Auteur: sofi
Rating: PG-13
Disclaimer :La chanson a été écrite par Léo Ferré et les perso ne sont –toujours- pas à moi.
Gaara sentait l'aube approcher. Alors il s'assit sur son lit. Il détestait les matins.
Ils étaient le prélude à d'interminables journées où les gens de son village fuyaient son regard, les yeux emplis de peur. Ils fuyaient sa présence.
Le kazekage était seul. Désespérément seul.
Il détestait cette solitude qui lui bouffait le ventre. Qui lui broyait le cœur.
Son mal au crâne recommençait.
Ce sentiment affreux de solitude lui donnait la nausée et lui vrillait les tympans.
Comme tous les matins il se demandait pourquoi il respirait encore, pourquoi personne n'avait jamais mit fin à ses souffrances.
Il n'aurait fallu
Qu'un moment de plus
Pour que la mort vienne
Mais une main nue
Alors est venue
Qui a pris la mienne
Naruto.
Il avait un démon, prisonnier dans son corps, tout comme lui.
Il avait été rejeté, tout comme lui.
Mais le renard avait choisi un autre chemin, une autre voie.
Sans tuerie. Sans folie.
Alors Gaara avait essayé de changer. Ten-Ten lui avait apprit le sens du mot « sourire ». Cette jeune fille avait été son premier pas vers l'humanité.
Mais si certains ninjas de Konoha l'avaient accepté, ses propres villageois le craignaient.
Qui donc a rendu
Leurs couleurs perdues
Aux jours aux semaines
Sa réalité
A l'immense été
Des choses humaines
Alors qu'il levait sa main pour se masser les tempes, une autre vint la retenir.
Elle fut entièrement couverte de sable qui commençait à la broyer comme un étau.
Mais la personne à qui appartenait la main ne bougea pas, elle se contenta de sourire :
-Tu ne veux pas rester au lit encore un peu ?
Le sable relâcha aussitôt son étreinte meurtrière et la migraine de Gaara se dissipa. Il se retourna.
Enfin il essaya, car deux bras l'avaient encerclés et le forçaient à s'allonger.
Moi qui frémissais
Toujours je ne sais
De quelle colère
Deux bras ont suffi
Pour faire à ma vie
Un grand collier d'air
Le feu d'artifice venait de clôturer le mariage de Temari et Shikamaru.
Le kazekage, dans le but d'embêter Ino, l'avait suivi, jusqu'à un embranchement.
Son jeu le lassait et il voulait être seul.
« Tu es toujours seul » lui souffla une méchante petit voix.
-Tais-toi ! J'ai des amis, une famille…
L'enfant du désert parlait à voix haute, lutant encore une fois contre le démon qui le rongeait.
« Tu es un monstre ! Ils ont tous peur de toi ! »
-C'est pas vrai ! Tu mens !
Gaara paniquait, il n'aimait pas cette sensation : il perdait pied.
« Ils te tuerons à la première occasion, mais je te défendrais ! Tu n'as que moi ! »
-NON ! NON ! noooon…
Rien qu'un mouvement
Ce geste en dormant
Léger qui me frôle
Un souffle posé
Moins une rosée
Contre mon épaule
Un mouvement dans la nuit l'avait fait s'arrêter. Quelqu'un était assis contre un arbre. Cette personne dit d'un ton monocorde :
-Tu es tellement anxieux qu'elles le ressentent et vont retrouver leur reine.
Gaara ouvrit plusieurs fois la bouche avant qu'un son n'en sorte. Mais ce ne fut pas très constructif :
-Ah ?
Le jeune homme assis par terre releva enfin le visage.
-Les fourmis sentent ton trouble, elles étaient agitées avant même que j'entende ta voix.
Le kasekage essaya de formuler une phrase.
-Mais toi, tu n'as pas peur ?
Shino regarda la dernière ouvrière entrer dans la fourmilière puis se releva.
Il était plus grand que Gaara. Ce qui n'était pas bien difficile, il faut l'avouer.
Un front qui s'appuie
A moi dans la nuit
Deux grands yeux ouverts
Et tout m'a semblé
Comme un champ de blé
Dans cet univers
Le ninja aux insectes s'approcha de Gaara.
-Et pourquoi aurais-je peur ?
-Parce que je suis… instable.
-J'ai grandis avec un autre spécimen dans ton genre et j'en suis pas mort.
Gaara sourit à la pensée de « l'autre spécimen » : Naruto était, il est vrai, semblable à un neutron dans une bombe nucléaire.
Shino reprit :
-Tu es sacrément mignon lorsque tu souris.
Le fils du sable déglutit et tenta d'assimiler les dernières paroles du jeune homme qui retirait enfin ses lunettes et s'approchait de lui.
Un tendre jardin
Dans l'herbe où soudain
La verveine pousse
Et mon cœur défunt
Renaît au parfum
Qui fait l'ombre douce
Le personnel du bureau du kazekage remarquait depuis trois semaines que leur maître n'était plus aux aurores à son bureau, la mine sombre.
Il arrivait parfois en retard, les joues un peu roses.
L'atmosphère n'était plus étouffante. Plus autant en tout cas.
Tout ça depuis l'arrivée d'un ninja de Konoha. Qui portait des lunettes de soleil même la nuit.
Qui ne disait pas un mot plus haut que l'autre. Qui ne quittait pas son long manteau, même dans la chaleur du désert.
Mais qui rendait leur maître heureux.
Il n'aurait fallu
Qu'un moment de plus
Pour que la mort vienne
Mais une main nue
Alors est venue
Qui a pris la mienne
En ce moment même Gaara se noyait dans les yeux ébène de Shino, à bout de souffle, sur lui.
Il serra son amant dans ses bras.
Le fils du désert n'était plus seul.
Fin.
