Allez, aujourd'hui, un petit coup de disclaimer – merci à M'am Rowling pour me laisser jouer à l'apprenti sorcière avec ses créations, et … félicitations pour la naissance de Mackenzie, le troisième enfant - celui que je n'ai pas eu le courage de faire…

Vous m'avez offert de très jolies pistes de réflexion… j'ai essayé de les suivre. Je commence par le plus facile.

Fée Fléa)u

La position fœtale, je n'y avais pas pensé... ptr aurais-je dû finalement attribuer ce songe à Remus ? En tout cas, merci de la finesse de ta remarque - si on remonte le fil dans cette direction - la position fœtale … l'in-utero … la proximité avec les seins nourriciers ... et c'est Isolfe qui rêve ... donc de maternité ? enceinte de l'homme qui s'intéresse à elle (docteur Freud au secours ! ) ou plus symboliquement porteuse d'un nouvel amour ? Surtout que l'autre est en train de la quitter comme du sang inutile... ça, c'est un début de réponse pour Fenice, d'autant plus que la version d'origine était du sang utérin … bien la peine de m'être censurée pour l'écrire quand même !

Fenice qui aimerait en savoir plus Remus, les amis d'Isolfe et Léna se demandant s'il existe du texte non dévoilé dans les deux journaux… Remus a entrepris un journal dans l'unique but de recenser tout ce qui a trait à son sentiment amoureux "lui donner une existence, fût-elle de papier " – là je dois dire que ma préoccupation rejoint la sienne, sauf que pour moi l'alternative fiction / réalité est inopérante….! Donc je peux répondre sans risque que son journal ne contient rien d'autre. Et ce n'est pas non plus le lieu où il va beaucoup parler de lui… en dehors de sa relation avec Isolfe, le présent (la présence ? ) de sa vie. Enfin, il fait quand même des allusions à son passé, (le jolie Nadiejda…) il y a en aura d'autres, une fois ce sera même via Isolfe. Mais ce n'est pas là sa préoccupation de diariste il se révélera sans doute plus quand il ne tiendra plus son journal. Bon, j'ai l'impression que je réponds à côté de la plaque… n'hésitez pas à revenir à la charge !

Quant à Isolfe, non, elle n'écrit rien d'autre à côté – elle va à l'essentiel…

Sans doute pour cela aussi qu'il n'y a pas d'infos sur sa French connection ! Ou quand elle en fera mention, ce sera toujours en relation avec ce monsieur dont elle rêve si abondamment…

Astorius – le porno non effectivement … merci d'avoir corrigé de toi-même !

Alors si Remus lançait une offensive directeévidemment que cela marcherait ! Simplement, cela donnerait la priorité au charnel, et ce n'est pas ce qu'ils cherchent…

Sirius maintenant, je peux te répondre oui, mais ne t'attends pas à le voir débouler ventre à terre, on ne fera que parler de lui… Et je me suis rendue à ta suggestion … as-tu lu ma revue ?

Bon, j'attaque le plus difficile - vous avez fait plusieurs remarques sur AD Léna -horripilant avec ses non-réponses, mais fidèle au paradigme rowlingien, Fée Fléa)u - intrusif et Fenice qui le trouve un peu à la hauteur pour une fois… Que dire d'un tant soit peu pertinent après tout cela ? Si AD se montre intrusif, c'est qu'Isolfe le veut bien... après tout c'est elle qui vient à lui, lui racontant un rêve et des angoisses... Elle agit à la fois de façon rationnelle - Dumbledore est effectivement pour elle la meilleure source d'info sur Lupin à Hogwarts et irrationnelle - se mettant en colère lorsqu'il lui confirme ce que pourtant elle est venue s'entendre dire.

L'interception de Remus par Dumbledore, pour moi c'est plutôt positif, la volonté d'aider son professeur, et par un conseil on ne peut plus banal " va donc prendre l'air " mais là aussi il n'a pas besoin de pousser Remus très loin dans ses retranchements pour obtenir ses confidences. Finalement les deux s'emportent parce qu'ils sont des écorchés vifs (Remus évidemment bien plus qu'Isolfe) et qu'ils sont doués pour les " sur-réactions ".

De façon plus générale, j'aime bien AD, mais je pense que ni Isolfe, ni Remus ne l'idéalisent.. le truc du plus grand magicien du monde, pas pour eux… Il y a bien un moment où l'on se rend compte que personne ne peut répondre à toutes les interrogations et tous les doutes…

Et pour finir, si Dumbledore avait une bonne raison de s'intéresser à ces deux-là ?

La marche, oui, en lisant Fenice, j'ai été heureuse de constater qu'elle avait trouvé la même adéquation. Je le ferai courir aussi – dans la neige.

Enfin merci à Harana et Alixe pour leurs compliments et bonne lecture !

Journal de Remus, 3 janvier

Hogwarts s'est rempli de ses étudiants et de ses professeurs, la journée s'est passée en échange de vœux. Je n'ai pas pu voir Isolfe seule avant 13 heures, nous avons quitté la grande salle ensemble, nous nous sommes retrouvés tous deux dans un couloir menant vers nos salles de cours.

Nous avons sacrifié au riteévidemment nous n'avons pas franchi la barrière de la stricte politesse, nous ne sommes rien dit de vrai. Et pour cause, puisque je lui dissimule les deux seules vérités qui m'incombent et qui sont les miennes, ma nature monstrueuse et mon amour pour elle.

J'ai eu envie de la reprendre par les épaules - une si douce ébauche d'étreinte - et de lui crier – pour elle mes hurlements de loup se feraient doux " Ne vois-tu donc pas que je t'aime et que je n'en ai pas le droit " parce que ce sentiment là est forcément criminel ? Mais que ferait-elle devant une telle déclaration ? se dégagerait-elle violemment, d'abord une épaule, puis l'autre très vite, afin de supprimer rapidement le contact de mes mains, efficace comme à son habitude et de réinstaller entre nous une distance vitale, vitale puisque près de moi elle se sentirait alors en danger ? Comme la dernière fois ?

Quelle sinistre coutume, recevoir les meilleurs vœux d'inconnus qui ne savent rien de vous ! qui peut savoirà part moi, ce qu'il y a de meilleur à me souhaiter ! Que je ne sois jamais tombé amoureux de toi ma splendide, parce que j'en souffre trop.

J'avais pensé qu'après ces quinze jours durant lesquels elle m'a privée de sa présence, nous nous retrouverions autrement.

Mais comme je suis injuste, elle s'est montrée aussi amicale que possible, personne n'a jamais sacrifié à cette coutume à mon bénéfice avec une sympathie si profonde et inspirée, une voix chaleureuse, pleine d'une affection un peu rauque. De mon côté, je lui ai répondu bêtement, mécaniquement, un imbécile contrepoint à ce qu'elle venait de me dire. Elle a paru un peu surprise, elle aurait pu me laisser là, elle a un peu hésité, s'est rapprochée de moi, en s'excusant,

" Pas très britannique ce que je vais faire", elle a posé les mains sur mes épaules, a levé on visage vers moi, répondant à cette sollication j'ai baissé le mien elle m'a embrassé, deux baisers sur chaque joue, avant le dernier, ma joue s'est dérobée et c'est le coin de mes lèvres, oh juste le coin, qui s'est retrouvé en contact avec sa bouche. Sa bouche qui a souri alors, entraînant la mienne dans ce délicieux élargissement. Elle s'est séparée de moi en riant.

"Pas très britannique, mais très agréablement, très amicalement latin ".

Tout mon imbécile ressentiment se pulvérise dans ce toucher, je ne sais même pas si j'ai encore envie de rester avec elle ou de me retrouver seul afin de pouvoir porter mes doigts sur mes joues mes lèvres ma peau, pour multiplier l'impact de sa bouche. Finalement je l'accompagne jusqu'à la porte de sa salle, je continue mon chemin, tant pis si j'arrive en retard, j'ai décidé d'aller jusqu'à la fenêtre du 16 septembre, afin de me réfugier dans son encoignure et d'y amener mon nouveau souvenir d'aujourd'hui.

Journal d'Isolfe, 4 janvier

Ça y est, j'ai distribué mes bons vœux à tous ceux auxquels je les devais. Le plus curieux tout de même, le face à face avec Nhedaless Nick (à vérifier) Que peut-on souhaiter à un fantôme à cheval entre la vie et la mort ? une bonne santé ? ou de continuer à supporter son statut de zombie, ou alors de voir défiler à Hogwarts d'innombrables cohortes d'étudiants farceurs et charmeurs pour mettre de l'ambiance ?

J'ai même réussi à coincer Filch et à prendre un air inspiré et lègèrement féroce pour souhaiter qu'une discipline sans faille règne dans les rangs à partir de maintenant. Je pense que j'ai bien réussi mon coup, car j'ai eu du mal à me débarasser de lui, j'ai peur qu'il voit dorénavant en moi une précieuse alliée, ou formulé autrement, un diligent service de renseignements prêt à lui signaler la moindre amorce de dévoiement estudiantin. Peutêtre me conviera-t-il un jour à une de ces fameuses rondes de nuit dans les couloirsà la recherche des contrevenants au règlement intérieur ?

Et puis Snape ! Là , c'est lui qui m'a coincée et qui m'a souhaité une bonne année, mais comme s'il redéclenchait les hostilités entre nous, après la trêve de fin d'année (15 jours sans le voir, une bénédiction, trop vite écourtée). Sa voix était débordante de sous-entendus, je les voyais s'avancer vers moi tels une masse compacte de dégoûtants petits crapauds visqueux.

Il m'a questionné sur mes vacances, ma famille, mes amis. Je lui ai répondu abruptement que je les avais à peine vus, 3 jours au total, et que j'avais passé mon temps à bosser à Paris, notamment sur le fameux cours où je vais remplacer Binns. Je m'étais rendue à la Grande Bibliothèque Magique, où j'avais arrangé un rendez-vous avec François Belette, mon ancien professeur d'histoire magique. Il ne s'est pas découragé, a continué avec ses questions déplacées, j'ai cru qu'il allait me demander si j'habitais chez mes parents ! …et je me suis alors rendu compte que c'était peutêtre ce qu'il cherchait à savoir, enfin, si j'étais affectivement disponible ou pas…

Eh bien, mon cher Severus, sache que je n'en sais rien moi-même. Et va au diable, toi et ta marque de mange-mort.

Journal d'Isolfe, 6 janvier

L'occasion que je cherchais depuis mon retour s'est enfin présentée ce soir, je me suis trouvée seule avec Remus Lupin, dans le salon des professeurs. L'heure était tardive, 22 heures, je suis entrée dans la pièce et il s'y trouvait, en train de lire le Daily Prophet, déjà tout chiffonné après être passé de mains en mains.

Disons pour être honnête, que l'occasion ne s'est pas présentée, mais que je l'ai, astucieusement, provoquée. J'ai entendu Remus sortir de chez lui, vers 21 heures, je l'ai suivi, le plus banalement du monde, sans songer à me cacher (j'imagine qu'il doit être difficile de flouer un spécialiste de DCFM, et que même une cape d'invisibilité ne doit pas assurer une parfaite couverture), je marchais derrière lui, silencieusement, me tenant à la juste distance pour le dissuader de se retourner ou de m'attendre.

J' ai vu où il se rendait, j'ai dépassé la porte du salon, j'ai poursuivi jusqu'au Grand Hall où j'ai rencontré Albus. Nous avons bavardé quelques minutes, j'ai pris des nouvelles de Fawkes (j'adorerais assister à la résurrection d'un phoenix), nous nous sommes séparés et il a eu l'air surpris de me voir sortir sans manteau. Je me suis retrouvée, frissonnante, sous un ciel blanc d'étoiles. Une merveille de froideur nitescente. La neige en paraissait sombre et tiède. Je suis restée cinq minutes, ne faisant que regarder.

Et puis la pensée de la tâche à accomplir m'a fait rentrer, par une des portes latérales. J'ai abandonné les astres fabuleux (ces astres, ces millions d'astres) pour aller retrouver mon collègue !

Je suis allée chercher chez moi le paquet que je lui destinais, en me demandant pour la centième fois si mon idée était bonne, ou blessante ou je n'allais pas me ridiculer à jamais à ses yeux, même si j'ai l'intuition qu'il possède en lui d'infinis espaces d'indulgence, et pour moi seule.

Je prends une grande inspiration avant d'entrer dans le salon.

Je lance " Hello, Remus ", ce qui le fait tressaillir, alors que je me suis appliquée à ne charger ma voix que d'une cordialité un peu froide. Les rideaux sont tirés bien sûr, j'ouvre ceux d'une des fenêtres, le ciel fastueux réapparaît.

Mais je pars m'installer dans un fauteuil, et ce n'est que lorsque j'y suis bien assise, protégée par le dossier et les accoudoirs, que je conseille à Remus d'aller admirer le ciel nocturne. Il a soudainement l'air exécédé, se lève quand même, mais visiblement à contre-cœur, il traîne les pieds jusqu'à la croisée, y reste cinq secondes, et je ne suis pas certaine qu'il n'ait pas fermé les yeux, tel un enfant têtu, rabat le rideau, qui, manié avec trop de brusquerie, renâcle sur sa barre, avant de filer doux sous la main qui s'impatiente.

Je me recroqueville dans mon siège, je pourrai presque manger mon paquet de honte. Me serais-je trompée tout à l'heure et aurais-je déjà atteint les limites de son indulgence ? Comment un ciel si beau peut-il irriter quelqu'un à ce point ? ou l'effrayer ?

Il se jete dans un fauteuil, pas celui qu'il occupait quand j'ai pénétré dans la pièce, mais un de ceux qui sont disposés en face du mien. Il passe ses mains sur son visageà plusieurs reprises, je suis fascinée par leur mouvementà la fois précautionneux et brutal, comme s'il voulait se punir et se rassurer en un seul et même geste. Puis il les repose sur les accoudoirs, en regarde le sol d'un air lugubre.

" Excusez-moi, vous allez penser que je suis fou "

- Non, de quel droit penserai-je cela ? Sur quoi me baserais-je pour porter un jugement aussi dur, définitif sur vous ? Je vous l'ai déjà dit, Remus, je ne vous connais pas. Vous le savez, n'est-ce pas "

Il a l'air véritablement mal, viscéralement. Pourtant je n'ai fait que constater, je ne lui ai rien reproché, je ne l'ai pas accusé de se taire. Pour essayer de mettre fin à cette situation, aussi pénible que ridicule, après tout ne suis-je pas venue lui offrir un – tardif – présent de Noël ? je me lève, m'approche de lui et lui tend le paquet, sobrement emballé de bleu foncé, que j'avais dissimulé dans mon dos.

" Tenez, j'ai un peu tardé à vous le remettre… mais bon, de toute façon c'est en retard, j'aurais finalement dû vous l'offrir en décembre, avant de partir. "

Il regarde le paquet, je crois qu'il n'a pas compris de quoi il s'agissait !

" Remus, comme je vous le disais c'est trop tard pour vous souhaiter un joyeux Noël, prenez donc. Ho, Remus, c'est pour vousça ne brûle pas, et ça ne va pas vous exploser dans les mains "

Je pourrais être irritée, ou vexée par ce manque de réaction, je ne suis qu'attendrie. Oh plus que cela, Isolfe, tu étais émue aux larmes, souviens-t-en, toi qui vient de cesser d'écrire pour revivre ce moment là.

Sans trop savoir pourquoi d'ailleurs. Son absolu manque d'anticipation, cette espèce de rétractation devant mon présent, son étonnement. Depuis combien de temps n'avait-il reçu de cadeau ?

J'ai été obligée de le pousser jusqu'à l'une de ses mains, et même de la tapoter avec ce fameux paquet. Il s'en est enfin saisi, le tournant et le retournant, comme s'il s'agissait d'un objet en soi, un peu mystérieux, un rectangle de matière lourde et bleue. J'avais l'impression de parler à un innocent.

" Remus, c'est un cadeau, c'est emballé dans du papier, et si vous voulez savoir ce qu'il contient, il faut déchirer le papier. Si vous voulez, je peux vous indiquer un sort qui s'en chargera…

- Non, bien sûr que non. Je vais le faire moi-même. Bien sûr, un cadeau."

Il déchire précautionneusement le papier et pendant ce temps interminable, j'ai dix mille fois le temps de me répéter que je n'aurais pas dû et qu'il risque de voir dans ce que j'ai choisi une plaisanterie de mauvais goût. Enfin, les deux livres apparaissent, je vois ses yeux bouger sous leurs globes, alors qu'il lit le nom de l'auteur - Maurice Leblanc et les deux titres Arsène Lupin in 813 et The hollow needle.

Je ne lui laisse pas le temps de dire quoique ce soit, je me lance dans un flot d'explications.

" J'espère que … hm vous n'allez pas voir dans ce choix une blague douteuse, mais bon, disons que je n'ai pas pu résister, dès que j'ai su votre nom, et bien j'ai pensé qu'un jour il fallait que vous lisiez les aventures de votre homonyme, vous savez je l'adore, je les ai relus bien souvent….Excusez-moi, je suis un peu chiante, il faut toujours que je fasse du prosélytisme avec les livres que j'aime, enfin pas avec tout le monde."

Je m'arrête, je n'avais pas vraiment prévu cette dernière précision, il regarde enfin dans ma direction, pas mon visage, mon ventre. Puis ses yeux remontent vers les miens, se coulant au passage sur mes seins, il sourit, emprunté, mais touché, cela je le sais – je le vois déglutir.

" Merci infiniment Isolfe, mais… je vais passer pour un rustre, je … je n'ai rien à vous donner.

– Ah, laissez tomberça n'a vraiment aucune importance, et puis vous ne pourriez pas me rendre la pareille, il n'y a pas de héros de roman, ou même de pseudo-roman, qui s'appelle Dazurs ! Ok je vous souhaite une bonne lecture, je .. je rentre. Bonsoirà demain, Remus. "

Je frôle son épaule du bout de mes doigts au passage et quitte la pièce. Je me hâte dans le corridor, je ressors à l'extérieur, j'ai encore envie de ciel étoilé.

Flûte, il aurait pu m'embrasser… amicalement ! L'autre Lupin n'y aurait pas failli, je serais déjà contre lui à l'heure qu'il est….

J'étends mes bras, dans la lumière qui vient du ciel mes mains sont pâles et nacrées comme celles d'un doux fantôme, indécis de lui-même.

Journal de Remus, 6 janvier

Je suis à mon bureau, j'écris, les deux livres qu'Isolfe vient de m'offrir sont installés devant moi. Curieux, cet homme en grande tenue de soirée, cape noire et haut de forme sur leurs couvertures, et qui porte le même nom que moi. Nous avons l'air si différent, j'ai lu les quatrièmes de couverture, lui habile, brillant, séducteur, moi emprunté, terne, sans femme. Isolfe me propose-t-elle un modèle ?

Non, sans doute que non. Son sens de l'humour n'a pas résisté à la coïncidence sur le nom, c'est tout. Donc, je vais partager cette lecture avec elle, c'est tout.

Quand elle me l' a remis, le paquet avait conservé la tièdeur de son dos dans lequel elle l'avait dissimulé – ou plus bas, la tièdeur de ses reins. C'est pour cela que je ne me résolvais pas à l'ouvrir, et qu'elle a dû me prendre pour un demeuré.

Quelle douleur de lui refuser le spectacle qu'elle me proposait. Ce ciel prodigieux, débordant d'étoiles, bien sûr je l'avais vu, en entrant dans la pièce, comment aurais-pu ne pas le voir, parce que toute la lumière du ciel se déversait sur le plancher. J'avais l'impression de marcher dans la Voie Lactée.

Mais Isolfe, les étoiles, toutes les planètes me sont odieuses, ces trop proches parentes de la lune – ces tortionnaires cruelles qui cherchent à t'attirer à toi afin que tu te perdes dans leur vide glacial. J'ai donc tiré, rageusement, les rideaux. Pas d'astres entre nous, ma donatrice, ma splendide.

Journal de Remus, 15 janvier

Une phrase qui m'est venue sans effort, en français, calquée sur un poème, mais lequel Verlaine, Rimbaud ? devrais-je demander à Isolfe ? Après tout il semble que nous nous dirigions doucement vers la douce et plaisante habitude de partager nos lectures…

Comme mon amour est lent et comme mon désir est violen

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Journal d'Isolfe, 15 janvier

Après déjeuner, je repasse par la salle des professeurs, je dispose d'une demi-heure pour continuer à corriger des copies ou plutôt des dossiers, de septième année, (business plan sur 10 ans pour une société immobilière commercialisant des maisons de vacances, je leur ai laissé le libre choix de l'implantation, une des tâches étant de bien cerner la clientèle potentielle ; j'ai déjà eu le droit à des choses étranges : des bungalows sur les pentes de l'Everest ou au milieu du Sahara…- l'imagination des étudiants est sans limite et tant mieux pour eux).

Je prends le gros paquet dans mon casier, un petit parchemin est posé sur le dessus, soigneusement plié en quatre. Je l'ouvre, mes yeux vont tout de suite à la signature" Remus " , (pourquoi ce léger coup au cœur ?)Un avis de recherche :

" Isolfe, pourriez-vous m'aider à retrouver le poème dont un vers contient les mots : comme … est lent (e), répétés deux fois. Je suis désolé d'avoir si peu d'indices à vous fournir, et pardonnez-moi pour vous mettre à l'épreuve "

Comme la vie est lente, et comme l'espérance est violente

Une des quelques poésies que je connais encore presque par cœur. A quel moment de sa vie l'a-t-il rencontré ?

Comment dois-je répondre, par un autre mot, lui indiquer l'auteur, le titreécrire tout le poème, ou … aller lui réciter, les yeux dans les yeux, rougissant et pâlissant tour à tour

et nos amours, faut-il qu'il m'en souvienne

je n'ai pas le droit de lui faire mal à ce point. Je suis perplexe, et tout d'un coup attentive au message du poème la joie venait toujours après la peine , l'après Benedikt, espoir blotti au plus profond de moi, comme un avenir dont j'aurais à nouveau soif.

Je me saisis d'un morceau de parchemin, sur lequel je griffonne " Le Pont Mirabeau – Apollinaire "

j'ajoute mes initiales IAD, un PS " je possède un recueil où se trouve le poème, je vous le prête si vous le souhaitez " ; je replie mon parchemin exactement comme était le sien, le dépose dans son casier. La balle est dans son camp.

Journal d'Isolfe, 17 janvier

Remus est venu me demander mon exemplaire d'Alcools. (Je ne pouvais décemment pas m'installer ici pour 9 mois (!) sans quelques nourritures poétiques). Je lui ai fourré dans les mains et précisé qu'il pouvait le garder aussi longtemps qu'il le souhaitait, tant qu'il ne lui cassait pas la tranche – j'ai horreur de ça.

Journal d'Isolfe, 25 janvier

Depuis que Remus m'a demandé ce que je pensais de lui, et que je lui ai exposé ma "théorie" des deux hommes coexistant de chaque côté de cette fameuse zone d'ombre, les rapports entre lui et moi se sont subtilement modifiés, ou plutôt lui a modifié son comportement par rapport à moi ; de même que maintenant il revendique notre amitié aux yeux de ceux qui nous entourent – donc de tout Hogwarts.

C'est comme si le fait d'avoir identifié en lui cet élément de dangeureux mystère, me protégeait, en m'obligeant à me tenir sur mes gardes et paradoxalement m'autorisait à appronfondir ma relation avec celui qui j'ai décrit comme "l'homme public". Depuis ce moment, donc, nous affichons notre amitié. Qu'Hogwarts en tire d'autres conclusions est un autre problème, que nous laissons en suspens entre nous, quoique je ne sois pas absolument sûre que Remus n'en tire pas une certaine satisfaction . Un autre que lui, y mettrait également de la vanité, mais lui non, c'est un défaut auquel il n'a jamais dû s'adonner de toute sa vie.

En revanche, comment ne pas voir que les moments que nous passons ensemble sont, pour luià la fois bienheureux et douloureux, que je lui fais et du bien, et du mal, comme si je le reconstituais et le déchirais en même temps.

Mais qu'y a-t-il donc en lui qu'il met un soin jaloux à me dissimuler ? Cette chose qu'il me cache et qui pourtant est érigée comme une barrière entre … ai-je vraiment envie d'écrire entre nous ?

Journal de Remus, 26 janvier

Il y a quelques temps j'écrivais combien j'étais content qu'Isolfe contienne notre relation dans l'espace strictement amical qu'elle lui a assigné. Mais il y a des jours où elle joue trop bien son rôle de gardien, des jours où j'aimerais la prendre par les épaules et lui dire ou, peutêtre même faudrait-il que je crie afin qu'elle m'entende

" Cesse de ne voir en moi qu'un ami assexué, comprends que je suis un homme, avec un sexe, et que lui et moi nous ne pensons qu'à toi, depuis ce soir de septembre où tu as surgi et où je t'ai enfin vue, alors que nous avions déjà passé 16 jours à nous cotoyer, et où j'ai commencé à t'aimer. J'enfermerai mon loup au plus profond de moi, je ferai en sorte qu'il se tienne tranquille - Je sentirais la rondeur de ses épaules sous mes mains, je pourrais même faire glisser mes deux pouces le long de ses deux clavicules jusqu'à l'endroit où elles se rejoignent, de là descendre, deux pouces réunis, jusqu'à la peau entre ses seins et encore mes mains sur eux."

Je pourrais aussi la tirer contre moi, toute sa hauteur contre la mienne, lui faire sentir la présence dure de mon sexe, son impatiente dureté.

PS je n'ai pas pu résister à l'homonymie Remus Lupin Arsène Lupin, ce qui est aussi un moyen de faire de la promotion pour la littérature haute-normande : Flaubert, Maupassant (surtout) et Leblanc !

Les passages où Remus s'adresse/s'adressera à lui-même en s'appelant Lupin sur d'un ton ironico- sarcastique, eh bien c'est de l'Arsène tout craché. Mais je crois que la différence s'arrête là.

Le roman de Leblanc que je préfére ? Les dents du …tigre !