Voici une petite fic pour Halloween, assez sombre, peut être un peu "gore"à un moment...mais rien de très méchant... Trick or Treat ?
Kenavo !
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2ème histoire :
La Nuit de Samhain
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I
Le soleil quittait lentement le ciel, entraînant avec lui le bleu de la voûte céleste, qui avait viré au rose oranger. L'astre de la vie avait lui-même délaissé son habituelle teinte jaune, et arborait maintenant une couleur vermeille, qui s'atténuait peu à peu au fur et à mesure que le soleil disparaissait derrière l'horizon.
Tea porta son regard vers le magnifique spectacle qu'elle ne se lassait pas de regarder chaque soir depuis son arrivée ici.
En raison d'une obligation scolaire, elle avait choisi d'exercer son stage parmi les enfants, dans cet orphelinat. Elle avait certes l'intention d'exercer le métier de puéricultrice, mais aucun hôpital de Domino n'avait voulu la prendre en charge afin de la familiariser dans les bases du métier. Elle ne s'était pas laissé abattre pour autant : Quitte à ne pas travailler avec des tout-petits, elle s'occuperait quoi qu'il arrive d'enfants. Ses efforts avaient été récompensés : après des recherches et plusieurs lettres de motivations sans réponse, on avait bien voulu lui laisser faire ses preuves dans cet orphelinat, situé à la périphérie de la ville.
L'endroit était curieux : une façade de l'établissement donnait sur la ville de Domino, avec ses hauts immeubles gris ; tandis que lorsque l'on passait à l'arrière du bâtiment, une campagne calme s'offrait à la vue de chacun. C'était comme si cet orphelinat marquait la limite entre un monde urbain et un monde rural.
Tous les soirs, la jeune fille s'accordait donc un moment de solitude dans le vaste jardin de l'orphelinat, et s'accoudait à la barrière en bois qui délimitait la frontière entre la propriété et la pleine campagne. Et tous les soirs, alors qu'elle admirait le crépuscule, ses yeux se détachaient ensuite du ciel et venaient se poser sur l'ombre d'une forêt, éblouie par l'éclat des rayons solaires mourants.
L'orée de cette forêt dense était toute proche de l'orphelinat. Tea pouvait deviner une masse de grands arbres, en majorité des sapins et des pins qui, toute l'année, cachaient le cœur de ce bois. Un vent permanent soufflait dans cette forêt, au vu du balancement régulier des cimes des arbres. La jeune fille observait l'endroit intensément, ses yeux ne pouvant plus s'en détacher.
Et pour cause : son instinct lui disait qu'il y avait quelque chose de mauvais dans ce bois. Elle ne s'expliquait pas cette impression, mais elle en était sûre ; et pour rien au monde, elle n'aurait pénétré dans cette forêt.
Il n'y avait pas que cet endroit qui l'inquiétait : elle adorait certes s'occuper d'enfants, mais elle s'étonnait parfois du comportement de certains.
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Flash-back
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« Dis, Tea, je peux avoir du chocolat ? Dis ? »
Le gamin dévorait des yeux la tablette qui reposait sur la table du réfectoire, à laquelle ils étaient assis.
- Non Marc, répondit Tea en souriant. Tu connais très bien les consignes : pas avant le dessert.
- S'il te plaît... Supplia le petit garçon.
- Marc, n'insiste pas... Tu ne voudrais pas que Tea soit renvoyée n'est-ce-pas ?
- Non...murmura le bambin, déçu.
- Alors attend le dessert, comme tes camarades !
La jeune fille prit le plat dans lequel se trouvaient plusieurs tranches de viandes, et s'apprêtait à servir, quand elle entendit une voix provenant de sa droite.
« Donne-le-lui... »
Tea se tourna les yeux rapidement pour savoir qui avait dit ça, et son regard se porta sur Marc, qui la regardait curieusement. Elle fut effrayée à la vue du visage du petit garçon : d'ordinaire si enjoué et plein de vie, le gamin avait maintenant le regard vide, ses yeux ne comportaient plus de pupilles et l'on ne distinguait, dans les globes devenus blancs, que des vaisseaux gonflés de sang. Il se tenait droit, comme un automate et ses lèvres s'entrouvrirent :
« Donne-le-lui... Il ne vivra plus assez longtemps pour en avoir... »
Tea eut un sursaut de recul à l'entente de la voix qui s'était échappée de la bouche du petit garçon, mais ce n'était pas la voix de Marc : le son était grave, effrayant, facilement comparable à celui d'un sifflement de serpent.
Aussitôt après, le gamin s'écroula au sol, inconscient. Ses camarades hurlèrent, et se ruèrent hors du réfectoire avant que Tea ne puisse faire le moindre geste. Des éducateurs se précipitèrent sur la forme inanimée de Marc.
« Il est...il a..., bégaya la jeune fille. Il a parlé...
Les éducateurs se redressèrent alors vers Tea.
« On sait... » dit simplement l'un d'entre eux.
- Vous...savez ? demanda Tea, incrédule.
Alors l'homme l'entraîna à l'écart.
« Ce n'est pas la première fois, expliqua-t-il dans un murmure à peine audible, comme s'il avait peur d'être entendu. Il faut que vous sachiez qu'il se passe des choses étranges ici... et deux enfants ont disparu en l'espace de six mois, dans des conditions mystérieuses...On ne les a jamais retrouvés...
Fin du Flash-back
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Tea frissonna au souvenir de ces mots. Cela s'était produit le deuxième jour de son arrivée. Le petit Marc s'était parfaitement remis de son évanouissement, et il ne semblait pas se souvenir de ce qu'il avait dit...
Tea avait eu la désagréable sensation que ces mots lui étaient destiné. De plus cette voix grave l'avait vraiment effrayé ; elle en faisait des cauchemars la nuit depuis deux jours maintenant.
Et comme si cela ne suffisait pas, elle avait eu une étrange mise en garde de l'infirmière, lorsqu'elle avait rendu visite au bambin le lendemain.
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Flash-back
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« Comment va-t-il ? » demanda la jeune fille.
- Très bien, répondit l'infirmière en souriant.
- Vous savez ce qui lui est arrivé ?
Aussitôt le regard de la femme s'assombrit, et elle secoua la tête. Elle resta silencieuse. Tea ne préféra pas couper le silence pesant dans lequel la pièce s'était retrouvée plongée. Elle se dirigea vers la sortie mais l'infirmière l'agrippa par le bras.
« Vous êtes nouvelle ici n'est-ce-pas ? »
Tea hocha la tête en signe d'approbation.
- Alors écoutez-moi. Ne laissez jamais un enfant sans surveillance dans le jardin ! »
- Mais, le jardin est clos, protesta la jeune fille. Il n'y a aucun risque pour...
- Faites ce que je vous dis, coupa brusquement l'infirmière. Ne vous fiez pas aux apparences ! Surveillez-les ! Faites m'en la promesse !
- Mais je...
- Promettez-le-moi ! répéta l'infirmière, visiblement terrifiée.
- Je...vous le promets... balbutia Tea.
Fin du Flash-back
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Tea avait remarqué la lueur d'angoisse dans les yeux de la jeune femme. Il se passait quelque chose ici, quelque chose de mauvais. Chacun le savait au fond de lui mais personne n'osait l'admettre, sûrement par peur de passer pour fou.
Tout ceci l'intriguait et l'effrayait à la fois. Elle ne tarderait pas à avoir la réponse à ses questions...
La jeune fille s'aperçut que les ténèbres avaient presque englouti les derniers rayons du soleil. Elle frissonna et, après un dernier regard vers la mystérieuse forêt, se décida à rentrer à l'intérieur de l'orphelinat pour se coucher.
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Le lendemain, Tea se réveilla après une nuit plus cauchemardesque que jamais. Elle entendait ces voix lui torturer l'esprit tout au long de la nuit. Ces voix lui parlaient, la tourmentaient, l'effrayaient : elles étaient graves, nombreuses, confuses et à la fois si ordonnées, comme des murmures que l'on vient chuchoter à l'oreille.
La jeune fille s'était réveillée à plusieurs reprises au cours de la nuit. Elle avait pu entendre le vent sifflant au-dessus du plafond de sa chambre. C'était un vent d'automne, froid, virant au glacial. Ses hurlements avaient fait frissonner Tea tant ils ressemblaient aux chuchotements de ses cauchemars. Elle n'avait pas osé ouvrir les yeux, prise d'un mauvais pressentiment.
Un mauvais pressentiment. Elle le sentait. Quelque chose n'allait pas.
Elle se leva de son lit, encore tremblante, et ouvrit la fenêtre de sa chambre afin de prendre une bonne bouffée d'air frais qui, espérait-elle, la rassurerait. Les premières lueurs du jour avaient percé le ciel. L'aube était oranger, et parsemée de nuages sombres et menaçants. Cet aurore était inhabituelle : elle n'annonçait pas une journée ordinaire car déjà le ciel portait la couleur de ce 31 octobre : sinistre et lugubre...
Bientôt, Tea dut oublier ses angoisses de la nuit précédente : les enfants étaient tous surexcités à l'approche de la nuit d'Halloween. Il n'était certainement pas question d'aller frapper aux portes : il n'y avait pas dix maisons à un kilomètre à la ronde... On leur avait organisé une petite soirée déguisée.
Durant toute la journée, Tea et les autres animateurs s'attelèrent à préparer le festin, ornant les tables de petites citrouilles en papier et les garnissant de saladiers remplies de friandises.
Le soir venu, le ciel prit une couleur orageuse, mais l'ambiance était à la fête : les bambins s'impatientaient de pouvoir enfin avoir accès aux friandises tant convoitées. Ils avaient tous choisi des déguisements des plus banals : sorcières, monstres, zombies, fantômes etc...
Les enfants furent autorisés ensuite à aller s'amuser dans le jardin, étroitement surveillés par trois animateurs, dont Tea.
Soudain, l'un des gamins fut pris des mêmes symptômes que le petit Marc quelques jours plus tôt. Son regard devint vide de sens, mais il ne parla pas : simplement, il frappa avec violence l'une de ses petites camarades déguisée en sorcière. Aussitôt, les deux jeunes hommes qui assistaient Tea intervinrent. Entre-temps, le gamin comme possédé s'était évanoui , et la petite fille, criait, pleurait : son visage était ensanglanté.
Tea voulut aider, mais les éducateurs lui dirent de rester en retrait et de surveiller le reste des enfants, tandis qu'ils conduisaient les deux victimes à l'infirmerie.
La jeune fille fit un hochement de tête affirmatif, puis, légèrement déboussolée, se tourna vers le reste des petits. Son angoisse commençait à la reprendre, et l'envahir de plus en plus violemment. Alors qu'elle frissonnait encore une fois, elle s'aperçut avec horreur que le petit portail qui fermait le jardin était grand ouvert.
« Du calme, Tea, reste calme. Il n'y a aucune raison pour qu'un des enfants se soit échappé...» se dit-elle
Malheureusement, elle remarqua presque aussitôt l'absence du petit Marc, et elle fit aussitôt la relation avec le portail ouvert. Ses pensées furent bientôt confirmées :
« Il est parti dans la forêt, Madame Tea, lui indiqua une adorable petite fille, qui portait un costume de fée. Nous, on l'a pas suivi, la forêt est méchante... »
Sur ces mots, les enfants regardèrent leur camarade d'un air apeuré. Un frisson parcourut tout le dos de la jeune fille, qui commençait à paniquer, mais on lui avait confié la responsabilité de ces enfants. Elle ne pourrait jamais se le pardonner s'il arrivait malheur à Marc.
La gamine sembla deviner ses pensées :
« Non, Madame Tea, n'y allez pas ! fit-elle, d'une voix terrifiée. La forêt est méchante, elle l'a pris...
Tea s'accroupit pour être au niveau de la petite fille, et se força à sourire.
« Ne t'inquiète pas, lui dit-elle, en s'efforçant d'afficher une voix rassurante. Je vais aller chercher Marc ; je vais revenir très vite et nous continuerons cette petite fête tous ensemble, d'accord ? »
La petite fille secoua la tête, mais elle savait qu'il ne servirait à rien de protester davantage. Tea ne pouvait pas nier que cette forêt lui faisait peur, mais elle n'avait pas le choix. Elle prit un air confiant et sourit une dernière fois aux enfants, avant de passer le petit portail et de le verrouiller soigneusement.
« Comment a-t-il pu atteindre le verrou ? se demanda Tea. Il est bien trop petit pour cela... et il n'y a pas de vent... »
La jeune fille se mit à marcher, d'un pas rapide et résigné, en direction du bois. Les ténèbres l'entouraient presque maintenant ; il n'y en aurait plus pour longtemps avant qu'elles ne viennent à bout des dernières sources de lumières du ciel...
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Entracte :
Dites-moi comment avait vous trouvé cette première partie de « La Nuit de Samhain » ? Assez angoissante tout de même... Mais ceci n'en était rien comparé à ce qui suit...
Je ne vous fais pas attendre davantage... Voici la suite...Les choses sérieuses commencent... (Gnark gnark !)
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II.
Tea marchait depuis une heure maintenant. Son allure décidée s'était ralentie. Elle marchait maintenant par tâtonnement, redoutant ce qu'elle pouvait trouver derrière chaque arbre. Elle avait découvert les traces d'un petit sentier, quasiment invisible à cause de la végétation qui le recouvrait. Ce petit chemin était le signe que des gens étaient passées par là, longtemps, très longtemps auparavant.
Oui, elle avait pénétré dans ce bois sombre, d'un pas très hésitant. Elle ne pouvait déceler le ciel au-dessus de sa tête, car la masse touffue des arbres le lui en empêchait, mais elle savait que la nuit était complètement tombée. Et elle n'avait pour l'instant trouvé aucune trace du petit Marc. Il semblait s'être volatilisé.
La jeune fille n'avait pour le moment vécu aucune peur quelconque, et elle commençait à se demander pourquoi les orphelins étaient si effrayés à l'évocation de cette forêt.
La seule chose qui l'entourait était le silence. Un silence peut-être trop lourd. Il n'y avait ni bruissement d'arbres, ni bruits d'animaux éventuels, comme si, dans ce bois, la faune était inexistante. Et pourtant...Elle avait la désagréable sensation d'être observée.
La jeune fille trébucha alors sur un caillou légèrement plus gros que les autres qui recouvraient le sentier. La pierre roula vers l'Ouest, signe que Tea se trouvait maintenant sur un faux plat descendant, faux plat qui la mènerait très certainement vers le cœur de la forêt. Le caillou continua encore de rouler pendant un moment, entraînant d'autres pierres dans sa chute, ce qui vint troubler le silence pesant dans lequel était plongé cet environnement.
La jeune fille continua d'avancer, n'osant pas appeler l'enfant qu'elle recherchait, car sa propre voix troublant cette nature muette aurait pu lui faire peur. Elle se frayait un chemin de plus en plus difficilement, bien qu'elle progressât sur un sentier. Les ronces et les orties lui barraient de plus en plus souvent le passage, et elle finit par se rendre compte qu'il n'y avait plus de sentier.
« Les gens ne sont jamais allées jusque là...pensa Tea. Pourquoi ? »
Aussitôt, un vent se leva brusquement, et les arbres se mirent à se balancer au-dessus de sa tête. Tea fut surprise par un tel changement, et commença à frissonner, car le vent s'était vite transformé en bise glaciale qui soufflait férocement, le froid transperçant le corps de la jeune fille comme des coups de couteaux.
Tea, vite gelée, entendit avec frayeur le hurlement du vent dans les arbres, dont certaines branches cassaient sous l'effet de la violence de la tempête naissante. La jeune fille eut l'horrible impression que ce hurlement ne venait pas seulement des arbres : elle crut déceler des cris déchirants au loin, comme des animaux à l'agonie et emplis de souffrance. Elle se rappela alors des cauchemars de la nuit précédente...
Tea fut prise d'une terreur sans nom, et fut tentée de rebrousser chemin. Le froid la mordait de tous les côtés, mais elle pensa au petit Marc, perdu, seul dans cette tempête. Où était-il ? Elle espérait qu'il aurait trouvé un abri... Elle ne pouvait pas se permettre d'abandonner l'enfant dans cet environnement épouvantable.
Toutefois la jeune fille se retourna, mais s'aperçut qu'elle avait perdu tout sens de l'orientation. Autrement dit, même si elle le voulait, elle ne pourrait pas revenir sur ses pas, n'ayant plus aucune idée d'où elle se trouvait et où se trouvait le sentier.
Le vent semblait l'avoir poussée encore plus loin dans la forêt, car elle vit que les arbres étaient moins resserrés les uns contre les autres. On pouvait parler d'une clairière, car la végétation était plus rare, pour ne pas dire inexistante. Là, les arbres ne ressemblaient en rien à ceux qu'elle avait vus précédemment : ce n'étaient plus les majestueux pins et sapins qu'elle avait admirés auparavant dans le crépuscule, mais la forme de simples troncs, dans lesquels la sève n'avait plus coulé depuis longtemps. Les quelques grosses branches qui les composaient étaient mortes aussi depuis longtemps et craquaient sous l'effet de la bise. Tous ces arbres étaient concentrés au même endroit, sur un parterre de feuilles également dépourvues de toute vie. Seuls quelques plants, comme le lierre, semblaient survivre dans cet endroit déserté par la flore.
La jeune fille, sentit la terreur prendre possession d'elle. Les feuilles mortes craquaient sous ses pieds. Elle eut encore ce mauvais pressentiment qui l'avait tant tourmentée la nuit précédente. Elle leva les yeux au ciel, devenu visible au-dessus de sa tête : la nuit était noire, ni la Lune, cachée par les nuages, ni les étoiles ne lui donnaient quelque clarté.
« Enfin tu es là... »
Tea se retourna brusquement, mais elle ne vit personne dans les ténèbres, qui maintenant se nourrissaient de sa peur. Elle avait pourtant juré entendre une voix.
« Tu n'as pas rêvé... »
La jeune fille dut faire un gros effort pour ne pas d'effondrer sous la poids de la frayeur qui l'habitait. Cette voix...elle la connaissait...elle l'avait déjà entendue...
« Dans tes cauchemars... »
Elle s'en rappela avec horreur, oui, de cette voix grave et effrayante qui avait peuplé ses nuits...et qu'elle avait entendue...de la bouche de Marc, ce jour-là, au réfectoire !
Tea secoua la tête. Cette voix lisait dans ses pensées.
« C'est impossible...je...je délire, se dit-elle. »
Pourtant, elle avait la sensation d'être observée, et ce sentiment s'était intensifié lorsqu'elle avait entendu la voix. Elle osa lever la tête, et regarder, tremblante, autour d'elle, mais elle ne vit toujours personne.
« Patience, patience... Tu me découvriras bientôt jeune innocente... »
Tea, transie de froid, croisa les bras contre elle, pour essayer d'atténuer ses tremblements, à la fois de froid et de peur.
« Q..qui êtes vous ? demanda t-elle »
Un rire cruel l'entoura aussitôt, et parvint à ses oreilles, poussé par le vent. Tea chercha des yeux, un indice, un mouvement, qui lui permettrait de savoir d'où venait la voix qui lui parlait...car elle était maintenant sûre qu'elle ne venait pas de son esprit. Quelqu'un...ou quelque chose se trouvait dans cette clairière, non loin d'elle.
« Cela fait longtemps que je te guette... Et enfin, tu es venue à moi... en cette nuit si propice...»
Le sang de Tea se glaça.
« Qui...que...voulez-vous dire ? M... Montrez-vous ! dit-elle, d'une voix toujours défaillante.
« Si déterminée... Si cela est ton souhait...»
Sur ces mots, les nuages s'écartèrent et la clarté de la pleine Lune inonda la clairière. Tea regarda autour d'elle : elle distingua mieux l'endroit où elle se trouvait, mais surtout elle vit qu'elle n'était pas seule : à quelques mètres d'elle se tenait un être d'apparence humaine. Il avait le visage pâle et émacié et ses cheveux étaient ébouriffés en pic. Il était habillé de noir, et semblait vraiment effrayant.
Ses yeux violets lancèrent un regard plein de cruauté vers la jeune fille, et il esquissa un sourire machiavélique.
Il s'avança vers la jeune fille, qui recula.
« Q..qui êtes-vous ? répéta-t-elle, dans un souffle, en frissonnant.
Elle le vit, impuissante, s'approcher d'elle et porter une main à son visage. Elle était glacée comme le vent. Il sourit méchamment au contact de sa peau.
« Un peu froid ? demanda-t-il »
Tea fut incapable de répondre, paralysée. Il continua d'une voix doucereuse :
« Veux-tu provoquer mon courroux ? »
Les arbres hurlèrent, amenant la jeune fille au summum de sa terreur.
« N..Non ! »
« Alors réponds-moi ! »
La jeune fille osa croiser le regard de cet être, et elle aperçut que ses yeux avaient changé de couleur ; ils étaient devenus d'un rouge sombre.
« Je...J'ai froid »
Alors il se dégagea d'elle, et alla au centre de la clairière, et fit un simple geste du bras. Aussitôt la tempête tomba, et tout redevint silencieux.
Le cerveau de la jeune fille lui intima l'ordre de s'enfuir. Elle sembla trouver le courage de retourner sur ses pas. Elle se retourna, prête à prendre la fuite, mais elle se sentit retenue par une force : l'être lui avait agrippé le poignet, et la ramenait vers lui.
« Je ne tenterais pas cela à ta place, siffla-t-il. »
Il la força à se retourner, et ce qu'elle vit l'horrifia : il découvrit ses dents dans un rictus mauvais, et elle vit deux petites canines, une à chaque coin de sa bouche.
« Un..un vampire ? s'interrogea-t-elle.
Il sourit une fois de plus et la relâcha. Tea sut qu'il ne servirait rien de tenter de s'échapper.
« Quelle perspicacité...murmura t-il »
La jeune fille n'osait plus bouger.
« Et pourtant, les humains aussi vifs sont si rares...surtout ici, dit-il, en portant son regard au ciel. Merveilleuse soirée, n'est-ce-pas ? »
Tea ne savait plus que faire. Elle voulait fuir...fuir le plus loin possible. Un vampire... Pour elle, cela n'existait que dans les histoires. Et ces histoires, elle les connaissait : c'étaient des créatures du Diable, sans âme. Ils n'ont rien de bon en eux. Ils vivent la nuit...chassant et se nourrissant de leurs victimes afin de survivre au temps... Allait-il en être de même pour elle ? Et Marc ? Qui savait ce qui était arrivé au petit garçon...
« Cette forêt est mon Royaume...poursuivit-il. Je contrôle tout ce qui s'y trouve, toi y compris...
« L'enfant...murmura-t-elle. Où...Où est-il ? »
Le vampire esquissa un sourire cruel et se rapprocha d'elle.
« L'enfant... Ce n'était qu'un simple pion pour t'attirer ici... lui souffla-t-il dans le creux de l'oreille.
« Où...où est-il, répéta t-elle, frissonnant à cette présence auprès d'elle. »
Le vampire fit un pas en arrière, et aussitôt des buissons s'écartèrent. Deux magnifiques loups gris, mais féroces, en sortirent. Ils montrèrent leurs crocs à la jeune fille, prêts à obéir aux ordres de leur maître.
« Non, déclara ce dernier. Montrez-lui l'enfant... »
Alors un des loups se retira, puis revint portant quelque chose dans sa gueule. Tea s'aperçut avec horreur qu'il s'agissait d'un membre humain, un bras vraisemblablement. Le bras d'un enfant... La main qui terminait le membre était encore crispée...crispée de douleur et de souffrance. Des lambeaux de peau pendaient de part et d'autre de la chair, et du sang s'en écoulait.
La jeune fille s'effondra sur le sol, une main portée à sa bouche, les yeux baignés de larmes.
« Marc ! » gémit-elle.
Le vampire essuya un sourire satisfait, puis d'un geste renvoya ses deux fidèles serviteurs. Les loups s'inclinèrent respectueusement et se retirèrent ; les bêtes avaient certainement l'intention de se partager le dernier bout de chair qui leur restait.
Pendant ce temps, les larmes coulaient le long des joues de Tea, et tombaient silencieusement sur le matelas de feuilles mortes.
Le démon la releva doucement mais fermement et lui murmura :
« Ce n'était qu'un stupide mortel. Je lui ai fait une faveur en abrégeant sa vie dans ce monde... »
« Ce...ce n'était qu'un enfant, sanglota Tea. »
« C'était surtout un festin de roi pour mes loups. Ils en ont si peu l'occasion... Tu n'imagines pas combien la chair d'un enfant est tendre, mais personnellement, je préfère les chairs comme la tienne...et la tienne sera encore plus spéciale... cette nuit... »
La jeune fille gémit de frayeur aux mots du vampire.
« Que...Qu'est-ce que tu veux de moi ? balbutia-t-elle, en le tutoyant inconsciemment »
Comment respecter un tel monstre par le vouvoiement ?
Un autre sourire se forma sur les lèvres du vampire. Elle était si naïve. Son âge et sa beauté ne faisaient que renforcer l'intérêt qu'il avait pour elle ; l'intérêt qu'il avait eu pour elle, dès que ses loups l'avaient averti de la présence d'une jeune fille innocente non loin de sa demeure qu'est la forêt.
« Je savais que tu viendrais... Depuis le premier jour, je te guette... J'ai hanté tes nuits...hanté tes pensées tout au long de ton chemin vers moi...ne vois-tu donc pas ce que je veux, petite fille ? »
Il se pencha vers elle et captura ses lèvres. Elle gémit sous l'effet de la surprise. Elle voulut se débattre, mais il l'en empêcha en lui emprisonnant les bras. Il approfondit le baiser et elle sentit la désagréable froideur des lèvres du vampire sur les siennes. Enfin il se dégagea et passa un doigt sur sa propre bouche.
« Quelle dommage que je ne puisse plus distinguer les goûts... Elles avaient l'air si sucrées... chuchota-t-il.
Le cœur de Tea battait maintenant à tout allure. Mais il n'y avait aucune excitation. Tout ce qu'elle ressentait était de la peur. Sa respiration s'était également accélérée.
« Laisse-moi...partir...souffla t-elle, dans un murmure à peine audible.
Le démon rit moqueusement.
« Te laisser partir ? Non je ne crois pas... Vois-tu, tu es celle que j'attends depuis des siècles...celle qui permettra de me libérer de cette forêt... lors de la Nuit de Samhain...autrement dit, cette nuit...»
Tea entrevit une lueur d'espoir, mais il lut dans ses pensées.
« N'espère pas t'enfuir de ce lieu sous prétexte que j'y suis retenu contre ma volonté... A la minute où tu y as pénétré, j'ai eu le pouvoir sur toi... J'ai réussi à t'y mener... par des moyens indirects... »
Ce faisant, il alla à nouveau vers elle, ses yeux rouges étincelant de plus belle.
« Et je n'ai aucunement l'intention de laisser ce pouvoir m'échapper... » acheva-t-il, en couvrant son cou de petits baisers langoureux.
Tea se désespérait de cette situation. Elle était à sa merci. Qu'elle le voulait ou non.
Ainsi cela faisait longtemps qu'il hantait ce bois, que la vie avait dû céder sa place aux ténèbres.
« La Mort est douce, poursuivit-il, en l'enlaçant par la taille. Et les Ténèbres sont si accueillantes, surtout cette nuit... la nuit des démons... »
La jeune fille frissonna au contact du vampire, mais se résigna à ne plus lutter. Elle était tout simplement épuisée. Il semblait détenir une force mentale sur elle, qui l'empêchait de se défendre, d'être une battante comme à son habitude... La peur y était certainement pour quelque chose...
Il se pencha vers son cou.
« Ce ne sera plus très long maintenant...et je serai enfin libéré...nous règnerons ensemble...ma reine... dit-il »
Alors il mordit avidement dans la chair tant désirée, et pompa le sang chaud des veines de Tea, qui gémit de douleur, l'amenant jusqu'à l'agonie. Quant elle fut presque vidée de son sang, il se trancha alors la main, et offrit son sang à la jeune fille, qui n'eut pas d'autre choix que de le boire, puis celle-ci s'évanouit de faiblesse.
Alors, la Lune fut obscurcie par les nuages. Nous eûmes tout juste le temps de voir le vampire prendre sa victime dans ses bras, puis disparaître progressivement parmi les pins et les sapins.
Emmenant sa reine.
Suivi par deux loups.
Tous deux suivant leurs maîtres.
En Enfer.
Cet Enfer qu'ils apporteraient ensemble sur la Terre.
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Lors de la Nuit de Samhain, appelé ainsi en référence à Samhain, dieu de la Mort chez les Celtes, le voile entre le monde des vivants et le monde des morts est si mince, que les âmes des morts pourraient revenir hanter les foyers de leurs familles. Cette Nuit symbolise la mort et la renaissance, car, chez les Celtes, le nouvel an se fête le 1er Novembre.
Mais des mauvais esprits rôdent lors du Samhain, et c'est pourquoi, il est conseillé de ne pas s'aventurer près des forêts, au risque que notre peur nous y perde et que des mauvaises fées s'emparent de notre esprit, pour l'enfermer à jamais dans les Ténèbres...
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FIN
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Bon ben voilà, ma petite fic pour Halloween. Vous avez reconnu le personnage de Yu-Gi-Oh (yeux violets hmmm...) qui s'empare de Tea. Comment vous trouvez Yami en vampire ? C'est la première fois que je l'imagine en méchant lol, ça fait un peu bizarre...
Oui, encore une histoire de vampires, je sais...j'essairais d'innover la prochaine fois... A noter que cette histoire est inspirée en partie d'un rêve que j'ai fait un jour : tout comme Tea, j'étais intriguée par une mystérieuse forêt dans laquelle je savais qu'il y avait quelque chose de malsain. Seulement moi, j'étais dans une colonie de vacances...pas dans un orphelinat lol. Mais je me suis réveillée avant de pénétrer dans la forêt...donc ce n'était pas vraiment un cauchemar...
Allez, Bisous tout le monde !
