Survie suicidaire
Merci à tous ceux qui m'ont envoyé un review, j'apprécie énormément.
Chapitre 3
Le lendemain, Heero fut réveillé par un rayon de soleil qui lui caressait le visage et par une bonne odeur de café qui embaumait toute la maison. Il se leva lentement, enfila ses vêtements de la veille et se dirigea vers la cuisine. Là, il trouva Duo qui tentait désespérément de sortir deux tranches de pain du grille-pain sans trop se brûler les doigts. S'appuyant contre le mur, Heero le regardait se débattre comme un enfant.
Le Japonais repensait à ce qu'il avait vu la veille et se dit que la fatigue lui avait sans doute fait imaginer tout ça mais il remarqua que Duo avait un énorme bleu sur son bras à moitié caché par la manche de son tee-shirt. S'il avait eu un tel bleu quand ils avaient discuté la veille, le jeune homme l'aurait remarqué immédiatement, ayant fait un examen complet de son ancien compagnon. Il en conclut donc que ses yeux ne lui avaient pas fait défaut et qu'il était réellement arrivé quelque chose à Duo.
Ce dernier, se sentant observé, se retourna et aperçut Heero qui le regardait d'un air pensif.
Bonjour, lui lança-t-il. Bien dormi ?
Heero ne pouvait certainement pas lui répondre qu'il avait été perturbé toute la nuit parce qu'il l'avait vu sortir en pleine nuit et revenir en grande douleur. Il se contenta donc de lui répondre :
Oui, la chambre est très agréable.
C'était aussi ce que disait Hilde. Elle avait choisi cette chambre parce que le matin, le soleil la réveillait en douceur et qu'ainsi, elle était la première levée.
A cette pensée, l'Américain eut un sourire mélancolique qu'il chassa assez vite. Il réussit finalement à retirer les deux tranches de pain de la machine infernale et, après les avoir mises dans une assiette, il les tendit à Heero.
J'imagine que tu as faim. En plus, hier, je ne t'ai même pas nourri. Tu aurais dû me le dire.
Merci Duo.
Ils s'installèrent sur la table de la cuisine, Heero mangeant son petit déjeuner et Duo le regardant faire.
Tu ne manges pas? demanda le Japonais.
Non, je n'ai pas très faim.
Encore plus étrange. Depuis quand Duo ne mangeait pas le matin? Son invité tombait de plus en plus bas en découvrant de petits détails comme celui-ci. Pas qu'il était déçu, mais il s'était passé quelque chose qu'il n'arrivait pas à définir et qui rendait le jeune homme en face de lui si, si… si différent. Il tenta à nouveau de l'interroger, peut-être que, la surprise passée, il lui répondrait.
Alors que fais-tu d'habitude dans la journée?
En fait, rien. D'habitude je reste à la maison, mais comme tu es là, on va se trouver quelque chose à faire.
Je ne voudrais pas bouleverser ton mode de vie…
Mais non, t'inquiète pas. C'est bien que tu sois là. Pour aujourd'hui, on peut aller se promener, je te ferai visiter le quartier.
Bonne idée, tu pourras aussi me présenter à tes amis.
A cette phrase, Duo rougit légèrement. Comment avouer à Heero qu'il n'avait jamais pu donner sa confiance à qui que ce soit… Mais il n'avait pas à rougir, il pouvait le lui dire. D'une certaine façon, c'était un peu de sa faute aussi.
La vérité c'est que je n'ai pas d'amis. Mes amis, c'était vous quatre et Hilde. Moi je croyais que même après la guerre, on serait resté ensemble, les cinq pilotes. Mais chacun voulait partir refaire sa vie. Je me suis donc rabattu sur Hilde, mais même elle, elle est partie. Ce qui fait que je suis resté tout seul et je me suis renfermé sur moi-même.
Il avait dit tout cela avec une pointe de colère dans la voix. Son interlocuteur comprit qu'il gardait tout ça en lui depuis bien longtemps et qu'il avait finalement eu le courage de le faire sortir. Malgré que ce qu'il venait d'entendre ne faisait pas vraiment plaisir à Heero, il était heureux que son ami se soit confié à lui. Il jugea que le terrain était bon et il en profita pour éclairer ses pensées.
Puisque tu me parles si franchement, tu n'auras aucun problème à me dire comment tu t'es fait ce bleu sur ton bras.
Je… je suis tombé.
Tombé ? Duo, tu me prends pour un imbécile ? Pendant les missions, il nous est arrivé de tomber, mais des bleus comme ça, on s'en faisait quand on se faisait fracasser contre un mur à plusieurs reprises, par exemple. Qu'est-ce que tu as fait ?
Duo se leva lentement et regarda Heero droit dans les yeux.
C'est pas tes affaires.
Comment c'est pas mes affaires ? s'écria Heero qui s'était également levé. Ça me regarde parce que je m'inquiète pour toi et ça me rend dingue de te voir dans cet état.
Arrête de te prendre pour ma mère. Hilde aussi faisait ça et ça m'exaspérait.
Tiens, en parlant d'Hilde. Pourquoi est-elle partie ? Qu'est-ce que tu lui as fait ?
Duo n'ajouta rien. Il tourna les talons et sortit de la pièce. Heero put entendre la porte de sa chambre claquer avec force, puis plus rien. Le Japonais, après avoir réalisé ce qui se passait, alla se planter devant la chambre de Duo et frappa doucement.
Duo, excuse-moi. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Mais comprends que je ne te reconnais plus et que j'essaie de comprendre ce qui t'est arrivé.
Il ne reçut aucune réponse. Il frappa une seconde fois en appelant l'Américain, mais rien ne lui parvint. Un mauvais pressentiment le prit et il ouvrit la porte aussi vite qu'il le put. Ce qu'il vit le glaça. Duo était couché sur son lit, tremblant de froid, les yeux fixés au plafond. Heero se précipita sur lui, l'interrogeant du regard. Celui-ci lui montra d'un signe de tête un flacon de pilules sur sa table de nuit. Le jeune homme le lui donna. Duo avala deux de ces pilules et se calma presque instantanément.
Maintenant, tu vas m'expliquer ce qui t'arrive.
Je peux pas, Heero.
Et pourquoi ça ?
Tout ce que je peux te dire c'est que je vais sûrement bientôt mourir.
A ces mots, Heero figea, le regard ancré dans celui de Duo.
« Mourir ? »
Le Japonais ne bougeait plus. Aucune expression ne pouvait se voir sur son visage. Il ne comprenait pas du tout ce qui lui arrivait. Devant lui se tenait celui qui comptait le plus dans sa misérable existence et cet homme allait mourir. Il ne pouvait pas accepter ça, il ne voulait pas accepter ça. Il venait de se rendre compte qu'il aimait Duo plus que tout, que lui seul était important. Il ne le laisserait pas mourir aussi facilement.
Pourquoi tu vas mourir ? Dis-le moi.
Non…
Ne me force pas à être violent, Duo, hurla-t-il, sans bouger d'un pouce.
Après une certaine hésitation, l'Américain se tourna de manière à ne plus voir le regard de son compagnon et lui dit :
Je vais mourir parce que je suis malade.
Malade ?
C'est sûrement dû à tous ce qu'on nous injectait pendant la guerre… Mais encore, personne ne sait exactement de quoi il s'agit.
Combien de temps ?
Difficile à dire. Ça peut être dans trois ans comme dans trois jours, à ce stade… Maintenant que je te l'ai dit, vas-t'en.
Pas question, je ne vais pas t'abandonner dans une situation pareille.
C'est justement ça que je voulais éviter. Je ne veux pas de ta pitié. Laisse-moi mourir en paix.
C'est pour ça que Hilde est partie ? Tu ne voulais pas de sa pitié alors tu l'as mise à la porte ?
Duo se retourna violemment vers Heero, les yeux pleins de fureur.
Ne me parle plus jamais de Hilde ou de pourquoi elle est partie.
Des larmes commencèrent à couler sur les joues de Duo, ce qui déchira le cœur de Heero. Comment un être qui lui avait toujours semblé si fort pouvait se retrouver dans une telle position de faiblesse ? Que pouvait-il lui dire ? Paniquant, il lui dit sans réfléchir :
Je croyais que les garçons ne pleuraient pas.
«Baka, tu ne pouvais pas dire quelque chose d'encore plus stupide ! »
Mais, à sa grande surprise, Duo lui répondit :
Au point où j'en suis, plus rien ne compte, pas même des choses qui ont gouvernées ma vie.
Cette dernière remarque finit d'achever Heero. Celui-ci s'effondra par terre, s'appuya contre le mur et, après avoir pris une profonde respiration, se dit qu'il ne l'abandonnerait pas, qu'il resterait malgré le refus de son compagnon. C'était, d'après lui, la chose la plus logique à faire pour la personne qu'on aime.
Note de l'auteur : Je sais, je suis méchante, mais ça ne s'arrête pas là. Ça va être de pire en pire. D'autres surprises viendront…
