Entre Fenice qui me dit que le tourisme remplace l'action et Fée Fléa(u) qui me fait le crédit d'en voir partout et… et ? bah zut, non, personne d'autre…
Fenice antimaraudage, assassinat du mythe.. bing et paf ! tu me pousses du côté où je penche – cette sale manie de toujours vouloir se justifier…
Brièvement.
Ils s'ennuient - non. Remus explique pourquoi il a subitement besoin d'action. Et ce n'est pas le désoeuvrement qui le gouverne.
L'anti-maraudage ? NA, là, il s'agit d'une action « professionnelle », objective, avec son côté administratif !
L'assassinat du mythe ? les maraudeurs en étaient –ils arrivés au point de se transformer en mythe, avaient-ils atteint à l'universel ? Pas à mon sens, leur légende, ou ce qu'il en reste, reste circonscrite à Hogwarts. Et puis le Remus que j'élabore, ligne après ligne, est plus soucieux de son avenir que de son passé, de remettre sa vie en route, de marcher droit, à côté de quelqu'un et au même pas qu'elle, parce qu'il en a marre de tourner en rond comme un loup encagé dans ses pleines lunes.
Fée – non, c'était la première apparition du THD. Et merci d'adhérer à mes élucubrations…
D'autant que je continue dans le même veine dans le chapitre du jour.
Et revoilà Isolfe et Remus chez les muggles.
Bonne lecture.
Journal d'Isolfe 16 mai
Six heures, ce dimanche soir, c'est comme si j'attendais quelque chose ou quelqu'un.
Six heures trente, ce dimanche soir, j'avais raison – Remus est venu frapper à ma porte, me proposant d'aller dîner ensemble, loin d'Hogwarts, et donc surtout pas à Hogsmead.
Sa bouche était légèrement tremblante, pourtant il se contrôlait soigneusement, et ces deux phénomènes, tremblement et crispation, donnaient une tonalité inhabituelle à sa voix, inhabituelle, mais très agréable, très sensuelle – et lui et moi en étions conscients.
J'ai proposé Paris, et ma voix s'était mise sans peine à l'unisson de la sienne, il a accepté.
Je me prépare, nous avons convenu de nous retrouver dans un quart d'heure au bout de notre corridor.
S'il me demande ensuite de passer la nuit avec lui, dois-je accepter ? Ai-je vraiment besoin de savoir ce qu'il me dissimule pour coucher avec lui ? Ce serait juste un exercice physique, pas un acte d'engagement. Alors Isolfe, oui, non ? Terriblement tentant, n'est-ce pas ?
Mais il ne me demandera rien, je viens de m'en rendre compte, il ne me le demandera pas tant qu'il ne m'aura pas parlé… Et il n'a toujours pas l'attention de se dévoiler ce soir… il ne m'aurait jamais proposé un lieu public.
J'en suis presque soulagée. Et moi, je ne ferai pas le premier pas, le seul qui coûte, n'est-ce pas ? ainsi je ne prendrai pas le risque de m'exposer, et je me voir rejetée.
Voilà, je termine ces lignes, j'y vais, j'ai opté pour une tenue neutre, de camarade.
Journal de Remus 16 maiJe ne l'ai pas vue de toute la journée (et hier si peu, si trop peu…). Son absence, ce vide autour de moi et en moi, m'a poussé à aller frapper à sa porte ce soir – car il fallait que je la vois, elle, une urgente nécessité se faisant plus lourde à chaque pas que je posais vers elle. Ce n'est qu'en marchant vers sa porte que j'ai su ce que j'allais lui proposer, un moment à partager loin de l'étouffant Hogwarts, et de sa foule importune.
Ma voix s'est débattue dans ma bouche, alarmée et pourtant pressée d'aller se poser sur Isolfe. Elle m'a proposé d'aller dîner à Paris, avec des mots qui s'entrechoquaient doucement et la rendait plus vulnérable.
Nous nous retrouvons dans un quart d'heure – je suis repassé par ma chambre, je griffonne ces lignes.
Je m'applique à retrouver la totale maîtrise de moi, intellectuelle et sentimentale, j'entends, car, le désir, lui, reste incontrôlable, instinctif (non, ce n'est pas seulement de l'instinct).
Je sais d'ores et déjà que rien d'important ne va se produire entre elle et moi, nous allons passer cette soirée, flottant, irresponsables, entre deux eaux silencieuses, notre amitié et mon insatisfaction. Et j'en ressens, lâchement, un immense soulagement. Je veux encore avoir du temps irresponsable avec elle, avant de lui parler et de, peut-être, tout détruire ? ou au contraire …. Le souffle me manque soudain.
Et, elle, de son côté, sera-t-elle fidèle à sa parole : va-t-elle se contenter d'attendre ou finira-t-elle par me provoquer ? Ce mot éveille en moi des images qui précipitent ma respiration.
Je pensais que j'arriverai en premier à notre point de ralliement, mais Isolfe m'attendait déjà. Elle portait une jupe grise, longue aux chevilles, sévère, un pull blanc boutonné de bas en haut, ne laissant deviner ni ses seins, ni ce qu'elle portait en dessous - une véritable nonne muggle … et pourquoi pas un voile sur la tête, ou la noire tenue officielle d'Hogwarts ?
Je l'entendis alors me proposer
« Ça vous dirait d'aller manger oriental, libanais plus précisément ? Vous connaissez ?
– Euh, non, mais oui, d'accord. »
Evidemment, ma réponse était plutôt incohérente, à ma décharge j'étais en même temps en train de me dire, avec un coup au cœur, ce cœur toujours déraisonnablement avide d'élever de pures coïncidences au rang de signes du destin … que nos pensées s'étaient trouvées un terrain d'entente commun, et géographique. Elle était en train de me préciser
– L'avantage avec le libanais, c'est que l'alcool n'est pas prohibé ! Donc, je vous emmène chez Aliya ? boulevard du Montparnasse ou avenue Marceau ?
– Eh bien …
- Non, Montparnasse, le quartier est plus sympa et puis il y a un jardin. »
Nous sommes arrivés à Hogsmead, en ayant abondamment parlé des examens de fin d'année, et des sujets que nous peaufinons. Je suis persuadé qu'à ce stade du compte à rebours, les professeurs y pensent plus que les étudiants. Isolfe m'a appris que la difficulté pour une de ses épreuves, commentaire de la presse économique, est que le sujet se doit d'être absolument exclusif et qu'elle devra le trouver le matin même de l'épreuve, dans un des journaux auxquels elle est abonnée. Je lui a fait remarquer que pour quelqu'un ayant horreur de tout faire au dernier moment, elle ne s'épargnait pas. Et aussi que le temps à l'œuvre dans sa matière n'était pas le même que celui qui préside aux autres enseignements – les prévisions, la prospective, l'immédiateté contre les savoirs accumulés depuis des siècles.
« Vous avez raison, j'introduis un peu de la passion, un peu folle, un peu outrancière, des muggles pour le futur, pour l'après. D'ailleurs, le temps magique et le temps amagique ne sont pas les mêmes, l'un est malléable et docile, l'autre inexorable. Comme avec votre truc, Thunder, votre THD. Et le grand mystère est que les deux puissent coïncider ! »
Nous avons laissé derrière nous Hogsmead et ses badauds de début de soirée, nous avons atteint un endroit désert.
Nous nous arrêtons de marcher, Isolfe se tourne vers moi, me dit
« Bien, alors, toujours décidé pour Paris et la cuisine libanaise ?
J'acquiesce de la tête.
– Parfait, alors, donnez-moi la main, ça sera plus pratique.
Je me sens hésiter.
– Ne me dites pas que vous n'avez jamais fait ça, la transplanation en duo ? »
Je me sens tellement idiot, car non, avec qui aurais-je pratiqué ? que je suis incapable de dire si sa voix est moqueuse ou exaspérée.
« Oh Remus, come on, donnez-moi votre main, là, ce ne sera pas la première fois. Je repense à ce moment où elle avait trébuché et où je l'avais rattrapée – pour une fois, je m'étais montré à la hauteur.
– Faites moi confiance, je maîtrise l'exercice. Allez. »
Ma main est finalement dans la sienne.
Nous nous retrouvons sur un trottoir parisien, il pleut des trombes, nous nous faisons bousculer par une foule de parapluies, Isolfe me tire en avant, ouvre une porte devant moi, je la suis, en notant mentalement que j'aurai dû passer le premier…
Nous pénétrons dans un lieu clair et métallique, très design à la muggle, un serveur se porte à notre rencontre, il nous salue, Isolfe lui dit qu'elle a réservé une table pour deux, au nom de Lupin, elle reste imperturbable, moi aussi, comme si ce nom n'appartenait ni à elle, ni à moi (et pourtant Remus et Isolfe Lupin cela pourrait exister s'il n'y avait pas l'autre entre nous, l'à-moitié Lupin l'à-moitié clandestin).
Le serveur nous dirige sans se presser, nous faisant passer entre un comptoir et une grande rambarde arrondie plongeant vers l'étage inférieur, vers une table située au fond, près d'une grande porte-fenêtre, qui donne sur un minuscule jardin, inoccupé à cause de la pluie. Je suis content d'être dans un coin reculé – mais quand donc cesserai-je de vouloir me planquer ? L'option inverse pourrait être intéressante, me faire voir de tout à chacun en compagnie d'Isolfe. Mais supporterai-je ce que cela sous-entend ?
« Comment avez-vous fait pour réserver ici depuis Hogwarts ?
– Ahah, je sais comment connecter mes deux univers, vous savez, Remus, même si c'est un peu plus compliqué à partir de Hogwarts. J'ai dû emprunter le réseau des cheminées pour aller m'occuper de cela depuis Hogsmead. »
Un autre serveur, au physique tout aussi oriental que le premier, nous salue, en arabe j'imagine, et en anglais, il a dû nous entendre parler… il nous tend deux cartes. Nous refusons sa suggestion de prendre un apéritif, Isolfe relève la tête de la carte, me regarde
« Plutôt du vin, non ? »
Je réponds oui, elle se tourne vers le serveur et passe au français
– Vous avez du massaya ?
– Bien sûr.
Il sourit de toutes ses dents, puis ajoute
– Alors, madame française et monsieur américain ? »
Je ris sous cape de me voir prendre pour un Américain, s'imagine-t-il que j'ai des gallions, enfin non des dollars pleins les poches (moi,c 'est comme ça que je me les représentais quand j'étais petit). J'entends Isolfe répondre, sérieusement
– Non, Monsieur est britannique. L'homme a l'air déçu, adieu le pourboire royal ?
– Et donc, nous venons manger libanais, vous voyez, nous sommes très cosmopolites, finalement comme vous, au Liban. »
Elle a marqué un point, il nous sourit à nouveau et s'éloigne sans hâte.
« Alors, qu'est-ce qu'on mange ? J'ai faim. Je vous explique ?
– Oui, expliquez-moi, conseillez-moi. »
J'ai soudain conscience du fait que nos genoux sont très proches les uns des autres, cachés sous la table étroite que nous partageons.
« Eh bien, le plus simple et le plus pédagogique, c'est de prendre un assortiment de mezze, ce sont des entrées variées, des petites portions, cela vous permettra de découvrir un peu tout. Voyons, je crois qu'ils proposent de bonnes assiettes ici.
Elle se met à lire des noms et à m'expliquer de quoi il s'agit - …. homos , moutabel, taboulé, fattouchf wara, inab kibbé. Et bien sûr des pitas, du pain libanais. »
Isolfe passe notre commande, le serveur nous rappelle que nous voulions du vin, Isolfe me consulte, nous nous décidons pour une demi-bouteille.
Quand il est reparti, je regarde un peu autour de nous ; de notre coin, je ne vois que l'enfilade des tables devant moi, derrière Isolfe.La table la plus proche est occupée par quatre personnes, deux couples. Je vois un homme et une femme, environ cinquante ans, orientaux de toute évidence, teint mat, les cheveux et les yeux sombres, ils parlent un mélange de français et d'arabe, – difficile de dire s'ils sont mari et femme. Elle porte de nombreux bracelets d'or qui mettent en valeur ses propos en les encadrant de joyeux tintements. Elle est vêtue d'un pull rose pâle, très ajusté, très décolleté, faisant apparaître le haut doré de ses seins.
Il pleut toujours violemment, je vois les gouttes rebondir sur la terrasse et s'écraser, puis se mettre à couler en avalanches transparentes sur les vitres. Isolfe m'ayant vu regarder nos voisins, se retourne brièvement. Elle me dit
« J'adore les sortes de cernes bistres qu'ont souvent les orientaux, autour de leurs yeux en amande. C'est … terriblement séduisant, vous ne trouvez pas ?
– Hm, je n'ai jamais vraiment fait attention.
– Et alors, Garzinia Naamân et Amin Taïeb, ils sont bien dans votre effectif, non ? Et ils ont ces yeux là… Amin est libanais. »
Je me sens stupide, j'aurais besoin de l'entendre me dire qu'elle n'attend rien de moi, afin de pouvoir enfin me décontracter. Je réponds
– Oui, bien sûr, je les vois régulièrement, mais je n'avais jamais remarqué cela. »
En disant cela, je regarde ses yeux, à elle, que m'importe les autres, si délibérément qu'elle ne pourra pas ne pas le remarquer. Mais elle fait comme si elle était transparente, elle se retourne, comme s'il y avait quoique ce soit de remarquable derrière elle. Puis elle vient remettre son regard en face du mien
« Alors, votre classification, ça avance comme vous le voulez ? La dernière fois, vous pestiez contre la bibliothèque de Madame Pince… vous m'aviez même dit qu'elle était en dessous de tout.
– Vous vous en souvenez ?
- Bien sûr.
- Ce n'était pas très malin de ma part, si les bibliothèques contenaient tout ce que je cherche sur le sujet, mon truc deviendrait inutile…. Oui, ça avance, enfin quand j'ai un peu de temps devant moi, j'ai l'impression qu'il me faut à chaque fois une heure pour me replonger dans le sujet…. Je ne suis pas très concentré finalement.
– Alors vous vous êtes décidé sur l'angle d'attaque, enfin, je veux dire, la clé de classification ? ordre alphabétique, degré de nocivité ?
– Eh bien je ne suis pas encore définitivement fixé, enfin peut-être la taille, c'est un critère finalement fortement discriminant…des mégas au nanos… vous voyez ? Mais je me donne encore un peu de temps
- Heureusement, vous n'avez pas un éditeur pour japper devant votre porte et vous faire presser la manoeuvre.
– Ah, un éditeur, je ne sais pas si …. Enfin, il faudrait d'abord que j'en trouve un.
Elle laisse passer un peu de temps, puis me dit, brusquement, comme si elle avait peur de se rétracter.
– Vous savez que c'est une chose à laquelle je pense, créer une maison d'édition, un jour, après Hogwarts – je ne me vois pas passer le reste de ma vie à enseigner, enfin enseigner oui, j'y prends vraiment goût, mais vivre les uns sur les autres, comme ils le font tous ! Vous vous voyez, vous, Remus, passer le reste de votre vie avec Snape, vous vous tireriez la bourre pour savoir qui pourrait bien succéder à Dumbledore, quand il sera enfin devenu ministre de la magie, vous devriez recruter des cinglés pour le poste de Divination….
Elle éclate de rire et reprends
– Vous seriez le chef de Filch ! et celui de Mac Go ! »
Elle se tait, vérifie si je supporte sa tirade, mais la seule chose que j'ai retenue, la seule chose qui m'importe, c'est qu'elle envisage si facilement, si sereinement un après Hogwarts, elle partie, m'ayant laissé là-bas, à me tirer la bourre avec Snape. Bien improbable, d'ailleurs qu'un loup-garou devienne un jour directeur d'une école de magie, ou de quoique ce soit. (1) Je décide de laisser tomber le sujet mais de continuer en plaisantant, comme elle sait si bien le faire.
– Et vous seriez prête à mettre mon manuscrit à votre catalogue ! Je vous rappelle que vous ne l'avez pas lu.
– Dame non, puisque vous ne voulez pas me le montrer.
– Mais, vous savez bien que ce n'est qu'une ébauche.
Elle fronce les sourcils, gentiment. Ce qui lui va sacrément bien, je dois dire.
– Une ébauche, au delà des six premiers chapitres, si j'ai bien compris. Et puis, vous savez, il y a des éditeurs très hm inquisitoriaux, qui surveillent de très près les travaux de leurs poulains.
– Tenez, alors, je vous ai amené un échantillon »
Je plonge la main dans la poche de mon pull, la retirant aussitôt, car un serveur, encore un nouveau, arrive, les bras chargés d'assiettes, dont il a bien l'intention de se débarrasser au plus vite en les posant sur notre table – j'observe attentivement la manœuvre, curieux de voir comment il va réussir à tout caser. Devons-nous lui proposer de l'aide, cum reductio ? Isolfe déplace des verres, un cendrier, une de ses mains touche celle du serveur, ils disent tout les deux, exactement en même temps – Excusez-moi – je suis jaloux d'eux. Enfin, tout est en place, Isolfe me sollicite
« Vous faites le partage ? puis, me désignant un plat
- Je vous laisse les kibbé, j'ai horreur du mouton
– Ah oui, je me rappelle vos airs hm dégoûtés devant les ragoûts d'Hogwarts
– Ahah, la bouffe à Hogwarts, de quoi écrire des romans, ou plutôt un pamphlet ! ou alors un rapport médical !
- Tant que ce n'est pas un rapport d'autopsie….
– Merci de me donner la répartie avec tant d'à-propos, mon cher. Allez, je vous laisse travailler ».
Je m'exécute, elle, empile les plats au fur et à mesure que je les vide dans nos assiettes – une véritable scène domestique, il y a des gens qui font cela tous les jours, l'un pour l'autre – je te sers de l'eau ? veux-tu encore du thé ? as-tu vu mon magazine ? tu viens te coucher ? et aussi dans l'intimité – embrasse-moi, et, j'ai envie de toi … je me mords les lèvres sur tous ces mots fantômes.
Arrive un pichet de vin, qui vient faire diversion. Isolfe précise que nous avions commandé une demi-bouteille, le serveur nous dit que ça n'existe pas, que son collègue a dû se tromper, mais qu'il s'agit bien du vin commandé et, en nous montrant la spectaculaire blancheur de ses dents, il nous assure qu'il est excellent. D'ailleurs il en verse dans nos verres, en nous invitant à le goûter devant lui. Nous buvons en même temps, Isolfe s'appliquant sa dégustation, moi je me concentre sur elle.
Pourtant, la saveur assez surprenante qui arrive dans ma bouche vient me troubler, avec son goût de poivre très présent. Isolfe sourit à notre serveur
– Parfait, il est très bon. »
Il s'éloigne, avec un petit sourire en coin. Elle me souhaite bon appétit, je lui demande de tout me renommer, nous nous mettons à manger. Puis
« Alors, que vouliez-vous me montrer ? »
Je dépose mes couverts, je lui présente ce que je viens de sortir de sa poche. Elle semble surprise, elle devait s'attendre à du papier. Elle saisit le tube de verre, à peine plus grand qu'un doigt d'enfant, l'approche de ses yeux.
« Ah, c'est un tube loupe, sans issue en plus. Remarquable, c'est vous qui les faites ? Elle le recule un peu, le scrute attentivement le contenu.
– Bien, professeur Lupin, je dois vous avouer que je sèche, qu'est-ce que c'est que çà ? Tout ce que je puis dire, c'est que ce qui s'agite là-dedans doit faire partie de votre catégorie nano.
– Excellent, mademoiselle Dazurs, je vous accorde la moitié des points. »
Nous éclatons de rire, nos voisins nous regardent, lui d'un air légèrement désapprobateur, elle en censurant un demi-sourire.
« Alors, dites-moi ?
- Ce sont des versatilocortex hyperthermophiles.
– Oups, avec un nom comme çà, je comprends que vous les gardiez au chaud dans votre poche… Et puis, dites-donc, ils ne sont pas particulièrement polis, il y a en un qui vient de me faire un bras d'honneur ! Puis-je lui tirer la langue ?
– Essayez voir ! Elle m'obéit, puis observe attentivement ce qui se passe dans le tube.
– Nada, pas de réaction. Il fait combien à l'intérieur ?
– Entre 175 et 185 degrés. »
Je la vois lever ses sourcils, incrédules. Puis nous comprenons en même temps et le mot Fahrenheit surgit entre nous, sans que nous sachions qui de nous deux vient de le prononcer.
« Et qu'est-ce qu'ils font, ces versatilocortex ? sont-ils très dangereux ?
– Non, si c'était le cas, je ne porterais pas sur moi, surtout en environnement muggle …
- A moins qu'ils vous obsèdent? pour que vous baladiez avec eux en permanence ? »
Je lui réponds que c'était pour lui montrer (n'avait-elle pas compris ?) et j'ajoute, un peu brutalement
« Rassurez-vous, je ne couche pas avec. »
Elle me regarde en souriant, mais tristement. Je me demande si cette tristesse la concerne, me concerne, nous concerne tout deux ? Nous nous remettons à manger. A elle de mettre fin au silence entre nous quand elle le souhaitera.
– Le verre grossit combien de fois ?
– A peu près 1000 fois. Elle émet un sifflement, quasi inaudible.
– C'est vraiment du nano nano alors. Expliquez-moi comment ils marchent ? »
Nos assiettes sont vides maintenant, Isolfe se cale le dos au fond de sa chaise, et croise les bras, juste sous ses seins. Elle ressemble à un examinateur, bienveillant tout de même, mais quand même, elle s'est éloignée de moi, alors moi, je pose mes coudes sur la table et ainsi je me rapproche d'elle.… Je m'apprête à commencer mon exposé, arrive le serveur, encore un nouveau ? non, il semble que nous ayons déjà eu affaire à celui-ci, nous proposant un dessert.
« Remus, si le sucré vous tente, je vous conseille de prendre une glace au mastic, vous ne trouverez pas ça ailleurs. »
Je me rends à sa suggestion, elle se commande autre chose, un nom qui commence par "mou" et se termine par "abié". Le serveur me précise
« Mouhallabiyé, c'est à l'eau de rose.
– Ah, parfait. Nous sommes à nouveau seuls. Je reprends
– Pour être utilisables, les versatilocortex ont besoin d'un vecteur, enfin plutôt d'un hôte, qui va leur permettre de survivre à une température normale, pour ne rien vous cacher 37 degrés, la température d'un corps humain…
- Ah, nous y sommes, et c'est là qu'ils commencent leurs dégâts…
- Oui, mais avant qu'ils ne soient opérationnels, il y a d'autres hm manipulations à effectuer. Mais je crois qu'il faut mieux que je vous dise tout de suite ce que l'on attend d'eux, afin que vous compreniez bien.
– J'adore quand vous êtes si didactique Remus … non ne vous crispez pas, je ne moque pas, je rends hommage à vos immenses talents pédagogiques, pas plus. »
Quel abruti fini, pourquoi me suis-je cabré, et bien sûr elle l'a vu et d'ailleurs quels autres talents je possède, qui ne soient pédagogiques ? Subitement, j'ose enfin me demander si Isolfe, ressentant le besoin de se poser la question, me trouverait séduisant ? Sacha lui a-t-il jamais dit ce qu'il pensait de moi ? Je reprends rapidement pour m'empêcher de divaguer davantage, en adoptant volontairement un rythme professoral, articulé, pas trop rapide, celui qui laisse le temps de prendre des notes.
– Les versatilocortex, comme leur nom le laisse un peu deviner déclenchent, chez celui qui les hm héberge, une altération des processus mentaux, si vous préférez des troubles du raisonnement – une perversion, une inversion des valeurs et du rapport hm affectif aux autres. Celui qui était mon ami, je le considère dorénavant comme mon ennemi, et comme mon ennemi mortel, peu importe l'intensité des sentiments que j'éprouvais pour lui auparavant – amitié de passage ou plus profonde, ou sentiments amoureux - (évidemment je ne peux m'empêcher d'aller scotcher mes yeux sur la vitre trempée en disant cela) – les versatilocortex vont me faire voir en lui un homme, une femme qui représente un tel danger pour moi, pour mon intégrité physique qu'il n'existera plus qu'une solution – radicale, terminale. »
Je regarde à nouveau Isolfe, elle est toute pâle, je la sens au bord d'une sorte de nausée révoltée. Pourquoi avoir accepté de lui parler de cela ? Pour remplir la mission dont j'ai été chargé, mais aussi pour l'associer à mes angoisses, lorsque j'ai découvert l'existence de ce potentiel danger ? Pour qu'elle comprenne, sans que je lui dise directement, que j'ai cauchemardé, les yeux grands ouverts, sur un Remus Lupin contaminé et n'ayant plus qu'une idée en tête : éliminer sa splendide ? Mais que ce cauchemar était vain, parce que je suis le porteur malsain d'un autre danger pour elle, cette menace aussi régulière, aussi infaillible, aussi noire que la pleine lune est blafarde.
« Et vous, vous me disiez qu'ils n'étaient pas dangereux, mais c'est terrifiant, cette folie mortelle et programmée, dites- moi que ce n'est pas vrai, ou qu'il existe un antidote… »
Sa voix est si altérée, à la limite de la supplication, que nos voisins se retournent, et nous observent brièvement, puis poliment, se détournent de nous.
- Vous vous imaginez, vous, inoculé, cherchant à tuer … ou moi, ahah, moi qui suis si jalouse de mon libre-arbitre, pff envolé, tout ça, je ne maîtriserais plus rien, et je n'aurais qu'une idée en tête, qu'on m'aura implantée de force, me débarrasser de vous, vous tuer d'une façon ou d'une autre, ou peut-être de la plus atroce possible, comme si chaque seconde de votre vie constituait une menace pour la mienne … alors que vous êtes … un ami précieux, n'en doutez jamais, Remus, je vous en prie, vous me regardez avec des yeux affolés, vous êtes atrocement pâle…. Excusez moi, quelle idiote je fais. Je n'aurais pas dû me laisser emporter à ce point… je suis une piètre élève. Mais cette … chose serait tellement atroce, être transformé en assassin malgré soi. »
Ma bien-aimée innocente, combien de fois vas-tu encore t'approcher au plus proche de ma vérité sans que ta grande âme n'en devine rien ? Tu me fais tellement peur à chaque fois ; continue à n'en rien voir et à te protéger. Ce n'est pas à toi de me découvrir, c'est à moi de me présenter, réellement, à toi. Je reprends, pour calmer ses angoisses au plus vite…
« Isolfe, n'oubliez pas ce que je vous ai dit tout à l'heure, à savoir que les versatilocortex avaient besoin d'un vecteur, une sorte de rétrovirus, diraient les muggles. Et ils ont également besoin qu'on leur apprenne à reconnaître leur cible
– Leur cible, je ne comprends pas, il suffit de les … hm injecter j'imagine ? »
Je constate qu'elle n' a pas totalement retrouvé la maîtrise de sa voix, elle parle encore trop vite, et je vois dans son regard que moi non plus je ne suis pas revenu à mon état normal. C'est drôle, comme je m'en ficherais si ce n'était elle qui me le signalait. Je ne dois plus – jamais - lui faire voir que j'ai peur de nous.
« La cible, Isolfe, l'ami qui va devenir l'ennemi mortel. L'apprentissage est une étape délicate, et à ce stade, le taux d'échec est, heureusement, élevé. Il nécessite de faire assimiler aux versatilocortex un peu de sang de la cible, la manœuvre est délicate, car les versatilocortex ont besoin d'une température que le sang humain ne supporte pas sans se dégrader et donc devenir inutilisable ; et la magie à utiliser dans cette étape n'est pas encore stabilisée…
- Mettons que ça réussisse, que se passe-t-il ensuite ? il faut encore faire intervenir ce fameux intermédiaire…
- Le vecteur idéal dont je parlais : tout bonnement les méningocoques…
- Tiens donc, vous utilisez du muggle maintenant ? Oh, excusez-moi, j'aurais dû lever la main avant de vous interrompre !
Je constate qu'elle s'abrite à nouveau derrière son habituelle ironie.
– Mais n'est-ce pas vous qui m'avez dit que les techniques croisées sont les plus efficaces, les plus fécondes ? »
Cette fois-ci, c'est moi qui aie repris le rôle du taquin…mais en y mettant plus que cela ? D'ailleurs elle s'en est aperçue et elle est troublée ! L'air s'est mis à trembler – presque imperceptiblement - entre elle et moi . Mais moi, je les ai senties ces ondes minuscules… Ou serait-ce mon loup aux aguets ? Attendrait-il lui aussi quelque chose d'elle ?
Les desserts commandés arrivent inévitablement et remettent tout en ordre.
« Alors, les méningocoques. C'est eux qui contaminent alors ? Mais je ne comprends pas, la méningite se révèle bien souvent mortelle, et là c'est ce qu'il faut éviter…
- Bien vu, dans ce cas ils sont inactivés, ils ne servent que de réceptacles pour les versatilocortex. Leur rôle n'est que … moteur.
– Et ils se transmettent comme les méningocoques non trafiqués ? ne risquent-ils pas de déclencher une épidémie ?
– Non, car n'oubliez pas qu'ils sont ciblés, ce qui signifie qu'ils ne possèdent plus de pouvoir nocif en dehors de celui qu'on leur a assigné…. Une arme de précision en quelque sorte ?
– Vous avez compris. 10 points pour …. Ravenclaw alors ? Gryffondor ne vous tenterait pas ?
– Je ne suis pas assez courageuse, Remus… Je suis plutôt du style à me planquer derrière mes bouquins…. Vous savez que si un jour je dois me lancer dans une action … disons héroïque, de quelque ordre que ce soit, il faudraque j'ai d'abord tout préparé par écrit….ce qui exclut les aventures … spontanées. Dans certains cas, l'écriture permet de se rassurer, vous ne trouvez pas, elle agit comme une projection dans le futur, elle l'apprivoise pour vous. »
Coucher avec un homme qui est aussi un loup-garou – est-ce une action héroïque ou le délivrer, le sauver de lui-même ?
Cette réflexion secrète, à laquelle je me livre devant elle, en toute impunité, puisqu'elle ne peut rien en savoir, et pourtant comme elle prend force en moi, comme une coulée de lumière, intense et chaleureuse, qui me marquerait de temps en temps. Et à chaque fois, j'en reste imprégné, et à chaque fois, son parcours est plus évident. Laissant une trace pour faire sortir mon loup de moi, la trace d'une incise à mener jusqu'au bout, jusqu'à faire sourdre mon sang ? le lien et le sang d'un ancien rêve…
- Qui travaille sur ce sujet, la dream team de Fudge, le think tank de Berlacaron ? Comment savez-vous tout cela et où avez-vous récupéré vos spécimens ?
- Non, par les anneaux de Saturne, heureusement tout ceci se déroule en dehors des cercles politiques par trop officiels. C'est le service scientifique du wizengamot qui en est directement en charge, du moins une officine dont peu de gens connaissent l'existence, il n'a même pas de nom, donc pas d'existence consacrée – une sorte de cellule fantôme, composée de scientificomages, choisis pour leurs compétences, aussi bien que leur probité, et qui travaillent chacun dans leur domaine, mais je ne sais pas ce que font les autres.
– C'est donc Albus qui vous a parlé de tout cela ? C'est dire la confiance qu'il a en vous… Vous savez, je pense qu'il ne pouvait faire un meilleur choix.
– Je ne suis pas le seul choix que Dumbledore ait fait , Isolfe. (Quel minuscule plaisir de prononcer son prénom en face d'elle – souvent, quand je suis seul, je le répète des dizaines de fois, comme si j'espérais percer un secret qu'il recèlerait…).
– Ah, oui, j'imagine qu'il en a parlé aussi à ce cher Severus ?
– Non, Isolfe, pas Severus.
– Vraiment, Mac Go, alors ?
– Non Isolfe
– Ne me dites pas que c'est Hagrid, ou Filch ? ou Sir Lucius Malfoy ?
- Non, Isolfe, non, c'est vous.
– Moi, mais il ne m'a rien dit !
– Lui non, mais moi, oui. Je viens de vous parler de tout cela, et accessoirement, tout à l'heure, je vous ai … perturbée
– Angoissée, vous voulez dire, affolée aussi
– Oui, angoissée, affolée, pardonnez-moi, parce que Dumbledore voulait qu'un autre que lui, que moi, soit au courant de l'existence des versatilocortex. C'est une découverte majeure, et Albus ne souhaite pas la laisser entre les mains du seul homme qui actuellement travaille dessus.
– Mais il multiplie les risques de … de fuite en faisant cela !
– Je pense, comme vous le disiez à l'instant, qu'il a totalement confiance en moi et … en vous.
- De toute façon, je ne possède pas le corpus de connaissances qui me permettrait de reconstituer tout le fonctionnement de vos bêbêtes….
- Non, mais c'est ce qu'il faut, vous n'en savez pas suffisamment pour que d'autres, mal intentionnés, s'y intéressent, sachez que Dumbledore ne l'aurait pas voulu, et moi non plus d'ailleurs (comme ses genoux sont proches des miens, je sens comme la chaleur que nous dégageons, elle et moi, devient unique dans cette distance si tenue entre nous), et pourtant un homme de l'art pourrait reprendre ces travaux sur la base des indications que vous sauriez lui fournir le cas échéant.
– Bon, donc ce truc redoutable est pour le moment dans le bon camp, mais si jamais les versatilocortex tombaient entre les mains moins bien intentionnées…. Dites-moi alors, c'est une arme que le wizengamot tient en réserve pour Voldemort …
- Je suppose
– Albus ne vous a rien dit de cela ! Ce serait bien dans sa manière… Enfin, vous êtes un grand garçon, il a pensé que vous en tireriez les conclusions vous-même. N'empêche ça ne vous semble pas terriblement sophistiqué ?
– J'admets que cela pourrait pêcher par excès de complication… mais après tout, l'ennemi est redoutable, donc pourquoi ne pas tout essayer ? Je me demande s'ils ont déjà pensé à la taupe qu'ils utiliseraient ….
– Moi, j'y enverrai le père Malfoy. Elle rit – ça lui remettrait les idées en place, vous ne croyez pas.
– Ah, vous voyez, tout d'un coup, vous ne trouvez plus mes versatilocrotex si abominables que cela !
– Vous avez raison, la recherche du bien ne se préoccupant pas des moyens ? C'est une question de philosophe, pour vous Remus… Vous voulez un café ? Turc ou libanais ?
– Libanais, qu'est-ce que c'est ?
– Une tisane à l'eau de fleur d'oranger …vous froncez le nez ça vous semble trop doux…
- Je crois que je préfère un vrai café. »
Isolfe fait signe à un serveur, commande un café turc et un libanais, je l'observe de profil, puis son visage revient face au mien.
« Et votre classification, vous lui avez trouvé un nom ?
– Un nom, euh non, c'est une classification, c'est compréhensible en soi.
– Ttt, moi pour éditer, j'aurai besoin d'un nom, choc de préférence. Tenez par exemple, Lupin's Monster Classification, LMC. Pas mal non ? »
Elle cherche mes yeux, je commence à appréhender un piège diffus ; les mots peuvent être si puissants entre elle et moi. Elle ajoute
« Ou sur le modèle de BWV, ne m'avez-vous pas dit que vous connaissiez un peu l'allemand ? Lupin Ungeheuer Verzeichnis L.U.V, c'est amusant quand on le prononce, à l'allemande, cela donne "louve" , Lupin LUV, cela va bien ensemble. Seriez-vous un peu loup, Remus ? »
Il pleut toujours, j'entends toujours le brouhaha discret du restaurant. Elle est toujours à quelques dizaines de centimètres de moi. Pourtant, y serions-nous donc ? Aurait-elle compris ? Mais non, son regard est malicieux et ingénu, elle me regarde en toute confiance, et toute sécurité, je conserve mon impunité, elle ne l'a pas décelé. La pensée qui m'avait brutalement glacé se retire, maintenant aussi insaisissable qu'un rêve absurde. L'air tiède vient à nouveau se glisser entre elle et moi. Et Isolfe continue dans la même veine
« Ou en français : le Monde Monstrueux de Remus Lupin ».
Je sens le rire qu'elle attend se rétracter sèchement au fond de ma gorge, la femme que j'aime serait-elle condamnée à toujours m'éprouver ? Elle m'observe attentivement, la connaissant, je suis persuadé qu'elle va s'excuser, mais non, ses yeux sont fixés sans faiblesse sur moi, je les regarde, devrai-je les dessiller pour elle afin de lui laisser voir qui je suis – elle vient de me prouver qu'elle est capable, même involontairement, de s'approcher de ma zone noire ?
« Excusez-moi »
Sa main vient de se poser, ou plutôt de s'appliquer sur la mienne, de toute sa longueur, nerveuse et douce. C'est terriblement suggestif, ou strictement amical ? Notre voisine me jette un regard entendu, que je lui renverrai volontiers en pleine figure. Le serveur arrive, venant déranger l'ordonnancement de nos deux mains.
Sa tasse contient un liquide à peine blanc, une pleine lune translucide qui me nargue entre ses doigts.
Journal d'Isolfe, 16 mai
Après Aliya, nous avons marché vers la Seine, la nuit était tombée, mais c'est à peine si on s'en apercevait, la Ville Lumière, j'avais oublié, déjà, la campagne autour d'Hogwarts s'est-elle à ce point immiscée en moi ? Nous sommes restés sur la rive gauche, à regarder le fleuve sombre, cette grande saignée au creux d'une enluminure. Une précise coulure d'encre noire. Je pense à la zone d'ombre qui écartèle cet homme et qui l'écarte de moi. Pourtant, là,nous étions tous deux proches l'un de l'autre.
J'avais raison, et comme je le regrette, j'avais écrit ces mots haut et fort, pour brutalement défier le sort, mais cela ne marche jamais.
Et pourtant comme il m' a tenu dans ses yeux, si intensément que j'ai pensé de pas mériter un tel regard, et donc je me suis détournée et comme nos genoux étaient proches sous cette table étroite, et comme ma main me désobéissait posée sur la sienne.
Mais de toute façon, le but de cette soirée n'était-il pas de me mettre au courant de l'existence de ces fichus versatilocortex ? Quel honneur !
Journal de Remus, 17 mai
Hier soir le fleuve était aussi noir que le loup qui vit au milieu de moi, montant la garde entre Isolfe et ma meilleure part, celle que j'ai réussi à protéger de lui. Mais là-bas, dans le monde muggle, nous étions tous les deux du même côté.
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(1) Fenice démontre brillamment le contraire dans ses excellentes fics !
