Merci à Linoa07 d'aimer ce que j'écris. Voilà donc, la suite.
Morrigane … Proust ? je ne sais pas si je mérite, mais sache que je jubile après une telle revue … et aussi que je suis allée relire certaines pages consacrées à Oriane de Guermantes au moment d'un passage Narcissa Black !
Alixe IsolFe avec un F s'il te plaît, ce F est important, grâce à lui Isolfe rime avec wolf …
Quant à la situation qui s'enlise… une guerre de position ? un long dimanche de fiançailles ça me plaît bien pour ces deux-là… ou finalement éloge de la lenteur. Ben oui, j'aime bien écrire sur Remus, agissant ou inactif. Mais suis-je vraiment sadique avec lui ?
Fenice – la distance et l'empathie… avons-nous épuisé le sujet ? Sans doute pas… nos réflexions ont nourri un autre passage…
Léna désolée, mais je te prive de conseils de classe pour ce trimestre ci ! J'espère que ça te plaira quand même. Nénamoins, HMS est fidèle au poste.
Arthur, Arthur, vous savez que je l'ai vu dans la rue, il y a quelques semaines ! Enfin, disons que j'ai aperçu rapidement un beau jeune homme correspondant bien à l'image que je me faisais d'Arthur. Et comme je ne crains pas de donner dans le poncif, il est blond (foncé) aux yeux bleus… visage carré et nez peu être un petit peu trop long (ce qui à mon humble avis est loin d'être un défaut)
Bon, cette semaine rien de vraiment nouveau du côté Isolfe Remus (redésolée pour Alixe et Titou), toujours le statu quo, l'action arrive par un autre bord…
Pensée spéciale à Fée Fléau qui aime bien un Remus qui craque et (se) lâche…
Au fait, Martia Kerry, rien à voir avec le malchanceux compétiteur de W, en revanche Martia arrive tout droit d'une lecture d'enfance – une histoire de ballerine, et le personnage était une foutue garce !
(Et très contente du succès du gâteau d'Isolfe dont le nom me fait penser au gâteau de Peau d'Ane … alors Isolfe s'enfuyant d' Hogwarts enveloppée dans une dépouille de loup ?)
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Si ces mystères nous dépassent, feignons d'en être les organisateurs.
Journal de Remus, 7 avril
Bien, deux soirées de conseil écoulées, sans Isolfe – je me suis arrangé afin que personne ne vienne occuper sa place, ce qui fait que j'ai passé ces heures à côté d'une chaise que les autres pensaient vide, mais où je sentais sa présence.
Finalement, j'avais raison, Moody Stuart a dû intriguer pour assister au deuxième round, mais, enfin, c'est vrai aussi qu'il est plus logique que le représentant du ministère ait la possibilité de suivre l'évolution d'une promo sur toute une année. Il est resté peu actif, les yeux flottantsdans le vide, venant se concentrer de temps en temps sur la chaise inoccupée.
Malfoy m'a tendu quelques pièges, j'ai botté en touche, sauf que je n'ai pas pu m'empêcher de me fritter avec lui au sujet de Matthew Brill – un élève nullissime, mais dont il a l'air entiché au plus haut point, pour des raisons plus politiques que pédagogiques, si j'ai bien compris ce que Minerva m'a glissé dans le creux de l'oreille.
Mais, maintenant, finie la corvée sans le professeur Dazurs : dans une heure, début de la série des sixièmes années, je vais retrouver ma splendide complice. Et cette fois-ci, demain soir, elle ne part pas, du moins pas tout de suite, elle reste passer la première semaine de vacances à Hogwarts, elle a été assez évasive sur ses motivations, un travail longtemps différé, l'occasion de le terminer... Je ne retiens qu'une chose – nous serons ensemble pendant une semaine sans pleine lune dans un Hogwarts un peu moins étouffant qu'à l'habitude – un peu plus intime ?
Journal, je t'abandonne le cœur léger, je vais me glisser à côté d'elle.
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Le cœur léger, je relis ces trois mots qui me narguent. Le cœur léger – si j'étais un muggle, je dirais que j'ai attiré le mauvais sort sur moi, et sur elle, en les exposant sur le papier. Le bonheur, ou ce qui s'en rapproche le plus, ne durerait-il pas plus que le temps de tracer trois mots sur une feuille ?
A présent, il faut que j'en vienne aux faits.
Je venais de m'installer dans la salle du conseil, toute l'équipe pédagogique était présente, hormis Isolfe – c'est bien sûr la première chose que j'ai vérifiée en passant la porte - Severus, et, comme de bien entendu, Dumbledore, Malfoy et Moody- Stuart. Au bout de quelques instants, Filch a fait irruption dans la pièce, les cheveux en désordre, passablement excité, et vraiment bizarre – comme s'il était à la fois jubilant et atterré. Il a glissé quelques mots à l'oreille de Minerva, dont j'ai vu les narines se pincer et la bouche se durcir ; elle s'est levé, a dit
« Professeur Lupin ?
et m'a fait signe de la suivre, en obligeant Sebastian à se rasseoir.
- Albus nous demande de le rejoindre de toute urgence dans son bureau.
- Que se passe-t-il ? Filch vous l'a dit ?
- Non, il ne le sait certainement pas … . Remus, il doit s'agir d'un événement très grave.
Nous courons presque, nous atteignons l'accès au bureau de Dumbledore, Minerva lance le mot de passe d'une drôle de voix, nous nous engouffrons dans l'escalier.
La porte est ouverte, je cherche Isolfe des yeux, je ne vois que Dumbledore, Severus, Malfoy et Moody-Stuart. Mon inquiétude se dédouble – angoisse officielle, angoisse intime. Les quatre visages devant moi sont tendus, mais chacun semble y rajouter quelque chose de son crû – Dumbledore est concentré à l'extrême, Snape est stupéfait, Malfoy feint l'agacement, Moody-Stuart semble avoir atteint le dernier degré de la gêne et de l'embarras. Tous sont debout.
Albus prend la parole :
« Minerva, Remus, nous venons d'être informés par chouette expresse que - il tourne son regard vers moi - le ministère soupçonne un ou plusieurs professeurs d'Hogwarts de travailler à la libération d'un prisonnier d'Azkaban. »
Il ne me regarde plus, il répète – et combien son timbre recèle de colère froide je sais le mesurer, Minerva aussi « Un ou plusieurs professeurs ! C'est dire la confiance dans laquelle le ministère nous tient »
… Quelques secondes passent dans le silence le plus total, où l'information donnée par Albus échappe, rebelle, à ma compréhension. Puis, je percute – des contacts entre Azkaban et Hogwarts, faire échapper un détenu … donc ce détenu en question serait … Sirius ? Et si c'était vrai ? Si Albus avait tenté quelque chose ? Et qu'il était en train de leur servir le coup de la vertu injustement outragée ?Mon cerveau s'emballe, comment en suis-je arrivé si vite à tirer une telle conclusion ? Parce qu'elle vient de réactiver un espoir que je porte en moi depuis si longtemps et que ces deux-là, espoir et raisonnement, se heurtent encore et me dérangent la tête ? …
Dans une sorte de flou, je vois Albus s'approcher de Moody-Stuart et lui dire :
« Bien sûr, Hugues, je ne vous inclus pas dans le lot de ces fonctionnaires prêts à soupçonner tout un chacun ici. »
Malfoy, qui doit s'y inclure lui-même ? mais était-il au courant ? contre-attaque :
« Voyons, Dumbledore, du calme – le directeur d'Azkaban s'est sans doute monté la tête, nous savons tous que l'ambiance est plutôt malsaine là-bas et que le moindre incident, que la moindre rumeur, sont immédiatement montés en épingle… pas de quoi enfourcher vos grands dragons … Fudge et son équipe doivent être en train de travailler à calmer le jeu, il s'agit certainement d'une fausse information. »
Dumbledore reprend d'une voix glaciale, qui lui est totalement inhabituelle, un peu forcée :
« Cornelius et moi n'avons donc pas les mêmes méthodes de calmer le jeu ! Voici en effet ce qui me reste à vous apprendre : chacun des professeurs de cet établissement va être soumis à un interrogatoire de routine, afin que le ministère s'assure qu'il n'y a aucun traître parmi nous, selon la formule consacrée. Dans sa lettre, Cornélius nous rappelle, à toutes fins utiles, que les interrogatoires de routine excluent toute utilisation de veritas serum. »
Je me recule, j'ai besoin de l' appui d'un mur. Malfoy m'a vu, bien sûr.
« Eh bien Lupin, vous vous sentez mal ? Qu'avez-vous à craindre de dementors, c'est votre métier de savoir les gérer, non ? » Il m'a jeté ces mots d'une voix sèche, et troublée aussi. Pourquoi me parle-t-il de dementors ? Ce qui me terrorise, c'est la perspective de me voir injecter ce redoutable serum… et de voir mon secret m'échapper, et porté à la connaissance de ma splendide (avouerais-je aussi qu'Isolfe Dazurs est la femme de ma vie ? et que ferait le ministère d'une telle révélation ?)
Snape me semble, curieusement, aussi démonté que moi.
« Suffit, Lucius Malfoy. Vous n'insinuez tout de même pas que nous allons être soumis à cette formalité, en présence de dementors, comme si nous étions de dangereux criminels ! »
. C'est Minerva qui bout de colère. « Et tout nous porte à croire que –
Je sais ce qu'elle va dire, ce dont j'ai immédiatement pris conscience, je sens le mur qui se recule au fur et à mesure que je m'appuie sur lui - mais Albus interrompt Minerva d'un geste de la main, m'attrape par le bras, me disant tout bas :
« Rassurez-vous, je pense avoir de bonnes nouvelles pour vous - et enchaîne à voix haute - Nous serions mieux assis pour discuter de ce grave sujet, des mesures que le ministère nous propose et de la façon dont nous allons en disposer. »
Lucius fait mine de s'étrangler derrière sa main, mais pensait-il vraiment qu'Albus allait se conformer aux ordres de son ministre, surtout donnés de façon si cavalière, sans ruer dans les brancards ? Dumbledore reste imperturbable et fait apparaître assez de fauteuils pour nous tous, et m'accompagne jusqu'au mien.
De bonnes nouvelles, qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ? Qu'effectivement il a réussi à entrer en contact avec Sirius et que Sirius s'est enfin expliqué, qu'il s'est repenti ou même qu'il est innocent ? Mais cette pensée allègre, si elle a pénétré mon esprit, hésite encore à s'y épanouir. Elle ne peut que se débattre contre une autre, terrifiante perspective, à laquelle j'ai songé bien de fois et que toute cette histoire vient réactiver - à quel état mental, moral, pour ne rien dire du physique, Sirius peut-il être réduit après 10 ans passés à la disposition des ses terribles gardes, vidé peu à peu, un peu plus chaque jour, de ce qu'il a été. Combien de temps pour atteindre le degré zéro de son être ? L'avait-il vraiment mérité ? Et maintenant il se pourrait que quelqu'un soit sur le point de le faire évader ? Cela semble tellement, totalement impossible.
Où est Isolfe ? A-t-elle rejoint la salle du conseil ? Ils doivent être tous en train d'attendre ? Mais pourquoi n'y était-elle pas quand j'y suis arrivé ?
Nous sommes tous installés, Malfoy commence à ouvrir la bouche, mais Albus lui fait signe de se taire et se met à parler d'une voix qu'il cantonne désormais dans la stricte neutralité d'une communication administrative, avec même la pointe petite d'ennui qui accompagne souvent ce genre d'exercice. Si, nous, nous enflammons, lui va garder son calme, quoi qu'il arrive.
« Bien, nous allons maintenant réfléchir à nos contre-propositions. Mais je pense que nous sommes déjà tous d'accord sur un point - il n'est pas question que les professeurs d'Hogwarts se soumettent à une telle procédure, qui constituerait une véritable atteinte à la renommée de notre école en nous faisant tous plus ou moins passer pour les complices d'un homme qui a été reconnu coupable, d'autant plus que les éléments sur lesquels s'appuient le directeur d'Azkaban et sa tutelle hiérarchique sont bien minces et semblent davantage procéder de la rumeur infondée que d'une véritable argumentation. Ma position est-elle claire, mon cher Hugues ? »
Le contraste est étonnant, entre Dumbledore, le dos confortablement calé dans son fauteuil, une jambe repliée sur l'autre, de façon on ne peut plus informelle, et la détermination absolue du message qu'il vient de faire passer, en regardant Moody- Stuart droit dans les yeux. Lequel n'a pas bronché et semble prêt à se montrer à la hauteur. Dumbledore serait-il aussi en train de le tester ? et de voir sur quels appuis il peut compter au sein de ce ministère qui me donne de plus en plus l'impression d'être un fameux panier de pixies ?
Moody-Stuart fait un léger signe de tête, j'imagine que l'astucieux Dumbledore va maintenant lui donner des gages de bonne volonté…
« De mon côté, loin de moi l'idée de fuir mes responsabilités – c'est donc moi, qui, au nom de tous mes subordonnés, me rendrai à la convocation que Cornelius ne manquera pas de m'adresser et répondrai à toutes les questions que les enquêteurs ministériels voudront bien me poser. Ce ne sera pas la première fois que je prendrai un risque professionnel ! »J'entends Minerva, sa vieille complice, murmurer, d'un ton presqu'aussi jubilant que celui du directeur d'Hogwarts.
« Oh que non !
- Et je suis sûr que nous pourrons désamorcer ces stupides rumeurs dès cette étape et que, par conséquent, il ne sera pas utile d'aller plus loin dans cette direction. Vous conviendrez avec moi, Hugues, qu'il serait malvenu de faire trop de publicité à Cornelius en déclenchant une enquête de grande ampleur qui aboutirait à la simple constatation que le directeur de la célèbre forteresse d'Azkaban s'est un peu laissé déborder par les événements. Et à ce propos, mon cher, merci de vous charger avec tant d'amabilité du rôle de représentant officiel de nos autorités qui n'ont pas jugé utile de se déplacer pour m'envoyer ce premier hm coup de semonce. Que ferions-nous si vous n'étiez pas là ? Ah oui, nous enverrions une chouette expresse. »
La phrase claque comme une ironique fin de non recevoir. Moody- Stuart refait un petit signe de tête – il prend acte, il approuve, et admire, ça je le jurerai. Et il répond à Dumbledore :
« Je vous suggérerai une chose, Albus, qui rejoint d'ailleurs votre conseil de ne pas donner trop d'importance à cette affaire – recevez les inspecteurs ici, n'allez pas à Londres, où, bien évidemment, certains chercheraient immanquablement les raisons de votre déplacement. Réglez tout ceci ici, à la campagne. »
La campagne ! Ah, c'est vrai qu'il est un amateur d'espaces verts, sa maison dans le Périgord dont il nous avait rabattu les oreilles en décembre. En tout cas, il s'y entend pour ménager les deux parties !
« Je me charge moi-même de présenter votre suggestion à Fudge et de la lui faire admettre. »
Il envoie un imperceptible coup de menton en direction d'Albus qui reste imperturbable. C'est pourtant lui qui vient de marquer le point et de gagner un homme à sa cause dans l'entourage immédiat de Fudge. Je jette un coup d'œil à Malfoy, qui a l'air de se désintéresser de toute l'affaire. Quant à Snape, je suppose qu'il est aussi soulagé que moi.
Où est Isolfe ? Tant pis, je m'esquive quelques minutes pour aller à sa recherche, j'entreprends de me lever, Minerva se penche vers moi et me chuchote :
« Que se passe-t-il ? Je me lance :
– Je… le professeur Dazurs n'était pas en salle du conseil tout à l'heure, je me demande si elle les a rejoint ?
– Vous êtes inquiet ? vous avez raison, avec ce que nous venons d'apprendre (j'ai la soudaine impression qu'elle se fout de moi), mais il vaut mieux que vous restiez, attendez, je vais appeler Filch, il ira voir où elle est. »
Elle sort sa baguette, donne un petit coup sur le sol, en disant "Filch, s'il vous plaît", et me sourit d'un air qui se veut réconfortant.
« Rassurez-vous, je suis persuadée qu'elle est avec les autres. »
Je cesse de prêter attention à la conversation toujours en cours, et Minerva qui voulait que je reste ! c'est plutôt raté… Et cet abruti de Filch qui n'arrive pas, je suppose qu'il s'amène en bougonnant et en cherchant des traces de rayures sur ses foutus parquets ! Si dans cinq minutes le bonhomme n'est pas là, j'y vais moi-même…
Enfin, un coup est frappé à la porte, d'un bond je suis sur mes pieds. Minerva, je suis persuadé qu'elle voulait y aller elle-même, décide finalement de me laisser faire avec un léger sourire, j'ouvre et explique à Filch ce que j'attends de lui.
Bien sûr, tous les autres se sont interrompus et nous regardent, moi et le concierge qui commence à ronchonner bruyamment « Bon, encore un aller et retour à faire, c'est plus fatigant que de courir après ces sacrés étudiants. »
S'il me dit que j'aurais pu faire ça moi-même, je le prends au mot, je le flanque dans mon fauteuil – le vieux grognon pourra reposer ses rhumatismes – et je pique un sprint dans les couloirs… Mais il finit par obtempérer. Avant qu'il ne tourne les talons, je lui lance :
« Et dépêchez vous – j'ai la présence d'esprit d'ajouter – s'il vous plaît, Filch », ce qui semble le rendre plus coopératif. Bien, maintenant il ne me reste plus qu'à regagner ma place dans le cénacle comme s'il ne s'était rien passé.
J'entends alors Albus expliquer à la cantonade :
« Filch est parti vérifier où se trouvait le professeur Dazurs, elle était la seule absente de la salle du conseil au moment où je nous ai réunis. Vous comprenez que nous ne pouvons pas courir de risque, après ce que nous venons d'apprendre, même si j'ai tardé à réagir. Heureusement que vous êtes là, Remus. »
J'ai l'impression qu'en fait il n'en avait rien à battre, mais du moins me sauve-t-il la mise …J'ai vu Moody-Stuart blanchir à l'annonce de l'absence d'Isolfe, maintenant il nous regarde alternativement, Albus et moi. Même Severus n'a pas l'air dans son assiette : il pétrit les accoudoirs de son fauteuil. Je m'aperçois alors que l'absence d'Isolfe sur laquelle je viens d'attirer l' attention de tous, pourrait la transformer en suspecte !
Mais les autres continuent à parler entre eux, et le sujet semble être revenu sur les dementors.
« Des dementors ici, vous n'y pensez pas !
Minerva n'a pas pu se retenir – Hogwarts est un lieu … pédagogique, sacré à ce titre ! que nous devons absolument tenir en dehors de toutes ces affaires … politiques.
De plus, la majorité de nos élèves ne sait pas comment gérer ces créatures, pour reprendre votre expression, Lucius », son intonation glaciale signifie très clairement qu'elle n'a pas digérée la sortie de Malfoy contre moi.
Lucius sursaute, et prend un air excédé :
« Mais, corne de licorne, dois-je vous rappeler que les dementors ne sont pas des forces du mal, ce sont des gardiens efficaces… il vient de s'interrompre brusquement, mais aucune de nous ne relève … il se lève brusquement, et reprend, courroucé - Des gardiens, ils sont de notre côté. Quelle est donc cette psychose dirigée contre eux ? ils sont au service de notre communauté ! Combien de fois faudra-t-il vous l'expliquer ? N'est –ce pas Moody- Stuart ?
– Absolument, absolument, les gardiens d'Azkaban ont tous fait un serment d'allégeance et de service à notre communauté, il serait détestable de notre part de penser qu'ils puissent servir de quelconques autres intérêts ! et accepter de dévoyer leur mission. »
Je pense que lui, en tout cas, s'accommode fort bien de quelques entorses à son serment d'allégeance et de service à son ministre. Finalement, pas si à la ramasse que ça, Softy Moody.
On frappe à nouveau à la porte, je me précipite, mais, inexplicablement, HMS a atteint la porte avant moi, Filch a l'air surpris de le voir lui tenir le battant comme s'il était Fudge en personne, son expression grincheuse s'efface immédiatement et fait place à un sourire vaniteux. Moody-Stuart le presse :
« Alors ? »
L'autre affreuse buse prend son temps, s'occupe de son putain de chat qui traîne dans ses jambes et consent enfin, enfin ! à répondre :
« La miss Dazurs est avec les autres, forcément. »
La manière dont il a éructé le dernier mot sous-entend, forcément, que nous sommes de véritables cinglés, de nous en faire pour une si négligeable quantité d'autorité professorale. J'entends Moody moduler un profond soupir de soulagement, du coup le mien doit passer inaperçu, ensuite il se tourne vers moi :
« Vous voudrez m'excuser, je crois que je vous ai brûlé la politesse, mais j'étais très inquiet. Ne m'en veuillez pas, je.. j'apprécie beaucoup le professeur Dazurs »
Je suis à peine touché par ces explications, je n'arrive pas à déterminer s'il vient de faire preuve de délicatesse ou de goujaterie. Nous regagnons notre place, lui prévenant toute l'assemblée que " Isolfe se trouve avec les autres professeurs".
Je le soupçonne de l'avoir appelée par son prénom par bravade, comme un contrepoint à ce qu'il vient de me dire. Mais pas la peine de t'excuser auprès de moi, Hugues, toi, si elle le voulait, tu serais encore capable de lui faire un enfant…
Je me force ensuite à être attentif à ce qui se passe autour de moi, la principale question semble être de savoir si les conseils des sixièmes et septièmes années sont reportés à demain ou pour après les vacances. Tout ceci me semble absurdement surréaliste, Dumbledore est partisan du report ; je ne vois vraiment pas pourquoi, alors qu'il vient de régler, avec la complicité de Moody-Stuart, toute cette affaire d'un revers de main, comme une vulgaire broutille, il se verrait contraint d'en tenir compte tout de même. Il en vient même à proposer d'avancer d'un jour la date des vacances de Pâque ! Minerva lui jette un regard furieux, cherche à me prendre à parti, Albus botte poliment en touche et explique que ce jour, rendu ainsi disponible, lui permettra de recevoir Cornélius.
Recevoir Cornélius, comme s'il allait l'accueillir avec une boîte de chocolats de Pâque, justement, alors qu'il doit quand même aller se défendre d'une accusation pas vraiment banale, sur un sujet qui de plus touche au cœur la communauté magique.
D'un autre côté, il a sans doute raison de vouloir être le plus rapide possible, vu la façon dont il a ratiboisé la procédure inquisitoriale prévue initialement par le ministère ! Autant ne pas laisser à Fudge le temps d'activer ses neurones et de s'apercevoir qu'il vient de se faire avoir ! Je l'entends demander à Severus, pour "épargner les jambes de ce cher Argus" de faire venir le reste des professeurs.
Ils entrent tous en même temps, je n'arrive pas à voir Isolfe, sauf au dernier moment, quand HMS se dirige avec empressement vers elle, lui prenant les deux mains et les serrant longuement dans les siennes. En dépit de ce qu'il m'a dit tout à l'heure, je constate qu'il n'est pas prêt à s'effacer devant moi, considérant que pour le peu de temps qu'il passe à Hogwarts, je me dois de le laisser profiter d'elle !
Je suis fou de rage, et en même temps je sais que, vu le contexte, cette réaction est totalement déplacée. Et qu'il est effectivement plus que probable qu'il quitte les lieux dès ce soir, puisque les conseils ont été annulés.
Mes collègues affichent tous le même air inquiet, mais s'installent en silence, attendant les explications de leur directeur, sauf Sebastien que Minerva est en train de mettre au courant du coin des lèvres et Isolfe, que je regarde passionnément.
Elle a réussi à récupérer ses mains et écoute ce que Moody-Stuart lui chuchote dans le creux de l'oreille. Elle se maîtrise impeccablement, ses traits restent impassibles, et pourtant je vois le moment précis où les lèvres de Moody articulent Hogwarts et Azkaban – tout près de sa peau - et je jurerais qu'elle sait exactement de quoi il parle.
Cette impassibilité ne te ressemble pas, ma splendide, toujours à mordre tes lèvres, à pincer tes narines, à toucher tes joues, ton menton du bout de tes doigts, cette grammaire privée et charnelle à laquelle tu m'as habitué. Quand il a terminé son briefing, elle me cherche des yeux, et me regarde enfin.
Elle est inquiète, mais elle me sourit.
Mais elle reste loin de moi et s'assoit près de lui.
J'écoute à peine ce que Dumbledore raconte, je n'ai envie que de deux choses, le voir en privé afin qu'il me précise la nature de bonnes nouvelles qu'il avait pour moi (un remède à la lycanthropie ahah) et arracher Isolfe des pattes (ahah) de Moody-Stuart.
J'entends vaguement que la réception prévue est maintenue, en dépit des circonstances.
Ensuite soirée dégueulasse, impossible de parler à Dumbledore en privé, Snape et Malfoy lui collaient aux talons, et lui de toute façon semblait avoir tout oublié… de l'existence d'Azkaban et d'un certain prisonnier appelé Sirius Black.
Et Isolfe qui se laissait draguer par son vieux con, et volontairement, je suis sûr et certain qu'elle n'avait même pas l'excuse d'être ivre (contrairement à Cynthia et Sybille soit dit en passant…et même Minerva plus tard dans la soirée – quant aux mecs, pas la peine d'en parler…).
Elle avait l'air de, non, elle s'amusait follement. Impossible de se marrer autant en parlant de Rembrandt, ils avaient dû se trouver un autre sujet de conversation, autrement plus poilant. Moody-Stuart …Bloody-Art oui ! Merde, elle ne m'a pas regardé une seule fois ! Quand je pense qu'en décembre dernier, j'avais réussi à lui caresser le bras devant tout le monde, mais ce soir, niet, son vieux schnock monte la garde, férocement…
Putain, je vais faire comme eux tous, aller me saouler la gueule. Je me suis dirigé vers le buffet, les elfes avaient dû ramener du champagne frais, Hogwarts vit vraiment sur un grand pied, Bollinger et Dom Pérignon, pas étonnant qu'on soit si mal payé.
Merde, vraiment excellent, mais au bout de combien de flûtes je serai incapable de faire la différence entre cette merveille et la pisse de Mrs Nora ? J'ai failli percuter Severus en me jetant mon troisième godet, mais il était tellement imbibé qu'il ne s'est aperçu de rien. Il m'a même regardé avec des yeux humides et bienveillants, et m' a tendu sa flûte pour je remette ça ! J'ai songé que, lui et moi, on devrait prendre le temps de se bourrer la gueule plus régulièrement, je suis sûr qu'on finirait par devenir les meilleurs potes du monde.
J'ai réussi à gagner un fauteuil pour éviter tout risque de télescopage, et pendant que je m'enfonçais dans l'irresponsabilité de l'ivresse, Isolfe montait au firmament de HMS … HMS on HMS … on Her Majesty's Service.
Aha, Lupin tu m'épates, même ivre, t'es toujours aussi spirituel. Bourré, spirituel et concupiscent. Parce que, pour arranger le tout, j'avais une furieuse envie de baiser ma splendide en train de se faire baratiner (même pas besoin de la regarder, de la voir, il me suffisait de la sentir là, de repenser à son bras caressé il y a si longtemps semble-t-il). A tel point que je me suis demandé si je n'allais pas aller me branler dans les chiottes. Comme un étudiant. Comme un jeune homme sans femme.
Finalement je me suis remis sur pied tant bien que mal, mais personne n'a remarqué mes oscillations, tous occupés à osciller eux-mêmes, moi et mon érection on est sorti en catimini et profitant de ce qu'il me restait un brin de conscience, je suis allé gribouiller tout cela dans mon journal – j'ai ajourné la partie de branlette sine die, parce que ça s'rait vraiment dommage de perdre l'inspiration et tout souvenir de cette merveilleuse soirée.
Je me demande quel effet cela me fera de relire ce passage demain ? Oh, fais chier, Lupin, t'es trop intello.
Mais une fois que j'aurai fini, promis, je retourne me cuiter pour de vrai.
