Alixe – Snape/Rogue qui revient encore et toujours à la charge…finalement, aussi incorrigible que certains élèves qui ne peuvent s'empêcher de contrevenir aux règles… Et je pense que Dumbledore n'a pas le pouvoir de le contraindre à l'obéissance. Alors pourquoi cet acharnement ? le non d'Isolfe … le désir de se venger de Lupin, celui qui a failli le mordre… peut-être d'autres motivations, troubles, dont Severus lui-même n'a pas encore totalement conscience… bon là, je triche un peu parce que c'est une piste que je vais laisser sous-terraine, juste quelques indices par ci par là (ça risque donc de ne pas valoir grand-chose).
Severia – intéressante perspective, mais je les vois mal prendre le risque de se faire déranger en une telle circonstance, je pense qu'ils auraient fermé la porte, à double enchantement…Quant à la vie privée de Severus, là, je ne prendrais pas de pari sur son inexistance.Astorius – héhé, jen'y avais pas pensé – Remus branché sur un software werewolf ? on pourrait presque en faire un mot valise softwerewolf… softwarewolf … et on retrouverait la douceur chère à Fenice (quelle transition !) Et ce serait donc à Isolfe de le débrancher ? mais j'avais cru comprendre qu'elle le branchait, justement (quel piètre jeu de mot ! )
Mais je n'irai pas plus loin dans la comparaison, Neo bof bof, je trouve que son costume d'élu est un peu trop large pour lui, et les Matrix 2 et 3 pré-formatés jeux vidéo…
Le loup sur le lit ? sous le lit ? ça me fait penser au capitaine Haddock et au dilemme de la barbe et de la couverture… Mais j'ai bien peur que, pour le moment, le loup reste entre eux.
Léna – je retiens ta suggestion de la cuillère en bois, prière de me communiquer le mode d'emploi (remarque, j'ai bien quelques idées – à force d'en manipuler régulièrement ! )
Et fichtre cinq mois déjà … merci de ne pas avoir perdu patience !
Fée – je compatis à tes problèmes d'ordinateurencore un coup du vilain micromou ?
Allez je vous reparle un peu d'Hermione, pas pour faire du fictionnellement correct , c'était prévu comme cela depuis longtemps. Ah, et Sacha aussi. Et l'obessionnel Severus, même quand il n'est pas là, on parle de lui.
Bonne lecture !
(et… j'ai enfin mis du texte dans mon profil…)
Journal de Remus, 9 marsIsolfe est revenue hier soir, je l'ai observée, marchant à côté d'Hagrid, qui faisait de grands gestes triomphants – à mon avis il devait lui raconter ses exploits avec ses scroutts à pétard et leur rythme de croissance échévelé.
Je me lève, bien décidé à l'interroger au sujet des séances de travail en français avec Hermione. Peut-être pourrais-je lui demander d'en bénéficier moi aussi ?
Ce projet m'accompagne toute la première partie de la matinée, jusqu'à l'interclasse, où je réussis in extremis à me glisser dans la conversation qu'elle et Sebastian mènent à grand train, et - ils ont beau parler d'un sujet professionnel, je le sais parce que j'en récupère quelques mots au vol alors que je m'approche de leur groupe - évidemment il la fait rire. Et il est ravi de lui et elle irradie de rire.
Minerva m'accroche au passage :
" Allez les séparer, moi j'y renonce ! "
Je n'arrive pas à voir si elle est fâchée, ou simplement amusée. Maintenant je suis tout proche d'eux, Isolfe me tourne le dos, et pourtant elle abandonne son interlocuteur, et tout en continuant à rire, se tourne diligemment vers moi. Je pourrais presque me dire qu'elle m'attendait depuis toujours et qu'elle va venir se glisser entre mes bras. Mais cette impression s'arrête au même endroit que le mouvement d'Isolfe, aussi exactement que lui : à une quarantaine de centimètres de moi. Je range mes inutiles bras derrière mon dos.
Sebastian m'envoie un signe de tête, facétieux, moqueur :
" Je vous laisse, nous avions justement terminé. "
Isolfe hausse les sourcils, je vois Minerva applaudir silencieusement dans ma direction.
" Alors Remus, bonjour tout d'abord, allez-vous être aussi drôle que Sebastian ? parce qu'il semble bien que vous l'ayez fait fuir ?
" J'ai peur que non, je viens vous parler de poésie.
" De poésie, tiens donc, m'auriez-vous composé quelques vers ? "
Elle m'envoie un sourire, brillant, cajoleur, et ironique bien sûr.
" Vous savez que j'adorerais, et je vais vous avouer que je n'ai pour le moment jamais inspiré personne. Elle éclate de rire.
" Désolée, c'est la faute de Sebastian, il est parti trop tôt, avant que j'ai pu épuiser mon stock de bonne humeur. "
Dieux du ciel, Isolfe, comment peux-tu dire cela, que tu n'as jamais inspiré personne, alors que je suis devant toi. Tu me fais mal. Je suis prêt à abandonner et à te laisser rire toute seule.
" Allez, je suis sérieuse maintenant, je vous écoute … passionnément. "
Ma voix se précipite vers elle pour couper court à un nouvel accès de rire. "
Voilà, il y a quelques jours, j'ai récupéré en cours un papier, un poème en fait, que vous avez donné à Hermione, afin qu'elle travaille son français. Je, je ne savais pas que vous aviez mis cela en route avec elle. J'en ai parlé un peu avec elle, elle l'a trouvé très difficile, très peu classique. Moi, eh bien, je l'ai lu évidemment, je suis censé savoir ce que mes étudiants fabriquent pendant mon cours même, enfin, surtout si ça ne concerne pas ma matière. (quel idiot, ai-je vraiment besoin de donner tant d'explications !)
" Mais tout à fait d'accord, professeur, si on commence à leur laisser la bride sur le cou, on ne sait jamais où cela va mener. C'est ce que je disais il y a deux jours à ce cher Master Brenner, qui finissait un de vos devoirs, alors qu'il était censé se passionner pour la notion de Valeur Magique Ajoutée avec le reste de ma classe. "
Elle affiche une mine faussement grave, en me tapant légèrement l'épaule du plat de la main, comme si elle devait faire entrer dans mon esprit récalcitrant les règles de base de la pratique pédagogique.
" Non, sérieusement Remus, Hermione était vraiment en train de s'occuper de cette … fantaisie pendant votre cours ? Elle sait déjà tout de votre programme alors, m'étonnerais pas d'elle, ou bien elle est vraiment perturbée par ce que je lui ai donné. Vous l'avez lui, donc, qu'en pensez-vous ? Est-ce si difficile de préparer une dizaine de lignes de commentaire, attendez, je ne lui demande pas de faire du commentaire littéraire, mais simplement de me dire ce qu'elle en a pensé, et éventuellement qu'elle n'a rien compris et pas aimé."
Je suis à la fois soulagé et déçu qu'elle ait déjà oublié m'avoir demandé mon opinion sur le poème.
" Peut-être ai-je finalement fait exprès de choisir une œuvre un peu hermétique, son esprit rationnel, scolaire s'y est cassé les dents si je puis dire ? Mais après tout il n'était pas non plus impossible qu'une jeune fille s'intéressât à un texte qui est une si merveilleuse déclaration d'amour
Tous mes oiseaux, tout mes vaisseaux, tous mes pays…
bon, pour la prochaine séance je vais lui trouver quelque chose de tout à fait conventionnel ",
elle fronce les sourcils, allonge des doigts sur sa bouche,
" Oui, un texte qui parlerait aussi d'amour, avec une autre Hélène, quelque chose de plus immédiatement compréhensible … aha voilà
Ce pin est sacré, c'est la plante d'Hélène.
Je vois sur votre visage que vous pensez que je suis vache avec elle, non ? Mais c'est le sort des excellents élèves, on a toujours envie de les déstabiliser, de les faire chuter de leur piédestal, de les prendre en faute. Allez j'arrête, et oups, vous avez cours, non, moi oui, je suis à la bourre, je me sauve. "
Elle s'enfuit en courant, je reste seul car la salle s'est vidée, sans que l'un ni l'autre ne nous en apercevions.
Journal d'Isolfe, 10 mars
Séance de travail aujourd'hui avec une Hermione, crispée, butée, à deux doigts de me détester. Elle a fini par m'avouer qu'elle n'avait rien compris à ce poème, qu'elle ne l'avait pas du tout aimé. J'ai voulu mettre un peu d'ordre dans ses critiques, organiser notre séance, je ne voulais pas que nous en arrivions à un lynchage de cette œuvre que j'aime tant.
" Tenez, par exemple ce vers
Où tu serais en moi plus forte que mon sang
que pourriez-vous m'en dire ? "
Elle m'a répondu qu'elle trouvait l'image dérangeante, et quand je l'ai poussée dans ses retranchements, elle a même expulsé le mot "dégoûtant" , avec un presque haut le cœur.
En fait, je m'aperçois qu'elle a compris le vers à l'envers, en permutant les rôles du poète et de la dédicataire dans ce rapport d'envahissement bénéfique.
Mais comment ne comprendrais-je pas qu'une jeune fille puisse projeter dans cette phrase ses angoisses et y voir une menace sur son intimité, sur son intégrité physique. La perspective d'accueillir en soi le corps d'un autre, un sexe d'homme, un enfant en devenir, est effectivement assez effrayante à l'âge ou l'on se rend compte que cet avenir, ce devenir se rapproche, se rapproche d'autant plus que le corps s'y prépare, que l'esprit l'accepte ou non.
Mais moi je suis une adulte, délaissée, esseulée, et ce contre quoi Hermione se cabre, il y a des moments où je le désire ardemment.
Je m'en veux infiniment de l'avoir provoquée de la sorte, blessée sûrement.
A la fin de notre séance, je me veux rassurante, je lui explique pourquoi je lui ai proposé un poème : parce que justement il n'y a rien de plus difficile à faire passer par la voix, en raison de la scansion, et que par conséquent, c'est un excellent exercice de prononciation. Elle a l'air un peu rassuré, je lui demande de choisir une strophe, de me la lire à voix haute, afin que je puisse la corriger. Elle s'exécute promptement, elle est à nouveau en terrain familier, un exercice bien cadré, qu'il lui faut maîtriser.
Quand nous en avons terminé, je lui tends le texte pour notre prochaine séance, un article du Gariof Economique, ainsi qu'une note technique du service des Affaires Economiques (à la rédaction de laquelle j'ai participé, non que j'en tire une quelconque fierté, c'est chiant à mourir).
Bref, un exercice purement académique, qui en plus aura le mérite de lui faire servir d'introduction au cours qu'elle aura, en principe, avec moi l'année prochaine. Prendre de l'avance sur le programme, n'est-ce pas ce que cherchent tous les bons élèves ?
Journal de Remus, 10 mars
Séance de natation ce soir, Sacha et moi avions convenu de nous retrouver à 19 h 30. Je suis ponctuel, lui en retard.
Je suis déjà à l'eau, depuis quelques longueurs, exécutées sans peine, il arrive en courant, visage soucieux, fermé.
Il plonge dans l'eau avec violence, donc mal – il resurgit au bout de quelques mètres, en jurant – en russe.
Je dois dire que c'est très exotique, très agréable à entendre. Je ne sais ce qui l'a mis dans cette humeur de chien (mouillé ?), une suite de pas qu'il n'arrive pas à maîtriser, qui lui échappe, comme les mots se rebellent devant moi quand je veux les transformer en poèmes (note : ils se laissent plus volontiers manier quand je les fait parler de créatures maléfiques et qu'ils me fournissent les petites cases dans lesquelles classer ces derniers).
Alors que nous nous croisons, je lui lance :
" Bonsoir Sacha, ça n'a pas l'air d'aller ? "
Et bêtement, je continue sur ma ligne d'eau sans attendre sa réponse. Je l'entends soudain qui s'est retourné et accélère l'allure pour me rattraper. Il me dépasse ensuite, je ralentis mon allure, il vient se mettre devant moi, je stoppe et me dresse dans l'eau, battant légèrement des pieds et des bras pour ne pas m'enfoncer. Lui fait de même en me regardant d'un air furieux. :
" Evidemment, non, ça ne vas pas ! J'ai dansé comme un veau cet après-midi, j'ai dix mille trucs en retard, je me suis fait engueulé par Snape, une fois de plus, le salaud, alors que j'étais prêt, pour une fois, à faire des efforts et à m'intéresser à ses conneries, et lui a dû le sentir, et il n'a rien trouvé de mieux que de casser mon élan, et de m'accuser de paresse et de mauvaise volonté.
Et puis il a sous-entendu tellement fort que je préférais les garçons aux filles, ce qui est pour un danseur est quasiment inévitable. Comme s'il y avait encore besoin de sous-entendus à ce stade, n'est-ce pas Lupin ? "
Il a l'air plus mal à l'aise, ou même déçu, que véritablement en colère. Il continue :
" Ce mec est répugnant, définitivement. Bon Dieu, je vais me faire diplomate, ou bibliothécaire, personne n'attend d'eux qu'ils soient gays, non ? "
Il se laisse glisser sous l'eau, comme s'il voulait se débarrasser de sa journée. Une fois encore je me demande pourquoi Snape a absolument besoin d'une tête de turc dans chacune de ses classes – ne peut-il donc assurer un cours sans libérer son agressivité ou son ressentiment sur un étudiant ? Et je me demande si le jeune homme se pose les mêmes questions que moi ?
Sacha vient de refaire surface, à l'endroit exact où il avait disparu, j'admire la précision.
" Bon, Lupin, je ne suis pas venu ici pour vous prendre la tête avec mes problèmes, écoutez, si nous parlions d'Isolfe, ça va vous faire sourire, douloureusement, et vous allez me toucher et moi je vais penser à la dernière chose drôle qu'elle m'ait dite et je vais oublier cette journée de merde si nous la convoquons entre nous. Alors qu'en dites-vous ? "
Il nage jusqu'au bord du bassin, je le suis, nous sommes tous deux côte à côte, posées sur l'entourage de marbre bleu, nos quatre mains ont l'air de se moquer de nous – pour le moment il semble que nous ayons renoncé à nager.
" Savez- vous quelle est la différence, pour Isolfe, entre Mozart et Bach ? "
Je réponds que non, même si je sais maintenant qu'elle préfére le second au premier.
" Et bien écoutez ce qu'elle me déclara un jour " il respire un grand coup et déclame d'une voie qui cherche à imiter celle de ma splendide et y réussit assez bien – c'est indûbitablement troublant :
" La musique de Mozart se pose sur vous, celle de Bach vous pénètre. Ce à quoi je répondis qu'elle voulait se faire caresser par Mozart et baiser par Bach, ce qui me valu une paire de gifle et un grand éclat de rire. Et maintenant j'ai le plaisir de vous voir troublé, Remus. Elle a changé sa formule depuis "la musique de Bach vous transcende ".
D'ailleurs je maintiens, baiser peut être une expérience transcendante. Vous devriez vous y mettre un jour. Et avec elle bien sûr, vous êtes le candidat idéal. Il m'observe, moitié en plaisantant, moitié en me sollicitant.
Je reste silencieux, mais je sais qu'il ne va pas aller plus loin, ses moqueries, malgré leur crudité, restent pudiques, affectueuses, fraternelles presque. Oui, le mot de fraternité me semble assez bien décrire les relations entre nous, ce n'est pas de l'amitié, à cause de la différence d'âge, et de centres d'intérêts finalement divergents, nous ne sommes pas choisis comme se choisissent des amis, mais Isolfe entre nous est un lien évident, comme le matériel génétique inéluctablement partagé par les membres d'une fratrie.
Et toute façon, que pourrais-je lui répondre ? Que je suis tout le contraire du candidat idéal, que j'ai toujours vécu chastement, par peur de blesser celle qui aurait eu la sollicitude de m'inviter à partager son lit ? Et surtout qu'avant Isolfe je n'avais jamais véritablement aimé une femme au point de tout vouloir d'elle , de la vouloir comme un alpha et comme un omega, comme la lumière et comme la nuit. Avant Isolfe, la question ne s'était jamais posé à moi, avant elle je n'avais jamais vraiment voulu tout d'une femme.
Sacha n'insiste pas, il remonte sur le bord, regagne l'extrémité du bassin, plonge à nouveau, pas mal du tout. Je mémorise l'endroit où il est remonté à la surface, je me hisse hors de l'eau à mon tour, je me recueille au bord du bassin, concentration, hyperventilation, je plonge pour faire au moins cinq yards de plus que lui sous l'eau, je sens que je passe tout en fluidité sous la surface, une déchirure qui cicatrise tout de suite, ma tête absolument vide, l'impression que je n'aurais plus jamais besoin de respire, j'abandonne la responsabilité de moi-même.
Quand je refais surface, pourtant l'air revient percuter mes poumons, vais-je me mettre à crier comme un nouveau-né ? Sacha est devant moi, sur ma droite. Je l'ai battu d'environ 10 yards.
Lorsque nous décidons d'arrêter, Sacha me lance :
" Alors, votre journée à Londres ? Vous savez que tout Hogwarts a remarqué vos nouveaux vêtements ? "
Bien sûr, à force de vivre en vase clos, tout le monde joue à la commère. Qu'est-ce que ça peut bien leur foutre ? Ont-ils senti aussi que je portais du parfum parfois ? J'avais d'abord songé à jeter un sort sur cette nouvelle version de ma garde-robe, faire en sorte que les autres n'y voient que mes habituels vieux oripeaux, et que seule Isolfe soit dans le vrai. Et puis tout cela m'a semblé bien tordu et dangereusement puéril. Donc, depuis deux jours j'ai l'impression que tout le monde me regarde en se marrant – style l'idiot du village qui se fait beau pour l'inaccessible fille du châtelain - je deviens complètement parano.
Afin de ne pas avoir à m'étendre sur le sujet, je lui parle du vieux monsieur, devenu subitement veuf, et qui ne supporte plus la musique qu'il avait l'habitude d'écouter en compagnie de sa femme et je lui explique combien j'ai ressenti de tristesse à l'entendre m'expliquer cela.
" Au moins n'a-t-il pas renoncé à en écouter, c'est déjà positif, non ? Il aurait pu choisir de vivre dans le silence… une rupture radicale avec avant. "
Je n'y avais pas pensé, j'ai toujours du mal à voir les choses sous leur bon – ou moins mauvais – angle. Par exemple, je pourrais me dire que je ne suis un loup-garou que une nuit par mois, 12 nuits par an, soit encore 357 à passer dans les bras d'Isolfe… Bon sang, est-il possible qu'il y ait autant de nuits à partager dans une année ?
" Lupin, croyez-vous que la mort d'un proche est une de ces choses qui vous font vraiment passer à l'âge adulte ? "
Sa question me surprend, et me choque. Parce qu'elle renvoie si fortement à ma propre expérience, la mort de Pettigrew, de Lily et de James, dont j'ai su effectivement qu'elles me faisaient passer un seuil irréversible entre l'adolescence et l'âge adulte. Même moi, qui n'avait jamais baigné dans l'insouciance. Avec cette prise de conscience que je devais rendre compte de ces morts, que j'en devenais le témoin, que je devenais le garant et le responsable de la survie du souvenir de ces gens.
Oui, la mort d'un proche vous charge de cet épuisant fardeau là, en plus du manque, du chagrin et de la douleur. Et je suis amer lorsque je me rends compte combien j'ai failli à cette tâche. Moins peut-être depuis que j'ai retrouvé Harry et que j'ai l'occasion de lui parler de ses parents…
" Oui, je pense que c'est effectivement une de ces épreuves, enfin, je ne vais pas dire initiatiques ! Mais bon, beaucoup de gens atteignent l'âge adulte sans avoir connu cela, et pour d'autres, eh bien, l'expérience de la mort arrive trop tôt…
- Donc, on peut devenir adulte sans en passer par là, mais, a contrario, passer par là fait déjà de vous un adulte, quelque que soit votre âge.
– Si vous entendez par adulte le fait d'avoir pris vraiment conscience de notre mortalité, oui, mais le raisonnement tourne en boucle. "
Il reste silencieux, ses jambes effectuent des battements dans l'eau qui semblent requérir toute sa concentration. Puis tout d'un coup il arrête au milieu d'une série, je m'étais mis à compter machinalement, je sais maintenant que les danseurs travaillent sur un rythme de huit.
" Comprenez-vous Snape, Lupin ? Pourquoi est-il toujours aussi odieux ? De quoi veut-il se débarrasser sur les autres ? Même ses propres étudiants, ces connards de Slytherin, je suis sûr qu'il les déteste, il est jaloux de tout le monde, on dirait qu'il ne supporte pas de voir les autres heureux. Enfin remarquez, il ne supporte pas les autres non plus, les pleurnichards, les médiocres, comme il dit. Comment peut-on vivre en pensant continuellement que toute l'humanité est contre soi ? Seul contre tous, est-ce cela sa devise ? Quel orgueil, un orgueil qui se bat contre le vide. "
Il reprend ses battements, huit, puis, puisque je n'ai pas répondu à sa question :
" Bon, au moins vous je sais pourquoi il vous déteste – Vous lui avez piqué le poste de DCFM et …
Je l'interromps pour éviter d'entendre la deuxième raison qu'a Snape de ne pouvoir m'encadrer, je le sais fichtrement bien, pas la peine qu'on me mette le point sur le "i" de son initiale.
Qu'on me mette plutôt un poing sur la gueule car je suis un menteur et un lâche.
" Je ne lui ai pas piqué le poste, c'est sans doute sous cette angle qu'il présente les choses, mais je peux vous assurer qu'à aucun moment Dumbledore n'avait pensé à lui pour remplacer Lockhardt.
" Oh Lupin, je vous ai vexé… Il rit.
" Ne soyez pas si susceptible, de toute façon le passé de Snape jouait contre lui… Donc il n'avait aucune chance. "
Il retire ses jambes de l'eau, se lève et se dirige vers le vestiaire.
" Bon, je vous quitte, comme je vous le disais en arrivant, j'ai des tonnes de trucs en retard, notamment votre fameux exercice sur les glyptopodes et les hélodermes. "
Je songe à ce qu'il vient de déclarer, d'après lui, j'aurais eu le poste uniquement parce qu'il était impossible à Dumbledore de le confier à Snape, bref un pur second choix – mais promis j'arrête d'être susceptible. Quand Sacha ressort habillé, je suis toujours immobile et maussade, à ruminer ses paroles. Il s'agenouille près de moi, me touche l'épaule :
" Ça ne vous gêne pas de rester à glander là, alors que vos étudiants croulent sous le travail ? Et vous savez, ce que je disais tout à l'heure – je le regarde d'un air méchant, mais qu'il me foute la paix avec ça, est-ce trop demander ? – Snape aucune chance, eh bien ça s'applique aussi à Isolfe, elle est sa meilleure raison de vous considérer comme un ennemi personnel. Allez, pensez-y et retournez nager. "
Il me pousse, gentiment, à l'eau, ses deux mains plaquées dans mon dos. Je ne résiste pas, je me laisse descendre, à toucher le fond, j'attends la dernière limite de mon souffle, avant de remonter à la surface. J'ai froid, je décide de rentrer, après tout, et contrairement à ce qu'insinuait Sacha, j'ai moi aussi des travaux qui m'attendent…
