Titre : Survie suicidaire

Note : Merci à Aki, Ama-san, Jeri Kali et Yami Shino pour leur reviews. Ça fait toujours plaisir.


Chapitre 2

-Qu'est-ce ce que tu fais ici ?

-Eh bien, je viens te rendre visite.

Duo semblait embêté de voir son ancien compagnon à sa porte. Il avait pourtant bien pris la peine d'effacer toute trace de son passage, ne laissant son adresse à personne… Le garage ! Heero avait du aller au garage et ces idiots avaient fouillé dans leurs archives. Il faut dire que l'ancien soldat 01 était très persuasif quand il le fallait et arrivait à bout de n'importe quoi et de n'importe qui.

-Bon ben, rentre. Me reste pas comme ça sur le pas de la porte.

-Si ça te dérange que je suis là, je peux repartir, dit Heero qui s'était rembruni à l'expression d'embarras qu'affichait son ami. D'un autre côté, il espérait le provoquer en disant cela. Il aurait souhaité se faire prier d'entrer avec de grands gestes et pleins de mots d'excuse, mais au lieu de tout ça, Duo, d'un air agacé, répondit :

-Ça va, je te dis que tu peux rentrer. C'est juste que je ne m'attendais pas à te voir.

Heero entra et Duo referma la porte derrière lui. De tous les gens qui auraient pu frapper à sa porte, le jeune homme qui se tenait devant lui était bien le dernier auquel il aurait pensé. En fait, tant de choses s'étaient passées dans les deux dernières années de sa vie qu'il avait complètement oublié ses quatre compagnons de guerre. Il ne pensait tellement plus à eux que de revoir Heero lui avait fait l'effet d'un coup de marteau sur le crâne. La honte de sa situation, ce sentiment qu'il avait réussi à refouler, remontait peu à peu en lui à la pensée de se faire surprendre par une des personnes qu'il avait tenu en si grande estime par le passé.

-J'imagine que tu vas rester plusieurs jours. Suis-moi, je vais te montrer ta chambre.

L'appartement n'était pas bien grand. De l'entrée où il se trouvait, Heero pouvait voir à sa gauche un salon, à sa droite, la cuisine et devant lui, un petit couloir, accès sans doute à deux pièces et une salle de bain. Tout en suivant le jeune homme, Heero remarqua que même sa façon de marcher avait changée. Sa longue tresse ne se balançait plus de la même manière. Le jeune homme qui lui était maintenant presque inconnu le mena à la chambre en question qui était la première pièce du couloir. Cette pièce ne contenait qu'un grand lit, dont la tête était collé au mur commun des deux chambres, la deuxième étant la chambre de Duo.

-C'était la chambre de Hilde, dit Duo, une pointe de tristesse dans la voix. Mais elle ne vit plus ici maintenant.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Duo ne semblait pas vouloir se souvenir de toutes ces choses, mais c'était lui qui avait amené le sujet, alors, autant répondre franchement à Heero, il serait tranquille après.

-Elle ne voulait plus rester ici dans ces conditions, alors elle est partie.

-Ça s'est passé quand ?

-Il y a un peu plus d'un an.

Voyant que Duo ne voulait pas trop s'étendre sur le sujet, Heero garda ses questions pour lui. Mais il aurait bien aimé savoir de quelles conditions parlait son ami. En plus, il semblait avoir été très affecté par le Hilde et le Japonais se demandait si cet événement aurait été d'un tel impact sur lui pour lui faire quitter son travail et effacer tout ce qui formait sa personnalité d'antan. Le jeune homme en était consterné ; il n'avait jamais compris comment faisait l'Américain pour être presque toujours de bonne humeur en temps de guerre, mais maintenant, son esprit ne pouvait encore moins se faire à l'idée d'un Duo déprimé en temps de paix.

La nuit commençait à tomber et Heero sentait que son cerveau était en train de surchauffer face à la situation. La surprise était trop forte et il avait vraiment besoin de dormir pour mettre de l'ordre dans ses pensées. Mais, à cet instant, il vit un sourire apparaître sur le visage de Duo et se sentit mieux tout de suite.

S'étant installés au salon, son hôte demandait à Heero ce qu'il était devenu, comment il avait construit sa nouvelle vie, s'il avait revu les autres. Le jeune homme prenait un véritable plaisir à répondre aux questions de Duo. Dans un élan de joie qu'il ne montrait pas, il demanda à l'Américain ce qu'il faisait, maintenant qu'il ne travaillait plus au garage. Mais il comprit très vite qui ce genre de questions étaient à retirer de toute conversation quand il s'adressait à Duo car celui-ci, en entendant la question, avait perdu son sourire et rougit légèrement avant de bafouiller sa réponse.

-Euh, en fait… je ne fais rien d'officiel. Euh… disons que je… je suis au chômage.

Heero voyait bien que quelque chose n'allait pas chez son ami et que celui-ci ne voulait pas lui dire de quoi il s'agissait. Il se dit qu'il trouverait par lui-même et qu'il aiderait Duo à se sortir de ces conditions. Mais quelles conditions ? Dès qu'il posait une question sur le travail du jeune homme ou sur les raisons qui l'avaient poussées à démissionner, il changeait lâchement de sujet en faisant tout pour cacher son embarras. Après que Heero eut raconté sa vie de long en large, Duo se leva et dit :

-Bon, je crois qu'il est temps d'aller dormir. Tu dois être crevé à cause de ton voyage et en plus, je te harcèle depuis des heures avec toutes mes questions indiscrètes.

-Je te rassure, tu n'es pas du tout indiscret, mais c'est vrai que je suis fatigué.

Duo reconduisit son invité à sa chambre, lui lança un « bonne nuit » plutôt froid mais moins qu'il l'aurait été à l'arrivée du Japonais, et repartit lui-même vers sa chambre qui était la pièce d'à côté. Ce ne fut que quand il vit la tresse disparaître derrière la porte un peu plus loin qu'il ferma la sienne et se coucha dans les draps du lit où avait dormi avant lui, une des personnes qui avaient le plus comptées dans la vie de son ami.

Malgré la sérénité de la chambre et la douceur des draps, le jeune homme ne put trouver le sommeil. Caressant le tissu qui recouvrait son corps, il se dit que la peau de Duo devait sans doute procurer la même sensation. Que n'aurait-il pas donné pour être de l'autre côté du mur ? Mais ce garçon l'étonnerait toujours. A cet instant précis, il ne savait plus quoi penser. Que lui était-il arrivé pour qu'il se retrouve dans cet état de dépression si à l'opposé de lui ? Et ce refus de dire quoi que ce soit. Mais qu'avait-il à cacher ?

Commençant à se faire des scénarios plus fous et plus improbables les uns que les autres, Heero fut arrêté net dans ses pensées par un bruit provenant du couloir. Certainement Duo qui se levait pour une quelconque raison. Mais ce qui était étrange, c'est que l'Américain semblait faire tout pour faire le moins de bruit possible, mais rien n'échappait aux oreilles affûtées de l'ancien soldat parfait.

Après que les pas se furent éloignés de la porte de sa chambre, Heero l'entrouvrit et jeta un œil vers le bruit des pas de Duo. Près de la porte d'entrée, il le vit enfiler ses chaussures et se glisser dans son manteau avant de disparaître au dehors. Mais où pouvait-il aller en pleine nuit ? Un million d'idées assaillit la tête du Japonais qui s'égarait de plus en plus face à ce comportement si étrange et si différent de ce qu'était Duo pendant la guerre.

Prenant conscience qu'il ne pouvait rien faire pour l'instant, il se recoucha sans parvenir à trouver le sommeil. Les yeux ouverts, il ne pensait qu'aux possibilités du départ si soudain de Duo, et lorsqu'il fermait les yeux en faisant le vide dans son esprit, l'image de son ami s'imposait à lui sans que Heero puisse la chasser.

Il resta donc couché dans son lit, les yeux fixés au plafond, pendant plusieurs heures. Pendant tout ce temps, un silence de mort régnait dans toute la maison et aucun son ne provenait de l'extérieur, si bien que le jeune homme fit un bond de trois mètres de haut quand il entendit la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer violemment. Se précipitant sur ses pieds et vers l'embrasure de la porte qu'il n'avait pas pris la peine de fermer.

Ce qu'il vit fut la chose la plus horrible qu'il eut jamais vu. Malgré ce que son enfance malheureuse et la guerre lui avaient montrées, il aurait préféré être aveugle plutôt que d'assister à la scène qui se déroulait sous ses yeux.

Duo se tenait fermement à la poignée de la porte, le visage crispé, la paume de sa main libre fortement appuyée sur sa tempe. Il tentait avec grande difficulté de retenir des gémissement de douleur, se rappelant qu'il n'était pas seul, mais que Heero dormait dans la pièce d'à côté. Se lâchant , il se dirigea vers sa propre chambre, mais s'écroula au bout de trois pas. Heero aurait bondi hors de sa chambre pour lui venir en aide s'il n'avait pas eu le corps entier paralysé par cette vision. Avec toute la peine du monde, Duo réussi tout de même à se traîner jusqu'à sa chambre et finalement sortir du champ de vision de son invité.

Quand Heero finit par reprendre le contrôle de son corps, son premier geste fut d'aller voir Duo dans sa chambre, mais il se ravisa et retourna se coucher. Une fois la tête posée sur son oreiller, à travers le mur, il put entendre un murmure qu'il reconnut pour être des pleurs mêlés de faibles excuses.

-Pardon… pardon… je le savais…

Heero entendait les larmes de Duo tomber lourdement sur les draps. Il sentit lui-même les larmes lui monter aux yeux, mais les ferma, se refusant à pleurer.

« Ce n'est qu'un rêve, demain tout aura disparu. Ce n'est qu'un rêve… »