Bonjour les lecteurs !
RAR – (l'exercice est fort plaisant …)Je commence par Isolfe et son total désintérêt pour le sieur Lupin. Et bien oui elle ment ! à son journal, donc à elle-même. En écrivant cela, je pensai à Miss Honeychurch dans Chambre avec vue (en plus avec Mac Go dans le rôle de la gouvernante de Lucy…) « elle ment à tout le monde, elle ment à elle-même ». Mais le seul fait d'avoir besoin d'écrire qu'elle s'en désintéresse est encore un moyen de s'y intéresser… (Fée et linoa07)
Donc si elle s'intéresse toujours à Lupin, HMS n'est qu'un accident « trimestriel » – sauf qu'il fait ce qu'il faut pour la rassurer, lui. Quant au fait d'avoir femme (ou mari) et enfants.. Titou, et bien je dirai que ça n'empêche rien. En tout cas, en l'occurrence, pas la drague platonique.
Astorius - que Moony prenne les tactiques d'Isolfe au premier degré, me semble effectivement fort possible.
World before Remus … quelle jolie idée. On met la question en attente ?
Léna - j'espère que la demie lecture t' a donné de la pêche pour le partiel, avec l'Earl Grey bien sûr (quel raffinement, je fais dans le strong broken à infusion ultra-rapide)
Non, Remus ne va pas être à proprement parler horrifié, et les événements ne vont pas lui laisser le temps de trop s'en préoccuper.
Le funky groove, héhé tu t'en souviens, vive les lecteurs qui ont bonne mémoire ! j'ai réécouté la fameuse chanson et j'ai trouvé ça qui pourrait s'appliquer à Remus – je suis sûre qu'il y a pensé …
Black clouds above me was all I knew
Not for a single day the sun came through
But all this has changed when you came by
Fée Et oui, les Schtroumpfs, je vais même pousser le vice jusqu'à mentionner la fameuse salsepareille !
Isolfe, protégée de Berla et de Lebrant… pas vraiment, Lebrant ne s'intéresse qu'à ses neurones, quant à Berla, il ne la connaît même pas, elle était dans les 36 ièmes dessous de la hiérarchie ministérielle.
Alors, une idée que je soumets à ta sagacité : et si Henri n'avait pas été envoyé par les deux autres, mais qu'il se soit échappé de cette réunion de son propre chef et sous un fallacieux prétexte ? juste pour la prévenir à l'avance de ce qui se passait à Azkaban et se préparait à Hogwarts… et que ce soit lui, et lui seul, qui veuille, pour se rassurer, connaître le patronus d'Isolfe (effectivement Lebrant sait qu'il s'agit d'une licorne, ça fait partie de la procédure de recrutement du Ministère Français de la Magie aka le MK). Subtile ruse masculine, n'est-ce pas ?
Quant à la licorne, rapport avec Remus, non, non… je l'ai choisi parce que c'est un animal magnifique, que je pensais aux scènes Hagrid / licorne, à la Dame à la Licorne (d'ailleurs, j'ai commencé la lecture de The Unicorn, de Iris Murdoch…)
En fait l'important, était que vous connaissiez à l'avance la nature du patronus de Zozolphe…
Et merci pour le conseil à Belval
Belval – ravie pour l'alerte… l'arrivée tardive de Sirius… elle aurait très bien pu ne pas se produire, en fait JXC et son auteur ne se soucient pas trop de la trame des ouvrages de JKR. Ah, si, il y a quand même un événement du PA dont je respecterai, sinon la lettre, du moins l'esprit… j'en ai trop besoin.
Fenice : grazie mille pour le triple clap… je te préviens quand même – il risque d'y avoir des baisses de tension…
Pour ceux qui ont lu le premier chapitre d'Azkaban Azkaban, on va parler de Gn1-2 !
Bonne lecture !
88888888888888
Journal de Remus, 8 avrilJ'ai rédigé tôt ce matin les événements de la veille, j'ai inséré à la suite le compte-rendu de ma soirée, je l'ai relu, j'ai trouvé cela assez drôle et assez désespérant.
Et maintenant j'attaque la fin de la nuit.
Quand je suis redescendu j'étais à peu près net, comme si l'alcool s'était égoutté dans les mots que je traçais. Mon sexe était toujours à l'affût, mais de façon plus nonchalante. Et moi j'étais toujours aussi amoureux de ma splendide. D'ailleurs je pressais le pas, quelle inconscience de l'avoir laissée en compagnie de son vieux beau (), et s'ils étaient partis tous deux ensemble !
Je faillis percuter Minerva, qui remontait l'escalier que je descendais précipitamment, suivant une trajectoire qui n'était pas celle du plus court chemin. Elle me jeta un regard vaseux, j'entendis un "B'soir Argus".
Excellent, mon ancien professeur, ma collègue me confondait avec l'autre vieille buse de concierge ! Pour un peu, je me serais vexé!
J'ai tout d'abord cru qu'Isolfe m'avait échappée, et puis je l'ai vue, elle était toujours là et toujours accompagnée – ils avaient tirés deux fauteuils dans un coin de la pièce et s'y étaient installés.
Là, c'était elle qui parlait, ils ne riaient plus, mais leur complicité était toujours visible, leur conversation avait gagné en intimité et en gravité ce qu'elle avait abandonné en drôlerie. Elle ne me regardait toujours pas, et pourtant je suis sûr que l'insupportable Moody-Stuart lui avait signalé mon arrivée, car il avait jeté les yeux sur moi … mais comme on le fait par obligation, analysant un événement auquel on ne s'attend pas dont il faut bien s'assurer qu'on peut le classer dans la catégorie des phénomènes normaux, et donc non menaçants. A peine étais-je entré dans son champ de vision qu'il m'en faisait donc ressortir.
Dumbledore m'a tapé sur l'épaule, il était en conversation avec Marigold et Filius, tous trois avaient l'air à peu près correct. Il m' a tiré un peu à l'écart et m'a dit :
« Restez sobre surtout, j'ai quelques mots à vous dire, lorsque j'en aurais terminé avec mes … obligations ici. Et ne faites pas ces yeux furieux : après tout ce cher Hugues m'a sauvé la mise aujourd'hui. »
Je dois avoir levé les sourcils, au dessus de mes yeux furieux ! car il complète :
« Allons, Remus, vous n'aviez donc pas compris que j'y allais complètement à l'esbroufe. Et que, par conséquent, je courrais un très gros risque… Donc Hugues et moi avons fait un saut à Londres, juste avant cette petite réception, nous avons été reçus en privé, ce qui nous a donné l'occasion de nous expliquer très hm franchement avec Cornélius qui, dès demain, dès demain … quelle réactivité vous noterez, vous et la presse j'imagine, vient diligenter une enquête rigoureuse à Hogwarts. Et en toute sérénité, puisque hors d'atteinte des éventuelles pressions qui pourraient s'exercer sur moi. Cornélius est vraiment un ministre très .. au fait de ses responsabilités.
– De l'art et la manière de faire dire aux faits ce que l'on veut Albus ! C'est vraiment excellent !
– Tiens, je croyais que l'on disait cela à propos des chiffres… »
Il laisse s'écouler quelques secondes, je renonce à lui suggérer d'aller demander confirmation à son professeur d'économie ; il m'invite à me joindre à leur groupe.
J'ai haussé les épaules et suis allé me poster dans le coin opposé au duo Isolfe Hugues. Ils émergeaient à peine de leur fauteuil, je voyais leurs deux fois deux jambes habillées de noir (eh oui, ma splendide était en pantalon), celles de HMS croisées, et celles d'Isolfe serrées l'une contre l'autre, à moitié allongées, à moitié abandonnées ? se donnant délibérément en spectacle à l'homme assis en face d'elle. Et moi dans le rôle du voyeur clandestin. Je n'essayais même plus de m'imaginer ce qu'Albus pouvait avoir à me dire, je saurais bien assez tôt si son information concernait ou non Sirius. Et puis, n'avait-il pas parlé de bonnes nouvelles ? alors, pourquoi me prendre la tête ?
Au bout de cinq minutes, je me suis rapproché d'eux, en faisant le tour par l'extérieur de la pièce, restant dans la partie moins éclairée, le long des murs. Et je me suis mis à écouter ce qu'ils disaient.
« Donc, vous me dites que Fudge a accepté la contre-proposition d'Albus !
– Vous doutiez de lui et de moi donc ?
(Ben voyons manque pas une occasion de la ramener, notre ministériel…)
– Oui, enfin, non, je pensais qu'il n'aurait pas cédé tout de suite, mais j'imagine que le risque de contre-publicité brandi par Albus a dû véritablement l'effrayer et, évidemment, vous-même lui avez présenté les choses de façon très astucieuse. »
J'entends le vieux con soupirer de satisfaction, forcément il doit en plus avoir eu le droit à un sourire à la Dazurs ().
« Eh bien, disons que je souhaitais éviter trop de désagréments à Hogwarts et à ses professeurs…
(Allez, vas-y, dis le : et à la plus charmante d'entre eux)
… et à la plus charmante d'entre eux.
(Gagné Lupin, finalement t'es bon en drague, tu devrais t'y mettre pour ton propre compte ! )
– Néanmoins, ma chère Isolfe, je dois vous prévenir que Cornélius arrivera ici avec un enquêteur officiel, l'inqvisitor-mayor Juan Palafox
( Merde, le type de ce fameux concours….je manque m'étrangler et me demandant s'il se livre toujours au même type de hobby )
… ainsi que deux dementors. »
Les jambes d'Isolfe se rétractent brutalement, la main de HMS s'avance, hésite et se pose sur son genoux gauche, les épaules de Lupin se crispent. Moi qui n'aimais déjà pas beaucoup les dementors, pour des raisons purement professionnelles et éthiques, je me mets à les détester carrément à partir de ce moment. Ils effraient ma splendide et autorisent une vieille ganache à poser la main sur elle. Je sens que leur rating va en prendre un coup dans ma classification et idem pour la nécessaire distanciation scientifique que je suis sensé maintenir entre moi, mes préjugés et l'objet de mon étude !
« Rassurez-vous Isolfe, ils resteront à l'extérieur de l'école, vous ne les verrez pas. Mais vous comprenez, Albus a bien fait de lâcher du lest sur ce point, mineur somme toute, il eût été hm maladroit de laisser Fudge sans hm os à ronger, s'il veut montrer qu'il a de grandes dents, bien qu'il le fasse, tant qu'il ne mord personne. »
Sang de Merlin, HMS arrête, tu ne peux pas savoir comme ton sens de l'humour me fait rire, ça pourrait même me faire mourir de rire si tu continuais. Et elle, elle rit. Et il se joint à elle, et ils rient tous les deux.
J'en ai marre, je me casse, je les laisse tous les deux, je préviens Albus que je suis à sa disposition et qu'il veuille bien me prévenir quand il sera prêt à me parler, je vais travailler dans ma chambre.
Travailler, le mot le fait légèrement sourire, mais il me fait grâce du reste. Je souhaite une bonne nuit à Marigold et Filius, à Vector qui s'est joint à eux.
Je m'affale sur mon bureau, tête posée sur le bois. Gueule de bois, Lupin. Ça faisait combien de temps ?
S'agit-il de Sirius ? Je me relève, dégrisé, sollicité par ces deux-là qui ne se connaissent pas. Sirius, Isolfe. Moi qui pensais faire de moi une sorte de professeur austère, exclusivement dédié à sa mission pédagogique, exclusivement dans le présent de sa mission, oublieux de son passé - trop douloureux - et ne s'interrogeant pas sur son futur – trop aride, une simple répétition du présent – et ayant oublié son loup dans un coin obscur et protégé.
Cela avait pu marcher avant Hogwarts, mais dans cette perspective, accepter la proposition de Dumbledore avait été une erreur, parce que Hogwart était mon ancienne école et les meilleurs années de mon passé, parce qu'à Hogwarts il y avait Harry, et parce qu'à Hogwarts j'avais rencontré Isolfe.
Donc Hogwarts marquait la fin de l'espèce d'endormissement affectif que je m'étais imposé et dont j'avais cru qu'il serait la solution. Mais c'était aussi une erreur : ce n'est pas mon loup que je neutralisais, et avec lui un passé trop lourd et un futur trop vide, c'est moi que j'acheminais doucement vers la folie.
Mais depuis mon arrivée ici, je suis débordé de sentiments, ou carrément noyé comme ce soir. Peut-être que je viens enfin de comprendre, ou d'accepter, ce qu'Albus m'avait dit quand il était venu me débusquer de ma tanière de Zlata Podnaïa afin de me proposer le poste – Il est temps que vous veniez, Hogwarts vous attend, dans la même mesure que vous l'attendiez.
Albus justement dont la tête apparaît dans ma cheminée, me signifiant qu'il est enfin disponible.
Pour une fois, je ne marcherai pas jusqu'à son bureau, j'utilise moi aussi la cheminée.
« Alors Remus, bien avancé ? Mais ne restez pas debout, installez-vous dans ce fauteuil.
- Bien avancé ?
– Oui, ne deviez-vous pas travailler ?
– Ah, non, finalement, je n'ai rien fait. Enfin, j'ai réfléchi, je me suis demandé ce que vous alliez m'annoncer.
– Ah, et vos conclusions ?
– Il s'agit de Sirius ?
– Oui, je pensais bien que vous devineriez.
– Mais toute cette histoire, cette rumeur, c'est vrai ?
– Partiellement. Il y a bien eu un contact entre Azkaban et Hogwarts. Hogwarts… il laisse sa voix en suspens quelques instants, comme s'il s'interrogeait sur la portée de ce nom.
– J'ai parfois l'impression de n'être vu qu'au travers de ce prisme là. Mais, bon laissons tomber, ce n'est pas notre sujet, encore que… Donc j'ai, moi, l'homme privé, pas Hogwarts, j'ai reçu un message…
- De Sirius ? comment serait-ce possible ?
– Non, pas de lui, plutôt un message qui me parlait de lui.
– Mais de qui, grands dieux ? Comment un prisonnier pourrait-il avoir un complice ?
– C'est pourtant le cas, classique, et pourtant terriblement improbable…. C'est Gn1-2 qui m'a fait passer le message.
– Gn1-2 ! enfin Albus allez vous cesser de parler par énigme !
– Ce n'est pas une énigme, c'est son nom… enfin, non, ce n'est pas son nom, c'est son matricule.
– Un autre prisonnier alors ?
– Non, non, Gn1-2 est un gardien d'Azkaban.
– Un gardien, donc un .. un dementor ? C'est bien ce que vous êtes en train de me dire ?
– Oui, Gn1-2 est un dementor.
– Mais c'est impossible, les dementors n'éprouvent aucun sentiment, ils n'ont été créés que pour courir après une proie, la punir, la garder et éventuellement l'exécuter. Vous le savez aussi bien que moi.
Je me suis remis debout, Albus lui se cale dans son fauteuil, et lève les yeux vers moi.
– Remus, je ne mets pas en cause vos connaissances sur le sujet, j'ai réagi exactement comme vous quand j'ai reçu le message de Gn1-2. Mais je l'ai rencontré et j'ai bien dû me rendre à l'évidence : Gn1-2, pour je ne sais quelle raison, vice de duplication – nous n'allons pas dire de conception, n'est-ce pas ? est un dementor, qui, petit à petit, s'est pris d'amitié pour l'homme qu'il gardait. Et au lieu de l'aspirer, il s'est mis à lui parler… Vous savez que les dementors n'appréhendent pas les souvenirs heureux dont ils s'emparent, ils ne sont pas créés pour cela et d'ailleurs ils ne savent même pas combien ces souvenirs, ces pensées sont précieuses, ils pourraient tout aussi bien sucer la moelle épinière des prisonniers, l'effet sur eux serait le même, une vulgaire nourriture.
Pour ce concerne Gn1-2, je pense en fait que le bonheur dont il s'emparait a tracé son chemin en lui en éveillant quelque chose, quoi ? un affect sans doute, et que le bonheur l'a rendu … humain, donc capable d'émotion, et de toute la gamme de celles-ci, la joie aussi bien que la peine, la peur et le remord.
– Mais comment fait-il, là bas, pour ne pas se faire remarquer, et ne pas se faire prendre ? Mais d'ailleurs on s'en fout, quel était le message, que disait Sirius ?
– Remus, du calme, j'ai l'impression que vous allez me taper dessus. Rasseyez-vous ! Allez, faites, ne vous ai-je pas promis de bonnes nouvelles ? Parfait. Sirius ne disait rien …
Je me suis remis sur mes pieds, au diable les tours et détours d'Albus, mais je rencontre ses yeux, j'obtempère en haussant les épaules, simplement, je m'installe sur un accoudoir. Il reprend, je m'attendais à ce que sa voix soit agitée, comme son regard, mais elle est simplement très émue. Et il ne s'en cache pas. Je vois même ses mains qui tremblent un peu, l'une dans l'autre.
– C'est Gn1-2 qui a pris l'initiative de me contacter, il n'en a pas parlé à Sirius. Et il l'a fait parce que Sirius lui a dit une chose, que son gardien a comprise et a crue, c'est … vous avez deviné, n'est-ce pas Remus ?
Je réponds oui et là c'est ma voix qui tremble.
– Il lui a dit qu'il était innocent.
- Exactement. Il y a longtemps que vous et moi espérions entendre cela. Mais nous n'avons rien fait pour susciter ce moment, ou même pour faire en sorte que la question de la culpabilité, ou de l'innocence de Sirius soit reposée. Evidemment il y avait eu procès, et nous n'avions pas à remettre le verdict en cause… Voyez-vous Remus, j'ai pensé à l'époque qu'une communauté aussi secouée, aussi menacée que l'était la nôtre alors ne pouvait pas se permettre de ne plus croire en sa justice et en ses défenseurs, qui n'en sont que le bras armé. Au chaos déclenché par Voldemort, nous ne pouvions pas opposer notre propre anarchie. Et aujourd'hui, ayant appris, presque de sa bouche, qu'il était innocent, je me dis que j'ai sacrifié Sirius à de grands principes…
- Et ce dementor, cet Gn1-2, connaît-il le nom du coupable ?
– Et vous, Remus, qui à votre avis, si ce n'était Sirius ?
- Mais Peter est mort ! Ou alors …. Pas question de me lever cette fois-ci, je vois mes jambes trembler.
– Attendez, il aurait mis en scène sa propre mort ? … et … se serait coupé volontairement un doigt ?
– Et oui, personne n'aurait imaginé qu'il eût ce courage, mais n'oubliez pas qu'il risquait bien pire : ce que Sirius endure depuis 10 ans … quant à savoir s'il est toujours vivant et où…
- Mais pourquoi Sirius n'a-t-il rien dit, pourquoi ne s'est-il pas défendu ?
- Ça, Remus, j'espère qu'il aura un jour l'occasion de nous l'expliquer. Mais maintenant, nous savons ce qui nous reste à faire, non plus exactement, je sais ce que je dois faire. Je vous laisse en dehors de tout cela, n'y voyez pas une suspicion à votre égard, ou un déni des liens existant entre vous et Sirius, mais le risque est grand et moi seul peut le prendre, et il me faudra beaucoup d'appui. Et pendant un certain temps, mon action doit rester clandestine. Il y a déjà eu une fuite, et là Gn1-2 n'a pas d'explication à me fournir, mais il s'emploie à chercher qui aurait pu avoir eu connaissance de ses actions.
Et vous Remus, il faut que vous vous occupiez de vous. »
Je n'ai pas le temps de lui faire préciser ce qu'il entend par là, d'ailleurs l'aurait-il fait ? car quelqu'un frappe à la porte. Albus pointe sa baguette vers le panneau de bois, murmure Transpicio, la porte devient vaguement transparente à hauteur de tête d'homme et nous découvrons tous deux Moody-Stuart, son manteau sur le bras.
« Entrez, mon cher Hugues.
– Albus, professeur Lupin – un petit signe de tête dans ma direction - je viens prendre congé, je rentre à Londres derechef. Je ne reviens pas demain, vous comprenez, ce serait sortir du domaine de mes attributions ; et puis je pense que Fudge m'a assez vu pour le moment. »
Il s'autorise un rire bref, repris, tout aussi brièvement, par Dumbledore.
« Mais bien sûr, je me tiendrai au courant, et n'hésitez pas à faire appel à mes services en cas de besoin. Bien, voilà … la soirée a été un peu mouvementée… enfin je dois dire que je l'ai terminée très agréablement. »
Il a dû sentir, non loin de sa tempe, le regard furieux que je viens de lui décocher, car il ajoute, d'un ton détaché, mais pas exactement convaincant
« Le professeur Dazurs était fatiguée, elle est allée se coucher et m'a chargé de vous transmettre à tous deux ses souhaits de bonne nuit …(n'ai-je pas entendu un souffle de regret sur ce " à tous deux" ? ahaha).
– Mais voilà qui est infiniment aimable de sa part, n'est-ce pas Remus ? »
Que peut répondre celui qui la trouve si aimable qu'il en est amoureux à l'infini, si ce n'est :
« Infiniment aimable, tout à fait. »
Nous nous serrons les mains, Albus propose à Moody-Stuart d'utiliser sa cheminée, l'autre se croit obligé de préciser :
« C'est vrai que j'en ai rarement vu d'aussi confortable » et il disparaît après avoir jeté un peu de poudre dans le foyer. Albus s'étire, jette un coup d'œil sur sa pendule et :
« Je comprends qu'Isolfe soit partie se coucher, vous savez qu'il est bientôt trois heures du matin ! Je vais vous laisser, mais avant, encore juste un mot - Gn1-2 sera un des deux dementors qui accompagneront Cornélius demain.
– Comment peut-il être sûr qu'il sera choisi ?
– Mon cher Remus, j'ai cru comprendre qu' Azkaban, la prison dont la communauté magico-britannique est si fière et que les autres pays nous envient, est en fait un véritable foutoir, où chacun fait plus ou moins ce qu'il veut, parce qu'il n'y a pas de chef. Et ne me parlez pas de Trixos Périlogue, je l'avais déjà rangé dans la catégorie des incapables, ou alors des erreurs de recrutement. Gn1-2 m'a d'ailleurs appris qu'il est surnommé NDNT, comme No Decision – No Trouble !
– Cela veut dire que personne ne contrôle les dementors d'Azkaban ?
- Exactement, Remus, cela fait froid dans le dos, n'est-ce pas ? Notez qu'en l'occurrence, cela nous arrange, car Gn1-2 dispose d'une marge de manœuvre non négligeable, il a notamment réussi à devenir gardien attitré de Sirius.
– Son ange gardien alors ?
– Je crois qu'on peut employer ce terme, effectivement.
– C'est incroyable. Et il va reprendre contact avec vous demain, sous les yeux de Fudge ?
– Sous les yeux de Fudge, exactement, mais vous savez comme moi que Fudge est aveugle sur un certain nombre de points.
– De quand date votre premier contact avec lui ?
– Il y a deux semaines, et puis ce matin, non, hier matin, j'ai reçu un message par LIMACEON, qui me mettait au courant de la fuite et des mesures prises par Fudge. Et par la même voix, j'ai demandé à Gn1-2 de venir me voir, officiellement cette fois-ci, dans quelques heures.
- LIMACEON ? j'ignorais qu'Hogwarts fût connecté ?
- Je suis un vieil homme bavard, Remus, mais par moment je sais être discret…
- Mais, c'est peut-être comme ça qu'un des messages a été intercepté ?
– Non, puisque le premier contact avec Gn1-2, avant la fuite, s'est fait de visu. Il est venu ici, une nuit. Evidemment j'ai failli lui envoyer mon patronus dans la figure, mais j'ai vite compris que quelque chose n'allait pas, ou plutôt, allait bien avec lui …
- Et quoi donc, il ne ressemble pas aux autres ? Ah non, sur ce point pas de différence. Enfin il me semble qu'il est un peu plus petit. Non la différence, c'est que lui, comme vous, comme moi, dégage de la chaleur humaine, au propre comme au figuré. Mais il m'a expliqué qu'il sait contrôler ce phénomène, et se faire passer pour un véritable dementor. Une dernière chose : personne ici n'est au courant, à part vous. J'en parlerais à Minerva bientôt, mais pour le moment je laisse Severus en dehors. Il est difficile et délicat à gérer, et les rapports entre lui et Sirius ayant toujours été détestables…. Allez Remus, il est tard et cela ne s'arrange pas, voulez-vous emprunter ma si confortable cheminée ?
– Euh, non merci, je vais marcher. »
Je sors de son bureau, commence à me laisser entraîner vers le bas par l'escalier, et fait demi-tour. Celui-ci prenant son temps pour réagir, je me vois contraint d'avaler les marches quatre à quatre pour contrer le mouvement descendant. Je frappe, la porte s'ouvre tout aussitôt et je m'aperçois qu'Albus est déjà en chemise de nuit ! Diantre, quel est donc le sort ?
« Albus, excusez-moi, je vous embête encore, mais quelque chose me chiffonne : vous êtes bien certain que tout ceci n'est pas un piège ? Qu'il ne pourrait pas s'agir de quelqu'un déguisé en dementor, afin de vous compromettre et… et d'éliminer Sirius par la même occasion.
– Ah, je reconnais bien là votre prudence toute professionnelle, mon cher professeur de DCFM. Bien réfléchir avant d'agir, n'est-ce pas ? peser le pour et le contre, au risque de voir certaines occasions vous échapper » …. J'ai la désagréable impression que nous ne parlons plus de dementor… je crispe les épaules sont la rebuffade, mais Albus se rapproche de moi, dans une envolée de blanche chemise de nuit, et pose une main sur mon épaule en un geste d'apaisement.
« Néanmoins, vous avez raison bien sûr, le risque n'était pas négligeable… j'ai donc eu recours à Fawkes, il a un peu tourné autour de notre bonhomme et s'est finalement posé sur son épaule. Gn1-2 était très ému.
– Et vous, vous étiez complètement rassuré !
– Oui, et vous aussi maintenant Remus. Bonne nuit. »
Je regagne ma chambre, marchant lentement, afin de laisser le tournoiement dans ma tête perdre de sa vitesse. Le forcer à se caler au rythme de mes pas et de ma respiration que je ralentis elle aussi.
Sirius est innocent
10 années pour rien
pourquoi ne s'était-il pas défendu
pourquoi n'en avais-je rien pressenti
j'étais pourtant proche de lui
comment peut-on penser connaître quelqu'un et passer à côté de sa vérité
comment avoir pensé qu'il avait pu commettre cet acte dégueulasse
10 années à se laisser vider sans rien dire sans révolte
bon dieu
que pensait-il donc avoir à expier
ne pas avoir su protéger Lily et James
avoir fait rentrer Peter dans notre groupe et dans la combine
mais il n'en était pas plus coupable que moi
moi aussi j'avais failli
dans ce cas moi aussi je méritais Azkaban
et au lieu de cela j'avais joui de ma liberté
personne ne m'avait décervelé
il fallait que ce soit un dementor qui vienne l'aider
la plus improbable des créatures dans ce rôle pour nous dire que nous humains nous avions vraiment démérité
il est innocent
et Albus qui m'écarte de ses plans
veut-il le faire évader
plus probable faire casser le premier jugement
mais Sirius va-t-il enfin accepter de proclamer son innocence
a-t-il encore assez de force pour sortir de son enfermement et crier qu'il est innocent
il pourrait être devenu fou
fou à force de s'être tu
J'étais arrivé dans mon appartement. J'avais dû passer devant la porte d'Isolfe, mais je n'y avais prêté aucune attention. Combien mes errements de début de soirée me semblaient absurdes et égocentriques. Et tout à l'heure, dans le bureau de Dumbledore, fallait-il encore que je sois jaloux à cause d'elle, après ce qu'Albus m'avait raconté. Tout cela n'avait donc pas encore pénétré mon cerveau de foutu égoïste ?
Je me suis jeté tout habillé sur mon lit, déconcerté, fatigué de toutes ces interrogations. J'ai à peu près réussi à faire le vide dans mon esprit pendant une dizaine de minutes. Puis j'ai laissé revenir les pensées, en essayant de les ordonner au fur et à mesure, d'abord celles qui concernaient Sirius, et ensuite toute Isolfe. Comme si je les mettais en position de faire connaissance l'un avec l'autre.
Journal de Remus, le 8 avril, le soir (première partie)
Tout au long de la journée, j'ai fait face à des classes au comble de l'excitation : report des conseils, jour de vacances supplémentaires et les fameux événements de la veille. Dumbledore est venu faire une brève communication officielle au cours du petit déjeuner, expliquant que Fudge se livrait à une sorte de visite d'inspection de Hogwarts et que certains des sorts mis en place par lui-même pourraient éventuellement être utilisés à Azkaban.
« Ne vous étonnez donc pas si vous tombez sur des rumeurs amalgamant Azkaban et votre école, dans des configurations plus ou moins fantaisistes, prêtez leur une oreille critique, puisque vous savez maintenant exactement de quoi il retourne, et ne contribuez pas à leur propagation : vous êtes, exactement au même titre que vos professeurs et votre directeur, responsables de la réputation de votre école. »
Fred et George Weasley lèvent la main et s'écrient :
« Et cette histoire de prisonnier et d'évasion alors ? »
Je vois Isolfe se figer, à deux places de distance. Et maintenant que mes yeux l'ont vue, comment penser qu'ils pourraient la lâcher si vite ? Tous les élèves, tous mes collègues, elle y compris, regardent Albus, moi je joue au dissident. Je ne regarde pas celui que j'écoute néanmoins avec la plus grande des attentions – celle d'Isolfe. L'intonation d'Albus ne contient rien de la bienveillance habituelle avec laquelle il répond aux questions de ses élèves, fussent-elles les plus loufoques. Il est évident qu'il a choisi de camper sur une ligne dure, et qu'il n'acceptera pas de se laisser déborder.
« Messieurs Weasley, une fois encore, je dois vous prendre en flagrant délit d'inattention ! J'ai peur que cela ne soit une de trop. Qu'ai-je dit à propos de ces stupides rumeurs ? Vingt points de moins pour Gryffondor. »
Autant dire que la suite du petit déjeuner s'est déroulée dans un silence pesant – je pense qu'aucun étudiant présent n'avait jamais vu Dumbledore se substituer aux chefs de maison et retirer des points à qui que ce soit. Moi oui, mais peu importe.
Severus n'a même pas pensé à se réjouir.
J'ai vu Isolfe sourire légèrement, comme si elle venait d'avoir confirmation de quelque chose.
Elle a quitté la table la première, je lui ai emboîté le pas, je me suis mis à marcher plus vite qu'elle, quand je me suis retrouvé à son niveau, elle a éclaté de rire et cette réaction a eu l'air de la surprendre autant que moi.
« Dites, Remus, auriez-vous des révélations à me faire, que vous me courriez après comme cela ?
Nous nous étions mis à marcher plus lentement.
– Quelle journée que celle d'hier, hein ? Jusque tard dans la nuit… J'espère que Hugues – ne froncez pas les sourcils, voyons – vous a transmis mes salutations, à Albus et à vous. Ah ça, ça ne vous fait pas froncer les sourcils !
– Vous m'avez demandé de cesser !
– Ah, c'est vrai…
– En tout cas soyez rassuré, Hugues a transmis (je prononce à la française, Ugueu comme elle, c'est plus violent, ça fait plus mal quand ça passe dans la bouche, on a l'impression d'expectorer de la caillasse).
– Parfait, parfait. Quant à la journée d'aujourd'hui, dites-moi, vous ne trouvez pas que Dumbledore est à cran ? »
Elle s'est arrêtée, et attend ma réponse, je suis content de voir qu'il n'est plus question de marivaudage () entre nous – et que ce soit elle qui y ait mis fin, (mais c'était fichtrement agréable…).
« Vous pensez qu'il n'est pas sûr de son entretien avec Fudge ?
– Je ne sais pas, c'est à vous que je posais la question.
– Eh bien, je dirais qu'il veut avant tout éviter que ces rumeurs infondées ne prennent de l'ampleur.
– Infondées, vous croyez vraiment ? Vous pensez qu'il n'y a rien derrière tout cela ?
– Mais, oui, cela me semble évident, comment pourrait-on imaginer une chose pareille ?
– Je ne suis pas convaincue, ou alors quelqu'un a machiné tout cela pour créer des ennuis à Albus …
- Effectivement, oui, cela serait possible. »
Je me suis promptement et peu glorieusement saisi de cette perche afin de pas être pris – une nouvelle fois – en flagrant délit de non réponse volontaire, parce qu'alors Mademoiselle Dazurs, ici présente, aurait eu beau jeu de faire remarquer au sieur Lupin, ici présent, exactement devant elle, infiniment amoureux, qu'il était décidément un homme peu loquace, voire insupportablement secret, et que, à tant faire, il valait mieux discuter avec Ugueu.
Je me mis donc à échafauder des hypothèses, pour lui parler, tout en ne lui disant rien.
Mais Isolfe, que sais-tu de Sirius ? Tu m'as interrogé sur mes années à Hogwarts, je t'ai parlé rapidement des maraudeurs, de leurs quatre cent coups, mais sans les nommer, sans même dire précisément que j'en faisais partie. Parce que je craignais que ces quatre là ne nous ramènent à mon loup. Et pourtant, ce matin, je voudrais te prendre dans mes bras, ou juste de serrer les mains, ou même ne faire que te regarder, et te raconter tout cela, pas pour m'en débarrasser, mais afin que toi aussi tu en sois dépositaire et que tu m'aides à comprendre quelle est ma part de responsabilité dans tout cela.
Et pour cesser de te mentir et de dire enfin que je suis un loup, une nuit par mois.
Hier j'avais violemment envie de toi, ce matin j'ai infiniment envie de te parler. Mais ne t'inquiète pas, ou inquiète-toi, justement, cela fait tant d'années que je m'astreins à faire violence à mes désirs, je ne te dirais rien d'important.
« Oui, il en serait pas impossible que certains, autour de Fudge, considèrent que le directeur d'Hogwarts pourrait leur faire de l'ombre, le jour où il le souhaitera vraiment. Et comme dans ce drôle de milieu, s'il y a des règles, j'ai cru comprendre qu'elles n'étaient pas faites pour être respectées…
- Oui, vraiment, un drôle de milieu, comme vous dites. Difficile de garder ses candeurs, n'est-ce pas ? »
Nous avions atteint la porte de sa chambre, elle m'a remercié pour le pas de conduite () et nous nous sommes quittés.
J'ai ensuite rejoint ma classe, en étant certain qu'Arthur allait essayer de me cuisiner pour en apprendre davantage, finalement, Albus aurait dû avancer les vacances de deux jours…
Oooooooooooooooo
() en français dans le texte
