NDA : Pardonnez le retard abominable…mais j'ai vraiment été submergée de travail…et merci pour les Reviews !

Disclaimer : Tout appartient à JK Rowling….

Rating : T

Chapitre3 : Londres

Draco Malfoy plissa ses paupières. Il réfléchissait. Ne vous étonnez pas, cela lui arrive de temps en temps, lorsque ses neurones parviennent à se connecter. En effet, il devait résoudre un problème apparemment insoluble, qui exigeait une concentration intense, des qualités supra-normales d'intelligence, des capacités eisteiniennes de déduction et trois tubes de cachets d'aspirine : acheter des tickets de métro.

Statufié depuis une bonne dizaine de minutes devant un distributeur automatique, notre héros examinait minutieusement la machine sans se soucier de la foule mécontente qui se pressait derrière lui.

« Connards de Moldus » maugréait-il mentalement. « connard de Snape ». « Connard de Seigneur des Ténèbres ».

Draco ressassait cette litanie pour le moins poétique après chaque échec. Ce mentra récité en boucle l'aidait à ne pas sombrer dans le gouffre de l'autodépréciation et de la dépression nerveuse : ces deux dangers psychologiques funestes le guettaient sournoisement, tapis derrière ce chef d'œuvre de l'urbanisme moldu.

La complexité relative des poubelles technologiques moldues aurait dérouté un sorcier incompétent. Mais Draco avait suivi les enseignements des professeurs les plus réputés : la magie noire n'avait plus de secrets pour lui depuis les cours généreusement dispensés par sa tante Bella, il s'avérait capable de commettre à tout moment le carnage le plus sanglant de l'histoire, et il avait même parfait son éducation en travaillant le regard assassin et le rire machiavélique. Draco Malfoy, le plus puissant mage noir de tous les temps, après Lord Voldemort, Severus Snape (grr), Lucius Malfoy, Bellatrix Black, l'ensemble des Mangemorts, Grindelwald….Il jouissait de la puissance de feu d'un dragon et d'une baguette de concours. Ses adversaires n'avaient aucune chance, et il leur arracherait les yeux avec une petite cuillère s'il ne craignait pas de souiller irrémédiablement ses fringues. THE best. THE killer.

D'un autre côté, le plus grand mage noir de tous les temps, après Lord Voldemort….(cf ci-dessus) s'avérait incapable de se procurer un simple ticket de métro, n'étant même pas fichu d'appuyer sur les boutons. Vêtu d'un jean troué et d'un t-shirt « I'm with stupid », gentiment fourni par Snape qui s'amusait à fouiller les décharges publiques, Draco n'en menait pas large. A cause de la nature particulière de sa mission, son sympathique tuteur aux cheveux gras avait prohibé l'usage de la baguette. Et il avait fait pire. Snape l'avait confisquée, malgré les protestations outragées du jeune homme : ce dernier, muni de sa langue acérée et de son indéniable pouvoir de séduction, avait tenté de convaincre l'assassin de Dumbledore de lui rendre son instrument magique. Outre les double-sens à caractère sexuel présents dans cette phrase, je me bornerais à signaler que ses tentatives se soldèrent pas un échec cuisant, et que Snape, l'Elliot Ness du monde sorcier, incorruptible jusqu'au bout de ses ongles sales, résista aux offres alléchantes du jeune homme. Les réductions de 50 chez Barjow & Beurk n'obtinrent qu'un soupir amusé. La consultation gratuite chez le dentiste suscita un haussement de sourcil agacé. Quant à la nuit de folie au bordel « Chez Molly, pour toutes les tailles et tous les goûts », établissement sain reconnu pour ses blagues foireuses, son personnel accueillant et ses prostitué(e)s enthousiastes…Severus Snape avait rétorqué sur un ton glacial que sa vie sexuelle débridée ne le conduisait pas à fréquenter ce genre d'établissement. Et que si Draco continuait à lui débiter des âneries pareilles, il se verrait dans l'obligation de le confier au Marquis de Sadde, homonyme assumé du talentueux écrivain des 120 journées de Sodome et partisan des mêmes amusements. Draco, horrifié, avait bien vite empaqueté ses affaires et s'était enfui sans demander son reste. Peu glorieux, mais comme le martelait Donatien Malfoy, un de ses ancêtres, « Le postérieur des Malfoy est semblable à celui des nouveaux-nés : doux au toucher, mais fragile comme la porcelaine de Limoges »

« Connard de Snape » répéta encore une fois Draco en quittant le menu. Au bout de 15 minutes de perplexité, le jeune homme avait finalement compris qu'il s'agissait d'un écran tactile. Il y promenait frénétiquement ses doigts, courbé comme un vieillard, tentant de comprendre la prochaine étape de son expérience. Autant vous dire que ce n'était pas gagné.

A cause d'une panne intempestive des autres distributeurs, les autres usagers normaux avaient dû se rabattre sur l'appareil monopolisé par Draco. D'abord fascinés par le spectacle lamentable offert par un grand garçon de 17 ans fulminant contre un distributeur innocent, les personnes présentes avaient peu à peu ressenti une certaine forme d'agacement, puis un franc énervement qui se traduisit par quelques discussions animées et des plaintes de plus en plus bruyantes au fur et à mesure que le temps s'écoulait. Les rares vigiles tentaient de garder un œil vigilant sur la scène, mais leurs effectifs réduits ne leur permettraient pas d'affronter seul une horde en colère.

Draco, seul avec son énigme, ne s'apercevait pas de l'hostilité grondant derrière son dos. Il venait juste de comprendre que la carte du métro lui serait bien utile pour parvenir à son but ultime : la Tour de Londres. Alors qu'un sourire d'euphorie détendait son visage inondé de sueur, une main hésitante tapota son épaule.

- Excusez-moi….dit une voix chevrotante.

- Quoi ? demanda Draco sans se retourner.

- Vous ne voulez pas que je vous aide, jeune homme ?

- Non, ça ira.

- Vous êtes sûr ?

- Oui, répondit l'Incompétent avec un brin de contrariété.

- Alors, adieu, jeune homme. Puissent les dieux vous protéger. Ou du moinsvous éviter trop de souffrances...

Draco délaissa ses occupations intellectuelles et se retourna, surpris. Ses yeux gris ciment menacèrent de s'extirper de leurs orbites et sa mâchoire pourtant bien accrochée glissa jusqu'au sol. Devant lui s'étendait une meute d'une trentaine de personnes, aux origines sociales aussi diverses que leurs costumes : des banquiers pressés, des vieilles femmes inoffensives, des jeunes aux pantalons ras-de-fesses, des étudiants studieux, tous des Moldus…Mais malgré leurs différences, une chose les rassemblait tous, dans un merveilleux esprit de communion : une rage indescriptible défigurait leur visage. Et quelques-uns tapotaient avec un air narquois des longs bâtons de bois, aussi connus sous le nom de battes de base-ball.

- T'as bientôt fini oui ! Ca fait une demi-heure qu'on attend ! vociféra un cadre respectable qui portait un attaché-case.

Un bourdonnement approbateur parcourut la foule. Draco déglutit avec difficulté. Seul, désarmé, nu comme au jour de sa naissance, avec un t-shirt pourri, un pantalon moche et des bottes de marin pêcheur, il allait affronter la pire épreuve de sa vie : dompter une meute moldue en colère.

- Vous abusez de notre patience, jeune homme, le réprimanda un vénérable patriarche qui se trouvait à deux pas de lui.

- Laisse la place aux autres !

- Mais…je….balbutia Draco. Je n'en ai plus pour longtemps !

Ce mensonge éhonté provoqua une réaction indignée de la multitude. Draco recula instinctivement jusqu'à ce que son dos heurtât la bête mécanique.

- C'est sûr ! Renouvelons les vieilles traditions, lynchons-le ! hurla un fanatique en brandissant une hache.

- Non ! La lapidation c'est mieux ! protesta un autre.

Les assassins potentiels commencèrent à débattre sur la meilleure façon d'occire le pauvre Draco. Celui-ci avisa alors à sa gauche, l'échappatoire envoyée par les dieux. Il profita du bref moment d'inattention de la foule pour bondir sur l'escalier qui menait à la liberté et à la pollution atmosphérique.

Alors qu'il posait le pied sur la première marche, un cri retentit :

- Attention ! Il s'échappe !

Draco ne se figea pas, ne laissa pas la peur distiller son poison incurable dans ses veines. Il prit ses jambes flageolantes à son cou et piqua le sprint du siècle, poursuivi par un régiment de meurtriers en devenir.


- Monsieur ?

Le jeune homme courait toujours, slalomant entre les voitures, sautant une haie, ratant une marche, dégringolant les escaliers, mais semer ces fous dangereux se révélait plus difficile que prévu. Après avoir heurté Potter qui voyageait en impériale….

- Monsieur ?

….Il s'aperçut que la masse dracocide s'accroissait exponentiellement, menée à présent par un Snape monté sur un Magyar à Pointes…..

- Vous allez bien ?

….lequel crachait des flammes impressionnantes, dont l'une atteignit l'uniforme de Serpentard que portait Draco….

- Monsieur !

….Heureusement, le héros plongea dans le lac de Poudlard, qui s'était miraculeusement transféré dans le centre de Londres.

Et Draco cligna des paupières. Ahuri, il avisa une jeune serveuse à la mine inquiète. Des Moldus intrigués le fixaient sans vergogne tandis que d'autres le considéraient d'une manière particulièrement réprobatrice.

- Vous n'avez besoin de rien, monsieur ? Vous vous étiez endormi ….

- Non, non….laissez-moi.

Bien que courtois, ce refus sec choqua l'employée qui s'éloigna sans demander son reste. Les clients reportèrent leur intérêt sur leurs conversations banales et ignorèrent le jeune homme. Draco passa machinalement la main dans ses cheveux. Depuis que son fournisseur de gel avait coupé ses ponts de ravitaillement, le jeune homme employait une solution à base d'huile de foie de morue, remède conseillé par Sorcière Hebdo. Hormis une odeur épouvantable dissimulée sous trois couches de parfums divers, l'huile permettait de conserver une chevelure soyeuse, sans nœuds ni pellicule. Une panacée qu'il devrait recommander à une certaine Sang-de-Bourbe de sa connaissance….

Mais il n'avait pas le temps de traînasser dans les bars à siroter des thés à la menthe. Le jeune homme se leva de table, déposa un léger pourboire et quitta ce lieu infesté des vapeurs nocives d'une foule moldue.

Un soleil rayonnant éclairait les rues de Londres. Draco soupira. Il espérait que son rêve ne se révélerait pas prémonitoire : il se méfiait des Moldus et de leurs machines inaccessibles à la compréhension sorcière. Il redoutait une balade sans baguette dans le monde Moldu. Car, comme dans son cauchemar, il portait des fringues hideuses, un odieux personnage l'avait dépossédé de sa baguette et il devait prendre le métro.

Je t'en foutrai, des missions d'infiltration !

Les maigres informations que Snape avait bien voulu lui distiller mentionnaient un contact acquis à la cause de Voldemort. Draco devait rencontrer cette personne devant la Tour de Londres, un monument historique Moldu très célèbre abritant entre autres les joyaux de la couronne britannique. Le contact porterait un bouquet de roses rouges en signe de reconnaissance, et informerait Draco de son véritable objectif. Quant à savoir pourquoi Snape n'avait pas daigné lui exposer clairement ses buts, grande question. De même, les déplacements dans Londres souffraient de l'interdiction catégorique d'utiliser le réseau de Cheminées : le ministère l'avait doté d'une surveillance accrue, et une mouche n'aurait pu passer à travers le filet. A fortiori un Malfoy paumé dans le Londres moldu.

En ce moment même, Draco examinait stupidement le nom de la station qui faisait face au bar : Green park. Il se rendait à Tower Hill. Logiquement, un tel trajet le pousserait à emprunter la Jubilee Line jusqu'à Westminster. Puis, continuer sur District Line jusqu'à sa destination finale. Si notre débutant ne se trompait pas de sens, s'il ne confondait pas les rames de métro et si il ne succombait pas à un échauffement de cerveau, il s'en sortirait. Il inspira un bon coup et s'engagea dans la dernière ligne droite.


Pendant que sa pupille supportait vaillamment l'épreuve, Severus Snape, promu GrandFavori de Voldemort ( si, si, c'est un titre), se préparait à rejoindre le Seigneur des Ténèbres. Magnifiquement paré d'une splendide robe noire d'une sobriété effrayante, l'ex-maître des potions et traître en chef remplissait chaque jour une tâche honorable. Enfin, répugnante, mais d'une certaine manière honorable : laver le seigneur des ténèbres.

Présenté de cette façon, le lecteur moldu non averti aurait pu croire que Snape s'apprêtait à récurer une vieille bagnole déglinguée. Je tiens à démentir. Le rituel de toilette du seigneur des ténèbres obéissait à des règles précises qu'il valait mieux ne pas transgresser si on tenait à son intégrité physique. D'abord, le dos, toujours. Puis, les jambes. Et le reste, je ne l'évoquerai pas pour ne pas perturber les âmes sensibles. Une telle responsabilité incombait au plus responsable des Mangemorts, au plus fidèle des serviteurs. Autrement dit, Snape. Son habileté en occlumencie et sa résistance à la douleur l'empêcheraient de défaillir à la vue de la peau parcheminée du vieux croûton. Il préférait ne pas y penser. Afin de se remonter le moral, l'ex professeur dégaina sa réserve personnelle Mon Chéri et en avala 6 d'un coup. Puis, semblant reconsidérer la question, il vida la boîte.

Severus Snape jeta un regard noir à son reflet. Ses yeux s'abaissèrent vers son bureau, impeccablement rangé, couvert de livres. Son visage arbora alors une expression humaine (NON ?), mélange de tendresse et d'inquiétude, alors qu'il contemplait une photo. Puis, il quitta la pièce, sans se soucier de la menace qui planait sur sa tête graisseuse.


La menace ci-dessus venait de frapper à une porte en bois, au fin fond d'une ruelle sinistre encombrée de poubelles et de clochards.

- Le mot de passe ?

- Mon Chéri.

La porte en acier grinça, libérant le passage. Le nouvel arrivant, au visage caché par une capuche, s'avança dans un couloir baigné d'obscurité angoissante.

- Les plombs ont sauté, s'excusa le portier d'un air contrit. N°1 refusait de payer la facture.

- Et la magie ? s'étonna la seconde personne.

- N°3 pense qu'il est préférable de ne pas attirer l'attention sur nous.

- Pour un pauvre Lumos, tout de même….le ministère est paranoïaque, mais…

- Ne croyez pas ça. Il est fortement déconseillé d'avoir recours à la magie, en ce moment. Et même pour les sortilèges les plus insignifiants. Et puis, comme le dit N°2, c'est mieux pour l'ambiance.

Le portier empoigna une torche allumée, laissant apparaître sa vilaine trogne ravagée par l'eczéma, l'acné juvénile tenace et caractérisée par un nez sauvagement coupé au cours d'une ancienne bataille. Le deuxième individu ne se formalisa pas de son apparence et tous deux se mirent en route pour le lieu de réunion.

Tout en devisant, les deux inconnus traversèrent un couloir interminable, dont les murs lépreux suintaient l'ancienneté et la conspiration. Après quelques minutes, une porte verrouillée leur barra la route. Le portier enclencha le mécanisme d'ouverture soigneusement recouvert de feuillages, et les deux étranges personnages pénétrèrent dans une pièce abondamment éclairée par des bougies, qui servait apparemment de vestiaire tout en accueillant une somptueuse bibliothèque. Le portier s'inclina devant l'encapuchonné et retourna à son poste.

L'anonyme posa sa cape. Il s'attarda quelques instants sur les rayonnages garnis d'ouvrages rares, puis se décida à revêtir son uniforme de conspiration. La jeune femme ouvrit le casier portant son nom et en extirpa une longue robe noire dépourvue d'ornements. Elle y épingla son badge représentant un portrait de Severus Snape. Enfin, elle releva ses cheveux, les noua et après s'être assurée qu'aucune mèche ne gênerait son visage, y appliqua un masque en tissu blanc. N°1 interdisait à quiconque de les sortir de leur lieu de réunion, par peur de perquisitions possibles.

Ces préparatifs achevés, la jeune femme inspira un bon coup et passa la seconde porte. Une salle de taille moyenne, aux murs tapissés de portraits de Snape, apparut devant ses yeux. Des étagères présentant des ouvrages de potions trônaient d'un côté, l'étagère des Reliques montrait ostensiblement son contenu de l'autre. Au centre, une table ronde en acajou, munie de douze chaises, accueillaient onze personnes masquées, portant des tenues similaires. Seul le chef portait une robe rouge. Il caressait nonchalamment un gros chat blanc qui sommeillait sur ses genoux.

- Vous êtes en retard, N°8, dit N°1 d'une voix égale.

- J'en suis désolée, N°1, s'excusa la nouvelle arrivante sans bouger. Les embouteillages…vous savez ce que c'est….

- Je me moque de vos problèmes, N°8. Asseyez-vous.

N°8 s'en alla occuper la place vacante sous l'œil inquisiteur de ses comparses. Même les globes oculaires flottant dans les bocaux avaient l'air de l'inspecter.

- Nous sommes au complet. La réunion peut commencer, annonça N°1. N°2 ?

La silhouette assise à sa droite se leva, toussota brièvement, et pris la parole.

- Avant de débuter cette séance, je suggère de nous recueillir quelques instants en l'honneur de notre Seigneur et Dieu, Severus Snape.

Un gémissement agita les rangs de l'assemblée. Les conspirateurs adoptèrent aussitôt une posture de prière, mais leur motivation profonde n'engageait guère de motifs religieux : leurs yeux brillaient d'une lueur lubrique et salace.

Après ces quelques instants d'égarement, N°2 reprit la parole.

- Chers Frères, Chères sœurs, nous pénétrons dans….

Des ricanements pervers l'interrompirent. N°2 soupira, exaspéré. Il avait oublié le commandement n°3 de la Société : ne jamais employer de mots tendancieux.

- Nous pénétrons dans l'avant-dernière phase de notre plan, finit-il, lorsque le silence revint. N°3( L'orateur désigna d'un geste grandiloquent un conspirateur à l'allure féminine qui opina du chef) va vous exposer notre situation.

N°3 déplia alors une carte immense qu'elle étala sur la table. Tous les conspirateurs se penchèrent en avant. L'Europe leur apparut alors dans toute sa splendeur.

- Voici les déplacements effectués par Severus Snape lors de cette dernière semaine, déclara N°3 en pointant un clourougi particulièrement isolé.

- Mais….il ne bouge pas ! s'exclama stupidement un Conspirateur.

- Et pour cause. Notre espion est hors service. Nous ne possédons plus d'yeux dans le manoir Lestrange.

Les Conspirateurs s'entreregardèrent, un gouffre de perplexité noyant leurs pupilles. Voyant ses collègues patauger dans la panade, N°8 s'enhardit :

- Mais alors, comment pouvons-nous parvenir à nos fins ?

- Ce léger désagrément n'influe plus sur nos objectifs, expliqua N°3 d'un ton supérieur. Nous avons à présent un autre allié, bien plus efficace, même s'il n'est pas encore au courant….

- Et qui est cette perle rare ?

- Un certain Draco Malfoy, murmura N°1.

Une clameur de suprise sincère balaya les rangs. Les Conspirateurs se lancèrent dans des conversations animées, à voix basse. Seuls N°1, N°2 et N°3 gardèrent le silence. Une lueur triomphale dansait dans leurs yeux. N°1 frappa bruyamment son bâton sur la table, ce qui eut l'effet salvateur de tétaniser les pies.

- Bien. N°3 ?

- Nous avons appris que Severus Snape a envoyé Draco en mission. Il est censé s'infiltrer dans la tour de Londres, s'y laisser enfermer et partir chercher quelque chose dans les cachots. Malheureusement, nos sources n'ont pu découvrir la nature de la chose en question. Et il se trouve que Draco, à cette heure-ci, se promène dans Londres, sans baguette...Une occasion inespérée.

N°8 esquissa un geste de surprise, ce qui n'échappa point aux yeux acérés de N°1. Ce dernier heurta de nouveau la table avec sa canne. Cela ne servait à rien, mais c'était tellement comique…

- Je vois que vous avez compris, N°8, dit-il. J'adore vos manifestations incontrôlées. Je vous charge donc de ce travail. Eliminez le contact, retrouvez Draco, et mettez-le sous imperium. Ensuite…appliquez le plan originel.

- Vous voulez dire…

- Oui, acquiesça fermement N°1.

Un frisson parcourut une assemblée décidément bien émotive. Les crânes conservés dans le formol eurent un haut-le cœur. Le chat confortablement roulé en boule sur les genoux de N°1 miaula lugubrement, tandis qu'un chien hurlait à la mort.

- Quant aux autres, gardez vos rôles. Tout se déroule à la perfection. La perte de notre premier espion ne nous portera guère préjudice.

- Des questions ? demanda N°3 en remballant sa carte.

N°6 leva la main.

- Oui ?

- Je suis un peu paumé avec tous ces numéros, on ne pourrait pas faire dans la simplicité ? Et pour le plan…il est trop complexe.

Les conspirateurs s'interrogèrent du regard, avant d'acquiescer vigoureusement. La vérité, c'est que personne n'avait compris le plan. Oh, ils avaient bien capté l'objectif (ou du moins leur lubricité s'en était chargée à la place de leur cervelle), mais pour ce qui était des détails….

- C'est vrai, intervint N°9, un petit gars à la voix nerveuse. Je ne sais même pas qui était notre espion, ni ce qu'il était censé faire. Et pourquoi Draco Malfoy ?

- Je ne comprends plus rien, osa N°11, une fille dotée d'une voix fluette. Vous pourriez reprendre l'explication au moment où nous devons choisir un autre espion ?

- Et les objectifs ! reprit N°9 qui prenait du poil de la bête.

- Et pourquoi une stratégie aussi difficile ?

- Et pourquoi Lucius Malfoy…

- VOS GUEULES !

N°1 darda un regard flamboyant sur les conspirateurs qui se recroquevillèrent instantanément sur leurs chaises.

- MAIS NOM DE DIEU, JE VOUS AI EXPOSE LE PLAN EN LONG, EN LARGE ET EN TRAVERS DES DOUZAINES DE FOIS, VOUS ETES VRAIMENT DES IMBECILES IRRECUPERABLES, VOUS…..

N°1 fut soudain saisi d'une violente quinte de toux. N°2 lui asséna une vigoureuse claque dans le dos, ce qui eut au moins pour mérite de calmer N°1. Ce dernier se redressa, un peu calmé.

- N°1, mes chers collèges, dit calmement N°3 ( avant que toute cette histoire ne tourne au massacre généralisé), je crois en effet qu'une récapitulation de nos objectifs, stratégies et tactiques mérite de vous être confiée. Et heureusement pour vous, j'ai pensé à tout.

Sous les yeux médusés de l'assemblée, N°3 hissa une caisse énorme sur la table. Elleen extirpaun exemplaire de son résumé, qui s'apparentait plus à une encyclopédie de trois milles pages qu'à un rapport de stage bâclé. Sous le sourire triomphant de N°3, la salle entière s'évanouit.

Au même moment, Snape, qui frottait le dos de Lord Voldemort et qui tentait, sans trop y croire, de ne pas le scalper entièrement, éternua bruyamment. Etrange, il n'était pourtant pas sensible au froid : des années d'enseignement dans un cachot glacial, ça vous forge un homme…

FIN DU CHAPITRE

NDA : Cette situation s'éclaircira un jour, ne vous inquiétez pas, chers lecteurs… En tout cas, n'oubliez pas de reviewer !