ne suis pas de force à lutter contre l'attraction que le professeur Dazurs semble exercer sur vous, une attraction céleste non ? "

Il savoure le mot, mais en même temps il s'est tendu. Je me sens blêmir et me refroidir tout d'un coup. Pourquoi a-t-il utilisé ce terme là , attraction céleste ? Au sens le plus communément entendu, celui du lieu commun ? Ou son expression est-elle à double sens ?

Céleste - planète – lune – pleine lune – loup-garou ?

Je n'ose plus le regarder, de peur d'avoir à lire sur son visage qu'il a découvert ma vérité et qu'il est en position de la révéler à Isolfe qui finalement est ici, à Hogwarts, la personne dont il est sans doute le plus proche, le plus familier même, puisqu'elle est reçue régulièrement par ses parents et qu'elle n'est pas étrangère à son admission à Hogwarts.

Il a donc de multiples raisons de vouloir la protéger de moi… Je parviens enfin à articuler, et je dois frotter mes lèvres figées pour les assouplir

" Pourquoi céleste ? en me rendant compte en même temps que je reconnais l'attraction et que je ne me soucie donc que du mot qu'il a choisi pour la qualifier

- Eh bien, ne la regardez-vous pas comme votre bonne étoile ? une étoile bleue ? votre étoile bleue ?"

Il a insisté sur le votre. Je prends ma respiration, j'inspire tout l'oxygène que sa réponse vient de me prodiguer, je fais disparaître avec moi sous l'eau la jubilation douloureuse qui a surgi en moi.

Quand je refais surface, Sacha est parti, je suis seul et pourtant j'entends encore sa voix se propager à la surface de l'eau telle une bénédiction si puissante qu'elle ne peut se résoudre à ne plus se laisser entendre votre étoile bleue. Mon étoile bleue. Mon étoile d'azur.

Je termine ma longueur, je sors de l'eau, défais les palmes, frotte mes talons endoloris par le frottement des lanières. Je m'assois, entourant mes genoux de mes bras, heureux et pitoyable.