Je suis ravie de constater que Sacha vous a fait réagir ! Et non, il ne juge pas Remus, simplement il va continuer à titiller son professeur au sujet de l'étoile bleue.
L'homme et le loup ne font qu'un – JXC prend le contre-pied de Darwin alors, car Lupin ne fera jamais la paix avec le loup en lui. La seule solution sera la séparation…
Le 29 octobre, Lupin en était presque à injurier son cerveau qui n'était pas "foutu de le faire rêver d'Isolfe". Partant du principe que je dois être au service de mes personnages, ou dans son cas, d'un personnage crée par JKR, et sur lequel j'abandonne toute revendication (avec moult regrets) voilà son premier rêve isolfien… enfin, plutôt cauchemardesque… (mais j'en tiens un plus serein en réserve pour lui, et pour elle).
Mais avant le songe, une scène diurne, un double éclairage sur les obsessions du personnage, dont Fée Fléa)u parlait.
Le poème, dont j'ai utilisé deux strophes, n'est pas de Remus (dommage, ça voudrait dire que je suis douée…) mais de W.H. Auden : As I walked out one evening (dispo sur le net).
Bon j'arrête et je vous laisse lire !
Journal de Remus , 13 décembre
J'ai ressenti une angoisse terrible en fin d'après-midi. Il était un peu plus de 18 heures, j'en avais terminé avec mes cours de la journée, j'étais épuisé par deux séances consécutives consacrées à des travaux pratiques d'un niveau avancé avec mes spécialistes de septième année – pour des questions d'organisation et aussi de concentration, une fois tous les quinze jours, le cours du mardi après midi occupe toute l'après-midi (j'alterne avec les sixièmes années que je soumets au même régime).
Je décidai donc de passer par la salle des professeurs, où je trouverais à coup sûr du thé à boire, et surtout où je pourrais rencontrer Isolfe, avec un peu de chance, ses propres cours se terminant officiellement à 17h30, soit 17h40 en réalité.
Peu de monde dans la salle ; près de la porte que je viens de franchir, comme s'ils venaient d'arriver juste avant moi, Vector et Snape, et plus loin Sybille et Isolfe, mon coup au cœur, mon coup de cœur.
Mais ce soir l'allégresse douloureuse qui m'est devenue si familière disparaît immédiatement, happée par une vision terrible, Isolfe enceinte, portant en avant un ventre déjà arrondi.
Je me suis figé sur place, juste derrière Snape et Vector. Alertés par mon mouvement, les deux se tournent vers moi, ils me regardent d'un air interloqué, Snape suit mes yeux, voit la même chose que moi, je devine qu'il sursaute, mais il retrouve tout de suite le contrôle de lui-même ?
Sebastian se dirige opportunément vers son casier ; Snape et moi continuons à détailler Isolfe, dé-tailler oui en fait nous avons les yeux rivés sur sa taille…
Alors je comprends : elle se tient légèrement cambrée en arrière, elle porte un pantalon, un jeans, retenue par une ceinture dont la boucle fait saillie et crée du volume sur son abdomen.
Le soulagement pénètre en moi, vidant mes poumons de tout l'oxygène venu alimenter mon angoisse, cette exhalation doit s'entendre dans toute la pièce, effectivement, Isolfe, Sybille, Vector se tournent vers moi, je me traite d'imbécile, de parano.
Isolfe me sourit rapidement, toujours la gêne entre nous, et elle se consacre à nouveau au bavardage exalté de Sybille. Snape a dû comprendre lui aussi, il me regarde méchamment, triomphalement.
Je viens de placer une carte dans son jeu.
Je décide de quitter la pièce et de regagner ma chambre.
Journal de Remus, 14 décembre, au matin
Je me suis réveillé par les hurlements que je poussais en rêve, et encore maintenant je ne sais s'ils provenaient de l'homme ou du loup.
Le début de ce songe était infiniment doux, il aurait dû ne jamais se terminer et je serai devenu père ! Oui, infiniment douce la sensation de mon être rempli d'un autre être, minuscule présence qui ondoie délicatement entre mes flancs, une moitié d'elle, une moitié de moi réunie, si petite et si grande, si discrète et si envahissante.
Je perçois le rythme léger d'une autre vie engendrée par la mienne, le signe que cette dernière, trop longtemps repliée sur elle-même, a gagné le droit de se prolonger au delà de moi et que mon amour pour Isolfe n'est pas resté infécond.
Mon rêve s'arrête et reprend, nous sommes tous deux, Isolfe et moi, dans le donjon de Snape, inexplicablement le bébé est maintenant dans le ventre d'Isolfe.
Elle me regarde en souriant, silhouette remaniée par la future maternité, elle caresse ses flancs de ses mains, je vois qu'elle porte une alliance à la muggle.
L'espace d'une seconde, je la quitte du regard pour vérifier si je porte moi aussi une bague, mais mes yeux ne voient rien, que du vide à l'endroit où devraient se trouver mes mains et l'alliance !
Quand je relève les yeux, Isolfe est en train de boire un liquide noir à une coupe noire, elle me dit que Snape lui a donné ce breuvage, et qu'il l'aime.
Au moment où je lui crie de se méfier de lui - je voudrais courir vers elle pour lui arracher la coupe dangereuse, mais il semble que mes jambes ont disparu tout comme mes mains – son beau visage, encore plus beau de l'enfant qu'elle porte, se transforme brutalement en celui d'une louve noire.
Nouvelle interruption, puis je replonge dans l'eau opaque du songe. Une légère respiration dans un berceau de nouveau-né, Isolfe a retrouvé son radieux visage humain d'une femme qui est maintenant aussi mère, (où étais-je pendant la naissance ? est-ce moi le père de cet enfant ?).
Le berceau est entre nous, Isolfe m'invite à m'en approcher, elle me dit que c'est une petite fille, qu'elle s'appelle Aloisia (qui a choisi ce nom ? je sais que c'est le deuxième prénom d'Isolfe), je fais un pas, deux pas, trois pas, Isolfe se recule au fur et à mesure que j'avance, le berceau est là entre nous, j'en suis maintenant tout proche, sous les draps blancs je découvre, aussi sombre que la potion qu'Isolfe buvait avant la naissance, un bébé loup.
Je hurle, et mes hurlements, rêvés, réels, peu m'importe, me réveillent.
Mon corps et mon esprit sont remplis d'un vide immense, un songe de frustration et de dépossession : absence, ou impuissante présence, je n'ai jamais pu agir quand il eût fallu que je le fasse, ma malédiction est seule agissante et c'est elle qui a fécondé la femme que j'aime : Isolfe à moitié transformée en louve, mettant au monde un enfant loup. Je reste isolé de la vie derrière une paroi de verre.
Il y a pourtant un moment que je dois avoir rêvé, mais qui se dérobe à moi : … cette grossesse partagée (!!) a dû être précédée d'une étreinte – en bonne logique physiologique - , mais je ne vois que qu'un vide exaspérant dans ma tête, à l'endroit où pourtant je sais que ce passage se trouve : même mes songes me refusent toute satisfaction charnelle.
Je me dépêtre de mes draps serrés autour de moi comme des cordages, j'envoie tout promener sur le sol, pas le courage de faire mon lit ce matin, tant pis pour les elfes et mes principes ; douche glacée que je fais durer le temps nécessaire pour être glacé moi même, je compte sur le froid pour m'aider à oublier les images de la nuit.
Tous ces loups qui ont peuplé ma nuit, est-ce la dernière pleine lune qui agit encore ? A-t-elle décidé de ne plus jamais me laisser de répit ? La transformation, et l'absence d'Isolfe, qui finalement me fait maintenant peut-être encore plus mal, en me déchirant chaque mois, un grand craquement sec de bois mort, n'est-ce pas suffisant, ces trois jours qui nous sont volés. Dois-je être éprouvé en permanence ?
Oh plunge yours hands in water
Plunge them in up to the wrist
Stare, stare in the basin
And wonder what you've missed
Mon poème des mauvais jours vient de refaire surface.
La journée continue sur sa mauvaise pente : à l'entrée de la grande salle, Isolfe est en grande discussion avec Minerva et Severus, tous trois me jettent un bonjour rapide et désinvolte, non, pas tous trois, Minerva, elle, a noté, du coin de l'œil, ma mine de mauvais rêve mal digéré.
Snape et Isolfe ont l'air enchanté l'un de l'autre. J'ai pu saisir quelques mots au passage : filtrage, concoction, macération, asphodèle, staphysagria, je me sens un peu mieux, leur sujet de conversation est finalement très technique.
D'ailleurs je ne vois pas quel autre sujet que technique pourrait intéresser Severus, mais voilà que mon rêve vient de me souffler une réponse : Isolfe, souviens-toi des ses paroles juste avant qu'elle ne boive à cette coupe.
Evidemment, pourquoi serais-je le seul à la chérir, à la désirer, à l'aimer ? Et Snape a l'avantage sur moi d'être totalement homme.
Je songe à me réfugier au bord du lac , mais cela me ramènerait encore à Isolfe, je suis pris dans un réseau impalpable, dans un piège paradoxal que j'aurais tissé moi même, prise dédaignée qui essaie quand même d'attirer l'attention sur elle.
Je compte un, deux, trois, ça y est, le tournoiement dans ma tête s'est cassé net, je m'applique à ne plus penser à rien, je me concentre sur mon petit-déjeuner ; occupation après occupation, je saurai arriver à la fin de cette journée à peu près correctement.
J'arrive même à me persuader que je ne vois pas Snape et Isolfe s'asseoir l'un en face de l'autre, continuant à se parler, Snape remplissant sa tasse de thé, agitant sa baguette pour mettre le breuvage brûlant à la bonne température (Remus, triple buse, toi , tu n'y aurais jamais songé), lui proposant le plateau de toasts ; j'arrive même à penser que, avant qu'elle ne s'asseye, je n'ai pas regardé son ventre, plat et dur, sans rondeur et sans concession, qui lance un dénigrement moqueur à la face de mes rêves.
Oh look, look in the mirror
Oh, look in your distress :
Life remains a blessing
Although you cannot bless
